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Quoi de plus éloigné de mes centres d'intérêts que la physique quantique ou le programme nucléaire de l'Allemagne Nazie ? Appréciant beaucoup Jérôme Ferrari, j'ai voulu feuilleter quelques passages de son bref récit portant sur ces sujets, et j'ai été agréablement surpris : j'ai été emporté du début à la fin.

A travers le regard d'un étudiant en philosophie, l'auteur interroge la vie et les recherches du physicien allemand Werner Heisenberg (1901 – 1976), auteur du fameux (hum …) principe d'incertitude (d'indétermination) et Prix Nobel pour ses travaux jetant les bases de la physique quantique. Son rôle dans l'Allemagne Nazie, à la tête du programme nucléaire, est évidemment l'un des aspects les plus intéressants de sa vie et constitue le coeur du récit.

Je trouve que l'auteur réussit brillamment à rendre intéressant ce domaine d'étude, à travers un regard davantage philosophique. Il y a un joli travail de vulgarisation, même s'il faut s'accrocher par moment. de plus, le style de Ferrari est comme toujours très travaillé, chaque phrase est un régal. Ce que j'ai préféré est sa façon de mêler la beauté de la recherche scientifique pure (désir de connaissance pure) et l'horreur de sa réalité historique (la guerre, la bombe atomique, le Nazisme). C'est un très bon livre sur la naïveté de l'intelligence, sur les difficultés des génies à s'adapter au monde réel : un peu comme la métaphore de l'Albatros de Baudelaire «Exilé sur le sol au milieu des huées, ses ailes de géant l'empêchent de marcher ».

Lien : Https://evanhirtum.wordpress..
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Un beau roman imparfait. En apparence, "Le principe" ressemble aux produits du marché français contemporain ; on y trouve tout ce qui plaît aux jurys et aux journalistes prescripteurs de livres : du nazisme, des Juifs (gentils et morts, car les vivants, aujourd'hui ...), des savants fourvoyés, les grandes responsabilités de la science dans la guerre, tous les sujets de classe Terminale. Ce stock idéologique devrait impliquer un style particulier : ces idées banales pour Prix Goncourt ou Nobel, doivent s'exprimer dans le dialecte adéquat et dans une langue à la portée des journalistes et de leurs lecteurs ("l'horizon d'attente", comme on dit). Or Ferrari écrit bien. Sa langue a de la dignité, parfois même un drapé, une sobriété dans l'image poétique, qui ne vont pas du tout avec le débraillé étudié de l'idéologie du Bien. Cette langue ne peut longtemps mentir : quand elle le fait, elle se relâche, se banalise, se charge de lieux communs, se "Virginie-Despentise". Voilà le premier accroc dans la toile. Ensuite, Ferrari s'intéresse à Werner Heisenberg, à son dynamitage de tout concept de réalité, à son Principe qui met fin à tous les principes, ce que nous n'avons pas encore compris aujourd'hui, englués dans les voiles de Maya, l'illusion éternelle. Ecrire sur le principe d'incertitude, ou d'indétermination, ce n'est pas seulement faire le pari audacieux d'un roman sur la physique, c'est mettre au centre du roman - comme de notre galaxie - ce "trou noir" qui remet tout en cause, tout langage et toute certitude, donc toute idéologie. L'autre Principe, le "Führerprinzip", est dans le roman la réaction des imbéciles à cette soudaine extension du domaine de l'incertain : paniqués, ils retissent une trame de mensonges rassurants et pervertissent le langage. Et si Heisenberg, qui a mis le feu à la maison, est effrayé de son acte, s'il n'est pas à la hauteur, c'est qu'il est un héros de roman, pas un justicier de produit bien-pensant. Ce livre est un acte de courage.
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Réflexion brillante et interrogations fourvoiement d'un prix Nobel sous le régime nazi. Amoureux des mathématiques, réorienté vers la physique malgré lui, Werner Heisenberg énonça le fameux principe d'incertitude, principe révolutionnaire qui allait à l'encontre des théories d'autres savants, comme Einstein. A-t-il ensuite sciemment servi la cause nazie ou a-t-il refusé de fuir parce qu'il pensait pouvoir ainsi lutter à l'intérieur du fruit pourri ? Ses découvertes permirent pourtant de développer le programme nucléaire d'armement.
La prose de Jérôme Ferrari est toujours aussi savoureuse et intelligente, d'une beauté lyrique qui n'appartient qu'à lui. Il boucle la démonstration par en dénonçant l'utilisation des grandes découvertes scientifiques au profit de manipulateurs, de rapaces avides de pouvoir, de gain qui avilissent la beauté et la pureté de ces grandes trouvailles, devenant ainsi un fléau pour l'humanité.
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Un drôle de petit roman dans lequel l'auteur semble avoir tenté d'appliquer à l'écriture et au travail romanesque les relations d'incertitude et/ou d'indétermination mises en évidence par le physicien allemand Werner Heisenberg, sorte de « héro » de ce court roman. Personnellement, je dirait plutôt « héraut ».

Incertitude et indétermination quant à l'identité du narrateur. Est-il l'auteur, un personnage fictif, un personnage réel, un peu de tout ça et d'autres encore.
Incertitude et indétermination dans la construction des phrases. Par exemple dans le premier chapitre mettant « romanesquement » en avant l'indétermination liée à la position (en regard de celle entre la position et la vitesse), la construction-même des phrases semble brouiller les frontières typographiques suscitées habituellement par les points en les métamorphosant en une sorte de flou incertain représenté par les virgules.
Incertitude et indétermination historique des vies et expériences des personnages « connus », dont Heisenberg. À ce niveau aussi les frontières de nos connaissances sont bousculées.
Ce roman ne semble pas seulement « parler » du principe d'incertitude d'Heisenberg, il l'applique à la forme littéraire. Il n'y a qu'à regarder les titres des 4 chapitres.

Ce roman est aussi, pour moi, un essai de retranscription, sur le papier, de l'essence-même de la pensée. J'ai voulu lire ce livre parce que j'avais cru y deviner que l'auteur aborderait ce rapprochement que je me plaît à faire (depuis que j'ai découvert Heisenberg et son principe cet été lors d'un MOOC) entre ce principe et la pensée. Pour moi, rien n'est jamais figé, tout n'est que « mouvement » (ce n'est pas le bon mot, mais je n'en ai encore pas trouvé d'assez précis, mais on en revient-là exactement à ce que je vais tenter d'exprimer après la fermeture de cette parenthèse). Dès qu'on regarde quelque chose, dès qu'on pense à quelque, on ne peut que « voir » un instant infime, une parcelle de cette chose mais pas sa totalité qui n'est que « mouvement », qu'indétermination pour reprendre ce terme. Il ne s'agit pas du mouvement au sens où on l'entend habituellement, déterminé et avec une direction et une origine précises. Pour moi cette notion de mouvement, que j'applique à le pensée à défaut de pouvoir l'exprimer autrement, est beaucoup plus vaste que ça. Elle comprend à la fois toutes LES origines et LES « orientations », qu'elles soient temporelles et géographiques, réelles et irréelles, connues et inconnues, accessibles et inaccessibles, imaginables et inimaginables, déterminées et indéterminées... des choses et des êtres.

Tout ça pour dire que j'ai vraiment apprécié ce petit livre.

Et aussi le hasard de la vie qui a fait que c'est une cousine habitant le Danemark qui l'a offert. Clin d'oeil fort plaisant.
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Un étudiant en philosophie dans les années 1980 rate son oral sur une étude d'Heisenberg qu'il n'a pas pris le temps d'étudier. Par le biais de ce jeune homme un brin impertinent mais fasciné par Heisenberg, Jérôme Ferrari revient sur la vie du physicien allemand qui a élaboré le principe d'incertitude.

Si Werner Heisenberg est l'un des pères de la physique quantique, Einstein a rejeté le résultat de ses travaux au début. Passionné comme bon nombre de ses collèges scientifiques, il continue et obtient le prix Nobel de physique à 32 ans.
1933 : Werner Heisenberg va-t-il quitter l'Allemagne comme d'autres de ses collègues ou rester ? L'attachement à son pays tranchera la question. Ce sont les années où la guerre atomique est dans l'esprit des dirigeants du monde. Heisenberg travaille sur un réacteur nucléaire capable de produire de l'énergie. Quelles sont les questions qui peuvent le préoccuper? "C'est inextricable. Toutes les histoires sont nécessairement cohérentes; les motivation les plus diverses, les plus incompatibles vous aurait conduit à adopter un comportement rigoureusement identique et à prendre exactement la même décision, et de toutes cette histoires cohérentes dans lesquelles vous vous parez tour à tour des visages de l'irresponsabilité, du renoncement, de l'intégrité, de la complaisance et de l'infamie, personne ne peut deviner laquelle est vraie".
La suite on la connaît trop bien : la bombe atomique créée par d'autre scientifiques et son utilisation. Plus tard, les mathématiques serviront à produire des algorithmes capables de jongler avec les prévisions financières. Et d'une certaine façon, l'histoire se répète quand la crise de 2008 éclate.

Sur un sujet qui aurait pu rebuter, on prend un véritable plaisir à lire ces pages où il question d'électrons et de vitesse. Et ces hommes de science la tête dans les chiffres et les équations ont pourtant la naïveté des enfants face à d'autres questions. La beauté et la poésie sont omniprésentes dans ce livre qui interroge subtilement sur la responsabilité du scientifique.
Servi par une prose éclatante et magnifique, il s'agit d'un roman intelligent, envoûtant. C'est beau, très beau !
Lien : http://claraetlesmots.blogsp..
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Pas facile ce roman de Jérôme Ferrari ! L'auteur tisse son récit sur deux plans : d'abord celui du narrateur (dans les années 80-90) que l'on devine corse aux prises avec une famille indépendantiste canal « violence » et sa propre vocation d'écrivain raté . Ensuite la vie de Werner Heisenberg (1901-1976) ,physicien allemand connu pour son célèbre (mais plus ou moins compris) « principe d'incertitude (d'où le titre) . Deux grands thèmes s'articulent autour du personnage , sa théorie (qui bouleverse la physique et notre conception du monde) , sa lutte pour l'imposer et le problème de la responsabilité du chercheur ( ses liens avec les nazis , et l'utilisation de ses théories pour élaborer l'arme atomique) . Les deux plans s'entremêlent et cela ajouté à la complexité des sujets ne fait pas de ce roman une lecture de plage . Un ouvrage ambitieux et écrit dans une langue soignée.
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Roman biographique sur la vie scientifique de Werner Heisenberg (1901-1976), l'auteur dépasse le cadre souvent un peu froid ou trop passionnel de la biographie en utilisant un troisième personnage, jeune philosophe, qui commente la vie d'Heisenberg et l'invoque pour commenter ponctuellement la sienne propre. Werner Karl Heisenberg y est ici dépeint d'une belle manière en ce sens que l'auteur apporte le sang et la vie chez un chercheur en physique. Chose, à ce qu'il me semble, est assez rare puisque les descriptions parfois succinctes des scientifiques portent le plus souvent sur leurs idées et non sur l'être humain travaillant à cette idée. C'est pour moi un premier élément d'étonnement positif sur le livre.
Werner Heisenberg est l'un des inventeurs de la mécanique quantique et de sa compréhension sous forme d'une matrice mathématique réunissant l'ensemble des possibilités des propriétés physiques des particules. Il est de plus l'inventeur du principe d'incertitude (d'où le titre) qui stipule que l'on ne peut connaître à la fois le positionnement ET la vitesse de la particule en question. Cette dimension du personnage est rendue de manière jouissive car elle met en abîme un scientifique enfin réifié...qui avait pourtant de bonnes raisons de penser le monde sensible comme une belle supercherie. Ou comment redonner vie à celui qui participa à l'édification d'un monde étrange où le probable est plus certain que la certitude sensible...
Etant donné que celui-ci a vécu la majeure partie de sa carrière scientifique en Allemagne, sa vie est non seulement parallèle mais aussi profondément intriquée dans les vicissitudes de la seconde guerre mondiale. Au contraire de nombre de ses collègues qui fuirent le régime nazi, il décida de rester. C'est peut-être là que l'auteur nous prend le plus au dépourvu. Il utilise le jeune philosophe pour interroger les motivations de W. Heisenberg. Si les motivations brandies sont présentées en premier (créer des ilôts de stabilité) c'est pour mieux interroger d'autres possibles motivations moins avouables. Cette utilisation du jeune philosophe permet à l'auteur d'éviter un manichéisme de bon aloi en rendant à Werner Heisenberg, mais aussi d'une certaine manière aux scientifiques en général, le simple fait qu'il fut un être humain, de chair, de sang et de pensées comme tout un chacun.
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L'écriture est magnifique, très poétique.
Je me suis demandée si l'auteur avait voulu écrire une élégie destinée au physicien allemand ou s' il s' agissait vraiment d'un roman.
Ce fut une lecture peu aisée car je me suis perdue dans ce monde de physiciens, de types de bombes, de physiques.
Et pourtant malgré les difficultés rencontrées, j'éprouvais le besoin de vite reprendre ma lecture pour n'en perdre ni le fil, ni le rythme de l'criture.
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J'avoue je suis plutôt une littéraire mais je n'ai jamais cessé d'être intriguée par la physique. J'ai dans ma bibliothèque Etienne Klein, Trinh Xuan Thuan ou l'inénarrable Bill Bryson et même si parfois dans leurs écrits quelque chose m'échappe tant pis, j'en ressort un tout petit peu plus intell....euh non un tout petit peu moins bécasse.

C'est donc avec circonspection et curiosité que j'ai ouvert le livre de Jérôme Ferrari, j'avais tellement aimé son Où est passé mon âme que même si son Goncourt m'avait laissé de marbre j'ai franchi le pas.
Werner Heisenberg est prix Nobel de physique à 32 ans, c'est un des pères de la physique quantique, qu'est-ce qui dans sa vie pouvait venir titiller Jérôme Ferrari le philosophe ?
Le narrateur, étudiant un rien dilettante, nous brosse le portrait de l'homme, nous introduit dans les réflexions et recherches menées au triple galop par tous ces savants allemands à Leipzig : Niels Bohr, Sommerfeld, Pauli . Les conflits naissent, le Principe d'incertitude proposé par Heisenberg est refusé par Einstein, par Pauli. Mais la recherche avance, les récompenses arrivent et les années passent.
1933 et un doute très fort assaille le lecteur, Werner Heisenberg va-t-il suivre en exil ses collègues, ses amis ?
C'est tout le tragique et le mystère du destin d'un homme remarquable qui fait le choix de rester en Allemagne. Est-il coupable pour autant ?

Les pages sur le côté fou de la physique quantique sont magnifiques et parviennent à nous émouvoir tout en nous donnant les clés pour s'introduire dans l'étrange monde des électrons où la vitesse et la position d'une chose sont purement virtuelles.
Mais c'est la belle réflexion sur la responsabilité du savant qui est le coeur du livre.
Quel roman superbe, intelligent, qui vous met les neurones en ébullition et qui vous fait découvrir les sortilèges de la physique. En outre le plaisir de la lecture vous rend un petit peu ...bref vous me comprenez.
J'y ai retrouvé toute la subtile écriture de Où est passé mon âme et l'interrogation qui taraude Jérôme Ferrari, qu'il partage avec nous.
N'hésitez pas que vous soyez scientifique ou philosophe.



Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Ferrari Jérôme – "Le principe : roman" – Actes Sud-Babel, 2015 (ISBN 978-2-330-06556-0)

Il s'agit ici d'une biographie plus ou moins romancée du physicien allemand Werner Heisenberg (1901-1976), fondateur de la mécanique quantique et du "principe d'incertitude", l'un des savants ayant contribué à l'émergence et la mise en oeuvre de la fission atomique, donc à celle de la bombe A, même s'il ne participa pas directement à la mise au point de la bombe atomique germano-états-unisienne qui dévasta Hiroshima, puisqu'il décida de ne pas quitter l'Allemagne nazie.

Un livre magistral, non seulement par ce qu'il relate de la vie de ces savants qui furent l'objet de toutes les attention des dirigeants du Troisième Reich, mais aussi et sans doute surtout par la qualité littéraire de l'écriture mobilisée par l'écrivain.

Né en 1968, Jérôme Ferrari, dont j'ai déjà lu plusieurs ouvrages, est décidément un auteur à suivre.

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