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Dix sept ans, vraiment?! Cela a beau être Flaubert, le grand Gustave, le martyre du style, je suis éberluée, que dis-je, émerveillée de découvrir que déjà à un si jeune âge sa plume était d'une telle tenue, d'une telle finesse, d'une telle richesse et que de surcroît ce tout jeune homme portait déjà sur le monde un regard distancié d'une acuité et d'une profondeur inouïe.
Si la relation de son amour foudroyant à quinze ans pour une belle femme mariée est délicieuse (je ne me lasse pas de lire ces plumes masculines de jadis tombant d'inanition pour une gorge de femme à peine entrevue), ce qui m'a véritablement emballée dans ce court texte autobiographique est l'évocation d'un Flaubert adolescent hors du monde, ultra-sensible, dénigré par ses pairs, habité de poésie et bouleversé de questionnements sidérants d'intelligence sur la vacuité de la vie, et plus encore la société des hommes.
C'est une âme supérieure qui se dégage de ces pages, et magnifié par l'hypersensibilité et la fougue de la jeunesse, c'est bouleversant.
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Oeuvre de jeunesse, Les mémoires d'un fou est un récit en partie autobiographique de Flaubert, écrit en 1838, et publié à titre posthume en 1901. Flaubert y évoque, du haut de ses 17 ans, une certaine lassitude, voire même un dégout, de la vie. Il nous raconte ses années de collège,ses premières vacances en Normandie, ses premières réflexions sur l'amour.

Peu habituée à lire des mémoires, j'ai absolument et totalement pris en grippe Flaubert au cours de mes années de lycée, après avoir passé 4 heures par semaine 10 mois durant à écouter ma prof s'esbaudir sur la vie (étriquée de la névrotique) de Madame Bovary, et la voir rougir lors de ces fameuses scènes de la calèche, quand la femme mariée y retrouve l'un de ses amants. Deux mois à relire l'histoire de la calèche... c'est long, surtout quand on a 16 ans et un amoureux dont les yeux et le sourire sont à se damner !
Bref, en toute bonne foi, et en essayant de mettre de côté mes a priori, j'ai essayé de me plonger dans ces mémoires écrites à 17 ans. J'ai été étonnée du recul pris par Flaubert pour évoquer des évènements qui, au final, datent à ce moment-là presque d'hier ! Ses descriptions sur les premiers évènements de cette toute jeune vie sont émaillées de réflexions sur la religion, la culpabilité, l'écriture, l'art, et bien sur, l'amour et les femmes. J'ai été frappée par l'évocation récurrente de thématiques telles que le bien et le mal (quelques années plus tard, il sera jugé pour outrage à la morale publique et religieuse et aux bonnes moeurs à la sortie de l'illustre Madame Bovary !!) ou l'inutilité de chaque chose. Enfin, j'ai trouvé étonnant qu'on puisse être si désabusé à 17 ans. On découvre en Flaubert un jeune homme sensible et intelligent, qui porte sur les choses, les gens et les évènements un regard plutôt réaliste. Mal à l'aise dans le monde tel qu'il le perçoit, il préfère s'attacher l'adjectif de "fou" pour s'en démarquer.
Quoiqu'il en soit, et bien que l'ouvrage soit court (à peine 90 pages dans l'édition lue), j'ai trouvé que l'ensemble manquait un peu d'unité, de "liant" entre les différents sujets évoqués et dans la façon dont ils étaient évoqués. Quant à la prose de l'auteur, on y trouve entre autre les phrases à rallonge, où les apartés s'ajoutent joyeusement aux multiples propositions entre les non moins nombreuses virgules, un phrasé précis et réaliste, que l'on admire et que moi, je déteste...J'ai personnellement trouvé ces Mémoires d'un fou pompeuses autant que verbeuses, avec tout de même de jolies formulations et des idées intéressantes sur l'océan et l'art.
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Oeuvre de jeunesse de Gustave Flaubert, ce livre n'est pas un roman. Il s'apparente plutôt à un essai, un recueil de souvenirs et de pensées. Il est écrit trop précocement pour avoir valeur de "Mémoires". Quoi qu'il en soit l'auteur nous offre ses pensées et opinions sur la vie, le monde, les arts, l'amour. Il nous dit son isolement et ses difficultés à côtoyer ses contemporains, à aimer même ou à s'intéresser à l'amour. Il évoque ses lectures, Byron, Goethe... et en cela me semble encore perdu dans le romantisme. Assez torturé aussi il évoque l'âme, l'au-delà, la mort, le devenir d'un corps et de son esprit. Evoluant peu à peu, je veux dire en cela, prenant de l'âge, il connaîtra son premier amour platonique, puis découvrira, sans passion, l'amour charnel. Flaubert est alors un homme en devenir, un jeune homme qui se cherche, et désespère un peu de se trouver, de faire sa place. Une autobiographie assez pessimiste, une méditation sombre, voilà ce que nous offre l'auteur. Certains passages sont merveilleusement rédigés. Les chapitres s'enchainent sans avoir toujours de rapports entre-eux, mais je n'y vois cependant pas là l'oeuvre d'un fou, simplement d'un jeune homme qui s'interroge sur la vie et la place de l'homme dans la société du XIXe siècle et de l'homme dans l'univers. Une ébauche prometteuse de l'écrivain qu'il est devenu.
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Il pourrait me semble-t'il y avoir deux interprétations, deux grilles de lecture, selon le ressenti du lecteur, ses propres émotions. D'abord, on pourrait y lire le portrait purement romantique d'un jeune homme souffrant du « mal du siècle » pour reprendre les mots De Musset, soit l'inadaptation du personnage à la société de son époque. le Narrateur a une âme d'artiste, de poète, comme tant d'autres modèles littéraires de la première moitié du XIX ème siècle, sous les plumes des romantiques : Chatterton de Vigny, Anthony de Dumas... le personnage d'Anthony est d'ailleurs cité.
Il cherche sa voie, puisque le monde ne reconnaît pas la singularité de son génie et se complaît dans la bêtise et la médiocrité. Ainsi, quand le Narrateur cherche à séduire une femme, il veut lui parler littérature, mais ne rencontre que des idées toutes faites, sans originalité. de même, les peintres reproduisent tous le même paysage, sans que le talent créatif ne s'exprime.
Le Narrateur n'est donc pas à sa place dans la société, que ce soit parmi les autres collégiens, parmi les vacanciers, parmi ses complices de débauche qui veulent boire sans se soucier de son récit sentimental, et ne veulent pas écouter ses amours de jeunesse. Il perd donc peu à peu ses illusions sur l'Art, sur l'Amour qui n'est qu'une communion des corps, sur l'amitié... Il n'est pas « fou », il est lucide sur la réalité des choses et des sentiments, il a perçu la réalité profonde des choses. Or, ce personnage romantique ne m'a pas trop convaincue, car déjà lu ailleurs, car manquant d'originalité, car trop sentimental justement, rêveur plutôt qu'actif. Il est peut-être trop jeune aussi, encore un adolescent, n'osant donc pas aborder une femme et préférant les fantasmes solitaires. Et que certains passages semblent clichés du romantisme ! Promenades au clair de lune, mains frôlées, blondeur d'une petite fille...
Oui, ce Narrateur pourrait sembler être un héros romantique typique. Cependant, Flaubert n'est pas de la même génération que ces « enfants du siècle » pour reprendre à nouveau les mots De Musset, il est né un peu plus tard, son père n'est pas un officier napoléonien comme les pères de Dumas, Hugo, Vigny... le romantisme n'est donc plus tout à fait dominant en littérature. C'est pour cela que j'ai trouvé une deuxième interprétation possible, de l'humour, de la distance ironique qui pourrait presque être une parodie du romantisme.
En effet, à chaque passage émouvant – larmoyant même selon moi, le Narrateur introduit une distance, dans la mesure où en quelques mots, il semble se moquer de la poésie sentimentaliste qu'il utilisait juste avant. Par exemple, après plusieurs pages à décrire la beauté idéale de Maria, il évoque son mari, un gros moustachu, ou qu'il rappelle que l'amour n'est qu'un accouplement de corps, que les hommes sont semblables aux « bêtes ». Il met sur le même plan le plaisir de l'amour physique avec celui ressenti par la dégusation d'un « plum-pudding ».
Néanmoins, les passages que j'ai préférés sont ceux sur la Normandie, chère à mon coeur et à celui de Flaubert. C'est la Normandie du milieu du XIX ème siècle, le « désir du rivage » pour reprendre la belle expression du titre de l'historien Alain Corbin s'installe. Flaubert décrit donc une Normandie qui accueille ses premiers « touristes » - le mot est anachronique, avec des bains de mer, des plages de varech, des enfants qui jouent sur les galets. La mer devient « sublime », elle est contemplée par des promeneurs, ce n'est plus seulement quelque chose qui effraie ou qui permet de trouver du profit. Son état entre en harmonie avec les sentiments des personnages.
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Je me suis laissée emporter par le lyrisme de la première partie avant que le champs poétique se casse et laisse place à de petites histoires de femmes mais qui gardent bien sur le même rythme....
Tout jeune, tout fou, tout vieux en même temps! Un regard assez précoce sur soi, génial en même temps!
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Gustave Flaubert se révèle bien être fou, mais un fou lyrique et clairvoyant, dont l'humour ravageur chargé de rancoeur pour cette fatalité qui nous incombe tous ne nous permet pas l'insouciance d'être. Il est l'enchanteur d'un monde perdu dans l'infini, le René mélancolique De Chateaubriand se mire dans "cette majesté de néant".

A méditer juste pour le plaisir d'être fou.
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Une claque, une gifle, un coup qui nous frappe le coeur. Mémoires d'un fou est un spectaculaire petit chef-d'oeuvre qui saura fermement saisir l'âme des Lecteurs les plus sensibles et les plus attachés au monde poétique.

Mémoires d'un fou est un récit assez ironique lorsque le Lecteur sait à quel point Gustave Flaubert se plaît à se moquer ouvertement du romantisme et de ses thèmes chéris, dans Madame Bovary. Ainsi, curieusement, nous retrouvons un auteur qui semble avoir été bercé par les mots délicieusement romantiques de Byron, Goethe, Rousseau ou encore Musset : en effet, Flaubert confesse qu'il préfère s'adonner aux rêveries, aux extases et à l'imagination, plutôt que de vivre dans un monde en ruine et dans lequel il pense n'avoir aucune place. Un discours qui pourrait totalement s'appliquer à cette chère Emma Bovary et qui suppose qu'Emma est en réalité Gustave...

Enfin, le Lecteur pourra s'étonner du style de l'auteur, déjà riche et empli de ce singulier phrasé qui lui est propre, puisque au moment de la rédaction des Mémoires d'un fou, Flaubert est un tout jeune adolescent ! Il appréciera aussi la savoureuse et exquise poésie qui l'habite.
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Il s'agit d'une oeuvre de jeunesse de Flaubert dont il s'est servi par la suite pour l'écriture d'Une éducation sentimentale. le style y est déjà merveilleusement lyrique et ironique, véritablement délicieux à lire. Ses descriptions sont absolument magnifiques: pas trop longues, elles font bien voir les paysages ou femmes à travers son regard, tour à tour plein des illusions de la jeunesse et désabusé, sombre. La narration commence avec ce second regard: celui d'un jeune homme qui se sent déjà vieux et dégoûté de tout, surtout de la vie. Flaubert lui-même finit par se lasser de cette posture et revient en arrière, au temps de l'innocence et de la découverte de l'amour, ou plutôt d'une femme. Il raconte ces nouvelles sensations, l'impossibilité de les écrire, sa timidité et ses chimères. Enfin, il en revient au jeune désabusé, tout en nous ayant ainsi fait comprendre comment celui-ci en était arrivé là, et développe une série de considérations sur l'homme et son orgueil, toujours dans un style remarquable.
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Une réflexion sur l'humain.

Gustave Flaubert dans son récit, Mémoires d'un fou, s'exprime en utilisant le « je », emmenant son lecteur dans une autobiographie.
Autobiographie dans laquelle il mène une réflexion sur soi et les questions de la folie, de la pensée critique et du libre arbitre.
L'histoire de son premier amour, Maria.
Une femme mariée donc un amour impossible.
Une obsession crée par cette femme et cet amour de jeunesse. Il considère son coeur et les sentiments qui y naissent.
Gustave Flaubert parle du noir qui broie l'homme sans se gêner, révélant l'un des aspects pudiques des pensées.
Un classique magnifique, une oeuvre incontournable.
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Plaisir grand de retrouver, grâce à Publie.net les mémoire d'un fou et Novembre, deux des écrits de jeunesse de Flaubert, puisque j'ai perdu, ou donné le vieux petit 10/18 qui les contenaient, eux et d'autres écrits où l'on voyait émerger peu à peu l'auteur de la maturité, sorti des oripeaux romantiques, oripeaux mais nourris de toute la sincérité profonde, sous le masque et les tics d"époque, de l'adolescence, une adolescence soucieuse du mot, de la recherche d'un style, du désir d'écrire
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