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3,59

sur 491 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un narrateur dont on ne connaît pas le nom (décidemment, c'est une manie dansles romans pour ce Challenge 15 Nobel) se réveille la veille de ses 90 ans. Dans sa jeunesse, cet homme a assidûment fréquenté les maisons closes de sa ville - au point d'être plusieurs fois couronné "client de l'année" par plusieurs d'entre elles - mais, à la veille de son anniversaire, il se rend compte que cela fait près de vingt ans qu'il a cessé cette pratique. Pourtant, Rosa Cabarcas, une tenancière de maison close qu'il a bien connue, l'a souvent relancé...
Aujourd'hui, notre homme se sent près à retrouver les chambres de Rosa. Mais il impose à Rosa une condition : la fille qu'elle lui fournira doit être vierge.

Gabriel Garcia Marquez est l'un de mes auteurs préférés. Sa plume magnifique lui permet de transformer les sujets les plus scabreux en véritable poésie ; ainsi, dans ce Mémoire de mes putains tristes, la simple description d'une maison close délabrée devient un vrai poème, car l'auteur a la bonne idée de nous parler de l'environnement qui l'entoure : la forêt toute proche, le vent qui souffle doucement dans le peu de cheveux que son héros conserve sur son crâne, la chaleur moite de cette ville sud-américaine que le narrateur connaît si bien,...
Les principaux thèmes traités par Garcia Marquez dans ce court roman sont la vieillesse et - aussi étrange que cela puisse paraître étant donné le titre - l'amour. le narrateur se réveille un beau matin à l'aube de son 90e anniversaire et ne sait toujours pas comment il a atteint ce jour. Lui se sent encore jeune ; ce sont les autres et certains objets (notamment les miroirs) qui lui renvoient l'image d'un homme âgé. D'après lui, les changements physiques que l'on remarque chez soi-même sont tellement infimes que la vieillesse nous tombe dessus sans crier gare. Et, alors que mentalement, on a toujours 20 ans, physiquement, on a l'air centenaire.
Ce genre de réflexion nous accompagne tout le long du récit, car notre narrateur écrit des chroniques pour un journal local et décide justement, dans les premières pages du récit, que sa chronique hebdomadaire sera consacrée à son anniversaire.
Le second thème récurrent est, comme je l'ai signalé plus haut, l'amour. Car contre toute attente, notre héros tombe amoureux de la jeune fille que Rosa Cabarcas a déniché pour lui. Il ne connaît même pas le nom de cette fillette (car elle n'a que 14 ans) pauvre, mais décide de l'appeler Delgadina.
Peu à peu, sa passion pour Delgadina commence à l'envahir tout entier : il ne pense plus qu'à elle et s'imagine même la voir près de lui dans sa maison, quand il travaille ou quand il lit. Notre héros rajeunit de vingt ou trente ans, allant jusqu'à faire de la bicyclette dans les rues de sa ville sous les yeux ébahis des passants (la bicyclette est en réalité destinée à Delgadina, mais notre homme ne résiste pas à l'envie de la tester). Ses chroniques dominicales pour le journal deviennent de véritables lettres d'amour à la jeune fille et commencent à inspirer de nombreux lecteurs, qui n'hésitent pas à se manifester à la rédaction du journal.
Le plus étrange dans l'histoire, c'est que malgré - ou peut-être à cause de - cette passion dévorante, la relation entre Delgadina et notre narrateur reste presque totalement platonique : quelques caresses et quelques baisers de sa part sont les seuls contacts physiques échangés entre ce couple pas comme les autres.
Il est donc étrange de lire un tel récit, mêlant les vies d'un vieux bonhomme de 90 ans et d'une jeune vierge qui pourrait être son arrière-petite-fille. Mais Gabriel Garcia Marquez est le spécialiste des récits étranges, à la limite du merveilleux et, une fois encore, son talent de conteur est parvenu à me passionner pour ce récit atypique, que j'ai lu en quelques heures à peine. Mêlant avec beaucoup de talent l'humour et la mélancolie, Mémoire de mes putains tristes aborde des thèmes universels (même si sa manière de les aborder diffère des récits habituels à ce sujet). Vieillir et aimer n'est-ce pas le sort de chacun d'entre nous ?

Challenge 15 Nobel : 11/15
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Le roman de Marquez représente un hymne dédié à l'amour - un sentiment complexe qui peut se manifester à tout moment ("Je n'ai jamais pensé à l'âge comme une fente dans le plafond à travers lequel il pleut et vous montre combien de temps il vous reste à vivre." ) dans une vie humaine.Le personnage principal, un journaliste "vilain, timide et anachronique", qui "En 1990, je voulais me donner une folle nuit d'amour avec une adolescente vierge", saura pour la première fois l'amour. Même si son intention était immorale ("Et la moralité est une question de temps, dit-il, avec un sourire malicieux, vous verrez.") et presque fantastique, l'évolution dramatique de la rencontre entre les deux sera loin de toute trace du banal que le protagoniste il en avait fait l'expérience pendant des décennies ("Je n'ai jamais couché avec une femme sans la payer.").
La vie, le hasard, le destin ou une autre force mystérieuse joue un rôle terrible. Il tombera amoureux ("C'était le début d'une nouvelle vie, à un âge où la plupart des geans sont morts.") de cette fille qui avait "une veine, seulement s'il continue pendant quatorze ans", arrivant ainsi d'une manière alambiquée. , goûter à la coupe imparable de l'amour («J'ai pris conscience que la force invisible qui faisait avancer le monde n'était pas un amour heureux, mais un amour insatisfait.»), traversant toutes ses phases confortables et moins confortables d un amour.
Ainsi, l'ancien journaliste se redécouvert («c'est grâce à elle que j'ai pour la première fois retrouvé ma façon naturelle d'être, alors que mes années quatre-vingt-dix s'épuisaient. Je découvris que mon obsession de tout devait être à sa place chaque travail à son époque, chaque mot pour avoir le ton juste n'était pas la récompense appropriée d'un esprit ordonné, mais au contraire, tout un système de simulation inventé par moi pour cacher le mépris de ma nature.J'ai découvert que je ne suis pas discipliné par la vertu, mais une réaction contre ma négligence, que je parais généreuse pour masquer ma petitesse d'âme, que j'exagère avec prudence de méfiance, que je suis tolérante pour ne pas me livrer à des accès de colère que je n'ai que maîtrisé, que je ne suis que ponctuel on ne sait pas à quel point le temps des autres m'intéresse peu. ") et, sous la force irrésistible de l'amour, remodèle sa personnalité, concluant qu'elle est" folle d'amour "et que "Age ce n'est pas celui que vous avez, mais celui que vous ressentez."
L'amour le rend exubérant et lui donne de l'énergie ("Cette semaine-là, en hommage à décembre, j'ai écrit un autre article audacieux - Comment être heureux en bicyclette à quatre-vingt-dix ans."), le bonheur l'enveloppa ("J'étais si heureux que nous ayons embrassé ses paupières "), fascinant la perspective de la vie du couple.
Malheureusement, un événement étranger des deux joue un rôle majeur dans le développement de l'idylle, le séparant de Delgadina et l'amenant à le rechercher "comme une foule et parfois comme un drole" et pensant que "je ne l'aurais jamais imaginé comme une petite fille endormi pourrait causer de tels ravages dans la vie d'un homme ".
Mais pour compléter le tableau de l'amour, l'auteur ouvre le protagoniste et la porte chimérique de la jalousie, paraissant "torturés par le feu vivant qui me brûlait les tripes", suivi de la douceur de la réconciliation ("Le pauvre enfant vous aime comme un fou. Rayonnante et pour la première fois, je me suis reconnue dans l'aube lointaine de mon premier siècle. " Ce roman est un livre troublant, un plaidoyer pour l'amour, et le style indéniable et charmant de Marquez se cache comme si, à chaque page, l'exhortation tendre, parfois déchirante: Aimez-vous!
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Une belle histoire tendre et amusante ....on s'attache facilement au nonagénaire amoureux pour la première fois ....Une petite Jubilation
On retrouve le même univers que Kawabata dans Les Belles Endormies ...ou Garcia Marquez Gabriel lui rend hommage ....Celui de la recherche de la jeunesse avec des innocentes jeunes filles lors de rencontre intimes ....Il existe une forme de poésie dans ces contacts tendres et délicats sans perversité ....
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Je jubile ....qd je sais que je vais retrouver Gabo dans mon lit ...je jubile ....
Même si c'est pour qu'il me parle de ses tristes putains ....
J'ai retrouvé dans ce livre les thèmes récurrents de Gabo: l'amour éternel, l'éternité dans l'amour, l'amour dans l'éternité ....et aussi la tristesse de l'amour ...La confrontation entre la jeunesse et la vieillesse, le corps qui décline tandis que l'âme, elle, semble être en pleine ascension ....
Ce vieillard qui semble t il n'a jamais aimé, atteind ses 90 ans et décide de vibrer encore une fois ds les bras d'une toute jeune fille, vierge bien sur ...La putain ou la vierge, névrose bien connue des hommes comme des femmes....hummmmmmmm je me suis régalée....
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Je comprends les avis très contrastés que peut susciter cet ouvrage. Pour ma part, je l'ai lu d'une traite et considérant qu'il s'agit d'un roman, je le classe spontanément dans la catégorie des "chefs-d'oeuvre".
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Quel plaisir de lire Gabriel Garcia Marquez !
Je ne mets pas les cinq étoiles (méritées) à cause d'une morale limite.
Mais quel beau roman d'amour !
Vous me direz qu'il est sans doute impuissant vu son âge et que c'est cela qui le garde d'une infamie. OK
Vous me direz que c'est un vieux machin libidineux qui ne mérite pas notre attention. OK
Je vous demanderai si vous serez capable, à l'âge de nonante ans, d'aimer d'une manière aussi pure et désintéressée. Si vous serez encore capable d'aimer et de vous ruiner par amour.
Ce diable de Marquez est un conteur comme on n'en fait plus. Chapeau !
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Mémoire de mes putains tristes
Gabriel Garcia Marquez (1927-2014)
Prix Nobel 1982
Un homme, le narrateur, le jour de ses quatre vingt ans, décide de s'offrir une folle nuit d'amour avec une adolescente vierge endormie. Pour ce faire, il s'adresse à Rosa Cabarcas, une vieille connaissance patronne d'une maison close dont il fut client jadis.
Qui est notre homme ? D'abord, il se trouve laid, timide et anachronique, mais à force de ne pas vouloir le reconnaître, il a fini avec habileté par simuler tout le contraire. Au bord d'un parc arboré il habite une maison coloniale où il a passé tous les jours de sa vie sans femme ni fortune ; c'était la maison de ses parents, et il a l'intention de mourir là dans le lit où il est né. Il fut l'enfant docile d'une mère aux multiples dons et d'un père formaliste que nul n'avait jamais vu commettre une erreur. Il reconnaît que son âge sexuel ne l'a jamais inquiété car sa vigueur dépendait moins de lui que des femmes. Il n'a jamais couché avec une femme sans la payer, même son employée de maison, la fidèle Damiana dont pourtant la jupe au lavoir se relevait pour découvrir la succulence de courbes irrésistibles. Il entame alors le récit des misères de sa vie dissolue d'où le titre.
Et puis le temps passant, il vivait depuis des années dans une sainte paix avec son corps, se consacrant à la lecture et à la musique, ainsi qu'à l'écriture de son billet hebdomadaire pour le journal local, lui l'ancien bon élève ayant obtenu une mention très bien au baccalauréat puis devenu professeur de latin et d'espagnol.
Or donc le grand jour anniversaire de ses 90 ans est arrivé et notre ami tout excité ne trouve le calme qu'à l'écoute des suites pour violoncelle de Bach interprétées par Pablo Casals, ce que la musique classique a de plus savant. L'heure du rendez-vous chez Rosa approche…Pourrait-il pour la première fois de sa vie tomber amoureux, être en proie aux tourments de l'amour et découvrir sa vraie nature, son être véritable qu'il s'est efforcé toute sa vie durant de dissimuler ? Obnubilé rapidement par l'évocation inclémente de la belle endormie, que peut devenir sa vie ? Que vaut la phrase écrite par César dans les Ides de Mars : « Il est impossible de ne pas finir par être tel que les autres vous voient » ?
On retrouve un peu dans ce très beau roman de 150 pages plein de tendresse et de pureté, au style poétique délicat et pudique le thème des « Belles endormies « de Yasunari Kawabata, un roman mythique et incomparable. D'ailleurs, l'auteur a cité le grand auteur japonais en exergue de son livre.
Extrait :
« le soir de son anniversaire, j'ai chanté à Delgadina la chanson tout entière et j'ai couvert son corps de baisers jusqu'à ne plus avoir de souffle : chaque vertèbre, une à une, jusqu'aux fesses langoureuses, la hanche avec le grain de beauté…Plus je l'embrassais plus son corps devenait chaud et exhalait une fragrance sauvage. Chaque millimètre de sa peau me répondait par de nouvelles vibrations et m'offrait une chaleur singulière, une saveur distincte, un soupir inconnu, tandis que de tout mon être montait un arpège et que ses tétons s'ouvraient comme des fleurs sans même que je les touche…C'était enfin la vraie vie, mon coeur était sauf et j'étais condamné à mourir d'amour au terme d'une agonie de plaisir un jour quelconque après ma centième année. »
Quel style !

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A lire avec chaque battement de coeur, le souffle entrecoupé de "Oh" et la peau toute entière.
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