Citations sur Où on va, papa ? (269)
Il ne faut pas croire que la mort d'un enfant handicap est moins triste. C'est aussi triste que la mort d'un enfant normal. Elle est terrible la mort de celui qui n'a jamais été heureux, celui qui est venu faire un petit tour sur Terre seulement pour souffrir. De celui-là, on a du mal à garder le souvenir d'un sourire.
Son ballon tient une grande place dans sa vie. Il passe son temps à l'envoyer dans un endroit où il sait ne pas pouvoir le récupérer tout seul. Il vient alors nous chercher, il nous conduit par la main à l'endroit où il l'a jeté. On récupère le ballon, on le lui donne. Cinq minutes après, il revient nous chercher, il a de nouveau jeté son ballon. Il est capable de répéter le même manège des dizaines de fois dans la journée. C'est sans doute la seule façon qu'il a trouvée de créer un lien avec nous, pour qu'on le tienne par la main.
Ne pas être comme les autres, ça ne veut pas dire forcément être moins bien que les autres, ça veut dire être différent des autres.
Grâce à vous, j’ai eu des avantages sur les parents d’enfants normaux. Je n’ai pas eu de soucis avec vos études, ni votre orientation professionnelle. Nous n’avons pas eu à hésiter entre filière scientifique et filière littéraire. Pas eu à nous inquiéter de ce que vous feriez plus tard, on a su rapidement que ce serait : rien.
Ils ne connaîtront jamais Watteau, ils n’iront jamais au musée. De ces grandes joies-là qui aident l’humanité à vivre, ils vont être privés aussi.
Il leur reste les frites. Ils adorent les frites, surtout Thomas, il dit «les fites».
Je suis fier de ma voiture, tout le monde la regarde avec respect, essayant de distinguer, à l'arrière, un passager célèbre. S'ils voyaient ce qu'il y a derrière, ils seraient déçus. A la place de la reine d'Angleterre, il y a deux petits mioches cabossés qui bavent, dont l'un, le surdoué, répète: "Où on va , papa ? Où on va, papa ? ..."
Personne ne m'appellera grand-père, sauf les jeunes cons en voiture derrière moi parce que je ne roule pas assez vite.
Il ne faut pas croire que la mort d’un enfant handicapé est moins triste. C’est aussi triste que la mort d’un enfant normal. Elle est terrible la mort de celui qui n’a jamais été heureux, celui qui est venu faire un petit tour sur Terre seulement pour souffrir. De celui-là, on a du mal à garder le souvenir d’un sourire.
Quand vous étiez petits, j'ai eu quelquefois la tentation, à Noël, de vous offrir un livre, un Tintin par exemple. On aurait pu en parler ensemble après. Je connais bien Tintin, je les ai lus tous plusieurs fois.
Je ne l'ai jamais fait. Ce n'était pas la peine, vous ne saviez pas lire. Vous ne saurez jamais lire. Jusqu'à la fin, vos cadeaux de Noël seront des cubes ou des petites voitures... "
Jusqu'à ce jour, je n'ai jamais parlé de mes deux garçons. Pourquoi ? J'avais honte ? Peur qu'on me plaigne ?
Tout cela un peu mélangé. Je crois, surtout, que c'était pour échapper à la question terrible : « Qu'est-ce qu'ils font ? »
Que ceux qui n'ont jamais eu peur d'avoir un enfant anormal lèvent la main.
Personne n'a levé la main.
Tout le monde y pense, comme on pense à un tremblement de terre, comme on pense à la fin du monde, quelque chose qui n'arrive qu'une fois.
J'ai eu deux fins du monde.