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Claire Fargeot (Autre)
EAN : 9782207303726
288 pages
Denoël (04/01/1984)
2.75/5   8 notes
Résumé :
En l'an 2000 la télévision classique ne suffit plus au bonheur des masses. Une industrie fructueuse s'est développée qui consiste à transmettre les rêves en direct. Choyés, surpayés en cette époque de pénurie, des Rêveurs professionnels font vivre au public, par procuration, histoires d'amour ou d'aventures, jeux érotiques et crimes passionnels.
Mais le métier n'est pas sans danger : au bout d'un laps de temps plus ou moins long, les Rêveurs « schizent... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Dans le futur imaginé par Chelsea Quinn Yarbro, les médias de divertissement tels que nous les connaissons, cinéma et télévision, ont été supplantés par un nouveau médium : le rêve. Toute une industrie organise la production de rêves en récupérant et montant les rêves que font les rêveurs professionnels. Mais ce métier de rêveur, s'il est prestigieux et bien payé, comporte un revers de taille. Les rêveurs finissent inévitablement par « schizer », c'est-à-dire sombrer dans la folie.

Cet argument formidable aurait pu donner lieu à un très bon roman d'anticipation. Malheureusement, le traitement ne m'a pas entièrement convaincue. Bon roman ? Oui. Bon roman d'anticipation ? Non.
Il y a d'indéniables qualités dans « Jacinthes » mais aussi des défauts qui m'ont profondément ennuyée.

Tout d'abord sur l'argument en lui-même, je trouve que l'auteure ne le développe pas suffisamment. Il y a peu de descriptions des rêves et celles-ci sont un peu décevantes, ressemblant beaucoup trop à des films. Mes rêves à moi sont bien plus psychédéliques. de plus, l'auteure n'appuie pas suffisamment sur le problème moral, éthique, que pourrait constituer le fait de commercialiser ce qu'il y a de plus intime en l'Homme, son subconscient.
Quant au problème de « schize », il n'est pas non plus assez développé. On apprend tout d'un coup que tel ou tel rêveur a schizé sans que le lecteur ait été impliqué émotionnellement. Certes, les rêveurs ne sont pas au coeur du récit, ce sont les producteurs mais aussi les psys. C'est par ces derniers qu'il aurait été pertinent de créer une implication émotionnelle.

Ceci dit, ce qui m'a le plus gênée dans « Jacinthes » se situe dans son aspect dystopique. le roman m'a semblé très étriqué. On n'a qu'un aperçu très réduit de la société du dehors, tout le roman se situe au sein de l'entreprise. Peut-être est-ce une volonté de l'auteure mais cet angle narratif ne m'a pas convaincue. La quatrième de couverture fait référence au film « Network » de Sydney Lumet. La comparaison est bien vue, « Jacinthes » est une oeuvre assez proche de la satire des médias qu'était le film de Lumet. le film se déroulait lui aussi exclusivement dans le monde des médias, et ne sortait jamais dans le monde réel. Mais dans « Network » c'était pertinent, le monde du dehors étant celui que nous connaissons, c'était le nôtre (celui de 76), il n'était pas nécessaire de contextualiser l'industrie télévisuelle qui était dépeinte. le roman de Yarbro se déroule dans le futur, la société a évolué, j'aurais donc aimé que l'auteure aille plus loin dans la contextualisation que les rares évocations d'émeutes et de messages subliminaux gouvernementaux. Ainsi, elle aurait pu dépeindre une société future découlant directement de notre présent, pointant ainsi du doigt les dérives médiatiques actuelles, tout en imaginant jusqu'où cela pourrait aller.
Ce qui m'est apparu comme une faiblesse pourrait être perçu par d'autres lecteurs comme une qualité. En effet, le côté huis-clos du roman offre une plongée assez saisissante du monde de l'entreprise, ses manigances et intrigues, ses luttes de pouvoir et ses rapports de force. Cet aspect est vraiment intéressant et réussi. Et ce, d'autant plus que le personnage principal est subtilement caractérisé, Yarbro refusant la facilité du personnage lisse et positif. En effet, si Jehanne n'est pas vraiment à l'aise avec ce qui arrive aux rêveurs, cela passe après son ambition de grimper dans la hiérarchie. Cette dualité est intéressante et, à ce titre, la fin ouverte est plutôt bien vue. Au lecteur d'imaginer quel sera son choix, habile façon d'interroger le lecteur lui-même sur ce qu'il ferait.

Il y a des choses très intéressantes dans ce roman, que ce soient l'argument de départ, le personnage principal nuancé ou la satire du monde de l'entreprise. Mais le manque de développement de l'aspect dystopique m'a vraiment gênée et vient amoindrir la force de « Jacinthes ». le roman aurait mérité d'être plus long, l'auteure aurait alors pu développer cet aspect et enrichir son oeuvre.
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Il y a des choses très intéressantes dans ce livre :
Chelsea Quinn Yarbro imagine un monde, dans un futur proche, une dystopie avec une économie basée sur la transmission de rêves à la manière de l'industrie cinématographique. On enregistre les rêves des “rêveurs”, personnes sélectionnées pour leur imagination et leur capacité à rêver, tout un système économique est construit sur cette base. Mais il y a un problème, ces “rêveurs” finissent par “schizer”, il deviennent des cas psychotique graves assez vite et finissent leur vie comme légumes dans des hôpitaux psychiatriques. L'usage de ces rêves par les autorités politique permet d'endormir les populations au sens figuré. de la maintenir dans l'apathie. Mais cela ne semble pas marcher véritablement, la surpopulation, les conditions de vie provoquent toujours plus d'émeutes.
Le récit nous fait suivre l'évolution de cette économie par l'intermédiaire d'une productrice de rêves, dans ses questionnements, ses ambitions, ses relations de travail.

Malgré les très bonnes idées, je ne sors pas très enthousiaste de cette lecture. Plusieurs aspects m'ont déçu :
Le rêve est très peu exploité, le trop rares rêves décrits reste assez basique, dans le genre du cinéma populaire actuel, là où on aurait pu attendre un bon délire déjanté, ou un baroque foisonnant, on n'a là qu'un prétexte simple et peu approfondi. L'auteure n'a pas choisi cette voix, dommage.
Ensuite, la folie, l'aspect psychologique, psychiatrique est lui aussi trop basique, cette évolution des “rêveurs” est perçue de façon trop lointaine, on apprend qu'un rêveur déprime, qu'un autre fait des rêves trop tordus, mais cette évolution se contente de faits d'informations, vu du côté des producteurs, et le côté déontologique ne va pas non plus très loin.
Enfin, la dystopie en soit est aussi assez peu exploitée, on n'aura aucune information sur les consommateurs de ces rêves, et du coup, l'aspect politique et social reste totalement superficiel.
La fin choisie par l'auteure aurait exigé que ces trois points soient bien plus importants dans le récit.

D'un autre côté, l'aspect de cette production, d'un point de vue économique et l'intrigue d'entreprise, sont au contraire, très poussés, le destin de l'héroïne dans le monde de l'entreprise est lui bien au coeur de cette histoire, intrigues de société, désir de monter en grade, relations entre les différents membres du personnel, on se retrouve dans un huis clos intense, une histoire d'entreprise économique, très réussi dans le genre, mais c'est malheureusement un genre que je n'affectionne pas particulièrement. de plus, la fin choisie par l'auteure nous laisse sur notre faim de ce point de vue, qu'advient-il des acteurs du marché noir, pourquoi et comment Jehanne va évoluer...

Je suis déçu que ce roman n'ait pas pris une des directions que j'aurais aimé y trouver, je me suis parfois ennuyé, l'intrigue-économique prend trop le dessus laissant les aspects les plus intéressants trop peu exploités.
Très frustrant...
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Ce roman, écrit il y a près de quarante ans, est une dystopie avant l'heure. Mais malheureusement, malgré un sujet assez alléchant, il est loin de tenir toutes ses promesses.

Nous sommes aux Etats-Unis dans les années 2000. La surpopulation fait des ravages : la grande majorité de gens est dans la précarité et la lutte pour la survie. Des émeutes éclatent régulièrement, mettant des villes entières à feu et à sang.

La télévision et la littérature ont été remplacées par des fictions rêvées par des Rêveurs professionnels. Un appareillage (pas si éloigné de ceux utilisé en RV aujourd'hui) permet de se relier aux réseaux de distribution qui les transmettent.

Jehanne Bliss a un poste de responsabilité dans un des plus grands réseaux. Elle a beaucoup d'ambition et est prête à tout pour être nommée au conseil d'administration mais se heurte au fameux « plafond de verre ». Elle assure le recrutement des Rêveurs et des Muses (des deux sexes) qui leur sont associés. Beaucoup de jeunes Rêveurs sont eux aussi prêts à tout pour être recrutés mais ce qu'ils ne savent pas c'est qu'ils ont toutes les chances de devenir psychotiques quelques mois au pire, quelques années au mieux après leurs débuts.

Je n'ai pu m'empêcher de penser, en lisant ce roman, à ce qu'aurait pu faire d'un sujet pareil par exemple Philip K. Dick. Assurément un livre bien plus troublant que celui de Chelsea Quinn Yarbro, qui pèche par beaucoup de statisme. On ne quitte guère le monde de l'entreprise et ses intrigues de pouvoir tout au long du récit. Il m'a semblé franchement répétitif et délayé. L'auteure ne tire pas du tout partie de beaucoup d'aspects de son arrière-plan : on ne saura jamais vraiment, par exemple, ce que ressentent les spectateurs de ces Rêves fabriqués ni quelle est la nature exacte des relations entre Rêveur et Muse…

En définitive le plus grand mystère reste pour moi son titre : je n'ai pu trouver une seule allusion aux jacinthes tout au long de ce roman (Hyacinths en VO). S'il y a une métaphore derrière ce titre, je ne l'ai pas comprise…
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Un livre poignant, à lire absoluement
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Dans le Rêve, un orage s'annonçait : d'énormes nuages d'un noir inconcevable s'amoncelait à l'horizon, traversés de temps à autre d'une lueur aveuglante qui éclairait comme en plein jour. Durant ce sinistre prélude, le paysage sauvage et désolé était transformé ; les buttes devenaient châteaux, les rochers semblaient s'animer sous la clarté capricieuse des éclairs.
Le troubadour, à qui son luth retenu par le chevillier et jeté sur l'épaule donnait l'allure d'un bossu, s'arrêta sur son promontoire pour contempler le ciel avec ferveur.

(Incipit).
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