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Citations sur Les Souvenirs (476)

Deux jours avant, il était encore vivant. J'étais allé le voir à L'hôpital du Kremlin Bicêtre, avec l'espoir gênant que ce serait la dernière fois. L'espoir que le long calvaire prendrait fin. Je l'ai aidé à boire avec une paille. La moitié de l'eau a coulé le long de son cou et mouillé davantage encore sa blouse, mais à ce moment-là, il était bien au-delà de l'inconfort. Il m'a regardé d'un air désemparé, avec sa lucidité des jours valides. C'était sûrement ça le plus violent, de le sentir conscient de son état. Chaque souffle s'annonçait à lui comme une décision insoutenable. Je voulais lui dire que je l'aimais mais je n'y suis pas parvenu. J'y pense encore à ces mots, et à la pudeur qui m'a retenu dans l'inachèvement sentimental. Une pudeur ridicule en de telles circonstances. Une pudeur impardonnable et irrémédiable. [...] Ces dernières années avaient été pour lui qu'une longue déchéance physique. Il avait voyagé d'hôpital en hôpital, de scanner et scanner, dans la valse lente et ridicule des tentatives de prolonger notre vie moderne. A quoi ont rimé tous ces derniers trajets en forme de sursis? Il aimait être un homme; il aimait la vie; il ne voulait pas boire avec une paille.
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Il faut quelques heures pour comprendre la vérité d'une sensation éprouvée. Et ce phénomène était particulièrement souligné chez moi, qui ai toujours eu un train de retard sur mes émotions.
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Parfois ma grand-mère s'arrêtait devant une tombe, et je songeais : elle la regarde comme un jeune couple visite un appartement témoin.
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Deux jours auparavant, mon grand-père était encore vivant. J'étais allé le voir à l'hôpital avec l'espoir gênant que ce serait la dernière fois. L'espoir que le long calvaire prendait fin. (...) Il m'a regardé d'un air désemparé, avec sa lucidité des jours valides. C'était sûrement ça le plus violent, de le sentir conscient de son état. Chaque souffle s'annonçait à lui comme une décision insoutenable. Je voulais lui dire que je l'aimais, mais je n'y suis pas parvenu. J'y pense encore à ces mots, à la pudeur qui m'a retenu dans l'inachèvement sentimental. Une pudeur ridicule en de telles circonstances. Une pudeur impardonnable et irrémédiable. J'ai si souvent été en retard sur les mots que j'aurais voulu dire. Je ne pourrai jamais faire marche arrière vers cette tendresse. Sauf peut-être avec l'écrit, maintenant. Je peux lui dire, là.
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Au réveil, je relisais les quelques notes que j'avais pu prendre pendant la nuit, et j'étais catastrophé par l'éclat de ma médiocrité. Pourtant, quelques heures auparavant, j'avais cru en moi, et pensé que je tenais là le début d'un roman prometteur. ll suffisait d'un peu de sommeil pour changer l'éclairage d'une inspiration. Est-ce que tous ceux qui écrivent ressentent cela ? La sensation de puissance qui annonce celle de la faiblesse. Je ne valais rien, je n'étais rien, je voulais mourir. Mais l'idée de mourir sans même laisser un brouillon valable me paraissait pire que la mort. Je ne savais combien de temps je continuerais à vivre ainsi, dans l'espoir de pouvoir saisir concrètement ma pensée.
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Le silence d'une femme est sa plus grande preuve d'amour.
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Dans la chambre, face à son corps, une image m'a saisi : la mouche. Une mouche posée sur son visage. C'était donc ça, la mort. Quand les mouches se posent sur nous et qu'on ne peut plus les chasser. C'est cette vision qui m'a été le plus pénible. Son immobilité agressée par cette grosse conne de mouche.
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"La vie est une machine à explorer notre insensibilité. On survit si bien aux morts. C'est toujours étrange de se dire que l'on peut continuer à avancer, même amputés de nos amours."
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Après l'enterrement, ceux de mes amis qui avaient fait le déplacement m'ont raconté de nombreuses anecdotes, et j'ai compris qu'on ne connaît jamais vraiment la vie d'un homme.
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Je trouve fatigantes les femmes qui demandent si nous avons remarqué tel ou tel changement physique. Elles sont les tyrans de leur apparence et nous les esclaves de la constatation. On peut être passionné par une femme, l'aimer profondément et donc aveuglément sans avoir à remarquer son nouveau fond de teint. p.74
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