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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il y a quelques écrivains qui ne sont connus pratiquement que pour un seul livre. Soit qu'ils n'en aient écrit qu'un, soit qu'il s'agisse du seul trait de génie d'une carrière sans autre relief. Avec Falkner c'est un peu des deux : il n'a pas écrit beaucoup, et sur ses trois livres un seul fut promis à une grande renommée : ‘Moonfleet'. Il sera même adapté par Fritz Lang, même si l'histoire du film n'a qu'un lointain rapport avec le livre.

Première particularité, rare pour un livre de la fin du XIXème, il peut être lu aussi bien par les enfants que par les adultes. Car le héros est un enfant, mais il grandit en compagnie d'adultes. Quand l'histoire commence, John Tranchard est orphelin et a treize ou quatorze ans. Dans le petit village anglais où il vit, tout le monde ou presque tire sa subsistance de la contrebande. Depuis sont auberge à l'apparence innocente, l'homme qui l'a recueilli, Elzevir Block dirige le trafic. C'est un homme d'honneur, droit et juste.

Le problème c'est que dans le « presque », il y a la jeune fille que John aime, Grace, intelligente et douce. Son père, le magistrat local, est l'homme le plus haï du pays : il a juré de venir à bout des trafics. Au cours d'une rencontre, il a de sa propre main tué le fils adolescent d'Elzevir Block, qui depuis attend l'heure de sa vengeance… Qui finit par arriver un jour. Mais, alors que lui et John sont poursuivis et traqués dans tout le compté, un hasard les mets sur la piste d'un ancien trésor maudit, une perle de grande valeur volé au roi Charles Ier…

Le style, vif et cru, rend bien les pensées d'un adolescent éveillé et habitué à se débrouiller par lui-même. L'écriture de Falkner est belle, puissante et évocatrice. Certaines scènes sont véritablement magnifiques, notamment l'enterrement du père de Grace. L'homme avec lequel elle a toujours vécu, son unique famille, est mort. Seule devant l'église avec le cercueil, elle réalise que les villageois qui l'entourent ne sont pas venus pour l'accompagner à sa dernière demeure, mais pour se moquer de celui qu'ils haïssaient…

Les aventures de John et de son père adoptif sont prenantes et riches en rebondissements. Mais le ton est réaliste, et même les passages les plus durs sonnent vrais. Pendant des années ils devront errer, loin des rivages de la belle Angleterre…

Je regrette que Falkner n'ait pas écrit plus… Mais je n'ai jamais osé lire ses deux autres livres, de peur d'être déçu après ‘Moonfleet' !
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Moonfleet, parution en Angleterre en 1898
John Meade Falkner

Un auteur dont on a si peu parlé en France, allez savoir pourquoi ? Parce qu'il nous vient tout droit d'Angleterre, né dans l'époque victorienne.. en tout cas à mes yeux il vaut bien une messe.

Il est parfois des écrivains dont je vois plus le roman de leur vie que le roman de leur oeuvre, c'est le cas de John Meade Falkner, non pas que l'oeuvre ne m'ait pas emballé, c'est au contraire le cas et je le place dans mon panthéon littéraire, mais j'avoue que sa vie a vraiment un côté dépassement de soi de manière vertigineuse et fascinante. Vraiment cet auteur, de son état marchand de canons sur fond de guerre de 14 mérite mille fois une biographie. Je ne vais pas lancer un appel désespéré, je crains qu'il faille encore attendre que les valeurs médiocres se renversent pour laisser place à l'écume du temps qui passe. Pour l'heure c'est plutôt d'Angleterre que nous arrivent les biographies de grands auteurs étrangers dans notre parangon vertueux à la française.

Je ne dirai pas comme Michel le Bris, le stevensonnien qui vient de nous quitter et qui nous lègue comme directeur de collection chez Phébus la remontée de ce chef d'oeuvre Moonfleet, que son auteur était romancier à ses heures perdues, j'ai même le sentiment du contraire justement. Après ses affaires rondement florissantes quand il sillonnait l'Angleterre et au delà en train par exemple, joignant sans doute l'utile à l'agréable, l'homme ne songeait qu'à se plonger dans ses passions qui furent, outre sa dévotion, pour l'essentiel de sa vie la lecture et l'écriture, la poésie. C'est un babeliote dont le nom me reviendra qui disait que le voyage en train n'a pas son pareil comme facteur d'inspiration. Et bien Falkner n'a pas manqué cela, n'a pas raté la marche d'un train pour nous produire ce fabuleux Moonfleet.

Lisons plutôt à cet instant, avant de reprendre la route de l'homme, deux, trois extraits de sa prose d'une qualité de premier ordre et d'une exceptionnelle beauté :
"Elle (tante Jane) ne faisait jamais de longs discours quand elle était en colère, mais elle avait une manière de ne rien dire qui était bien pire encore"
"(..) La rue était silencieuse comme une tombe, mais je n'en restai pas moins dans l'ombre des maisons. J'ai remarqué que lorsque la lune brille, un grand silence s'abat toujours sur la nature, comme si celle-ci s'absorbait dans la contemplation de sa propre beauté .."
"(..) Je contournai les ifs. La tombe se détachait toute blanche sur le fond d'arbres, et au pied de la dalle le trou faisait comme un morceau de velours noir étalé sur le sol. En un éclair, je songeai que Barbe Noire était peut-être là, qui me guettait du fond du trou. Fallait-il continuer, revenir sur mes pas ? J'entendais l'eau frissonner sur la grève - ce n'était pas le bruit des vagues, car de la baie lisse comme un miroir ne parvenait qu'un clapotis sur les galets. Je cherchai une excuse pour retarder ma descente. Finalement, je convins avec moi-même que je compterais vingt fois le bruit de la mer et qu'à la vingtième fois je m'engouffrerais dans le trou .."

Notre ami Jean Meade Falkner avait de qui tenir à travers la lignée des grands auteurs victoriens si admirables, ses aînés que sont Eliot, Makepeace Thackeray et Trollope. C'est Thomas Hardy qui en dira le plus grand bien, cette approbation du grand romancie vaut un brevet littéraire. Son père était pasteur anglican dans le Wiltshire. Lui va suivre une ascension sociale phénoménale et damera le pion à ses aînés qui n'avaient pas réussi à un tel niveau. Après des études à Hertford Collège et à Oxford d'où il sort avec un diplôme d'historien, il est directeur dans la prestigieuse société d'armement Armstrong Whitworth. A la mort du boss, il en prend la direction .. Bibliophile distingué, il recevra des mains du pape une médaille d'or pour ses recherches à la bibliothèque du Vatican et sera fait en 1921 bibliothécaire honoraire du doyen et du chapitre de la cathédrale de Durham (proche de Newcastle). Par ailleurs il sera un grand collectionneur de missels et auteur de guides réputés sur différents comtés de l'Angleterre profonde. Sa femme, la fille cadette du général John Miller Adye, épousée en 1899, lui survivra huit ans.

Outre Thomas Hardy qui lui témoigna sa confiance en engageant avec lui une correspondance suivie, d'autres grands noms de la littérature le saluèrent en des termes fort élogieux, comme Walpone, Forster, Golding, Betjeman ..

Notons encore dans la vie foisonnante de Falkner qu'au tournant du siècle il travaillait à la rédaction d'un nouveau roman d'aventures : il en perd le manuscrit dans un train. Curieuse ironie du sort. Ah, là, là ! que ce doit être dur de vivre pareille chose, l'anxiété que cela provoque : comme une partie de soi-même qui s'en va, le dégoût absolu ! C'est là qu'on mesure le gouffre ou le décalage entre l'intérêt majeur de l'artiste pour une chose et le désintérêt placide du préposé ou du voyageur qui passe après pour la même chose ! Il cessa alors d'écrire, bouleversé par cette malchance. Puis le sort va encore s'acharner sur lui lorsqu'il perdra ses papiers et sa correspondance dans un incendie. Il consacrera les dernières années de sa vie à des travaux d'histoire et mourra à Durham en 1932 dans un quasi oubli.

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Comme le roman de cape et d'épée dont il est un cousin assez proche, le roman maritime (marins, pirates et naufrageurs) a ses lettres de noblesses : Depuis Walter Scottle pirate » – 1821) jusqu'à Rafael Sabatini (« Capitaine Blood » – 1922) c'est un siècle de courses en mer, de chasses au trésor, de « Jolly Roger » (le fameux drapeau des pirates), de jugements expéditifs, de romances dans les îles… Avec au passage quelques belles réussites : « L'Ile au trésor » de Robert-Louis Stevenson date de 1883, « Moonfleet » de John Meade Falkner date de 1898. Encore faudrait-il pour être complet citer les oeuvres de Joseph Conrad (la quasi-totalité de son oeuvre), de C.S. Forester (« Les aventures d'Horatio Hornblower »), de Patrick O'Brian (« Les aventures de Jack Aubrey ») et sans doute des dizaines d'autres, et non des moindres.
Si le nom de Moonfleet vous dit quelque chose, c'est sans doute à cause du film « Les contrebandiers de Moonfleet » que Fritz Lang tira en 1955 du roman de falkner : excellent film, avec un impressionnant Stewart Granger, mais qui ne retient du roman que l'atmosphère générale, « sa musique et ses clairs-obscurs » (Michel le Bris, dans sa préface au roman).
Car « Moonfleet », avant d'être un roman d'aventures à péripéties multiples, c'est d'abord une ambiance : nocturne, de préférence, éclairée par un falot, le long des landes surplombant la côte, avec en contrebas la mer mugissante et des navires ballotés par les vagues…
Nous sommes en 1757, à Moonfleet, sur la côte du Dorset (sud-ouest de l'Angleterre). le jeune John Trenchard, 15 ans, embarqué dans une sombre histoire de contrebande, va se trouver au coeur d'une chasse au trésor (et pas n'importe quel trésor, une perle du roi Charles 1er, tombée dans les mains de … Barbe-Noire). L'affaire se corse quand John tombe amoureux de Grâce la jolie fille du juge impitoyable qui a juré la perte des contrebandiers….
Tout ce que vous avez aimé dans « L'Ile au trésor », vous le retrouvez ici : des personnages patibulaires et inquiétants, des aventures en mer et aventures à terre, un jeune héros qui fait son initiation, un mentor à la fois sympathique et mystérieux, et surtout, nous l'avons dit, cette atmosphère magique et tragique dans laquelle baigne toute l'oeuvre, cette atmosphère qu'on retrouvera intacte dans les romans de Pierre Mac OrlanLes Clients du Bon Chien Jaune » - 1926, « L'Ancre de miséricorde » - 1941) ou dans ceux de Daphné du Maurier (« L'Auberge de la Jamaïque » - 1936)
« Moonfleet », comme « L'Ile au trésor », se lit d'une traite, l'auteur maintient un rythme soutenu, qui empêche le lecteur de lâcher le livre ni même de faire une pause. On s'identifie à John Trenchard comme à Jim Hawkins, on tremble avec lui, on rit avec lui, on aime avec lui, on apprend la vie avec lui…C'est sans doute le but ultime du romancier : non pas que le lecteur « lise » le roman, mais qu'il « entre dedans », un peu comme ces romans « dont vous êtes le héros ». Si l'on considère que son but est également de « dépayser », de surprendre, de fasciner, d'émerveiller, on peut, sans contestation aucune, affirmer qu'il a pleinement réussi.
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Moonfleet, c'est un village de pêcheurs et de contrebandiers où vit John, un adolescent préoccupé par le souvenir de Barbe Noire, un brigand du temps passé, dont les mauvaises actions hantent encore les esprits et peut-etre le village...
Quel beau roman d'aventures. J'ai été emportée, d'abord par la beauté du texte - car la traduction semble bien rendre compte de sa forme sobre, élégante et précise -, ensuite par le récit lui même. Son cadre est somptueusement planté, très romantique - la mort, le cimetière, les falaises, les landes désertes...-, les personnages profonds, droits, mais sujets aux erreurs donc très humains (Falkner raconte comment un homme et un jeune garçon s'élisent mutuellement comme père et fils), le point de vue moral fort mais pas manichéen... et les situations inattendues, très visuelles et surprenantes.
Mais ce texte est avant toutes choses un livre d'aventures puissant, car ses éléments s'imbriquent avec évidence: ce récit est un tout qui s'impose de lui-même.
J'ai toujours eu un faibles pour les histoires de marins, mais alors là, quel bouquin.
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Le livre d'aventure par excellence !
Contrebandiers, trésors, voyages, trahison... tous les ingrédients sont réunis pour nous offrir un roman captivant de la première à la dernière ligne.

Le réalisme saisissant de certaines scènes ainsi que la personnalité complexe d'Elzévir sont les vrais points forts de cette histoire qui n'a rien à envier aux meilleurs romans de Stevenson.

Tout au long de ce récit, le lecteur éprouvera tour à tour peur, joie, angoisse... à l'unisson de notre infortuné narrateur, précipité bien malgré lui dans toute une série de péripéties plus ou moins heureuses.

A lire et à relire à tout âge !
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Mais pourquoi n'avais-je jamais lu Moonfleet?
C'est comme l'Île au trésor... Un jour on se réveille, on a... un certain âge, et on se sent quelques lacunes côté pirates et aventures. Mais peu importe, ces livres sont tout aussi délicieux aujourd'hui que si je les avais lu à dix ans ! Meilleurs même !
Dans le roman, John Mohune n'est autre que Barbe Noire, un pirate mort et enterré dans la crypte de l'église de Moonfleet. Son fantôme rôde, auréolé de convoitise... Ne dit-on pas qu'il aurait caché Dieu, enfin le Diable sait où, un fabuleux diamant ? Imaginez la lande froissée par le vent, bruissante de l'écho des vagues, des falaises dangereuses où l'on débarque clandestinement des barils d'eau-de-vie, des grottes profondes comme le remord, des tempêtes impitoyables... Prenez un jeune homme innocent - John Trenchard, faites-lui rencontrer un contrebandier droit et généreux - Elzevir Block, ajoutez un amour naissant et solide comme le roc, une bonne dose de suspens, des personnages ambigus et voilà de quoi passer quelques soirées accroché à ce livre comme un naufragé à sa planche !
Lien : http://le-cabas-de-za.over-b..
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Non mais ça, c'est une merveille !
Un roman d'aventure comme on les faisait au XIXe. C'est pour les nostalgiques de l'île au trésor.
Ca se lit quand le conjoint est sorti avec ses potes et qu'on est enfin tranquille. Vous prenez votre fauteuil le plus confortable et un thermos de thé et vous pouvez le lire d'une traite.
On s'en souvient ensuite, je peux vous le garantir. Une des meilleures soirées de ma vie !
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Moonfleet, c'est tout d'abord une atmosphère, une émouvante histoire d'amitié au coeur d'une chasse au trésor, un charme légèrement suranné qui peut déconcerter au début mais quel bonheur... !! Dommage que le livre soit trop court et que l'auteur ait égaré son manuscrit d'un roman postérieur qui nous prive sans doute d'un autre chef d'oeuvre.
Le fracas de la mer sur les rochers, les contrebandiers qui s'enfuient dans la nuit, les balles qui sifflent, l'exil, l'amour et ce parfum puissant qui fait la trace de la grande aventure. Moonfleet est un très grand roman d'aventure que j'avais lu il y a longtemps.
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J'ai lu ce livre quand j'étais adolescente et je le redécouvre avec grand plaisir 15 ans après. Moonfleet reste pour moi une petite merveille. L'univers est fantastique. Au delà de ça, c'est surtout les personnages qui sont très intéressants. On voyage vraiment avec eux.
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J'adore les récits maritimes (Forrester, Kent,...). Je me suis donc lancé dans Moonfleet avec envie, mais en prenant un peu de haut ce petit livre, avec son jeune héros. Et puis, j'ai pris une claque. C'est un texte formidable. Quand on aime l'aventure, tout y est. J'ai eu beau ralentir ma lecture, je l'ai quand même terminé. maintenant, j'envie ceux qui ne l'ont pas lu.
C'est sûr, Moonfleet fait parti des rares livres que je relirai un jour.
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