"La seconde porte" s'est ouverte pour Claude Farrère douze ou quinze ans après "La porte dérobée".
Elle est celle qui le ménera de son adolescence à son âge adulte.
Est-ce le marin ou l'écrivain qui l'a marquée, en 1945, d'un livre de souvenirs et de réflexions ?
On ressent d'abord dans ce second tome de mémoires la même gêne à la lecture que dans l'opus précédent, mais très vite le style de Farrère réapparaît et dissipe le malaise où s'était engluée "La porte dérobée".
"La seconde porte" est un livre passionnant.
Elle est l'indispensable occasion de mieux apercevoir l'homme derrière l'écrivain.
Méconnue, souvent injustement étiquetée et décriée, sa stature a quelque chose d'antique.
La géométrie pure, pour lui, ne méne-t-elle pas à la philosophie, à la théologie et à la musique.
Trois choses qu'il place au-dessus des hommes.
Je tiens Farrère, et je soutiens fermement le fait, qu'il a été, et qu'il est toujours, le plus intéressant, le plus pénétrant, le plus prolifique et le plus sincère des "marins-écrivains" que nous donna la littérature française.
Son "Histoire de la Marine Française" est d'ailleurs certainement celle qui reste la plus définitive de son époque.
"La seconde porte" n'est pas un récit de voyages, et encore moins d'aventures.
C'est un autoportrait, un brillant morceau de littérature.
Farrère est un homme sensible et fidèle en amitiés.
N'écrit-t-il pas ici avoir voulu mettre dans sa vie un peu de douceur, un peu de loyauté, un peu d'honneur même et de l'amitié.
L'homme est du XIXème siècle.
Et sa plume y est encrée.
Son tracé est élégant, rigoureux et fantaisiste à la fois.
Il est un mélange de vieux principes et d'audacieuses nouveautés.
Surtout Claude Farrère, même s'il ne craint jamais de choquer les vieilles barbes, professe à travers tous ses livres un amour et un respect pour la femme à qui, courtoisement, toujours il offre ses meilleurs personnages.
Comme Loti, il est un orientaliste.
Et sa plume y puise la délicatesse, le dépaysement et la sincérité qui la rendent inimitable et indispensable ...
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La vision de l'hôtel d'Hong-Kong avait pourtant laissé son image si nette au fond de ma rétine que, dessinant, selon mon procédé personnel, chacun de mes personnages d'après un modèle vivant, dont je puisse contrôler chaque détail au fur et à mesure des nécessités du récit, je fis pour l'une des bonnes femmes de ma fresque, le portrait minutieux de la dite vision ...
Et, cependant, quoique le destin soit maître, nous ne sommes pas esclaves.
Nous pouvons désirer, vouloir ...
Jusqu'à ce que la vie se soit révélée plus simple qu'on ne l'avait aperçue, en essayant d'y regarder par le trou de la serrure.
Jusqu'à ce qu'on ait rencontré, au coin d'un bois, le divin bandit sans foi ni loi, - larron, meurtrier, sacrilège, parjure, - grand tueur de scrupules : l'Amour ...
Ainsi Cadix, étirée sur sa bleusaille comme guipure épinglée, retint-elle mon admiration deux bonnes heures durant.
Ne dites pas que ce n'est guère !
Sauf quelques chattes très rares et quelques femmes plus rares encore, mes admirations les plus vives furent par la suite moins longues de moitié ...
Algèbre, ce n'est rien.
Arithmétique, c'est quelque chose.
Géométrie analytique ... heu !
Géométrie pure ... ça, c'est le diable.
Mais un diable beau comme Lucifer même ...
Claude Farrère :
La maison des hommes vivantsOlivier BARROT, installé dans une chambre, présente une réédition de "
La maison des hommes vivants" en poche Librio ; une histoire
fantastique écrite par
Claude FARRERE, auteur populaire, élu à l'Académie française.