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EAN : 9782843032233
207 pages
La Dispute (12/01/2012)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
La démocratisation scolaire est en panne : les inégalités scolaires n’ont pas bougé depuis un demi-siècle et l’élargissement de l’accès aux savoirs est bloqué depuis quinze ans, provoquant une véritable crise de confiance des Français dans leur école. Il est urgent d’élaborer des propositions concrètes pour refonder le système éducatif.


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Tous les enfants disposent des ressources nécessaires à une entrée réussie dans la culture écrite

Comment ne pas interroger « le caractère massif de l'échec et des inégalités scolaire » ? ; comment accepter que la scolarisation des classes populaires soit « en première ligne au regard du préjudice subi » ; comment ne pas partager le constat, au delà des politiques néolibérales, d'un « lien fort entre inégalités scolaires et école unique » ?

Pour les auteur-e-s « aucune démocratisation de masse n'est concevable sans suppression de la mise en concurrence des élèves, qui est au coeur de sa conception ; et sans réexamen d'ensemble des dispositifs pédagogiques aujourd'hui à l'oeuvre ». Elle et ils proposent de porter « la scolarité obligatoire à 18 ans, celle-ci s'organiserait autour d'un tronc commun comprenant l'école enfantine à partir de 3 ans, l'école élémentaire, puis le collège et le lycée unique » ou pour le dire autrement « Dire suppression de la concurrence et tronc commun, c'est à dire suppression des notes, des redoublements, des classes de niveau, des formes de ”remédiation” qui sortent les élèves du cursus normal et de leur classe, et bien sûr des filières ».

Cette perspective est possible, car « les limites d'aujourd'hui ne tiennent pas aux ressources intellectuelles insuffisantes des élèves, mais à la difficulté pour l'école de trouver les moyens d'un encadrement cognitif efficace des élèves ».

Un nouvelle école, une école commune, doit être mis en place : « C'est un processus dans lequel l'amont détermine l'aval, mais l'inverse est tout aussi vrai : seule la perspective clairement et fermement posée dès le départ de conduire tous les élèves jusqu'au bac de culture générale et technologique peut provoquer le choc culturel indispensable qui engagera tous les protagonistes de l'affaire, depuis les premiers apprentissages, dans la réalisation de ces conditions ».

L'ouvrage est divisé en cinq chapitres :

« Une seule solution démocratique : l'école commune »

« Réexaminer les enseignements élémentaires »

« L'enseignement secondaire de l'école commune »

« La formation des enseignants : quels maîtres pour une école démocratique ? »

« A propos de dix idées reçues »

Compte tenu de la richesse des analyses et des propositions de ce livre, je choisis de ne présenter que certains aspects, en laissant le plus souvent la parole aux auteur-e-s. Ce choix est bien sûr très partiel et subjectif.

Le premier point, choisi comme titre de cette note, que je voudrais souligner est : « La conviction de l'égalité des intelligences, de la disposition par chaque être parlant des capacités d'abstraction, de raisonnement logique, de réflexivité indispensables et suffisantes à une entrée normale dans la culture écrite, est au principe de la mise en place de ce tronc commun ». Pour approfondir cette analyse, je ne peux que conseiller le beau livre de Jean-Pierre Terrail : de l'oralité. Essai sur l'égalité des intelligences (Editions La Dispute, Paris 2009).
Nous sommes ici, loin des constructions de « don », de mesure de QI, de la valorisation du concret pour certain-e-s, de la hiérarchisation des êtres humains. Sur la parole, comment ne pas citer Jean-Pierre Terrail dans l'ouvrage cité « L'accès à la parole est un accès au pouvoir d'abstraction, et sa pratique, ne peut pas ne pas développer les capacités d'abstraction du sujet parlant » ou « Accès au pouvoir d'abstraction, le langage est d'autre part également, et c'est notre seconde conclusion, accès au principe de causalité ».

L'égalité est aussi au fondement de la démocratie contre la confiscation des choix par les pouvoirs dominants et leurs lancinants appels aux résultats, aux contraintes économiques, la naturalisation des constructions sociales par les experts : « de plus, contribuant à modeler l'avenir de nos sociétés, les choix à opérer devraient faire l'objet d'une délibération démocratique et pas seulement de controverses expertes ». A la réduction moins-disante des programmes, l'utilitarisme supposé de certaines matières, la différentiation des parcours, l'équité ou l'égalité d'accès se substituant à l'appropriation des savoirs par toutes et tous « les choix qui seront opérés devront en tout état de cause respecter les exigences de l'appropriation des invariants de la culture écrite et de la formation de la pensée réflexive, ainsi que les contraintes inhérentes à l'état de développement des connaissances et de la société ». Les auteur-e-s opposent une ambition d'émancipation à une vision mesquine et rabougrie de l'utilité « l'élargissement de l'appropriation de tous les savoirs, dont les savoirs les plus critiques ».

Nous avons besoin de combattre les inégalités scolaires qui sont à la fois importantes, anciennes et socialement problématiques. La « réduction massive des inégalités d'accès aux savoirs élaborés s'impose d'urgence ». L'approche choisie par les auteur-e-s « s'attache à identifier, sans préjuger du bien et du mal en matière éducative, ce qui fait aujourd'hui obstacle, dans les fonctionnements pratiques de l'école publique, à l'appropriation des savoirs de la culture écrite ». Cette approche semble aux auteur-e-s « la plus propre à assurer la plausibilité sociohistorique d'un projet de démocratisation, en l'inscrivant dans le mouvement réel de notre système éducatif ».

Il s'agit donc de s'opposer aux politiques néolibérales qui entendent « donner moins à ceux qui ont moins » sans accepter l'internalisation de la sélection sociale par l'École.

Quelques éléments de/pour cette école commune : la suppression de la concurrence, de la hiérarchie, de la notation (« noter c'est entrer par effraction dans le mouvement de la pensée ») et de toute forme substitutive d'étalonnage de la valeur scolaire des élèves. Les auteur-e-s montrent la différence entre évaluation et classement « L'évaluation qui est indispensable à l'apprentissage ne classe pas, elle valide ».

La mission première de cette école redevient « l'appropriation par les élèves des fondements de la culture écrite », pour toutes et tous les élèves. D'où la nécessité d'un tronc commun, dont les contenus (patrimoine de savoirs et de savoir-faire) doivent être discutés « C'est une question foncièrement politique, qui concerne tout un chacun ».

Ce qui est proposé : « École commune et suppression de la concurrence, scolarité obligatoire portée à 18 ans au terme d'un tronc commun, culture commune ”polytechnique” et amélioration importante des apprentissages fondamentaux forment un ensemble solidaire et cohérent ».

Il faut donc aussi réexaminer les enseignements élémentaires. Les auteur-e-s insistent particulièrement sur l'apprentissage de la lecture et sur celle des mathématiques. Les angles d'attaque, soigneusement détaillés, me semblent très pertinents, même si les propositions sur les mathématiques de Stella Baruk me sont plus familières que sur les débats sur les méthodes d'apprentissage de la lecture. Elle et ils insistent sur la place de l'erreur, et non de la faute, dans les processus d'appropriation.

J'en resterais là pour cette présentation, laissant à chacun-e le soin de parcourir et d'étudier l'ensemble des autres développements.

Je voudrais néanmoins faire une autre citation qui reflète, très bien à mes yeux, les ambitions de cette école commune : « une conception réellement démocratique de l'enseignement doit viser le développement maximum du potentiel intellectuel et culturel de chaque individu et son émancipation, d'où une exigence d'accès effectif de tous à la culture générale la plus élevée possible, quelle que que soit par ailleurs la place de chacun dans l'organisation sociale et la division du travail »

Dans le dernier chapitre, le traitement des dix idées reçues est non seulement judicieux, mais permet de balayer un ensemble d'évidences rabâchées mais erronées ou mensongères :

« Ceux-là, il n'y a rien à en tirer ! »

« Éduquer ou instruire, il faut choisir… »

« L'élève au centre… »

« le tout, c'est de savoir les prendre ! »

« Avec le socle et les compétences, c'est plus clair ! »

« le travail à la maison, c'est décisif ! »

« L'école de la réussite est une école ouverte sur la vie »

« Des classes hétérogènes, ça ne profite à personne »

« L'autonomie des établissements, ça libère les énergies ! »

« Les diplômes, ça ne sert plus à rien ! »

Je termine par une interrogation et une critique.

Je m'interroge sur le non-traitement de l'apprentissage des langues dites étrangères dans l'école commune et, ce, dès l'école enfantine.

Quant-à ma critique, elle porte, une fois de plus, sur l'oubli des rapports sociaux sexués (système de genre) et de ses effets. Certes, l'école commune se veut une réponse aux conditions sociales différenciées des enfants. Mais cela ne saurait suffire à renverser la domination/oppression historiquement construite des hommes sur les femmes et les profonds marquages sexués. Ce qui implique, au moins, des réflexions/réponses sur les apprentissages, les organisations dans l'école et une formation adéquate des enseignant-e-s sur les effets de la construction sociale asymétrique entre fille et garçon et des moyens de les combattre.

Ces propositions pour une refondation du système éducatif ne sont pas réservées à celles et ceux qui s'intéressent à l'école. Elles devraient passionner toutes celles et tous ceux qui réfléchissent et agissent pour l'émancipation. le livre est de surcroît très lisible, sans le jargon encombrant souvent les ouvrages sur l'école.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
une conception réellement démocratique de l’enseignement doit viser le développement maximum du potentiel intellectuel et culturel de chaque individu et son émancipation, d’où une exigence d’accès effectif de tous à la culture générale la plus élevée possible, quelle que que soit par ailleurs la place de chacun dans l’organisation sociale et la division du travail
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C’est un processus dans lequel l’amont détermine l’aval, mais l’inverse est tout aussi vrai : seule la perspective clairement et fermement posée dès le départ de conduire tous les élèves jusqu’au bac de culture générale et technologique peut provoquer le choc culturel indispensable qui engagera tous les protagonistes de l’affaire, depuis les premiers apprentissages, dans la réalisation de ces conditions
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La conviction de l’égalité des intelligences, de la disposition par chaque être parlant des capacités d’abstraction, de raisonnement logique, de réflexivité indispensables et suffisantes à une entrée normale dans la culture écrite, est au principe de la mise en place de ce tronc commun
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Dire suppression de la concurrence et tronc commun, c’est à dire suppression des notes, des redoublements, des classes de niveau, des formes de ”remédiation” qui sortent les élèves du cursus normal et de leur classe, et bien sûr des filières
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aucune démocratisation de masse n’est concevable sans suppression de la mise en concurrence des élèves, qui est au cœur de sa conception ; et sans réexamen d’ensemble des dispositifs pédagogiques aujourd’hui à l’œuvre
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