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L'Aube du Soleil noir tome 2 sur 2

Alain Robert (III) (Traducteur)
EAN : 9782841721375
345 pages
L’Atalante (23/06/2000)
3.62/5   8 notes
Résumé :
Le pays rakh. Une vaste contrée inconnue, isolée du monde colonisé par les océans et surtout par la Gaze, une hermétique barrière de « fae ». C'est sur ces terres reculées que se sont refugiés depuis des siècles les derniers représentants d'une espèce autochtone d'Erna, jadis traqués par l'homme et dont on ignore désormais jusqu’à l'apparence.
C'est pour cette destination que s'embarquent Damien Vryce, le prêtre guerrier, Ciani, l'adepte, et Senzei, l'appren... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Un roman arbitrairement coupé en deux pour la publication en France : c'est triste, mais on est maintenant mithridatisé…
L'univers fascinant dans ses concepts emprunte à la Science Fiction, à la Fantasy mais également au Fantastique. Bref un vrai roman de SFFF qui à l'image d'un Roger Zelazny nous transforme un Planet Opera en Fantasy gothique (entre Cours du Chaos et Terres Changeantes, difficile en lisant C.S. Friedman de ne pas penser au maître américain).

Erna est une planète enveloppée par le fae, un champ d'énergie psychoréactif. On peut agir sur lui consciemment ou inconsciemment, personnellement ou collectivement. Sauf que la configuration astronomique et géologique de la planète avec ses marées imprévisibles, ses éruptions solaires, ses secousses sismiques et ses éclipses à répétition rendent particulièrement instables 4 sortes d'énergie magique : fae des marées, fae solaire, fae tellurique et fae obscur.
Pour les indigènes racks cela consiste à un processus d'évolution accéléré puisque les désirs influent sur le réel.
Pour les colons humains, cela consiste à la matérialisation de leurs rêves et de leurs cauchemars. D'où l'apparition et le développement de démons et de merveilles qui constituent autant d'espèces invasives pour les indigènes certes, mais aussi autant de dangers mortels pour les humains dès que la nuit tombe… car après tout l'imaginaire collectif en a fait des créatures de la nuit !
L'auteure met ainsi en scène toute une faune nocturne de symbiotes / parasites qui s'est structurée autour d'une nouvelle écologie alimentaire : les goules se nourrissent de chair, les vampires de sang, les succubes de semence, les lamies de sentiments, et quelques autres saloperies de peur, de souffrance ou de souvenirs… et toute une économie de talismans magiques s'est développée pour s'en protéger ou pour canaliser les effets du fae.
On retrouve aussi des thèmes plus habitués à la SF qu'à la Fantasy : le rapport entre colonisateurs et colonisés, entre acculturation et contre-acculturation, mais aussi entre écologie et environnementalisme.

Si le background est élaboré, on y entre avec une intrigue plutôt simple : une enquête se mue en une quête qui mène les héros en territoire ennemi vers la forteresse du mago psycho. Mais niveau personnages c'est plus les têtes que les jambes avec un inquisiteur magicien, un vampire sorcier, une sorcière ethnologue et un apprenti adepte.
Finalement, de nombreux passages du roman fleurent bon la littérature gothique : on retrouve la noire forêt, le sombre château, les inquiétants serviteurs appelant leur maître monseigneur y compris un Igor albinos et les loups maléfiques… mais aussi le sombre charisme, les pouvoirs hypnotiques, les métamorphoses et bien sûr la crainte de la lumière du jour.
Du coup la relation Damien Vryce / Gérald Tarrant c'est peu la relation van Helsing / Dracula revisitée ! Encore que, entre tension et connivence on peut aussi penser à la relation Louis / Lestat d'Anne Rice… A eux deux, ils vampirisent le dramatis personnae, ne laissant que peu de place à Ciani Faraday qui dans son rôle de damoiselle en détresse qui fait un peu potiche sur les bords et Senzei Rise qui ne sert pas à grand chose dans son rôle de 5e roue du carrosse, puisque l'éclaireuse rack Hesseth fait déjà office de 4e roue…
Du coup passé un cap je me demandais si je n'aurais pas préféré qu'on développe à fond le duo formé par l'inquisiteur magicien et le vampire sorcier qui rappellent de bons souvenirs de BD, comics, manga. En effet Gérard a tout du badass parfois ultralimite qui a intégré dans les années 1980 les codes du shonen avec Ikki dans "Saint Seiya" et Végéta dans "Dragon Ball". Il est détestable à souhait avec ses appétits de sociopathe et son humour noir, mais on ne peut jamais le haïr totalement, ainsi dans l'épilogue :


J'ai d'abord cru que la traduction d'Alain Robert ne collait pas au style, mais comme les belles descriptions architecturales ou paysagères on les doit autant à l'auteur qu'à son traducteur, c'est bien que la mal est plus profond qu'une erreur de casting dans la VF…

Cela pêche au niveau de l'exécution.
Déjà impossible de savoir si on est dans une narration à la 1ère ou à la 3e personne : on voit l'essentiel de l'action à travers les yeux de Damien, mais on sent l'auteur tentée de faire de même à travers ceux de Gérald.
Je n'ai pas trouvé de véritables longueurs malgré quelques flottements dans le trek en pays Rack et des redondances dans l'expression des sentiments de Damien (oui on sait qu'il aime Ciani, oui on sait qu'il hait Gérard). Mais le rythme n'est pas satisfaisant pour autant : grosso modo la "La Cité noire" fait 100 pages, "Le Donjon de la nuit" en fait 200 et "La Citadelle des tempêtes" 300… Donc on ralentit au lieu d'accélérer : cela ne va pas. de la même manière le chapitrage n'est pas satisfaisant : des passages de plusieurs dizaines de pages alternent à des passages de 1 à 5 pages… A ce niveau autant réaliser des interludes en bonnes et dues formes pour dynamiser la lecture…

Il a des discontinuités narratives peu agréables à plusieurs niveaux.
Damien flirt avec Ciani. Une ellipse plus loin ils sont les amants d'un soir. Une ellipse plus loin c'est l'amour fou et Damien est prêt à partir au bout du monde et à risquer sa vie pour sa dulcinée.
Il y a cette manière un peu bizarre de faire entrer et sortir les personnages du récit. Sensei est mis en avant, puis en retrait, puis en avant… Et dans la mesure où on voit bien qu'il tient la chandelle, le passage sur sa campagne avant de départ des quêteurs était-il nécessaire car nul mention de son existence par la suite ???
Et parfois on fait également référence à des événements si peu ou si mal traités auparavant qu'on se sent obligé de retourner en arrière pour vérifier s'ils ont véritablement existé.
Globalement l'auteure titille notre imagination avec son worldbuilding mais ne nous nous en offre pas toujours assez pour bien tout se représenter, ainsi on nous explique ce que sont les métachevaux et les néochats, mais pas que ce sont les xandu…
Niveau magicbuilding, on nous balance avec une belle régularité des termes techniques tels qu'Appels, Assemblages, Auditions, Bannissements, Blocages, Boucliers, Connaissances, Divinations, Ecrans, Effacements, Élaborations, Guérisons, Invocations, Occultations, Perceptions, Protections, Visions… sans jamais expliquer comment cela tout fonctionne à l'usage. Heureusement que la plupart des noms de sortilèges sont signifiants car il faut bien 400 pages pour comprendre le concept clé des Influx : à travers le fae, l'esprit peut modeler le réel selon ses besoins.
Et on supposera que les concepts faustiens des sombres divinités et des sacrifices à leur effectuer seront expliqués dans les suites…

Arrivé à un moment les incohérences pointent leur nez…
Le Feu Solaire ? on l'a, on l'a plus, on l'a quand même, mais finalement on l'a plus…
Le guide rack cavernicole ? il est là, il n'est plus là, il est de retour, il est disparu…
La mystérieuse cavalière de la 2e partie : à l'arrivé un sacré WTF !
Quelles sont les motivations du supervilain ? la gourmandise, mais c'est tellement peu explicité qu'il faut le deviner.
Quelles sont les motivations de Gérard Tarrant ? la curiosité, mais c'est tellement peu explicité qu'il faut le deviner.
La compagnie fait des coups de poker sur sa survie en extrapolant sur la théorie de l'évolution de Darwin… WTF !
Et au final la compagnie s'en sort uniquement parce que le supervilain ne sait pas compter… WTF !

D'ailleurs le supervilain est un non seulement un mago psycho classique, mais en plus est l'objet d'un whodunit assez bancal

On a même droit à des erreurs dans les noms assez pénibles (ainsi Calesta désigne à la fois un démon et une lune, et parfois il faut être attentif pour savoir de qui/quoi on parle au final…)

Rien de mauvais voire de même de vraiment moyen mais les belles qualités sont gâchées par les gros défauts.
En fait je ne veux pas accabler l'auteure américaine car ces maladresses parfois coupables car facilement évitables n'auraient jamais passé le cap des corrections avec un éditeur sérieux : le potentiel n'est que partiellement exploité et tout aurait pu être amélioré.
C'est nettement au-dessus de ce qui se faisait en Fantasy dans les années 80, mais ce n'est pas assez abouti pour emporter l'adhésion du plus grand nombre : les easy readers peuvent trouver cela très plaisant fascinant, les hardcore readers peuvent trouver cela très frustrant. A vous de vous faire votre opinion, mais moi j'ai apprécié.
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Le deuxième tome démarre bille en tète, sans aucun rappel du premier tome. Comme si l'auteur avait écrit les 2 d'un trait et que l'éditeur avait coupé au milieu. Il vaut mieux le savoir pour lire les 2 tomes directement l'un après l'autre.

On reprend les personnages du premier tome : Ciani, l'adepte, Damien, un prêtre maitrisant la magie, Senzei, l'apprenti et l'Chasseur, un puissant sorcier aux motivations obscures.

Le pays rakh est intéressant avec son peuple foncièrement anti humain, mais où nos héros trouveront quand même moyen de se refugier. le suspense grimpe, mais les imprécisions aussi : il y n'a quasiment aucun fae, mais nos héros trouvent toujours le moyen d'influer des sorts très complexes quand c'est nécessaire pour l'histoire.

Malgré tout, cela se laisse lire agréablement avec une fin bien marqué. Bien sur, il y aura un troisième tome avec des méchants encore plus méchants, mais qui n'a pas encore l'air sorti en français.
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Et quelle âme ! Aussi fragile et fine que de la porcelaine en apparence, mais dotée d’un ressort incroyable. Il s’insinua doucement dans son cerveau pour évaluer la gamme de ses peurs : les méandres de son esprit lui répondirent sur au moins douze niveaux différents allant de la panique archétypale à des phobies personnelles. Un instrument de choix pour une chasse, quelles qu’en soient les circonstances, mais en cet instant, après cette abstinence de plus d’un mois qui aiguisait encore sa faim, elle tout bonnement irrésistible.
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- Vous étiez un vampire.
- Pendant un temps. Au début de la mutation. Avant que je découvre qu’il existait d’autres solutions. Pitoyable vie au ralenti que cette époque… En outre l’agression physique ne m’a jamais séduit. Je trouve dans délicats plaisirs de la manipulation psychologique beaucoup plus… de satisfaction. Quant au pouvoir qui me maintient en vie… Définissons-le comme une concentration de toutes ces forces qui passaient sur la Terre pour purement négatives, mais qui ont ici une réelle substance et un potentiel d’énergie qui eût fait rêver sur Terre. Le froid, qui est l’absence de chaleur. L’obscurité, qui est l’absence de lumière. La mort, qui est l’absence de vie. Toutes ces forces composent mon être, elles me maintiennent en vie, elles déterminent mes forces et mes faiblesses, mes faims et jusqu’à ma façon de penser.
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La métamorphose avait toujours été considérée comme une opération impossible, en tout cas pour les créatures de chaire. Et pourtant il en avait vu une se réaliser sous ses yeux. Ce souvenir le glaçait plus que la froidure ambiante et son séjour dans l’eau combiné. Malgré lui, la scène lui revenait en mémoire : l’éclat soudain d’un noyau de feu de glace, aveuglant, la chair humaine se dissolvant comme dans un bain d’acide, la silhouette se délayant telle une traînée de couleur dans un remous d’eau et, à l’instant ultime, les ailes blanches jaillissant de la conflagration et soulevant le nouveau corps du Chasseur vers le ciel éclairé par la lune.
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Le fae obscur. Il suintait des recoins secrets de la terre sous formes de filament aussi fins qu’une toile d’araignée. Les entrelacs d’énergie violet profond ondulaient dans les ombres, rampaient au ras du sol, progressaient à un rythme saccadé aussi primal et complexe que des idées dans un cerveau. Si sensible était sa puissance que le simple fait de le contempler suffisait à dévier son cours, si inconstant son pouvoir qu’il pouvait incarner les peurs d’un homme bien après que leur cause se fut effacée de sa mémoire. Un pouvoir avide, qui se nourrissait de ténèbres, dévorait l’essence même de la nuit pour se démultiplier, emplir l’espace de son impétueuse substance.
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Il y a dix siècle, j’ai sacrifié mon humanité pour sceller un marché. Il existe des forces dans ce monde si néfastes qu’elles n’ont pas de nom, si absolues qu’aucune image ne peut en rendre compte. Je suis entré en contact avec grâce à un canal que j’ai ouvert par le sang de ma famille. […] Et ces forces ont répondu, non avec des mots, mais par ma métamorphose. J’ai perdu ma condition d’homme pour devenir autre chose, une créature aux instincts et aux appétits subordonnés à leur ténébreuse volonté. C’est par ce contrat que j’ai survécu.
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