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sur 1488 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
En ce mois de mai 1940, l'Allemagne est tout à l'ivresse de sa victoire éclair sur la France. Les habitants d'un immeuble de la rue Jablonski, à Berlin, ont des façons bien différentes de vivre cette période. Les Persicke, nazis effrénés, sont en pleine beuverie; le fils cadet est la gloire de la famille, c'est un espoir des Jeunesses Hitlériennes, ses grand frères sont déjà des S.S. confirmés et le père est un national-socialiste bien imbibé de schnaps. Voici Emil Borkhausen, mari de la gardienne d'immeuble, véritable propre à rien, homme abject et ignominieux, qui ne rêve que de rapines et de dénonciations fructueuses et surtout d'aller “aryanisé” – périphrase commode pour parler de pillage - les effets de la vieille Rosenthal, qui vit terrorisée dans son appartement depuis que son mari a été déporté. Il y a aussi Eva Kluge, la postière harassée de travail, qui n'a pas supporté que son fils ainé, soit devenu un S.S. zélé, et qui vit séparée de son mari, Enno Kluge, personnage falot, fainéant, lâche , veule et méprisable qui vit au crochet des maitresses dont il sait si bien exploiter les faiblesses. Viennent enfin, et surtout, les Quangel, dont la vie s'est brutalement arrêtée depuis la mort du fils au front, et qui lentement, vont à leur humble mesure, basculer dans la résistance, en semant dans les cages d'escaliers, des cartes et des lettres dénonçant les mensonges et les abus du régime nazis.
Ce roman est donc une oeuvre polyphonique, dont les protagonistes sont un microcosme représentatif de la population berlinoise durant la seconde guerre mondiale. Après une première partie un peu lente, le livre trouve sa vitesse de croisière et s'avère être un récit très prenant et poignant, particulièrement savoureux dans la présentation des types les plus abjects de profiteurs, qui pullulent durant ce genre de conflits armés.
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Je cherchais depuis quelques temps un livre sur la résistance en Allemagne écrit par un allemand ou au moins un roman qui narre le contexte en Allemagne de ceux qui n'épousaient pas forcément les idées nazies.
"Seul dans Berlin" répond parfaitement à cette attente, racontant le quotidien de différents personnages, vivant tous dans le même immeuble. Certains entre en résistance, d'autres profitent du système, certains encore subissent et se cachent.
Ce "pavé" de 700 pages se lit aisément. J'ai été impressionnée par la justesse des scènes, des descriptions, alors même que le roman a été publié à la sortie de la guerre. Difficile de parler alors de prise de recul, de recherches historiques de l'auteur Tout était déjà là, connu ou pressenti.
Une belle découverte que je conseille vivement.
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Ce livre a désormais sa place dans mon petit firmament de lectrice. Je l'avais découvert par hasard en m'adonnant au surf sur babelio.

Ce roman est un absolu chef-d'oeuvre écrit dans l'immédiat après-guerre. Dans son préambule, l'auteur insiste sur le réalisme des faits qu'il raconte, en dépit du fait que c'est une fiction. Je vois souvent ce genre de précisions, mais dans ce cas, cela prend une dimension particulière.

Ce roman a été inspiré à Hans Fallada par un fait-divers de résistance berlinois. En réalité, il couvre plusieurs actes de résistance réalisés dans le secret par des gens risquant leur vie à chaque minute, l'humanité qui se dresse contre l'inhumanité. Plus particulièrement, parmi eux, l'auteur a exploré l'histoire d'un couple ayant distribué des cartes postales de 40 à 42, en les déposant dans des lieux où il régnait du passage, comme des immeubles de bureaux. Otto Quangel, et son épouse Anna, décidèrent de rédiger ces cartes de résistance à la mort de leur fils au front.

Dans les premiers chapitres, le roman décrit l'atmosphère angoissante de la ville de Berlin, sous la domination de la politique hitlérienne. Les dénonciations obligatoires, l'étoile jaune pour les juifs traqués par tous. Certains s'exercent au chantage. La Gestapo envoie des taupes exactement dans tous les coins. La misère règne.

Dans cette atmosphère, difficile de connaître le vrai visage des gens, préoccupés qu'ils sont à sauver leur peau, ou leur place.

Des cadres du parti nazi complotent contre une vieille juive, en préparant une expédition nocturne dans son appartement. Dans ce début, Hans Fallada décrit les interactions entre voisins vivant dans le même quartier, et le cours des événements est très cruel.

Plus tard, il y a l'histoire des cartes postales. Une opération « oiseau de malheur » menée par la gestapo, devient très chaotique, avec une première cible extrêmement fuyante, ce qui fait pencher le genre vers le grotesque, de façon irrésistible.

Hans Fallada déploie une justesse et une ingéniosité que j'ai adoré dans son récit. Je ne trouve pas d'autres mots que celui de « mécanique » pour exprimer la façon dont ce roman se déploie. Ponctuellement, un humour absurde imprègne les pages et donne un relief remarquable à la narration, comme si l'humour était un autre aspect du réalisme de la vie que l'auteur désire restituer à côté de celui de la sauvagerie et du tragique de la guerre.

Les personnages sont contrastés et nuancés, même les brutes. Des scènes intenses et fortes, des moments qui m'ont bouleversée et qui resteront inoubliables.
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Un roman totalement prenant, un véritable coup de coeur pour moi.
Pour résumer très simplement, il s'agit de la vie d'allemands très ordinaires entre 1940 et 1943. Ils vivent à Berlin et grâce à ce roman, on plonge dans leurs esprits : comment les allemands ont-ils réagi sous le régime hitlérien? quelles ont été les manières de pensée? les réactions? et surtout : comment résister?
Je ne peux que vous inciter à le lire, les premiers chapitres sont peut-être un peu longs car ils mettent en place les différents personnages mais ensuite, vous ne pourrez vous en détacher.
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Primo LEVI disait, que ce livre était " l'un des plus beaux livres sur la résistance allemande antinazie". Que dire de plus, si ce n'est que tout au long de cette lecture, je me suis demandée comment j'aurai supporté la pression très angoissante dans Berlin à cette époque, aurais je eu le courage de résister ? A lire absolument pour le devoir de mémoire.
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"Jeder stirbt für sich allein" ou la réalité du nazisme vu de l'intérieur
Lecture challenge d'un roman noir de noir, d'une densité telle qu'elle se savoure vraiment à toutes petites gorgées sous peine de s'y brûler.
[Aïe, Aïe, Aïe] ce goût amer restant longtemps en bouche. Passionnant.

"Mai 1940, Berlin fête la campagne de France. La ferveur nazie est au plus haut. Derrière la façade triomphale du Reich se cache un monde de misère et de terreur. Seul dans Berlin raconte le quotidien d'un immeuble modeste de la rue Jablonski. Persécuteurs et persécutés y cohabitent. C'est Frau Rosenthal, Juive, dénoncée et pillée par ses voisins. C'est Baldur Persicke, jeune recrue des SS qui terrorise sa famille. Ce sont les Quangel, désespérés d'avoir perdu leur fils au front, qui inondent la ville de tracts contre Hitler et déjouent la Gestapo avant de connaître une terrifiante descente aux enfers."

«Seul dans Berlin» plonge tout simplement dans le quotidien de gens ordinaires vivant dans un immeuble modeste de Berlin entre 1940 et 1942.
C'est là que logent la factrice Eva Kluge et sa petite frappe de mari Enno, la famille Persicke, nazis de la première heure dont les deux fils sont membres des jeunesses hitlériennes, Mme Rosenthal, vieille femme juive dont le mari est en camp de concentration, Herr Fromm, ancien magistrat à la retraite et les deux époux Quangel.
Tous cohabitent tant bien que mal en tentant comme des millions d'Allemands de survivre dans un monde où règnent peur, violence, délation, faim, suspicion.. le quotidien du nazisme et de la guerre.
Lorsque Otto et Anna Quangel apprennent la mort de leur fils au front, ils sont anéantis. Ce deuil, c'est ensemble qu'ils le surmonteront en résistant à leur façon à ce régime nazi qui leur a pris leur seul enfant. Pendant plus de deux ans, ils écriront des cartes contre Hitler et son régime, cartes qu'ils laisseront dans des cages d'escaliers. Ils vont devenir l'oiseau noir, la cible à abattre de la Gestapo, du commissaire Escherich et du SS Prall.

@ Que raconte ce roman de 700 pages sans être un instant lassant ou ennuyeux ? La vie quotidienne de gens ordinaires pendant une période extra-ordinaire, celle de la seconde guerre, lorsqu'on est allemand.
@ le point de départ du récit: une histoire vraie. Celle d'un couple d'Allemands, Elise et Otto Hampel qui ont tenté de renverser le régime nazi en déposant plusieurs centaines de cartes postales anonymes dans les boîtes aux lettres de Berlin. Ils seront exécutés en 1943 après 2 ans de résistance au régime nazi.
@ L'originalité: Les personnages principaux habitent tous un petit immeuble modeste de Berlin où tous les comportements face au nazisme sont représentés.
@ Qui se cache derrière Hans Fallada ? Rudolf Ditzen, un auteur morphinomane qui décédera peu de temps après la parution de son roman. Son oeuvre censurée à sa sortie en Allemagne, sera rééditée une première fois en 2000 dans la version purgée et puis dans sa version intégrale dans les années 2010.
@ La force: tranquille, racontant simplement et justement comment le quotidien peut un jour basculer et créer un tout autre soi ou au contraire annihiler toute personnalité propre. Passionnant de bout en bout.
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Outre la qualité littéraire et philosophique, bien que fictionnel ce roman de Hans Fallada est digne d'un travail d'historien relatant la société allemande, et plus spécifiquement les classes urbaines allemandes sous la domination nazie. Je trouve dommage que Hans Fallada n'ait pas l'écho qu'il mérite en France (sauf en cours d'allemand et encore)...car à travers ses romans c'est toute l'Allemagne du début du 20ème siècle qui nous est raconté. Et chaque roman de Hans Fallada ne donne pas les clés de l'histoire tourmentée de l'Allemagne mais nous en livre des explications. Seuls dans Berlin se lit très bien alors qu'on nous raconte une "petite" tragédie dans la Grande tragédie. Et c'est là toute sa force ! Enfin, personnellement j'ai été profondément touchée par la belle histoire d'amour en toile de fond entre Otto et Anna. hans Fallada nous dit qu'on peut aimer sans tomber dans le débordement narcissique, le pathos et les violons qui pleurent.
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Jamais autant un livre ne m'a à ce point cogné, tabassé, lessivé : parfois, ce n'est pas bien grave, mais souvent on est retourné dans tous les sens. L'apogée est le résumé du lundi, terrible journée si angoissante

« Jeder stirbt für sich allein » : un titre remarquable auf Deutsch, que la francophonie a totalement épuré. Chacun est bien seul en ce qui concerne ses actes et leurs conséquences. le couple Quangel, même si leurs actions peuvent paraître bien insignifiantes, montre justement à quel point le nazisme a répandu la terreur. Ils sont déjà perdants dès le départ, mais le couple Klarsfeld naît de leur lutte

Certes, comme le dit l'auteur, c'est de la fiction : mais, c'est juste la réalité en fait ! Les exactions, les tortures, toute cette haine et ce mal est plus que vraie, elle est ancrée en l'espèce humaine. Et on recommence, avec d'autres gens, d'autres visages, mais cette même racine du mal bourgeonne, fleurit et répand un parfum de mort, de peur, de fin
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Sans aucun doute un livre à mettre entre toutes les mains.
On a tendance, à tort, à considérer que la majorité des allemands étaient en faveur des actions d'Hitler. La réalité est tellement plus complexe.
Pour comprendre, il faut lire Hans Fallada. Comprendre comment Berlin est passé de ville, capitale, comme les autres, à un endroit où l'on s'espionne, se dénonce...même entre voisins...surtout entre voisins.
Berlin devenu peuplé de fascistes mais aussi de personnes qui luttent comme ils peuvent, avec leurs faibles moyens.
J'ai ressenti l'angoisse, l'oppressante terreur, j'ai tremblé avec Madame Rosenthal.
Je ressors de cette lecture en mettant indignée mais j'ai aussi compris beaucoup de choses. Un livre que je vais garder très longtemps en tête.
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Vrai coup de coeur, dès le début, je n'ai pas pu lâcher ce roman historique qui nous plonge littéralement dans l'Allemagne nazie dès 1940.
Comment résister à cette folie idéologique qui semblait tyranniser tous les allemands de cette époque. Il y a une ambiance de "1984" d'Orwell, où tout le monde s'espionne, où la délation est encouragée.
J'ai été très sensible à la notion de liberté qui peut se dégager de ce livre, la liberté de penser malgré l'emprisonnement.
Roman passionnant que je recommande vivement.
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