L'auteur de «
Une part de ciel » ne m'était pas inconnu puisque j'ai, depuis longtemps, dans ma liste de livres à lire «
Les déferlantes ». N'arrivant pas à mettre la main dessus à la bibliothèque, j'ai choisi un autre roman du même auteur – et je ne le regrette vraiment pas.
Carole, la narratrice, rejoint Philippe (son frère) et Gaby (sa soeur) dans le massif de la Vanoise. C'est un peu avant Noël et Curtil, leur père, a annoncé son retour en envoyant à chacun une boule de verre – après de longues absences, c'est toujours ainsi qu'il procède.
Carole va s'installer dans le gîte du village. Décidée, dans un premier temps, à rester quelques jours seulement, elle va finalement prolonger son séjour et renouer peu à peu à peu avec les gens du coin, la montagne et sa famille. Elle va mettre ces semaines à profit pour « solder » ce qui la fait souffrir depuis l'incendie de la maison familiale, alors qu'elle était enfant.
Les relations qu'elle entretient avec Philippe et Gaby sont complexes. Elle a choisi très jeune de quitter la vallée, alors qu'eux n'envisagent pas leur vie ailleurs, et on comprend qu'elle revient rarement, que les liens sont distendus, qu'elle s'est éloignée dans tous les sens du terme.
A travers la photo chaque jour répétée de la serveuse unijambiste, la traduction de la biographie de Christo, ses visites au chenil, ses conversations avec Sam, le père de son amoureux de jeunesse – Carole va se reconstruire. Un peu comme la fouine qui habite le grenier du gîte et qui l'agace, les premières nuits, elle va s'apprivoiser.
C'est pudique, feutré comme la neige qui tombe par intermittence – douloureux aussi cette histoire de famille qui repose sur des non-dits, de la culpabilité des incompréhensions qui créent de la distance dans les relations. Tout m'a touchée dans ce roman : les jours qui passent, sans grands événements, le temps comme suspendu dans ce village du bout du monde ; la question des origines : on s'éloigne, on devient citadin mais ça reste chevillé au corps ; la façon dont sont traités les relations familiales et le thème de la culpabilité. Les personnages sont attachants, plein d'humanité (donc avec des failles). C'est un roman qui a une vraie ambiance, je ne sais pas comment le dire autrement, une atmosphère dans laquelle je me suis sentie chez moi. Un vrai moment de lecture.