"Jeder stirbt für sich allein" ou la réalité du nazisme vu de l'intérieur
Lecture challenge d'un roman noir de noir, d'une densité telle qu'elle se savoure vraiment à toutes petites gorgées sous peine de s'y brûler.
[Aïe, Aïe, Aïe] ce goût amer restant longtemps en bouche. Passionnant.
"Mai 1940, Berlin fête la campagne de France. La ferveur nazie est au plus haut. Derrière la façade triomphale du Reich se cache un monde de misère et de terreur.
Seul dans Berlin raconte le quotidien d'un immeuble modeste de la rue Jablonski. Persécuteurs et persécutés y cohabitent. C'est Frau Rosenthal, Juive, dénoncée et pillée par ses voisins. C'est Baldur Persicke, jeune recrue des SS qui terrorise sa famille. Ce sont les Quangel, désespérés d'avoir perdu leur fils au front, qui inondent la ville de tracts contre Hitler et déjouent la Gestapo avant de connaître une terrifiante descente aux enfers."
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Seul dans Berlin» plonge tout simplement dans le quotidien de gens ordinaires vivant dans un immeuble modeste de Berlin entre 1940 et 1942.
C'est là que logent la factrice Eva Kluge et sa petite frappe de mari Enno, la famille Persicke, nazis de la première heure dont les deux fils sont membres des jeunesses hitlériennes, Mme Rosenthal, vieille femme juive dont le mari est en camp de concentration, Herr Fromm, ancien magistrat à la retraite et les deux époux Quangel.
Tous cohabitent tant bien que mal en tentant comme des millions d'Allemands de survivre dans un monde où règnent peur, violence, délation, faim, suspicion.. le quotidien du nazisme et de la guerre.
Lorsque Otto et Anna Quangel apprennent la mort de leur fils au front, ils sont anéantis. Ce deuil, c'est ensemble qu'ils le surmonteront en résistant à leur façon à ce régime nazi qui leur a pris leur seul enfant. Pendant plus de deux ans, ils écriront des cartes contre Hitler et son régime, cartes qu'ils laisseront dans des cages d'escaliers. Ils vont devenir l'oiseau noir, la cible à abattre de la Gestapo, du commissaire Escherich et du SS Prall.
@ Que raconte ce roman de 700 pages sans être un instant lassant ou ennuyeux ? La vie quotidienne de gens ordinaires pendant une période extra-ordinaire, celle de la seconde guerre, lorsqu'on est allemand.
@ le point de départ du récit: une histoire vraie. Celle d'un couple d'Allemands, Elise et Otto Hampel qui ont tenté de renverser le régime nazi en déposant plusieurs centaines de cartes postales anonymes dans les boîtes aux lettres de Berlin. Ils seront exécutés en 1943 après 2 ans de résistance au régime nazi.
@ L'originalité: Les personnages principaux habitent tous un petit immeuble modeste de Berlin où tous les comportements face au nazisme sont représentés.
@ Qui se cache derrière
Hans Fallada ? Rudolf Ditzen, un auteur morphinomane qui décédera peu de temps après la parution de son roman. Son oeuvre censurée à sa sortie en Allemagne, sera rééditée une première fois en 2000 dans la version purgée et puis dans sa version intégrale dans les années 2010.
@ La force: tranquille, racontant simplement et justement comment le quotidien peut un jour basculer et créer un tout autre soi ou au contraire annihiler toute personnalité propre. Passionnant de bout en bout.