AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782070455928
368 pages
Gallimard (21/05/2015)
3.83/5   9 notes
Résumé :
«Soyons réalistes, réalisons l'impossible.»

Ernesto Che Guevara (1928-1967) est une icône. Son portrait par Alberto Korda est une des photographies les plus célèbres du monde. Mais que cache cette image trop lisse? C'est tout le propos du livre d'Alain Foix. Ainsi suit-on le jeune étudiant en médecine dans son voyage en Amérique latine, le voit-on rejoindre le Mouvement du 26-Juillet, renverser Fulgencio Batista aux côtés de Fidel Castro et devenir p... >Voir plus
Que lire après Che GuevaraVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Il est toujours malaisé d'évoquer la vie de l'une des nombreuses célébrités du XXe siècle. Che Guevara, de son nom complet Ernesto Guevara de la Serna, en est une. Ses portraits figurent parmi les plus célèbres du monde et ce personnage a largement contribué à populariser la légende des guérilleros sud-américains. Dans le cours de sa vie, brève mais riche et remplie d'événements nombreux, des composantes semblent avoir joué un rôle décisif et influencé le cours de sa vie :
Son voyage en Amérique latine effectué avec son ami Alberto Granados en 1952. Ils découvrent sur une vieille motocyclette usagée la misère de ce continent, ses injustices, les terribles problèmes de santé auxquels le Che, médecin de formation est très sensible. C'est une révélation, la mise en évidence de l'existence d'une injustice concrète, donnée dont Ernesto avait pris connaissance, mais d'une manière théorique. C'est un voyage initiatique, mais aussi une réponse à ce qui va occuper sa vie entière : l'établissement d'une justice sociale, d'une espèce d'impératif catégorique révolutionnaire, qui va l'inciter à l'exemplarité, mais aussi parfois à la dureté et à l'exercice d'une impitoyable répression, notamment lorsqu'il doit fusiller, en plein maquis, des traîtres ou des révolutionnaires trop tièdes, ou les faire fusiller par ses compagnons d'armes pour que tout le monde ait les mains sales…
Pourtant, le deuxième motif de cet engagement, c'est la culture, l'éveil intellectuel qui en est à l'origine. le Che a beaucoup lu : les classiques grecs, la poésie latino-américaine, les philosophes : Marx, Engels, Adorno, Raymond Aron .Il admire naturellement José Marti, idole de la nation cubaine dans sa célébration des luttes de l'île pour son indépendance.

Mais ce n'est pas une culture sans rapport avec le réel qu'il veut faire triompher, c'est une culture ayant gardé sa fonction critique et émancipatrice. En cela, il s'écarte des dogmes du réalisme socialiste duquel il s'éloigne. Il constate en effet durant ses premières opérations de guérilla dans la Sierre Maestra que l'éducation sera primordiale pour élever la conscience révolutionnaire des paysans.
Une rencontre est décisive dans la vie du Che, celle du poète et journaliste haïtien René Depestre qui lui fait toucher du doigt le problème du racisme, omniprésent à Cuba en raison du passé esclavagiste de l'île. Ainsi, conclut-il à la nécessité de combattre « les discriminations subjectives », en sus des « discriminations objectives pour être un révolutionnaire lucide.

Les femmes ont joué dans la vie de cet homme un grand rôle : Aleida, sa seconde épouse, qui lui donne une énergie et un réconfort immenses .Elle soigne efficacement ses crises d'asthme avec des feuilles de maté que le Che appelle sa Yerba Buena (bonne herbe,). Hilda Gadea, qu'il avait épousée en 1955, pour régulariser une « union dans les faits ».
La prise de connaissance avec Fidel Castro est bien sûr décisive, qu'il caractérise ainsi : « un révolutionnaire cubain, un garçon jeune, intelligent, très sûr de lui et d'une audace extraordinaire ; je crois que nous avons mutuellement sympathisé. »
Pourtant, le rêve de l'internationalisme révolutionnaire sera brisé : par l'alignement de Cuba sur le camp soviétique, par l'instauration d'une dictature implacable. Les actions du Che en Argentine se solderont par un échec retentissant et par son exécution finale le 9 octobre 1967.Pourtant, Che Guevara était resté lucide, critique à propos même de l'idéologie marxiste dont il avait adopté les présupposés.
La biographie d'Alain Foix, très documentée et riche en citations, restitue très bien les facettes multiples de ce personnage, épris de justice, des femmes, d'absolu, désireux d'agir sur l'état du monde. On peut même y relever une contradiction : entre la volonté d'agir vite, avec célérité, et le constat que l'émancipation par l'éducation, la diffusion du savoir, est un long processus. Cet homme, au-delà de son statut d'icône, était complexe, en proie à des interrogations, au doute. Il nous attache en raison même de ces attitudes, justement humaines, et nous incite au respect, même pour ceux qui ne partageraient pas la radicalité de ses opinions et actions.
Commenter  J’apprécie          30
Dans la mémoire collective, Che Guevara est largement associé à la révolution cubaine de 1959. Mais tandis que Fidel Castro entamera l'un des plus longs règnes du 20ème siècle, Che Guevara se lassera assez rapidement de ses ministères (à la réforme agraire, à l'industrie) pour voyager et tenter d'exporter la révolution sous d'autre cieux, au Congo puis en Bolivie, deux échecs cuisants dont le dernier mettra un terme à sa carrière et à sa vie.
Difficile de tirer un bilan de cet homme solitaire qui hésitera toujours entre l'aventure collective de la révolution et l'Aventure tout court...
Cette biographie, parfois un peu brouillonne dans sa chronologie et imprécise dans les faits, vaut surtout par sa description de la construction intellectuelle et culturelle du personnage. Issu d'un milieu bourgeois et monochrome, Ernesto découvre dans ses deux voyages initiatiques à bicyclette à travers l'Amérique latine une double altérité : celle de la misère et celle des Noirs et des métisses. Grand lecteur de Marx, admirateur de Frantz Fanon, il comprend vite que le destin de l'Amérique latine n'a rien à voir ni rien à tirer du modèle soviétique. Cuba, la Caraïbe et l'Amérique latine sont marqués par la colonisation européenne, la domination des grands propriétaires terriens, l'esclavagisme et l'impérialisme états-unien.
Dans ce contexte, Lénine, Staline et Khrouchtchev ne sont pas d'un grand secours (Castro regrettera d'avoir concédé l'installation des rampes de missiles à Cuba). L'Union soviétique est un autre impérialisme.
Che Guevara cherche d'autres modèles de combat et d'autres soutiens, en Algérie, dans l'Egypte de Nasser. Il pense que l'Afrique noire qui vient d'être décolonisée est un terrain idéal pour la révolution. Sur les conseils de Nasser, il emmène incognito, pour prêter main-forte à la rébellion de Kabila, des guérilleros cubains noirs pour éviter de passer pour un impérialiste blanc. Mais il échoue à créer l'osmose entre les Cubains et les Congolais et doit renoncer rapidement à son entreprise. Son projet en Bolivie, rapidement éventé, sera abrégé brutalement par la CIA.
Icône de la Révolution, reproduite ad nauseam sur tous les tee shirts, le Che, dont la dépouille a été "rapatriée" à Santa Clara, reste l'homme d'une seule révolution, la révolution cubaine. Une révolution enterrée depuis longtemps elle aussi.
Commenter  J’apprécie          50

Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Partir. Partir sans mot dire. Abandonner ce qu'on a de plus cher, emporter l'essentiel. Il caresse, rêveur, cette partie lisse et glabre de sa joue, entre le maxillaire et la pommette, qui se refuse obstinément à laisser pousser un seul poil de cette barbe qu'il porte enfin fournie. Comme si quelque chose de son adolescence résistait encore à l'homme dure et mur qu'il est devenu. Dans l'aube dorée où s'éveille La Havane, il observe, depuis la forteresse San Carlos de la Cabaña, dont il a le commandement, perchée au promontoire de la rive sud de la baie, le tumulte naissant, attelages de chevaux, voitures américaines, camions aux nuages de gasoil, bicyclettes et piétons par milliers qui animent peu à peu le boulevard Malecon, long rempart assailli par les vagues d'océan. De cet observatoire dominant toute la ville, il peut voir au loin tituber sur le
quai Hemingway, appuyé aux épaules incertains d'un compagnon de boisson au sortir du Dos Hermanos, de la Bodeguita del medio ou de la Floridita, lieux
favoris de ses nuits éthyliques, s'en allant cuver sur son yacht rutilan les multiples daiquiris de sa composition.
Commenter  J’apprécie          70

Lire un extrait
Videos de Alain Foix (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alain Foix
Les artistes et la mémoire de l'esclavage : Alain Foix
L’art est un medium puissant pour transmettre la mémoire et aborder le présent d’une société. Selon Alain Foix, en choisissant d’affronter un passé collectif douloureux comme l’esclavage dans sa création, l’artiste s’engage dans un processus de libération. A travers lui, la mémoire devient objectivée et extériorisée. Dans une interview singulière, l’intellectuel Alain Foix explore la relation de l’art avec la mémoire de l’esclavage et les enjeux actuels des sociétés.
autres livres classés : che guevaraVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (48) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1713 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}