Il s'agit de prendre de la distance, de remonter le fil de l'histoire pour comprendre un peu la folie meurtrière des fanatiques d'aujourd'hui et de jadis. Ce livre compare deux religions. Il montre comment elles en sont venues toutes les deux à justifier la guerre et même à la sanctifier. Leur histoire cependant est tout à fait différente. Si dans l'islam, la notion de jihad apparaît très tôt, dès le prophète lui-même, le christianisme est d'abord non-violent, à l'image de Jésus qui se laisse assassiner et des martyrs qui ne prennent pas les armes. La guerre semble même l'exacte opposée de la doctrine chrétienne, qui pousse la paix jusqu'à l'amour de l'ennemi. Pourtant, cette religion aussi va petit à petit devenir belliqueuse. C'est qu'entre le Christ et
les croisades, l'Eglise a pris le pouvoir, qu'elle s'est alliée à des seigneurs de la guerre, qu'elle a obtenu les moyens matériels de s'imposer et qu'elle s'est sentie, comme ce fut le cas pour l'islam dès ses débuts, menacée. Ce livre, loin de prendre parti ou d'essentialiser des phénomènes qui se sont sans cesse modifiés, montre que ce qui permet l'idée de guerre sainte, c'est d'abord des conditions historiques, en particulier l'alliance forte du politique et du religieux. Il est nécessaire de s'en souvenir aujourd'hui: le choc des civilisations est aussi et d'abord un choc politique.