Mapuche, roman noir de
Caryl Férey, paru en 2012 a déjà fait l'objet de 240 critiques sur Babelio, où 205 citations ont été postées. Que pourrait-on ajouter de plus ?
Le roman s'ouvre sur un des terribles "vols de la mort", alors qu'un passager drogué est jeté vivant dans l'Océan Atlantique, depuis un avion militaire.... Il s'agit d'une méthode bien connue de la dictature militaire argentine dans les années 1976-1983. Mais, si nous nous trouvons bien en Argentine, ces années-là font partie du passé. Trente ans plus tard, le pays semble avoir tourné la page. Des procès ont eu lieu... Vraiment ? Et pourtant, Les Grands-mères de la Place de Mai sont toujours actives, depuis 1977 elles sont à la recherche des personnes disparues, et des enfants qui ont été kidnappés.
C'est dans ce Buenos-Aires bien actuel que se rencontrent Rubén, et Jana. Rubén est le fils du célèbre poète Calderon, disparu pendant la dictature. Il a été incarcéré et torturé pendant la "guerre sale", a été libéré et est devenu détective, à la recherche d'informations sur les tous les disparus politiques de l'époque du général Videla. Jana, quant à elle, est une jeune sculptrice qui vivote tant bien que mal - d'origine
mapuche, peuple autochtone du sud de l'Argentine, elle a fui sa famille et s'est installée dans un bidonville
le du centre de Buenos-Aires. Jana est à la recherche de son amie Luz, qui n'a plus donné signe de vie. Carlos, demande à Rubén de retrouver Maria-Victoria Campallo, une photographe qui semble avoir disparu depuis plusieurs jours...
Mapuche se trouvait dans ma bibliothèque depuis trop longtemps, oublié sur un rayonnage... Je n'avais pas pu me rendre à une rencontre écrivain organisée par la médiathèque avec
Caryl Férey .
Les vents semblaient contraires, et pourtant, contre toute attente la rencontre avec
Mapuche a bien eu lieu, et le temps perdu amplement rattrapé.
Que dire d'une lecture dont on se détache avec peine, de personnages qui vous hantent, de situations d'une violence à la limite du soutenable ? J'ai lu le roman d'une traite, emportée par le tourbillon de la vie en Argentine, la découverte de Buenos-Aires, des paysages du sud du pays, à la limite du Chili. le passé douloureux du pays est toujours là, comme sont malheureusement toujours présents ceux qui ont participé à la guerre sale, en ont profité largement et ont tout intérêt à effacer les traces de leurs exactions. Mais on ne peut pas tout cacher, et quelquefois, le passé ressurgit là où on l'attend le moins, par exemple sous les traits des enfants kidnappés qui ont toujours senti qu'ils n'étaient pas à leur place, que quelque chose "clochait"...
J'ai beaucoup aimé l'histoire de Rubén et Jana que nous conte
Caryl Férey, dans un style précis, nerveux, très travaillé.
Mapuche reconstitue une époque, redonne vie à ces disparus, veille à ce que leur histoire reste dans les mémoires, qu'on n'oublie pas ces années de dictature.
Mapuche nous émeut, nous bouleverse, nous révolte.