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3,59

sur 491 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Papi Gaby joue les mouchacho au bordel de Bogota,

Cette oeuvre de Gabriel Garcia Marquez parue à la fin de sa vie, librement inspirée de Kawabata, a suscité le scandale et l'interdiction de publication en Iran notamment.

L'embryon d'intrigue est la chaste passion d'un vieillard pour une très jeune pensionnaire de maison close, qu'on ne peut que supposer unilatérale. En effet, à aucun moment le point de vue de cette jeune fille n'est connu et la seule personne qui se porte garante de la réciprocité des sentiments de l'adolescente c'est Rosa, la mère maquerelle…

Garcia Marquez montre avec délicatesse la misère affective d'un homme qui jamais n'a connu l'amour dans l'altérité mais qui a toujours été un client de l'amour. Son dernier fantasme, sa dernière perversion, lubie, élixir de jeunesse, caprice, appelez cela comme vous voulez, c'est cette jeune fille. Si cela pourrait presque être un peu navrant raconté comme ça (un peu ridicule pour lui et révoltant pour elle) ce n'est heureusement pas le chemin du pathétique qu'emprunte l'immense écrivain colombien, mais une voie plus ironique, presque un chuchotement complice pour son lecteur.

“Celui qui n'a jamais chanté ne peut savoir ce qu'est le plaisir du chant”. Les digressions du narrateur sont autant d'occasions pour Garcia Marquez de faire acte de passation. Il lègue à ses lecteurs du monde entier le bonheur de découvrir Pablo Casals et les 6 suites pour violon de Bach, César Franck et sa suite pour violon et piano, les 24 préludes de Chopin mais aussi les boléros d'Augustin Lara, Carlos Gardel ou encore le Lagrimas Negras de Miguel Matamoros.

“Les vieux perdent la mémoire des choses qui ne sont pas essentielles et gardent presque toujours celle des choses qui les intéressent le plus.” Sans réel cheminement narratif, cette promenade dans le quotidien d'un nonagénaire, consommateur émérite de prostituées, est aussi prétexte pour l'auteur, à de sincères et légères réflexions sur l'âge, le temps qui passe, un dernier coup d'oeil dans le rétroviseur. Une lecture déroutante, parfois malaisante, souvent agréable mais pas inoubliable.

Qu'en pensez-vous ?
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Une douceur acidulée qui parait politiquement incorrecte voire sulfureuse, de prime abord, que ce roman de Gabriel Garcia Marquez, un auteur que j'apprécie particulièrement. En effet, Mémoire de mes putains tristes déroule l'histoire d'un journaleux grand amateur de prostitués qui veut à 90 ans, s'offrir une dernière nuit d'amour auprès d'une adolescente vierge qu'il a commandé à sa mère maquerelle de prédilection...
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Voilà, c'est dit dans le titre : triste. Si l'on reste au premier degré, attaché à l'histoire et ancré dans le réel, cette histoire est juste pathétique.

La plupart des lecteurs ont dit avoir été « choqués » par la violence de l'histoire : pédophilie, décadence, immoralité, indécence à peine adoucit par le fait que l'histoire se transforme en amour fou platonique.

Mais…. à mon sens qu'il faut se détacher de l'histoire au premier degré et comprendre qu'il s'agit d'une allégorie …

C'est en fait une réflexion sur la vie et la jeunesse opposées à la vieillesse et à la mort, à l'amour intemporel « qui unit dans son lit les cheveux blonds, les cheveux gris » (M. Sardou) et qui éveille la jalousie, la colère, les tourments.

« Elle court, elle court
La maladie d'amour
Dans le coeur des enfants
De 7 à 77 ans » (et… jusqu'à 90 ans aussi !!)

Le sentiment amoureux est-il si différent que l'on soit jeune ou vieux ? Tous ces thèmes fétiche de G.G. Marquez qui se retrouvent dans son oeuvre jusqu'à l'obsession sont présents dans ce livre.

Alors oui ce livre à ce titre est intéressant et a retenu toute mon attention. Il mérite un bon 4 étoiles. Pas 5 étoiles car il est finalement trop court pour que j'ai pu m'attacher à un personnage. Mais, plus long aurait été « indigeste »…
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Bon, on peut avoir quatre vingt dix ans et ne pas être encore complètement ratatiné. Et avoir envie d'une très jeune fille vierge. Mais attention, l'amour est encore à l'affût. C'est le thème de ce court roman. Ce n'est pas nouveau. On pense à Svevo ou Kawabata. Garcia Marquez échappe au sordide et au trivial pour nous offrir au contraire une sorte de conte amoureux ayant pour cadre les bordels, la salle de rédaction d'un journal et les rues animées d'une petite ville de Colombie. A découvrir.
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Dernier roman écrit par Garcia Marquez, une longue nouvelle plutôt. Traduction sans faille par Annie Morvan.
Il s'est inspiré de l'oeuvre de Kawabata, Les belles endormies (et flûte, si j'avais su j'aurais lu celui-ci en premier.)
Garcia Marquez a l'art merveilleux de raconter des histoires, des histoires incarnées dans des personnages auxquels on s'attache parce qu'il sait leur donner vie.
Difficile toutefois de s'attacher à ce, pardonnez-moi, vieux con, narcissique et ouin-ouin, qui se lamente sur la perte de sa jeunesse. Sujet quand même un peu téléphoné, vu que le bonhomme fête ses 90 ans. Persuadé que la mort le guette au tournant de sa nouvelle décennie, ce mufle érudit, snob et content de lui (journaliste de quelque renommée) décide de rajeunir en se trempant dans un bain de sang. Ou sa métaphore plus mercantile : en se payant une nuit avec une petite fille.
Oui, c'est dégueulasse.
Ce vieux mâle solitaire nous raconte donc l'année précédant son 91ème anniversaire, au cours de laquelle il prend l'habitude de partager le lit d'une gamine endormie qu'il peut tripoter à loisir.
Oui, si c'est autobiographique c'est dégueulasse.
Sauf que...
Sauf que son personnage est si pitoyable, si caricatural, qu'on sent la parodie sous la lamentation.
Le personnage n'a jamais connu l'amour ("J'ai passé tous les jours de ma vie sans femme ni fortune"), ni même le sexe non commercial ("Je n'ai jamais couché avec une femme sans la payer").
Mais il voudrait y croire, à l'amour, avant de mourir. Il croit la domestique qui lave son linge amoureuse de lui, depuis qu'il l'a sodomisée par surprise (Non non messieurs : en général ça n'est pas le truc infaillible pour rendre les femmes folles d'amour). de même, il se croit donc éperdument amoureux des gamines quasi-interchangeables avec lesquelles il passe la nuit, et qu'il nomme d'un même prénom, Delgadina, tiré d'une chanson populaire (lui, le critique musical habitué à disserter sur les différentes versions des suites de Bach.)
A la fin du roman, on ne sait toujours pas si tout s'est passé en vrai ou dans sa tête, au milieu de son appartement délabré empli de livres et de musique. Dans sa tête passent aussi les chroniques hebdomadaires qu'il rédige encore, malgré sa démission, passent ses souvenirs...
Et il est affligé d'hémorroïdes.
Cheh.
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Mémoire de mes putains tristes raconte l'histoire de vieillard qui n'a connu aucune relation amoureuse. Abonné aux bordels, il a toujours payé pour ses relations sexuelles.
La veille de ses 90 ans, il réclame à la tenancière du bordel qu'il a fréquenté pendant des années, une vierge.
Mais arrivé devant la jeune fille d'à peine 14 ans que la tenancière lui a réservé, il l'a trouve endormi, si belle et innocente, qu'il n'a pas le courage de faire ce pour quoi il est venu.
Va alors commencer une étrange histoire d'amour entre ce vieillard aux moeurs si particulières, et cette jeune fille, qui pendant les 3/4 du livre, va dormir.

Mémoire de mes putains tristes est le dernier roman de Gabriel Garcia Marcia Marquez, et le premier roman que je lis de cet illustre écrivain.
Le thème peut sembler un peu glauque au premier abords. En effet, on aborde ici le thème de la prostitution, et même pire, de la pédophilie. Et pourtant, je me suis laissée emportée par l'histoire remplie de poésie, de douleur et d'amour.
C'est une belle histoire que nous raconte l'auteur, quoique tintée un peu de cynisme.
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La Feuille Volante n° 1146
Mémoire de mes putains tristesGabriel Garcia Marquez – Grasset.
Traduit de l'espagnol par Annie Morvan.

Drôle d'idée de la part du narrateur : le jour de son 90° anniversaire , il veut s'offrir une folle nuit d'amour avec une jeune prostituée vierge, paradoxe qui tient autant dans la découverte de la fille que dans les possibilités physiques du narrateur. Il y a en effet un âge pour tout ! Célibataire, il confie en effet n'avoir jamais fait l'amour avec une femme, qu'elle fût prostituée ou non, sans la payer pour cela, c'est donc pour lui devenu une habitude. Il a même dressé une liste de ses partenaires. Rédacteur improbable dans un petit journal local, il a eu l'idée de rédiger autre chose que ses articles ordinaires pour leur préférer ses mémoires, d'où le titre du roman.
Mais, revenons à ce qu'il considère comme un cadeau personnel, et même intime, d'anniversaire. On dira ce qu'on voudra et on peut être animé des meilleures intentions du monde, la sagesse populaire a bien raison de proclamer qu'on ne peut être et avoir été. le malheur pour lui c'est que cette réalité se propage sous forme d'informations dans toute la ville où il est fort connu, ce qui n'est pas fait pour célébrer sa virilité, nonobstant son âge !
Restait donc ce fait, ou ce non-fait, comme un défi que relève volontiers son amie la maquerelle qui se sent obligée de lui trouver un « cadeau » capable de combler les désirs de son amical client, mais celui-ci se dérobe sans pouvoir la toucher. Pourtant la présence d'une de ces jeunes femmes auprès de lui va contribuer à le rajeunir et à le rendre fou amoureux. Ce n'est donc pas une simple histoire de coucheries d'un vieillard libidineux comme on aurait pu s'y attendre mais une véritable renaissance pour lui. Mais ce n'est pas que cela et cet ultime épisode lui renvoie en pleine figure tous les échecs de la vie passée, la nostalgie du temps qui fuit, les affres de la vieillesse, la réalité prochaine de la mort. Nous ne pouvons rien à la fuite du temps et nous sommes tous promis au trépas quoique nous fassions. Nous serons seuls face à la camarde et il est illusoire d'espérer autre chose et se raccrocher à ses souvenirs ne servira à rien. C'est aussi simple et cruel que cela parce que c'est non seulement l'apanage de la condition humaine qu'il en soit ainsi , mais en plus il nous est donné d'en prendre conscience sans pouvoir rien faire contre cela. Tout être vivant est promis à la mort mais la particularité de l'homme est de pouvoir y réfléchir longtemps avant, de l'apprivoiser peut-être mais assurément de la craindre d'autant plus facilement que son existence a été belle et qu'ainsi il sait ce qu'il perd en perdant la vie.
Derrière un titre évocateur, porteur d'érotisme et peut-être davantage, c'est en réalité à une méditation sur la condition humaine à laquelle l'auteur nous convie, aux joies et surtout aux peines, aux grandeurs mais surtout aux décadences, aux mensonges et aux trahisons qui sont bien plus fréquents que l'amitié et l'amour sincères qui accompagnent notre parcours sur terre qui n'est pas un long fleuve tranquille. Tout ici-bas n'est qu'apparences, décor, hypocrisies, mensonges. On peut quand même se jouer à soi-même la comédie mais tout passe, la jeunesse comme la beauté, tout est promis à la décrépitude, même le corps des femmes qui est encore la seule manière d'échapper agréablement à la solitude et à la souffrance.

J'ai apprécié une nouvelle fois le style fluide de Marquez, sa verve mêlant l'humour à la mélancolie, une façon sinon de rire, à tout le moins de sourire de la mort inévitable qu'un vieil homme peut combattre en puisant dans la jeunesse et la beauté d'une femme. Il la présente toujours comme endormie et nue ce qui est sans doute une manière de répondre à la mort prochaine du narrateur et une façon de souligner les ravages que les années ont fait sur son propre corps.

© Hervé GAUTIER – Juin 2017. [http://hervegautier.e-monsite.com]
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OUCH !! Ouais, c'est spécial mais ouais les 38 premières pages de ce livre sont sublimes. Suant, le souffle court, j'ai achevé ce premier passage avec la bouche pâteuse et l'esprit en vrac. Mi-choqué, mi-fasciné, j'ai voulu poursuivre, en vain ; mes pensées divaguaient, l'ébullition me guettait.

Après avoir repris mes esprits, j'ai pu achever rapidement et sans encombres les deux-tiers restants du roman qui se sont avérés être, finalement, un véritable hymne à l'amour et à la vie.

A travers la vieillesse, la vie est célébrée. A travers l'immoralité de la situation, l'amour est suggéré puis validé puis encensé.

García Márquez est un auteur exceptionnel. A 77 ans, le Nobel colombien nous propose un pur moment de puissantes sensations.

A vous de me dire.

Finem Spicere,

Monsieur Touki.
Lien : http://monsieurtouki.wordpre..
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Gabriel Garcia Marquez, je prends. Arrivée chez moi le contenu de la 4ème de couverture, me fait hésiter à le lire puisqu'il y est question d'un homme qui s'offre pour ses 90 ans une gamine vierge de 14 ans.
En réalité, c'est la tendresse et la pudeur qui vont dominer ce roman ainsi que le vieillissement de l'être humain extérieur, puisque de l'intérieur on ne le sent pas.
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Gabriel Garcia Marquez signe à son habitude une drôle de nouvelle où curiosité et répulsion du lecteur se mêlent au fil des pages...

Mémoire de mes putains tristes se veut le récit d'un vieillard chroniqueur qui décide, le jour de ses 90 ans, de faire appel à sa grande copine la maquerelle pour s'offrir une jeune vierge de 14 ans, pour laquelle il développe subitement une sorte de fascination qu'il n'avait jamais éprouvée jusqu'alors.

Cette nouvelle n'est pas aisée à lire (surtout lorsqu'on la tente en espagnol), mais révèle une subtile décomposition des relations humaines, tant à travers les échanges des personnages que dans les réflexions du narrateur sur sa propre vie, ses amitiés, ses amours, son chat, son travail et ses lecteurs.

Un troublant cocktail.
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