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EAN : 9782070416363
222 pages
Gallimard (17/01/2001)
3.79/5   112 notes
Résumé :
Le père du petit Michou a été fusillé pour mutinerie en novembre 1917. Il refusait avec d'autres soldats de monter à l'assaut de Perthes-les-Hurlus, où 140 000 poilus avaient trouvé la mort sans que l'endroit n'ait de valeur stratégique. Au lendemain de l'Armistice, sa veuve et son fils sont insultés puis agressés par leurs voisins d'immeuble. La mère est internée. Michou, envoyé à l'orphelin... >Voir plus
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Pauvre petit Michou
il en a gros sur la patate
son papa, mutin est fusillé en 1917
sa maman, pestiférée, finit par être internée
lui se retrouve placé
mais jure de faire la peau la peau du boucher...
Jean Amila revient à ses amours anarchistes
affiche sans trompette son antimilitariste,
parle par le biais de Michou de ses années d'orphelinat
de son amitié pour des jeunes apaches
de l'épidémie de grippe espagnole
Un petit roman qui dépasse le cadre du polar,
qui scalpe le moral des troupes,
pas bien épais comme Michou mais
qui a la grandeur de son caractère
et sa gouaille populaire.
Le Boucher des Hurlus...Terrible !
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Pardon madame, je suis bien au 14-18 de la boucherie des Hurlus ?

« le Boucher des Hurlus », est-ce un roman historique conté durant cette période d'après-guerre en 1918 tiré d'une histoire vraie?

Ou plutôt un roman autobiographique lorsque l'on sait que Jean Meckert (vrai nom d'Amila) a vécu dans un orphelinat à Courbevoie comme le petit Michou dans le roman ?

Ou encore un polar comme le classe l'éditeur Folio dont la quête de justice serait le principal moteur du héros du livre ?

Personnellement, j'aurais toutes les peines du monde à qualifier le genre de ce roman mais les amateurs d'histoire, de guerre ou de polar devraient être conquis.

Le Boucher des Hurlus, écrit en 1982, raconte l'histoire d'un petit garçon de huit ans Michou, Michel Lhozier de son vrai nom, qui a perdu son père en novembre 1917, fusillé pour mutinerie durant la première guerre mondiale. Celui-ci avait refusé, comme tant d'autres à l'époque, à servir de chair à canons sur le front situé à Perthes-les-Hurlus, village français rayé de la carte après-guerre.

L'armistice étant proclamé, portant le fardeau de la trahison du père Lhozier envers la France, Michou vit alors un calvaire insupportable avec sa mère, pris pour cible par les voisins de leur immeuble parisien.

Un jour, suite à une dispute avec une voisine surnommée la mère Venin, la police embarque la maman de Michou vers un asile et le petit Lhozier se retrouve de son coté transféré à l'orphelinat.

Abandonné, traumatisé, humilié, le petit Michou n'a plus qu'une idée en tête : se venger !

A vous de découvrir ce récit ô combien prenant et passionnant se déroulant il y a près d'un siècle maintenant…

Cruauté quand tu nous tiens ! Cruauté d'un père fusillé et disparu à jamais dans une fosse commune... Cruauté d'une mère retirée à son enfant et transformée en légume sous l'effet des médicaments... Cruauté d'un enfant traumatisé à vie, juste fautif d'être un fils d'un homme qui ne voulait pas ressembler un mouton destiné à l'abattoir...

Cruauté d'une époque, qui non seulement a conduit des milliers d'hommes vers la boucherie des tranchées mais qui a rendu misérable la vie de ces familles ou orphelins privés de père par la guerre ou le refus de celle-ci.

Dans un tout autre style que « Cris » de Laurent Gaudé que je recommande chaudement également, la plongée dans cette période historique est indispensable afin de ne pas oublier les pires horreurs de notre passé et les traumatismes qu'elles ont engendrés inéluctablement.

Sans être forcément d'accord avec le propos sans concession d'Amila sur les militaires, la religion et la politique, je comprends mieux à travers ce roman le pourquoi de la personalité militante de l'auteur.

« le Boucher des Hurlus », un récit d'un autre temps mais ô combien haletant, à travers une écriture engagée, conduit immanquablement à une lecture inoubliable et cruelle…
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La Grande Guerre et ses lendemains qui ne chantent plus du tout. Une bande de mômes qui s'évadent de l'orphelinat sordide où on les affame, avec le projet insensé d'aller venger le père de l'un d'entre eux, fusillé en 17 parce qu'il refusait de monter au casse-pipes. Retrouver le boucher des Hurlus, cette vieille baderne galonnée qui envoyait les hommes à l'abattoir pour se peaufiner sa réputation de héros national. Les généraux sont faits pour mourir dans leur lit, paraît-il, mais celui-là ils veulent lui crever la panse.
Le livre est le récit de leur épopée rocambolesque, de Paris vers les champs de bataille et retour, avec les ravages de la grippe espagnole en toile de fond apocalyptique. Amila n'a besoin que de quelques pages pour rendre ses gamins formidablement vivants et attachants. C'est complètement immersif et ça se lit d'une traite. L'auteur a un talent rare pour croquer l'ambiance d'après-guerre, inspirée par ses propres souvenirs d'enfance. le moins que l'on puisse dire est que le ton rageusement anar ne fait pas dans la dentelle : la veulerie des bien-pensants, la bêtise crasse des petits-bourgeois, l'imbécillité congénitale des patriotards, etc. Il y a peu d'adultes là-dedans qui s'en tirent avec les honneurs. Quant à la morale finale, il ne faut pas craindre l'amertume... Et tout ça dans un argot aussi dru que vivifiant, bourré de trouvailles et d'imagination. C'est du beau travail d'artisan de la langue, fignolé aux entournures et cousu main comme je l'aime. le roman n'a pas vieilli d'un iota en quarante ans, et je l'ai même trouvé plus moderne qu'Au-revoir là haut, sur une thématique comparable. Bref, s'il s'agissait de mon premier Amila, ce ne sera sûrement pas le dernier!
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Michou, huit ans et demi, et sa mère sont harcelés par le voisinage, depuis que « le pater anar, chouette ouvrier typo […] avait été fusillé à Perthes-les-Hurlus parce qu'il ouvrait sa grande gueule de réfractaire au massacre ». L'enfant n'a qu'une idée en tête : faire payer le général de division Des Gringes, dit le Boucher des Hurlus, qui ordonnait « ces boucheries inutiles uniquement “pour entretenir le moral de la Troupe“ », causant la mort de près de cent quarante mille Poilus, en les envoyant à l'assaut d'un endroit qui n'avait aucune valeur stratégique, dix fois repris et reperdu.
(...)
Saignante diatribe contre la guerre et la connerie humaine en général, celle de la société, de l'armée et de l'instruction primaire qui « permettait au moins de savoir ingérer l'intox au populo ». Dans une langue populaire et vivante, Jean Amila ne mâche pas ses mots. Rares sont les récits aussi justes et lucides sur la Première Guerre mondiale.

Article complet sur le blog :
Lien : http://bibliothequefahrenhei..
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En introduction à "Tranchecaille" de Patrick Pecherot on peut lire à son propos: "[... Il...] s'inscrit, comme Didier Daeninckx ou Jean Amila dans la lignée de ces raconteurs engagés d'histoires nécessaires". J'aime bien l'idée de leur salubrité publique sur le fil d'histoires portant à réfléchir et à s'insurger. Ils n'ont pas (loin de là) le monopole du pacifisme littéraire, des hommes d'autres couleurs politiques que la leur s'y sont essayés et ont cogné fort, mais leur force de frappe romanesque singulière n'est pas pour me déplaire.

"Le boucher des Hurlus" est mon premier Amila. Sûr, je reviendra piocher dans sa bibliographie. L'homme et l'écrivain me plaisent. S'agitent en lui et son roman une prose et des thèmes qui prennent aux tripes. Même s'il y règne un fatalisme noir indéracinable; surtout si parfois un humour triste s'essaie à rendre à l'eau froide un peu de la chaleur et des couleurs du soleil.

1919. La sanglante parenthèse de 14-18 vient à peine de se refermer, l'immédiat après-guerre s'entrebâille sur une Paix retrouvée mais ambiguë, certaines iniquités surgissent et frappent fort ceux qui les subissent. "Le boucher des Hurlus" nous transporte à Paris et dans le nord-est de la France, sur les "terres dévastées" (sic) par d'incessants combats 4 ans durant.

"Tout était dit. Il n'y avait plus de morts, il n'y avait que des lauriers et des chefs désignés qui allaient pouvoir trépasser glorieusement dans leur paddock, avec prochaines funérailles nationales, puisqu'ils étaient les héros, sauveurs de la patrie !"

C'est un court roman noir initialement paru en 1982 au sein de la Série Noire. Il fut adapté au cinéma par Jean-Denis Robert en 1996 sous le titre "Sortez des rangs". Son contenu revêt certains aspects autobiographiques; son propos laisse deviner sans fard le positionnement politique libertaire de l'auteur, ici centré sur l'antimilitarisme, l'anticléricalisme et le refus de tout pouvoir offert à une minorité ...

" L'instruction primaire ne produisait que du petit mec embrigadé, catalogué, salopé comme sous-race, tout juste bon aux basses besognes, et mobilisable en première ligne dès que des fumiers hautement diplômés décrétaient la patrie en danger. "

... le nihilisme de l'auteur ne présage d'aucun arc-en-ciel à venir. La "Der des der" n'est qu'une utopie. le pire reviendra, c'est dans la nature humaine. Les "Gueules cassées" dénotent mais peuvent toujours servir.

" Et peut-être bien que d'ici quelques années, quelques mois, ce pauvre brave mec à demi-trogne serait en tête du cortège des tristes abîmés, crachats sur la poitrine, béret sur le crâne, drapeau déployé, devenu simple prétexte à réclamer plus de crédits, plus de puissance, plus de secret pour ce qu'on appelait pudiquement Défense Nationale, monstre qui produirait d'autres Pétain, d'autres Mangin, d'autres Des Gringues destinés eux, à trépasser béatement dans leur paddock, après avoir fait massacrer les humbles connards. "

1919. le Paris ouvrier, l'Armistice depuis peu, la Paix enfin retrouvée. La France essaie de se redresser en minorant les cicatrices béantes laissées par 4 ans de tranchées; on encense et décore le Poilu, mais plus encore le Haut État-major militaire malgré les millions de morts inutiles à sa charge; on exècre les mutins de 17 et ostracise leurs familles; on subit la grippe espagnole comme la seconde lame d'un rasoir apocalyptique.

On est à deux doigts des Années Folles (Didier Daeninckx s'inspirera du roman pour écrire "Le der des der") sans qu'il soit encore question, pour certains, de manger la vie par les deux bouts. Mais en attendant, place aux ténèbres sociales absolues dans lesquelles est plongée une fraction des "Pupilles de la Nation", ces fils et filles de mutins morts sur le poteau d'exécution.

1919. le môme Lhozier a 8 ans à peine. Son père a été, en 17, fusillé pour l'exemple en conséquence d'un refus de monter à l'assaut. C'était à Perthes-Les-Hurlus sur le chemin des Dames. Sa mère, à l'armistice, subit l'opprobre violente de son voisinage, une attitude classique et lâche à l'égard des familles de mutins. Cela l'amène à la folie, bientôt à l'internement psychiatrique et aux électro-chocs cérébraux qui l'enferment peu à peu dans l'isolement. le temps n'est pas encore venu de réhabiliter les fusillés pour l'exemple; il faudra, hélas, attendre longtemps.

le môme à l'orphelinat (religieux) connait l'humiliation ("Fils de salaud ..!") , subit la tonte rasibus et le badigeonnage iodé du crane en prévention de la grippe espagnole régnante. Il y a aussi la faim légalisée sur les bancs de l'Institution, le froid au fond des galoches en bois, un enseignement religieux vite haï.

Lhozier s'est juré de se venger du général Des Gringues , surnommé le Boucher des Hurlus qui a fait fusiller son père et sacrifié sur le Front 140 000 poilus sur l'autel de ses ambitions personnelles. S'en suit le périple haut en couleurs de 4 enfants et ados orphelins mus par une cause commune. La suite appartient au récit au contact de belles-de-nuit en goguette campagnarde, des charniers de l'ex-front .... etc.

Amila écrit à hauteur de mômes martyrisés côtoyant un monde d'adultes oublieux de leur rôle d'éducation et de protection. Son bouquin a le gout des rancunes violentes de l'enfance, celles rentrées et tenaces, intérieurement exacerbées par les humiliations et l'indifférence. La violence couve; d'ici à ce le meurtre ne s'y mêle....

Il y aurait dans ces 4 enfants et jeunes ados en goguette le parfum des Chiche-Capons des "Disparus de Saint-Agyl" si ce n'est que le background de "Le Boucher des Hurlus" est autrement plus dramatique via son background guerrier.

Une prose à part, volontiers argotique, dure et sans concession, claquante, mordante, cinglante, incisive, des mots uppercuts comme autant de réglemente de compte, une dénonciation virulente de l'homme en temps de paix et/ou de guerre. Une vision noire de l'Humanité. Une centaine de pages hors des sentiers battus. Un roman noir plus qu'un polar noir.

Je conseille.
Lien : https://laconvergenceparalle..
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
La guerre était finie. Mais là, durant des mois, des années, après chaque attaque imbécile et meurtrière ordonnée de loin par le Boucher des Hurlus, on avait pu entendre hurler, non pas les loups, mais les hommes dans leur agonie entre les lignes, d’où personne ne pouvait les relever.
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Tout était dit. Il n'y avait plus de morts, il n'y avait que des lauriers et des chefs désignés qui allaient pouvoir trépasser glorieusement dans leur padoque, avec prochaines funérailles nationales, puisqu'ils étaient les héros, sauveurs de la patrie !
Mais on ne bêtifie pas impunément, surtout devant des mômes. Et c'est peut-être là toute l'histoire. Enseignants s’abstenir !
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Et peut-être bien que d’ici quelques années, quelques mois, ce pauvre brave mec à demi-trogne serait en tête du cortège des tristes abîmés, crachats sur la poitrine, béret sur le crâne, drapeau déployé, devenu simple prétexte à réclamer plus de crédits, plus de puissance, plus de secret pour ce qu’on appelait pudiquement Défense Nationale, monstre qui produirait d’autres Pétain, d’autres Mangin, d’autres Des Gringues destinés eux, à trépasser béatement dans leur paddock, après avoir fait massacrer les humbles connards.
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L'instruction primaire ne produisait que du petit mec embrigadé, catalogué, salopé comme sous-race, tout juste bon aux basses besognes, et mobilisable en première ligne dès que des fumiers hautement diplômés décrétaient la patrie en danger. 
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-Des lâches ! Des défaitistes ! On les a fusillés, c’est bien fait !
Et il semblait tout à fait normal qu’on s’attaque à l’épouse et à l’enfant dont le père avait été fusillé en novembre 1917 avec ses camarades qui avaient refusé de monter à l’assaut de Perthes-les-Hurlus, dix fois repris et reperdu, où près de cent quarante mille « Poilus » étaient morts pour rien, car l’endroit n’avait aucune valeur stratégique et on ordonnait ces boucheries inutiles uniquement pour entretenir le moral de la Troupe ».
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