Peut-être oui

Parfois, le coeur est gros. de tout ce qui n'a pas été dit. de tout ce qu'on ne dira jamais.
La plume en suspens, « peut être oui », se décider à l'écrire à défaut de le dire...
Bernard Friot oeuvre entre les lignes et essaie en vain de raccrocher ses émotions à la vie qui défile, en essaimant ses mots sur les graphismes d'Elisabeth Ferté qui illustrent ce recueil, petite merveille de simplicité et de justesse.

En ouvrant « peut-être oui », on se laisse aller à « faire comme si ». Comme si les mots pouvaient nous reconstruire, nous rattacher à la vie. Comme si nous étions encore enfant, comme si nous ne laissions pas la vie nous rattraper et gâcher en nous tout ce qui reste de beau. Comme si nous décidions, enfin, d'affronter ce NON.

« non
pauvre petite liberté
brève fêlure
sur les murs
où je me cogne la tête
(…)
non
pour exister
un peu
à vos yeux
quand au secret de moi
tout dit
oui »

Dans ce recueil, l'auteur se pose replié sur lui-même, spectateur de sa vie, réinventée par l'écriture, atténuée, revue et corrigée. Une brèche ouverte sur l'extérieur. Pas dupe ! Il mesure la distance, le décalage entre ce brouhaha du dehors et cette vie intérieure qui grouille, de tout (amour, tristesse, peur, lâcheté, faiblesse) et de rien (apprendre à se taire, effacer les mots, rendre à la page, sa blancheur).

Tout ça pour quoi ? Capter, enlacer, préserver tous ces petits moments de bonheur et :

« fondre cette seconde-là
dans l'or et le plomb
et la laisser couler
tout au fond
de soi »

des petits poèmes tout simples, mais qui m'ont touchée droit au coeur.

Un beau livre avec des illustrations qui collent aux poèmes