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sur 123 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Il était une fois…une fée. Femme si douce, si belle, vaporeuse comme un rêve doux, à nulle autre pareille.
« Elle se fait aimer chaque jour comme au premier instant de l'amour, celui de l'aveuglement, celui du miracle où les reproches restent des secrets invraisemblables. La fée prolonge la douceur. Sur elle le regard se brouille, s'adoucit dans les indulgences. Autour d'elle les choses sont transformées. le sortilège est puissant. »

Il était une fois…un homme. Qui sut se faire aimer de la fée. En lui, un fond de silence et de secret. En lui aussi, ce qu'il faut de grâce, d'intelligence, de générosité et de sollicitude pour plaire aux gens, notamment aux femmes, ce dont il abusa longtemps. Mais un jour l'homme croise la fée et « le sortilège fut en lui, comme une main qui contraindrait son coeur tout en le caressant ». Désormais la fée devient son amour, son ange, sa vie…sa fée.

De l'alchimie amoureuse entre l'homme et la fée, de leur emmêlement passionné et sublime, nait Gabriel, l'enfant au nom d'archange. Et la fée, comblée, heureuse, enveloppe l'enfant de tendresse et de bonté, l'enrobe d'amour et de douceur sans imaginer que son ventre de fée a enfanté la plus effroyable des créatures.

Il était une fois… un monstre. Dans le secret de son âme, Gabriel, l'enfant au nom d'archange, a développé en grandissant une nature perverse, corrompue par de puissants désirs de violence, une jubilation morbide et une fascination malsaine pour la douleur des autres.
Enfant déjà, il aime infliger mille délicieuses tortures à de petits animaux avant de leur offrir en sépulture des boîtes somptueuses que par la suite il confectionne avec un soin d'artiste maniaque et une admirable virtuosité.
Il devient « un adolescent plein de silences », puis enfin « cet homme jeune, trop calme et sage, timide et souriant », un être cadenassé de l'intérieur que rien ne semble émouvoir hormis cette joie impure que lui procure la mise-en-scène de la souffrance.

A la mort de la fée, emportée par un cancer, l'homme, accablé de chagrin, ne pouvant supporter de vivre sur les lieux de son bonheur perdu, laisse Gabriel seul dans la maison familiale. Plus rien désormais ne retient le jeune homme dans l'assouvissement de ses diaboliques instincts. le prédateur se met en chasse ; il a délaissé les petites proies animales pour se tourner vers un gibier plus conséquent, à la hauteur de ses appétits d'homme : les femmes.
Son premier viol le plonge dans un état de bouleversement et d'excitation délectables. Ah ! Quel plaisir d'éprouver tout contre soi une jeune chair se débattre ! « le corps d'un autre en souffrance, quel prodige » !
Gabriel écume la ville, jouant avec « le froid et l'humidité des recoins déserts ». Son désir s'emballe, plus rien ne compte hors le triomphe de son plaisir de mâle, mais bientôt il lui faut éprouver d'avantage. Il lui faut explorer le mystère de l'achèvement. Il lui faut serrer ses mains autour du cou gracile d'une jeune colombe. Il lui faut expérimenter la décomposition des corps. Et il se prend alors à penser aux petites filles…

En 1993, Alice Ferney signait avec « le ventre de la fée » son premier livre et faisait une entrée fracassante sur la scène littéraire, la puissance atroce de ce premier roman laissant immédiatement augurer un grand auteur en devenir.
Car, ah ! Quel livre ! On ne peut y penser sans frémir et c'est peu dire de ce bref ouvrage qu'il est dérangeant, déroutant, perturbant et, d'une manière totalement équivoque…manifestement beau.
C'est qu'avec ce conte noir, Alice Ferney joue avec les antagonismes et les contrastes comme une magicienne joue avec ses sortilèges, faisant rivaliser les émotions du lecteur en une sorte de pugilat intérieur qui le laisse dans un profond état de malaise. Ce qui débute ainsi comme un conte de fée se transforme alors en fable horrifique. Avec l'impression de tomber au fond d'un gouffre obscur, l'on est précipité de la ouate au béton, d'un climat de douceur et de pureté empreint de beauté et d'amour maternel, en un lieu où se déchainent les passions les plus brutales et les plus écoeurantes.
L'auteur nous plonge de plain-pied dans la conscience d'un monstre dénué de remords, ne nous épargnant rien de sa folie, de ses actes ni de ses intentions.
Mais - et c'est là que réside toute la force de ce court roman - la romancière va utiliser le filtre d'un style poétique, lumineux, la transparence cristalline et délicate de ses lignes, pour opérer un véritable pouvoir d'attraction en faisant s'affronter en combat singulier, la beauté de la forme et l'horreur sans nom du fond.
Une écriture enchanteresse qui n'est pas sans rappeler celle de Sylvie Germain, cette façon troublante d'aborder la noirceur avec les mots les plus fins et sensibles et qui provoque chez le lecteur médusé, des sentiments contrastés, entre fascination et répulsion.
Véritable lecture coup de poing « le ventre de la fée » accouche dans la douleur des plus vils instincts de la nature humaine et sera à ce titre à déconseiller aux âmes sensibles…
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L'illustration de couverture est un détail d'une peinture de Klimt représentant une femme enceinte nue, dont le titre est "L'Espoir I".
En effet, quelle plus belle représentation de l'espoir qu'un ventre tout gonflé de cet enfant à naître, de cette promesse de vie à venir pour laquelle on imagine mille et un scénarios ?
Tous positifs, bien sûr !
La fée a connu, elle aussi, cette attente merveilleuse, cette espérance folle, ces moments de grâce où la femme se sent si forte, rendue invincible par la vie qu'elle porte en elle par la magie d'un corps qui peut enfanter.

Avec son écriture précise, élégante et délicate, Alice Ferney décrit à merveille ce personnage de femme qu'elle appelle la fée. La rencontre, le désir d'enfant et la naissance de Gabriel, prénom qui révèle bien ce que ce nouveau-né représente pour ses parents.

Tout va pour le mieux en ce début de roman qui commence comme un conte de fées.

De la suite, je ne révèlerai rien ; je vous laisse la surprise parce que c'est l'un des intérêts du livre.
Sachez simplement que le récit bascule dans une tout autre direction.
Sachez aussi que la légèreté initiale fait place à quelque chose de lourd, d'horrible, de difficilement supportable.
Alice Ferney passe allègrement de la lumière à l'obscurité, de la vie et ses aspects les plus joyeux à ce que certains êtres humains peuvent avoir de plus sombre.
Si le titre n'avait déjà été pris par Nietzsche, ce roman aurait pu s'intituler "Par-delà le bien et le mal".

Ce livre m'a bousculée, et j'ai aimé ça.
L'abomination de certaines scènes provoque un profond dégoût mais le style d'Alice Ferney est tellement poétique et limpide que l'opposition entre le fond abject et la forme lumineuse fait qu'en tant que lectrice, j'ai été fortement troublée.
J'ai apprécié certains paragraphes, m'en voulant aussitôt de les apprécier.
Une expérience de lecture assez vertigineuse.

Ce roman au titre trompeur est le premier d'Alice Ferney et elle y montre déjà tout son talent.
Il offre un double contraste saisissant entre le début de l'histoire et la suite, entre la beauté de l'écriture et l'horreur du récit.
Âmes sensibles, s'abstenir, ce livre est d'une noirceur folle !
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J'ai passé une douce mâtinée au côté de Gabriel.
Ce fut tendre, délicat, un mets parfait et goûteux…

J'ai découvert ce roman grâce à @le_bison ou je mettais permis de commenter « que je dévorais ce livre ». Ce dernier m'avait indiqué « Tiens une ogresse… »
Oh, si j'avais su… Je me serais abstenu… Je ne dirais plus le mot « dévoré » pour un livre sans savoir ce qu'il contient.
Je n'imaginais pas tant de dévotion à la chair humaine…

Merci Gabriel, merci le_bison, je ne suis pas près d'oublier les fées et leur progéniture (surtout ses derniers).

Extrait :
Sentir, voir, percevoir la palpitation de la vie qui cesse : merveilleux privilège de tenir un mourant dans ses bras. Vertige de donner la mort, de garder le cadavre avec soi et de le surveiller.


Bonne lecture !
Lien : https://angelscath.blogspot...
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Cette première oeuvre d'Alice Ferney est vraiment terrifiante.
L'histoire commence comme un joli conte de fée. Une belle femme blonde, douce, sereine, attend son premier enfant.
C'est le bonheur.Son mari est amoureux et Gabriel sera l'enfant chéri, adoré.
mais Gabriel, ange ou démon ?
La fée a enfanté le diable. A la mort de sa mère, Gabriel, jeune adulte se révèlera monstre en violant et tuant.
Ce conte est un vrai coup de poing, intense et cruel mais l'écriture est belle.

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En reposant ce livre, je me demande comment j'ai pu l'apprécier ?

Se peut il que nous ayons au fond de nous une curiosité malsaine de tant
de noirceur humaine ?

(je devrais faire comme le_bison - vous invite à lire sa chronique - "boire pour laver cette poussière qui colle à ma peau, à mon âme avariée ...")

Parce que j'ai aimé ce bouquin étrange, dérangeant, qui fait frémir de tant
d'horreurs.

Fascination et révulsion de cet Ange noir qui n'a qu'angoisses et cruautés pour meubler ses Silences.


Enfant de lumière qui nous entraîne dans l'obscurité la plus sombre qui soit et nous nous enfonçons avec lui dans la noirceur de ses crimes odieux.

L'autrice a la faculté de nous inviter à tourner page après page vers cette ivresse de la mort des autres, à travers les méandres et les pulsions irrépressibles d'un homme au sourire angélique.

Etrangeté de l'être humain !

La fée a mis au monde son ange "Gabriel" qui, par on ne sait quelle alchimie, deviendra un monstre de la pire espèce.
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Publié en 1993, "Le ventre de la fée" est le premier roman de l'écrivaine française Alice Ferney, notamment auteure de "L'élégance des veuves", "La conversation amoureuse", "Paradis conjugal" ou plus récemment de "Passé sous silence".

"Le ventre de la fée" commence tel un conte : la fée, nymphe magnifique, délicate, gracieuse, rencontre un homme ébloui par ses charmes qui l'aime, la désire et la vénère chaque jour avec la même intensité.
Entourés d'un halo de sérénité, ils s'aiment avec insouciance et bientôt la fée met au monde un petit ange du nom de Gabriel, unique enfant qu'elle couvrira de tout son amour de mère.
Mais toute la tendresse de la fée ne suffira pas à calmer le monstre qui grandit dans le corps de son fils.
D'un naturel taciturne et cruel, Gabriel confectionne des boîtes morbides destinées à enfermer les petits corps de ses proies animales.
Au décès de la fée, son mari ne supportant plus de vivre sous ce toit qui abritait leur amour, quitte la maison, laissant Gabriel à lui-même et à ses pulsions malsaines tandis qu'il pleure sur l'abandon de cette mère parfaite.
Le jeune homme écume la ville à la recherche de proies humaines toujours plus jeunes qu'il viole, assassine, dépece, possédant ces corps par la force sans jamais être rassasié ou assailli par le remords.

Voilà un conte macabre plutôt déconcertant tant le contraste se veut aussi brutal qu'improbable entre la pureté et l'amour sans bornes de la fée et la violence inouïe de cet insatiable monstre enfanté par elle, comme sorti de la bouche des Enfers. le cauchemar de toutes les mères !
Et le contraste perdure malgré l'horreur décrite car l'écriture reste égale à elle-même (et c'est d'autant plus perturbant), lumineuse, poétique, fascinante de précision.

Une lecture "horriblement troublante" qui à plusieurs égards m'a beaucoup rappelé "Le parfum" de Suskind.
Lien : http://contesdefaits.blogspo..
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La Fée est une femme, très belle. du jour où elle devient mère, sa vie devient une spirale d'amour dont son fils, Gabriel, est le centre. Seulement, lorsqu'elle disparaît, elle ouvre une brèche dans la vie de l'enfant chéri, toute de violence faite. L'ange se transforme en ogre, dans une implacable horreur.
La cruauté de ce conte prend au ventre. La plume d'Alice Ferney est douce et neutre, se contentant de nous présenter, dans une objectivité poétique, des tableaux faits de violence et de beauté. Elle nous emporte dans une valse lente mais infernale qui nous emmène inexorablement dans la folie d'un être pour qui aimer et tuer se fondent l'un dans l'autre.
Lien : https://auxlivresdemesruches..
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🧚 « A force de les contempler, on finit par comprendre ce sentiment étrange qu'ils causent : en vérité on ne voit que leur désir. A l'évidence c'est un début d'amour. »(p.15)

🧚 C'est ainsi que l'histoire d'amour entre “la fée” et son homme naît : l'histoire d'une attirance, d'un magnétisme, d'une passion et d'une délicatesse aussi, la rencontre de la poésie et de la rigueur, de la légèreté et de la fermeté. Un amour qui donnera vite naissance à un enfant, Gabriel qui, très rapidement, accapare toute l'attention et l'amour de sa mère... au dépit du père, mis à l'écart, avide du corps de celle qui, un temps, se donnait à lui sans compter. Gabriel, profondément lié corps et âme à sa mère, n'est pas dupe de sa position de force : il profite de cet amour qui devient malsain, il possède sa mère avec avidité et égoïsme... C'est a ce moment, et de manière irréversible, que naît la perversion de l'enfant.

🧚 L'apogée de ce dérèglement prend forme lorsque la mère décède : abandonné par son père et livré à lui-même, le démon interne qui sommeillait jusqu'alors initie sa dictature infernale. Étranger a tout amour sain, Gabriel, ange maudit, veut faire du mal : à des femmes, à des jeunes filles, à des petites filles ... Il règne en lui un besoin de faire souffrir, de faire mourir, de sentir le corps et le coeur partir, de constater l'abandon, d'admirer la dégradation du corps.

🧚 le corps d'une fée peut faire naître les pires monstres : tel est le postulat de ce conte noir et d'une singulière violence. L'écriture de l'autrice ne porte pourtant aucun jugement, aucune condamnation ; elle narre l'histoire terrifiante de ce jeune homme incapable d'aimer, tuant de sang froid les femmes et filles qu'il rencontre, tuant ainsi la mère, son amour, son trop-plein d'amour, rejetant les confessions du père, détruisant son histoire, sa vie, son existence.

🧚 Meurtrir l'autre pour s'éliminer soi-même ... Si “je est un autre”, alors aucune tentative n'est vaine ...
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Il était une fois un couple presque parfait qui enfanta un bel enfant, Gabriel. le père est en adoration devant sa femme et la femme devant le fils.
Gabriel, jeune homme taciturne, est un artiste, un sculpteur. Il est attiré par la violence, le sexe et, à l'âge de 18 ans, il viole une jeune fille.
A la mort de sa mère, sa névrose bascule et commence alors une très longue série de meurtres qui débute par Myriam, une fillette de 11 ans. Il a bien tenté d'éloigner de lui ses démons dans l'alcool mais dès que son père l'abandonne, il vacille. Son extrême violence et le plaisir qui s'en dégage montent crescendo, il crève les yeux, viole, dépèce les corps. Il devient un légiste, un entomologiste de l'horreur. La ville est si grande et il est si prudent que rien ni personne ne l'arrête.
Cette description de l'horreur d'un sadique en devenir est fascinante. Avec une redoutable précision et beaucoup de poésie l'auteur nous l'explique doucement, sereinement, tranquillement . L'horreur sous le masque de la presque normalité.
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Gabriel étant le narrateur de sa propre histoire, il nous fait entrer dans son esprit malade et nous découvrons avec horreur son goût pour la mort, le plaisir qu'il retire de la souffrance des autres et du pouvoir qu'il peut avoir sur eux. Personnage taciturne et secret, sa nature profonde passe inaperçue auprès de son entourage direct. Mais, livré à lui-même après le décès de sa mère adorée, ses penchants meurtriers et pédophiles ont alors tout le loisir de se déployer.

Car Gabriel n'a d'ange que le prénom. le ventre de la fée a fabriqué un monstre.

Un premier roman très intéressant, qui aborde le mal qui dévore Gabriel comme un état de fait, d'un ton neutre et sans jugement. Et c'est cette confrontation entre le fond et la forme, cette écriture si fine et ciselée, qui provoque des émotions ambivalentes chez le lecteur.
Lien : https://carnetdelecture1.wor..
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