En s'appuyant, tant sur une étude critique de la Bible que sur les dernières découvertes et analyses archéologiques, les deux auteurs s'attachent dans le présent ouvrage, à démystifier les figures légendaires de David et Salomon, pour en révéler une épure historique probable. Loin de diminuer la valeur symbolique et la portée spirituelle de ces "rois sacrés", leur exposé offre une perspective nouvelle sur la réalité d'un royaume uni d'Israël et de Juda, la naissance du judaïsme, jusque sur le christianisme des premiers siècles et les monarchies occidentales qui ont suivis la chute de l'empire romain.
Un livre formidable, dont l'appendice A, à propos de la stèle de Tel Dan, constitue à mes yeux la cerise sur le gâteau.
Suite à cette lecture, je souhaite à chaque curieux, plutôt que de se borner aux pseudo-sciences, aux dogmes et aux superstitions, de connaitre l'honnête plaisir intellectuel qu'offre une étude méthodique de figures phares de la civilisation judéo-chrétienne.
"Sur lui reposera l'esprit de Yahvé,
Esprit de sagesse et d'intelligence,
Esprit de conseil et de force,
Esprit de connaissance..."
(Is 11. 2)
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En tant qu'illustration des vertus d'un souverain et d'un comportement aristocratique, le récit biblique de la vie de Salomon a fourni, pendant des siècles, aux artistes, poètes et théologiens d'impérissables images de gouvernance royale. Mais en tant que chronique authentique de la situation au Xe siècle av. J.-C. – dépeignant la vie et les œuvres du véritable Salomon –, le récit est dénué de la moindre valeur historique. Les descriptions grandiloquentes de la fortune et du pouvoir illimités de Salomon contrastent violemment avec la réalité historique de son minuscule royaume excentré, peuplé en majorité d'analphabètes, ne possédant ni service public ni administration centralisée, et ne présentant aucun signe extérieur de prospérité économique.
Les découvertes archéologiques des dernières décennies révèlent à quel point le monde véritable de David et Salomon différait de la fresque prestigieuse qu'on en a dressée. Pour autant, leur légende ne se réduit pas à une fiction romanesque tissée autour de personnages et d'événements purement imaginaires. Autour d'un noyau central de souvenirs authentiques, s'est forgée, au cours des siècles, une création littéraire d'une richesse immémoriale. Abondant en scènes d'une flamboyance épique – le duel contre Goliath, l'ascension fulgurante de David du statut de hors-la-loi à celui de souverain, la munificence de la cour de Salomon –, la geste de David et Salomon exprime un idéal universel d'indépendance nationale et de valeurs spirituelles dont la transcendance a fini par être adoptée par le monde entier.
Certains sites de Jérusalem ont été connectés à David par la tradition folklorique, sans le moindre fondement historique. Le Tombeau de David, sur le mont Sion, est une structure médiévale. La célèbre tour de David, proche de la porte de Jaffa – qui joua longtemps le rôle d'icône des aspirations juives pour un retour dans la ville sainte –, est en réalité un minaret bâti par Soliman le Magnifique, pour la garnison ottomane qui gardait la cité. Riche de vestiges d'une haute antiquité, enfouis ou dissimulés par des édifices modernes, Jérusalem a toujours attiré les explorateurs déterminés à découvrir des indices authentiques mais cachés des règnes glorieux de David et Salomon.
Des épouses frustrées, une princesse enlevée, d'impitoyables assassins, d'abominables traîtres, des amants cachés, des confidents trahis, d'abjectes crapules, difficiles d'imaginer un générique plus fascinant que celui du cercle de courtisans qui, à Jérusalem, gravitait autour de David. Le récit biblique intitulé par les savants "histoire de la succession" ou "histoire de la cour" (2 S 9-20 ; 1 R 1-2) poursuit, avec une tonalité différente, la trame du narratif de la "montée de David au pouvoir". C'est l'expression d'impérieux désirs, réprimés dans la douleur. C'est l'histoire d'une cour royale livrée à ses penchants les plus bas, sous l'égide d'un roi qui a au moins la noblesse de se repentir de ses mauvaises actions, obtenant ainsi le pardon de ses fautes.
Les descriptions grandiloquentes de la fortune et du pouvoir illimités de Salomon contrastent violemment avec la réalité historique de son minuscule royaume excentré, peuplé en majorité d'analphabètes, ne possédant ni service public ni administration centralisée, et ne présentant aucun signe extérieur de prospérité économique.