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EAN : 9782845901773
85 pages
Arfuyen (13/09/2012)
3.8/5   5 notes
Résumé :
Balbuciendo comporte trois parties : « Sur la lame de l’adieu », « Triptyques pour le père mort », « Scansion du noir ». Dès les tout premiers vers, une voix s’entend, un ton est donné. Douloureux, tendu, obsessionnel : « La mémoire fond lentement dans la bouche. / Vouloir la vomir et grimper hors du crâne. / J’entends la tête sans corps de la folie / Siffler ses chiens. Son groin déterre les cris / Des astres. »
Première et deuxième partie sont toutes deux ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
En premier lieu, merci aux Editions Arfuyen pour ce recueil.

Alors, ce livre est divisé en trois parties, trois parties pour lesquelles j'ai eu des réactions totalement différentes.
J'ai eu du mal à commencer parce que j'ai lu il y a une semaine le premier poème, Chiromancie, que j'ai honnêtement trouvé atroce.
Donc ce matin, j'ai pris mon courage à deux mains, j'ai pris mon café, suis allée m'asseoir dans ma cour et j'ai tout lu à voix haute (j'aime lire la poésie à voix haute, les sons sont tellement importants).
Et conclusion: je n'ai pas du tout aimé la première partie: Sur la lame de l'adieu. Comme je l'avais déjà dit, la poésie, c'est une histoire de sensibilité.Ici, je n'ai pas vraiment compris les textes, donc je me suis concentrée sur la sonorité des poèmes, que j'ai malheureusement trouvée tout aussi inesthétique que le vocabulaire employé.
Triptyque pour le père mort, en revanche, m'a beaucoup plu. Écrits pour la plupart en prose, ces poèmes sont beaucoup plus beaux et emplis de douleur. Les sentiments de l'auteur transparaissent à chaque mot et c'est vraiment agréable. le sentiment d'abandon est présent à chaque ligne, le désarroi se lit si bien!
J'ai été beaucoup plus indifférente à la dernière partie, Scansion du noir. Je vais être honnête, les poèmes se sont enchaînés, et je n'ai absolument rien ressenti, tout simplement.

Ceci n'est que mon humble avis, et je suis loin d'être une experte en poésie, je commence seulement mes découvertes, donc ma naïveté peut jouer dans mon opinion. Je donne trois étoiles à ce recueil, dont cinq pour le Triptyque. Je n'avais jamais lu de poésie contemporaine, et je pense finalement retourner à mes classiques.
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Je n'avais jamais rien lu de Michèle Finck. C'est dire que mon intérêt était grand ! le titre 'Balbuciendo', lui aussi, avait retenu mon attention : balbucir (zézayer), murmurar (murmurer), susurrar (chuchoter)... mais aussi tartajear (bégayer), mascullar (maugréer), Et troisième atout, non négligeable, il s'agit de poésie.

Balbuciendo comporte trois parties : "Sur la lame de l'adieu", "Tryptiques pour le père mort", "Scansion du noir".

Les deux premiers vers donnent le ton :

La mémoire fond lentement dans la bouche.
Vouloir la vomir et grimper hors du crâne.

La langue est âpre, les émotions taillées au cordeau. Michèle Finck transmet sa parole de deux deuils non aboutis, deux pertes non cicatrisées : celle de "son amant fou", comme elle le nomme et celle de son père.

Il neige sur les magnolias de la mémoire
Et les souvenirs lugent dans le ciel.

D'où cette larme sur le visage de mon père
Mort ? Les morts peuvent-ils encore
Pleurer ? Mais non c'est moi qui pleure
De ne les avoir pas assez aimés
Mon amant fou mon père mort

Il saigne sur les barbelés de la mémoire
Et les souvenirs sont cognées de cris.

Ritournelle de la mal aimante, in Balbuciendo - Michèle Finck - Arfuyen 2012

La douleur de l'auteur est si palpable qu'elle étreint le regard et la pensée à la lecture de ses vers.
Pas d'apaisement dans le dire, pas de consolation dans l'écrire. Pas de libération.
No murmurando, no susurrando... C'est un cri ! une plainte !
Sa détresse est exacerbée, ses mots l'intensifient. Elle vit la perte, les pertes, avec culpabilité, comme une antienne.
Psalmodie.
La violence et le paradoxe des sentiments vrillent les mots.


L'amour et l'échec de l'amour s'arc-boutent
Et s'affrontent sourds crâne contre crâne fêlés.
Lorsqu'ils se heurtent et s'entre-dévorent à coups de crocs
L'amour pousse un cri de moelle arraché à l'os.
Les sons les plus silencieux de ta chair chantent
Dans la mienne et pourtant l'échec de l'amour
Déchiquette l'amour avec sa gueule de forcené.

L'oeil de la solitude brûle dans le ventre
À l'endroit du nombril. La pupille braille.
Le papillon de la douleur se pose sur les paupières
Et les bénit peut-être. L'amour et l'échec de l'amour
S'endorment l'un dans l'autre en tenant un couteau de larmes.

Lutte, in Balbuciendo - Michèle Finck - Arfuyen 2012

http://litterauteurs.canalblog.com/archives/2013/06/15/27404394.html
Lien : http://litterauteurs.canalbl..
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Tombée dedans il y a une semaine, j ai vite accroche a cette forme originale, poétique. Cela m a procure de douces émotions d une partie a l autre. l'auteur doit poursuivre cette oeuvre étonnante qui doit être absolument diffusée et que je compte bien utiliser pour les cours.
La langue est soignée et très élaborée, les figures de rhetorique nombreuses ce qui rend le texte d une grande douceur, d une grande beauté ou le lecteur analyse sans cesse les paroles et leur sens profond
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Dans Poezibao (novembre 2015), Patrick Née écrit un article sur ce livre intitulé Ut musica poesis : « Sans doute depuis Pierre Jean Jouve n'a-t-on pas pu lire en français un Ut musica poesis aussi profond que celui qu'offre – avec une telle intensité émotionnelle servie par de tels dons d'expression- Michèle Finck dans sa Troisième Main ».
Lien : https://www.babelio.com/monp..
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
2
« Ce qu'a vu le vent d'Ouest »
Debussy

Etre seule sur cette terrasse, en surplomb au-dessus du golfe de Porto-Vecchio, et écrire. Jour après jour, en écrivant, apprendre à aimer la vie après un deuil. Apprendre à déchiffrer les infinies tessitures des couleurs quand resplendit le soleil du soir : au premier plan, l'éclat mauve des grappes de bougainvilliers; puis l'argenté des chênes verts entrecoupé par les verts plus sombres des cyprès ou par les verts citronnés de lumière des grands pins; puis le bleu moiré de la mer méditerranée scandé par les blancs rythmiques des voiliers; et à l'horizon la découpe bleu¬ vert du cirque des montagnes qui bercent la baie jusqu'à ce qu'elle s'endorme et que s'allument et se réverbèrent, une à une, dans le crépuscule or-rose les lumières serpentines du port. Apprendre à déchiffrer les nuances infinitésimales du chant du vent d'ouest dont les étreintes, les rafales souples, tintinnabulantes, soulignent encore la précision et l’intensité des couleurs : chant plus sourd dans le touffu des pins, plus aigu dans les chênes verts, plus guttural dans les cyprès, plus mat dans les élytres des eucalyptus.
Jour après jour, en écrivant, désirer être jetée, après la mort, n'importe où dans la mer, comme on jetait en Inde les corps des enfants morts dans le Gange.
En état d'apesanteur, écouter l'inconnu monter en soi : dans les vibrations de la chaleur, parmi les rumeurs du vent d'ouest, entendre tout à coup quelque chose comme la voix assourdie et tremblante du père mort. S'apercevoir que la découpe des montagnes au loin (comment ne pas l'avoir vu plus tôt ?) correspond à l'exacte découpe (mais plus calme, plus apaisée) de son profil sur son lit de mort. Héler le vent, par psalmodies, balbuciendo : « Pourquoi, mon père, pourquoi avoir demandé à être incinéré ? Pourquoi le feu ? Pourquoi n'avoir pas laissé aux vivants les os, les reliques ? »
Mais (comme souvent dans les rêves) ne pas parvenir à comprendre ce que répondent peut-¬être les cendres de cette voix, que le vent d'ouest amplifie et éparpille au large et qui ensemencent la mémoire de leur énigme fatale.
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TRIPTYQUE POUR LE PERE MORT

1
« Continuons d'œuvrer »

Dans la lumière crue d'une chambre d'hôpital, brûler au chevet du père mourant. Se souvenir qu'au sortir du coma, il avait des sourires de bébé d'une douceur qui n'existe que chez Schubert. Tandis qu il agonise, être saisie par le contraste entre la tension de la bouche grande ouverte, tordue sur le visage en sueur, et le calme des mains, qui reposent sans peser, en paix sur les draps gonflés par la respiration ventrale. Ecouter le médecin répéter que l'hémorragie a fait tripler de volume le cerveau. Découvrir qu'il y a le mot « rien » dans le prénom du père « Adrien ». Ouvrir de nouvelles portes de douleur à l'intérieur de soi. Etre frappée par l'inutilité de la montre au poignet gauche du mourant. Sortir pour vomir, puis pour manger.
Au retour, le trouver mort: avec la même inquiétude dans les plis de la bouche et la même sérénité dans la pose délicate des mains. Se demander qui de la bouche ou des mains dit la vérité sur la mort. Craindre qu'une mouche ne s'engouffre dans la bouche béante. S'apercevoir soudain que la montre au poignet du mort a disparu. Deviner que quelqu'un a volé la montre, alors que le père était mourant ou déjà mort. Un voleur sordide? Ou un voleur généreux, venu couper le cordon ombilical qui reliait encore le mort au temps?
A voix très basse et un peu tremblante, pendant que le corps commence à se rigidifier, de plus en plus jaunâtre et froid, psalmodier par cœur, sans que les larmes ne caillent dans les yeux, la lettre de Goethe à Zelter du 19 mars 1827: « Continuons d'oeuvrer. La pensée de la mort me laisse parfaitement calme, car j'ai la ferme conviction que notre esprit est une substance de nature tout à fait indestructible, qui continue d'œuvrer d'éternité en éternité. » Entendre l'entrechoquement dans le crâne du doute et de l'espoir, comme deux percussions que l'on heurte l'une contre autre avec violence puis qui vibrent à l’infini avant de retourner au silence. Comprendre que peu importe qui l’emporte du doute ou de l’espoir, si nous « continuons d’œuvrer ».
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3
Notes de Selinunte

Percussions émeraudes et mauves des vagues
Sur la plage de dunes et de lys sauvages
Heurtent contre la douleur et l’assourdissent un peu.
Derviche-tourneur de la caméra tu planes
Au-dessus des sables avec tes doigts de papyrus
Et soliloques ailé face au cosmos.
Des brouillards de chaleur tournoient autour des corps
Ébréchés et en voilent les plaies argentées.
L’écume recouvre les cruautés conjugales
D’une traîne de mariée aérienne et légère.
Nous mues d’eucalyptus parmi les coquillages morts.
Nous vents dans les joncs enlacés, nous vents.

Vus de la mer les temples de Selinunte
Voguent sur le temps avec leurs mâts doriques.
Le vide hisse les voiles du ciel.
Au loin le temple de Segeste lévite
De calme dans les montagnes en vol.





Dégradés de douleur jusqu’au presque effacement
Trompeur dans le lait bleu du large au soleil du soir.
S’illuminent un à un les lys au-dessus desquels
Nous nous penchons comme sur une mémoire étoilée
Lointaine dont seul le parfum craille encore dans l’humus.
Selinunte: l’os et le lys.
Respire - le avant que le linceul fantôme
De la lune rousse ne disparaisse dans la mer:
Mirage comme nous un instant éclairé puis éteint.

J’écris pour quelqu’un menotté de douleur
Qui regarde le noir se balafrer de rêves.






Bégaiement



Cratère de fatigue, ventrale, cervicale. Assez.
La lumière d’hiver crie d’anges que je ne peux rejoindre.
La douleur tord la chevelure d’hortensia de la mémoire.
Une voix de ruminant bégaie à l’oreille:
« Dieu me meut ». Ou est-ce: « Dieu me
Ment »? Le destin se joue à la lettre près
Et on n’entend pas distinctement cette lettre.
Mais le tapage cesse. Un peu de bleu monte au crâne.
Chaque côte est peinte en or par un peintre invisible :
Échelle intérieure à gravir jusqu’à l’œil du cœur.



Scriptorium


Écriture: tour, terre, terrier, trou.
À-pic du cri dans l’œil de la gorge.
Les mots titubent atterrés de mémoire.
Les souvenirs brûlent le vagin du visage.
Une étoile anonyme essuie les larmes.
Les onomatopées de l’os tournoient.
Poème : scansion du noir, balbuciendo.


***


Extraits de La Troisième Main (Arfuyen, 2015)
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2

Prière aux nuages ce soir pour le cri d’enfant
De l’os sans dieu.


Taormina théâtre grec où les nuages derviches-tourneurs
Tournoient dans leurs rêves au milieu des acteurs.
Et toujours derrière les nuages un couteau
Prêt à disséquer les entrailles de l’amour.


Tarentelles de nuages pastels rythmées
Par les tambourins à rubans transparents des vagues.


Moelles de nuages à Syracuse où le théâtre et la mort
Gradins et nécropoles lévitent dans le bleu.
L’oreille de Denys, utérine, écoute l’arrière-gorge des tombes.
Duo la nuit à Ortygie, derrière le duomo où le dorique
Chante avec le baroque, deux hommes sur un pas de porte,
Viole et guitare , poussière d’or des sons.



La musique nous apprend à décalquer les nuages.


Courses de nuages derrière la voiture, spirales d’anges.
Et soudain, villa romaine del Casale, flûtes
De nuages dansant au rythme des dauphins en mosaïque.
Soir d’orage, motos de nuages pétaradant,
Piazza Armerina, in memoriam Roma de Fellini.


Nuages, nos traces de pas presque effacés dans l’air.
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2

Passages de nuages en Sicile

Isola di Capo Passero, pointe sud rude de l’Europe.
Fin du monde pour nuages migrateurs.
Profils de rocs rongés par le ressac. Au large,
Je fais la planche, île moi aussi, songe qui dérive.
Une mouette se pose au centre du nombril.
S’éclaire un nuage: phare vers quelle houle?


Parfois la mer est si haute qu’on ne sait
Si on saute dans les vagues ou les nuages.


Notes de nuages, nids de silence.
Si solaires qu’y pousse le citron.


Noto, le baroque arraché au tremblement de terre.
Les têtes torses du palais Villadorata
Sont les miroirs de pierres des nuages.
Sirènes, vieillards, sphinx, griffons: nos métamorphoses.


Buffets d’orgues des nuages vocalises
De Vivaldi éparses dans le ciel.

Pentes mystiques de l’Etna, gutturales, rosseliniennes.
A gravir quand l’ombre sombre des nuages les dévalent
Et que stridulent leurs crânes échappés des cratères.
Alors s’allument des visages dans l’ossuaire des rocs.
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Videos de Michèle Finck (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Michèle Finck
Avec Arthur H, Rim Battal, Seyhmus Dagtekin, Maud Joiret, Sophie Loizeau, Guillaume Marie, Emmanuel Moses, Anne Mulpas, Suzanne Rault-Balet, Milène Tournier, Pierre Vinclair & les musiciens Mathias Bourre (piano) et Gaël Ascal (contrebasse) Soirée présentée par Jean-Yves Reuzeau & Alexandre Bord
Cette anthologie reflète la vitalité impressionnante de la poésie francophone contemporaine. Quatre générations partagent des textes pour la plupart inédits. La plus jeune a 17 ans, les plus âgés sont nonagénaires. Ils sont ainsi 94 à croiser leurs poèmes sur la thématique du désir, un mot aussi simple que subversif.

ADONIS – ARTHURH – Olivier Barbarant – Linda MARIA BAROS Joël BASTARD – Rim BATTAL – Claude BEAUSOLEIL – Tahar BEN JELLOUN – Zoé BESMOND DESENNEVILLE – Zéno BIANU – Carole BIJOU – Alexandre BONNET-TERRILE – Alain BORER – Katia BOUCHOUEVA – Julien BOUTREUX – Nicole BROSSARD – Tom BURON – Tristan Cabral – CALI – Rémi Checchetto – William CLIFF – François de CORNIÈRE – Cécile COULON – Charlélie COUTURE – Laetitia CUVELIER – Seyhmus DAGTEKIN – Jacques DARRAS – Michel DEGUY – Chloé DELAUME – René Depestre – Thomas DESLOGIS – Ariane DREYFUS – Renaud EGO – Michèle FINCK – Brigitte FONTAINE – Albane GELLÉ – Guy GOFFETTE – Cécile GUIVARCH – Cécile A. HOLDBAN – Philippe JAFFEUX – Maud JOIRET – Charles JULIET – Vénus KHOURY-GHATA – Anise KOLTZ – Petr KrÁL – Abdellatif LAÂBI – Hélène LANSCOTTE – Jean LEBOËL – Yvon LE MEN – Perrine LEQUERREC – Jérôme LEROY – Hervé LETELLIER – Sophie LOIZEAU – Lisette LOMBé – Mathias MALZIEU – Guillaume MARIE – Sophie MARTIN – Jean-Yves MASSON – Edouard J.MAUNICK –
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