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EAN : 9782924550533
88 pages
ÉLP éditeur (18/02/2020)
4.3/5   23 notes
Résumé :
« Les uns et les autres ne connaissent pas, dit l’homme, la glace que nous portons la nuit sur nos épaules, qui croît pendant nos rêves, nous entoure d’une calotte d’un crépuscule à l’autre. Ils ne savent rien de ça, ils vont ici et là, se déplacent comme des bulles. »

Le roman de Christina Mirjol retrace en trois chapitres les conditions de survie héroïques d’un homme sans domicile.
Ce parfait anonyme, ce naufragé des rues, on le devine d’emb... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Ce bref roman en trois actes correspond à merveille à une citation que j'ai glanée ici sur ce site : « Sésame et Les lys de John Ruskin : un livre est essentiellement une chose non parlée, mais écrite, et écrite dans un but non de simple communication, mais de permanence ».

Le travail de Christina Mirjol n'est pas tant de communiquer sur cet homme, un sans abri qui parle à son caddie, mais vise la permanence de l'humanité, fût elle blessée par la rudesse de la vie. L'autrice écrit, dans un style à la fois théâtral et poétique un texte à la fois glaçant et chauffé à blanc comme « un sanglot qui revient du fond du lac » (p. 42). Ce qui surprend c'est l'absence de colère manifeste et la sublimation de « ce sursaut de vie qui [lui] est indispensable » (p. 86).

La superbe couverture est réalisée d'après une photo de 2012 de Paul Fave. le roman est précédé par une préface pertinente et émouvante signée Joseph Danan. Celui-ci fait d'ailleurs le rapprochement avec « Si c'est un homme » de Primo Levi.

Magnifique ! Juste magnifique !

Pour clore mon billet qui se veut incitation sincère à la lecture, voici encore une citation : « L'homme à la jambe démente et le petit caddie cahotent en bas de la rue, dans la nuit intolérable. Sous le grand vide cosmique, il dansent comme des étoiles, brinquebalant leur malheur devant un parterre de témoins » (p. 44). Une belle performance pour une véritable permanence littéraire.
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Un homme de Christina Mirjol est un petit livre de 123 pages seulement, mais un livre qui marque. D'abord par son écriture, fine, élégante, sobre, poétique et très expressive mais aussi par le thème abordé : la vie d'un invisible, la vie d'un de ces hommes parmi tant d'autres, un sans-abri. Un de ces hommes que nous avons tous croisé un jour. L'auteure que je découvre ici, propose un roman qui sort des sentiers battus par sa façon d'aborder le sujet.
Son livre se compose de trois chapitres. Un premier nous présente cet homme, qui marche et doit, chaque jour chercher une place pour dormir sous ses cartons, le choix de ce lieu étant primordial. le deuxième se déroule en 2012, où l'hiver avait été tardif et février un mois glacial. Sur l'Esplanade de la Grande Bibliothèque, un couple se rendant au cinéma et cherchant à se protéger du froid en attendant l'ouverture des portes va croiser cet homme aux vêtements étriqués et éprouver aussitôt de l'empathie pour celui-ci. Cette pensée du couple retranscrit parfaitement ce qui les sépare de cet homme : "Ô combien sont disjoints notre attente et la sienne, notre propre abattement et sa relégation !"
Dans le dernier chapitre qui représente plus de la moitié du roman et intitulé L'homme et le caddie, l'écrivaine nous entraîne dans un fabuleux et incroyable soliloque avec ce dernier. Bluffant de vérité et de réalisme.
Si un homme parlant à un caddie peut paraître au premier abord un peu loufoque et surréaliste, on s'aperçoit bien vite que pour lui qui est constamment seul, ce caddie lui est devenu indispensable et représente sa planche de salut. Car c'est, cet assemblage de ferraille sur roulettes, abandonné pour vétusté qui lui sert d'appui, n'ayant plus qu'une jambe valide et c'est lui qui transporte ses cartons et sa modeste sacoche. Autrement dit, c'est un compagnon fidèle et qui est en quelque sorte le réceptacle de tout son ressenti et qui se fait l'oreille de sa vie. Quelle peur d'ailleurs, lorsque l'ayant lâché par maladresse dans une rue en pente, ce dernier va aller s'écraser au bas d'une volée d'escaliers. Par chance, il le récupèrera mais quelle difficulté, ensuite pour remonter ces escaliers, d'autant que le froid glacial qui sévit a complètement détérioré la garniture plastique qui permettait d'isoler le métal pour les mains. J'ai peiné à marcher avec lui et souffert du froid avec lui, n'arrivant pas à réchauffer mes mains, ayant du mal comme lui à les mouvoir pour tenter de les mettre sous mes aisselles pour les réchauffer tant l'auteur a rendu vivant ce personnage sans nom !
Christina Mirjol fait preuve d'un réalisme et d'une extrême sensibilité dans l'évocation de cet homme perdu dans sa solitude au milieu d'autres humains qui ne le voient pas. Mais combien sont-ils ces hommes dans la même situation, ces hommes, ou ces femmes d'ailleurs, devenus des ombres que l'on ne voit plus ou qu'on ne veut plus voir ? Faut-il être confronté aux mêmes périls, ici le froid, pour s'apitoyer ? Et si demain, nous nous retrouvions dans la même situation qu'eux, la précarité peut vite advenir, deviendrions-nous, à notre tour, invisibles ?
Un livre qui interpelle sur notre monde contemporain. Comment est-il possible au XXIe siècle, que des hommes soient ainsi abandonnés ?
Pas d'action, pas de suspense, pas de pathos non plus dans cet ouvrage mais la bouleversante description de ce que vit un trop grand nombre d'humains.
Un homme a été pour moi un véritable coup de coeur et je remercie Christina Mirjol pour avoir su donner une voix à ces invisibles. Un livre que je recommande vivement.

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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« Quant à leurs yeux, regarde, ils nous ignorent, tu vois, mais c'est presque de bonté…d'ailleurs ils se détournent. D'ailleurs ils partent déjà, c'en est presque fini ».

Avez-vous déjà essayé d'imaginer les pensées d'un Sans Domicile Fixe ? Sa solitude, ses souffrances, sa survie, son épuisement ? Ses efforts pour garder un peu de dignité, de courage ? Avez-vous déjà essayé de ressentir sa honte ? Son décalage face à la vision de nos conforts, de nos empressements, de notre bien-être, de nos petits soucis, de ce Nous qui fait société ? de ce qu'il peut vivre la nuit, nuit dont il sortira par chance indemne, puis lors de ce vent de lumière à l'aube lorsque les membres sont complètement transis ? de l'épopée que représente la recherche de simples toilettes ?

« Rien que ça. de pisser. de pisser là, dit-il. Assis là, tu sais bien. Même pas ce plaisir-là. C'est pas de chance, tu le sais car c'est notre plaisir. Pisser ici, tu vois, sans devoir se presser, tranquillement et tout seul, sans être dérangé, loin de toutes ces présences qui sont là et nous épient, à chaque fois qu'on est dehors, dehors bien sûr, dehors, qu'on pisse dehors, dehors, au milieu de ceux-là qui défilent dans nos jambes, qui s'attardent constamment, qui passent, qui passent, qui n'arrêtent pas de passer, tandis qu'on se dépêche, qu'on a peur de gêner, et alors qu'on a honte et qu'on ne peut même pas être seul et se cacher ».

Christina Mirjol, que je découvre avec ravissement, a réussi le tour de force de se mettre littéralement à la place de, à la place d'un homme, avec tout ce que ce titre contient de dignité et de bonté, en une écriture ciselée et poétique, une réflexion subtile et sans pathos, et une émotion à fleur de peau. Un homme qui parle à son caddie en une logorrhée empreinte de tant d'humanité et de vérités. Elle narre la rencontre avec un invisible, un SDF devant affronter les morsures du froid glacial, la douleur, la faim. Elle narre la rencontre éphémère d'une femme avec cet homme. Un homme. Comme il en existe tant dans les rues de nos villes, au sein de replis aux formes foetales, et dont on ne parle que si peu, démunis que nous sommes au mieux, indifférents au pire. A la fois si proches de nous et si radicalement étrangers.

« Il était comme une plaie enveloppée de cartons et de morceaux d'étoffe qu'on avait oubliée ».

L'auteure a l'audace de faire basculer le récit. Elle part tout d'abord des pensées de cette femme qui va au cinéma avec son mari dans le froid glacial, puis renverse subitement ce point de vue classique pour nous plonger dans les pensées de cet homme qu'elle a entraperçu. Un face-à-face entre deux mondes, une main tendue, du moins qui ouvre la porte. Pour l'homme il s'agit d'accepter cette main, sans perdre sa dignité. Sans se faire remarquer aussi dans ce monde qui n'est pas celui de l'homme, étant entendu que les autres habitent partout et que leurs possessions se déplacent avec eux. Soyons désinvoltes, n'ayons l'air de rien…Mais ce face à face sera de courte durée, malgré l'empathie de la femme (de l'auteure nous pouvons nous le demander) et son dessillement, l'homme va reprendre son errance, cette errance qui lui colle aux jambes, « nomade jusqu'au sang », et subir une nouvelle humiliation. Seul.

« Ces nuits de pure défaite ne prodigueront jamais aucun conseil à l'homme qui se réveille en boule, effrayé à l'idée de devoir se lever, de devoir déplier ses membres cadenassés, qui, une fois libérés, iront frayer sans but ».

Le fait de faire commencer le livre par les pensées de la femme permet d'amplifier ensuite la tragédie que vit le SDF et de ne pas oublier que nous ne sommes pas de vraies victimes tant que nos vies conservent une certaine forme de légèreté… « Nos vies sont si légères qu'elles peuvent à tout moment voler vers un café, une tasse de chocolat ». C'est une bascule qui apporte beaucoup au récit, d'autant plus que nous attendons une sorte de happy end, pourquoi pas une action de cette femme vers le SDF. Christina Mirjol a imaginé une autre fin et j'ai aimé ce récit sans concession d'un réalisme froid.

A noter la très belle préface de Joseph Danan et la description de quelques photos d'oiseaux qui passent l'hiver en ville donnant l'élan à ce touchant récit intimiste où Christina Mirjol donne voix à l'homme, cet homme, jamais écouté, si peu entendu. « Ecrire pour faire parler, faire entendre des voix appelées à s'éteindre, je ne saurais donner une plus juste définition à mon acte d'écrire ». Quelle magnifique plume au service d'une si belle mission ! Un projet littéraire qui se fait troublant geste d'humanité…
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"On est bien peu de chose..."

... si on veut croire la célèbre rose sur parole. En tout cas, S. Zweig, pour qui j'ai beaucoup d'estime, pense un peu comme elle. Dans une de ses nouvelles, il s'interroge sur ce qui reste de l'homme, s'il est dépouillé de tout son vernis social, et doit affronter des choses aussi primaires que la faim, le froid ou la fatigue... car face à ces besoins essentiels, il a tendance à oublier tout le superflu. C'est alors uniquement à lui de garder encore sa force de raisonner, sa volonté, sa dignité humaine. Est-ce seulement possible ? A quoi pense t-on dans ces moments-là ?

La préface d'"Un homme" est belle, mais c'est la description de quelques photos d'oiseaux qui passent l'hiver en ville qui donne la véritable note du départ et fait office d'un prologue original.
C'est bien peu de chose, un oiseau en hiver. Une cavité pour se protéger, une main qui veut bien lui jeter quelques miettes sur le béton. Une bête du bon Dieu, qui vit au jour le jour. En faisant confiance, et en gardant l'espoir que "tout ira"...

Ce livre n'analyse pas les problèmes de la société, ne s'indigne pas, ne dénonce pas. Ne fait pas appel à la charité, et pourtant, sans le pathos inutile, vous trouverez un tas d'interrogations quelque part derrière les lignes de cette histoire simplissime.
Il fait très froid, et le cinéma est encore fermé. On est chaudement habillé, mais l'attente est longue, et le vent glacial prend le dessus; on s'impatiente, et on se plaint. Enfin que ça ouvre...
L'homme n'est pas chaudement habillé, et il ne dit rien. La rencontre est presque trop brève; une main qui retient la porte, pour le laisser entrer, les yeux qui retiennent son image.

Le reste du livre appartient à cet homme sans abri. Un monologue intérieur/extérieur adressé à lui même, à son corps transi et à son caddie. Ce petit caddie rouge qui contient toutes ses possessions à l'intérieur, et qui sert de béquille, car cela fait longtemps que cette damnée jambe ne veut plus obéir aux ordres. C'est un auditeur attentif... sans doute le seul.
Ce soliloque presque théâtral nous fait vivre quelques instants avec l'homme : on constate, on s'interroge, on se répète, on perd le fil, on se répète encore, on radote...
Les choses ridiculement simples deviennent des contraintes inimaginables. Monter l'escalier. Trouver une place à l'abri. Se réchauffer les mains.
Tout converge vers une fin inattendue, presque risible, si elle n'était pas aussi tragique. Mais toujours, cette étrange dignité, même dans la déchéance.

"... bientôt nous arrivons. Nous arrivons, dit l'homme."

On est bien peu de chose, et pourtant, on a cette volonté qui permet d'accomplir bien des choses. Inutile de croire à ces citations creuses qui disent que si tu veux quelque chose, tout l'univers se mettra en marche pour que tu l'obtiennes. L'univers se fiche éperdument de votre petite personne. Vous ne réussirez pas à chaque fois. Mais vous pouvez toujours faire de votre mieux. C'est peut-être ça, l'homme...

Un beau récit. Cinq étoiles ou presque, rien que pour ce passage de la montée de l'escalier.
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Petit livre étonnant, bourré d'émotions et de réflexions bien senties, Un homme, de Christina Mirjol, m'a mis en présence d'un homme, une personne qui vit dans la rue et lutte comme elle peut contre le froid très vif et l'indifférence.
Trois parties rythment ce livre. D'abord, l'autrice présente cet homme puis ce sont un homme et une femme, en ce mois de février 2012 glacial qui veulent aller voir un film à la Grande Bibliothèque et aperçoivent cette personne réfugiée dans un endroit abrité. Elle n'est pas habillée pour résister au froid et attend de pouvoir accéder aux toilettes de l'établissement public. Il est tôt et le film débutant à 11 h15, les portes sont closes. Quand elles ouvrent enfin, le couple entre et l'homme tient la porte pour que le malheureux puisse entrer avec son caddie et sa jambe raide qui le gêne beaucoup pour se déplacer.
À ce moment-là, débute la troisième partie, la plus longue mais la plus émouvante, terrible parfois. C'est l'homme, dans le froid, qui parle à son caddie. Ce caddie, petit chariot avec sacoche pour faire les courses, il l'a trouvé sur un tas d'ordures, jeté là alors qu'il est en parfait état.
Il m'a ainsi fait partager toutes ses souffrances, toutes ses difficultés pour survivre et en même temps donné une formidable leçon d'optimisme. Quelle force, quelle volonté, malgré le froid, le gel, la glace ! Plusieurs réflexions bien senties émaillent le roman avec de très justes impressions, de souvenirs que Christina Mirjol a su parfaitement écrire tout en douceur et une efficacité remarquable.
De nos jours, il y a encore trop d'hommes et de femmes qui tentent de survivre dans la rue, personnes que nous pouvons croiser sans vraiment les voir. Au moment où j'écris ces lignes, nous sommes confinés et soudain, nous nous demandons comment protéger les sans domicile fixe, les SDF… Ce livre leur rend hommage et surtout ouvre nos yeux avec tellement de délicatesse que je suis heureux d'avoir pu lire un tel bouquin qui aurait mérité qu'un grand éditeur le mette en valeur !
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Le réveil est ainsi, tous les jours de sa vie, une entrée dans le vif pour l’homme de la ruelle. Il doit recommencer, mettre son corps debout, extirper du néant son âme ratatinée. Il doit compter chaque jour sur l’état déplorable de ses pieds, repasser par l’exil, s’évader en sous-main, incessamment en fuite sur la ligne de départ et sans droit devant le mur. Il n’a pas de ticket, il est l’homme sans papiers, l’homme sans valises qui guette, un voleur, un fraudeur, un détrousseur de lits, qui glisse, qui se faufile, s’assoit clandestinement sur le terrain d’autrui, s’y installe, vole sa place, un saboteur en somme des dîners entre amis, des matinées tranquilles, du repos mérité, de la douceur de vivre, et un fauteur de troubles.
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Nous ne l’avions pas vu, n’avions rien remarqué, ne l’avions pas vu arriver, dit la femme, or il est évident qu’il était déjà là.
Me remonte à la gorge un chagrin du fond des âges, et comme je suis déjà terrassée par le froid, je détourne mon regard et fonds bêtement en larmes.
Je fonds en larmes, oui, comme si c’était à moi de pleurer.
L’homme, lui, ne pleure pas, ne pleure pas, il n’est pas en train de pleurer… Le froid, pourtant, est si atrocement meurtrier.
Le pauvre homme, mort de froid, s’était mis au soleil à un mètre des portes. À distance de celles-ci commençaient d’arriver de nombreux spectateurs, certains formant des groupes.
Dans ce matin glacé, nous sommes chaudement vêtus, quant à l’homme il grelotte dans des vêtements légers d’une minceur désarmante : une veste trop petite et ne couvrant qu’à peine la longueur de ses bras, pas de gants.

***

J’ai le plaisir de vous informer qu’une rencontre autour de mon roman,
« Un homme », se tiendra à la librairie Jonas, le jeudi 18 novembre à partir de 20 heures.
Cette soirée sera animée par Joseph Danan qui a fait la préface du livre.
Je lirai quant à moi un extrait de mon texte et la soirée se poursuivra autour du verre de l’amitié.
Joie de vous rencontrer peut-être à cette occasion.

Informations pratiques consultables sur mon site à la page « Actualités » dont voici le lien :

https://www.christinamirjol.com/actualité
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Les uns et les autres ne pensent pas que quand ils sont partis, les choses restent. Ils ont besoin de changement et toujours de nouveautés. Leur insatisfaction est permanente, tu vois. Et nous qui sommes ici, perpétuellement logés au bord du même fossé, nous avons la rareté. Nous avons la rareté, dit l'homme à son caddie, sans l'ennui, tu comprends ?
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Et comme c’est difficile d’écarter simplement des bras qui sont pendus ! Qui n’ont plus de volonté ! Quant aux doigts, je le redis, il n’en est pas question, aucun n’est autonome.
Et on ne les sent plus.
Et le vent pendant ce temps qui ne se lasse jamais !... Mais à quoi bon, je dis, maudire ce qui revient. D’abord sous les aisselles, puis les poches de la veste. Une lutte sans merci. Presque perdue d’avance, mais on s’en est tiré. Le tissu. Quelle misère ! Se cogner au tissu. Le tissu. Le tissu. Au passage des deux poches. Pas un simple tissu. Un simple tissu de poche. Non. Du verre. Du verre coupant. Et c’est comme écarter deux rangées de tessons pour pénétrer dedans. Voilà, dit l’homme, voilà, l’étendue des horreurs qu’il nous faut endurer avant d’être tranquilles. Avant de se loger dans la moiteur d’un creux. Sous nos bras décharnés. Puis dans l’antre des poches…

***

J’ai le plaisir de vous informer qu’une rencontre autour de mon roman,
« Un homme », se tiendra à la librairie Jonas, le jeudi 18 novembre à partir de 20 heures.
Cette soirée sera animée par Joseph Danan qui a fait la préface du livre.
Je lirai quant à moi un extrait de mon texte et la soirée se poursuivra autour du verre de l’amitié.
Joie de vous rencontrer à cette occasion, peut-être...

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Plus tard, quand nous rentrons, je dis à mon mari : Elles étaient bleues de froid.
Elles étaient presque noires à force d'être à l'air, et, des premières phalanges jusqu'au-dessus du poignet qu'on apercevait nus, frissonnaient. Il n'avait pas de sac, possédait uniquement un petit caddie rouge qui était devant lui comme un partenaire squelettique.
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