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EAN : 9782707109132
202 pages
La Découverte (23/02/1982)
3.7/5   5 notes
Résumé :
Il y présente les expériences d’alphabétisation « de conscientisation » auprès des paysans brésiliens.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Paulo Freire, éducateur et philosophe brésilien, est considéré comme l'un des plus grands théoriciens et praticiens des sciences de l'éducation des temps modernes. Il reste pourtant méconnu en France. Il est notamment absent des programmes de philosophie, où on fait la part belle aux idées de Rousseau ou de Montessori.

Connu pour son travail d'alphabétisation des populations adultes défavorisées du continent sud-américain, Paulo Freire développe une pensée humaniste, libertaire, inspirée par Hegel, Marx et Erich Fromm, s'appropriant largement la dialectique de Hegel ainsi que la conception marxiste de l'histoire.

Il publie La pédagogie des Opprimés en 1970. Ce livre connaît une renommée mondiale et sera publié en diverses langues. En France, il sera édité pour la dernière fois par Maspero en 1982.

Paulo Freire y développe une conception originale de l'éducation qui, si elle reprend certains principes éducatifs de Rousseau ou Montessori, s'en écarte notablement par son caractère social et éminemment subversif.



Oppresseurs et opprimés.

La vie moderne est marquée par une forme déshumanisation des personnes. Il s'agit d'une réalité tangible et indéniable. Toutefois, cela ne peut être tenu pour une fatalité.
La ré-humanisation est nécessaire. Elle est le but que le philosophe brésilien fixe à sa pédagogie des opprimés.

La déshumanisation concerne les opprimés, mais aussi, d'une manière bien sûr complètement différente, les oppresseurs.
Le philosophe brésilien estime que la libération de l'oppression ne peut se réduire au reversement pur et simple des rôles. Il n'est pas question que les opprimés deviennent à leur tour oppresseurs. Car l'oppression ne disparaîtrait nullement et l'humanité ne serait restaurée ni chez l'opprimé ni chez l'oppresseur.

Le rapport dominant / dominé est pensé sur le mode dialectique qui exige à terme une résolution de la contradiction par la "libération révolutionnaire".

Une véritable lutte pour la libération ne peut que consister dans la réhumanisation des opprimés comme des oppresseurs.

« Pour que cette lutte ait un sens, les opprimés ne doivent pas, en recherchant à regagner leur humanité, à devenir à leur tour des oppresseurs, mais plutôt rechercher à restaurer l'humanité des deux parties […] Alors ceci est la plus grande tache humaniste et historique des opprimés : se libérer eux-mêmes certes, mais libérer également leurs oppresseurs. »

On peut voir là un parallèle avec le rôle humaniste que Marx attribuait au prolétariat dans la libération de l'humanité entière, même si Paulo Freire ne restreint nullement les opprimés à la seule classe ouvrière, ou classe laborieuse.

Rejoignant aussi la maxime de l'Association Internationale des Travailleurs, « l'émancipation des travailleurs sera l'oeuvre des travailleurs eux-mêmes », Freire estime que la liberté s'acquiert par la conquête. Elle ne peut être un simple don des oppresseurs : « L'oppresseur qui est lui-même déshumanisé parce qu'il déshumanise les autres, est incapable de mener cette lutte. »

La situation d'oppression est une VIOLENCE en ce qu'elle contredit l'humanité, ou le désir d'humanité, de la personne opprimée. L'oppresseur est incontestablement à l'origine de cette violence, même si cela est souvent masqué par ce que le philosophe dénonce comme une fausse générosité.


Les formes consciencielles de l'oppression

Si Marx et Engels examinaient la forme matérielle de l'exploitation, Paulo Freire examine les formes consciencielles de l'oppression.

Comment la situation d'oppression est vécue dans la tête des oppresseurs et des opprimés ? Voilà la question que pose le texte du philosophe brésilien.

Ce choix de problématique ne relève en rien d'un quelconque postulat idéaliste. Ce n'est nullement, de la part du philosophe, l'affirmation – contre le matérialisme historique – que les idées déterminent l'histoire humaine. En aucun cas, Freire estime que l'émancipation passera par la seule éducation :

« Il serait en fait idéaliste d'affirmer que, en simplement réfléchissant sur la réalité oppressive et en découvrant leur statut d'objets, les personnes sont par là même devenues sujets. »

Pour Freire, il ne suffit pas de prendre conscience d'une situation. Il faut encore y agir. Pour cela, il importe de comprendre comment la conscience des uns et des autres, des opprimés et des oppresseurs, peut influencer sur leurs actions.


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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Le but de l’éducateur n’est plus seulement d’apprendre quelque chose à son interlocuteur, mais de rechercher avec lui, les moyens de transformer le monde dans lequel ils vivent.
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