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EAN : 9782073014207
Gallimard (07/12/2023)
3.75/5   14 notes
Résumé :
"Descendre de l'avion tout fripé d'un long voyage. Admirer des palmiers bercés par la nuit tropicale. Ôter son pull. Régler sa montre sur un nouveau fuseau horaire. Se laisser cueillir par un mélange de senteurs iodées et sucrées. Entendre des rires, des appels, des pleurs, des embrassades. Errer dans une aérogare moderne, climatisée, étonnamment banale. Bienvenue outre-mer".
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Dans son Petit éloge de l'outre-mer, François Garde raconte que, lorsqu'il était en poste au sein du ministère des DOM-TOM, sa fille de cinq ans annonçait : « Mon papa travaille au ministère des bonnes pommes ». Cette exquise déclaration lui permet de nourrir le début de son chapitre « Manger (et boire) » de non moins succulentes énumérations de fruits, plats et saveurs ; il le conclut par une analyse des vertus comparées des rhums antillais et réunionnais.

Cependant l'outre-mer n'est pas un pays : il n'a pas droit aux majuscules, ni à une référence dans l'index des atlas. C'est une transversale - une diagonale ? un zigzag ? - reliant des îles (seule la Guyane échappe au statut insulaire) devenues françaises par un caprice plus ou moins sanglant de l'Histoire. Antilles, Réunion, Mayotte, Saint-Pierre-et-Miquelon, Wallis-et-Futuna, Polynésie française, Nouvelle-Calédonie, Terres australes et antarctiques françaises, Clipperton… elles auraient pu battre pavillon anglais ou néerlandais. Elles pourraient aussi s'affranchir, obtenir leur indépendance, pour peu que la majorité de la population le demande.

Le grand mérite de ce petit livre est justement de nous présenter de façon à la fois pédagogique, malicieuse et fervente cette patrie éclatée, les liens plus ou moins paradoxaux qui la relient à la métropole, ceux qui transforment, à leur insu, ces territoires dispersés en entité et ceux que l'auteur a tissés, au fil des postes occupés dans les terres ultramarines, avec ces dernières comme avec leurs habitants. Défauts et merveilles… il ne cache ni les uns, ni les autres. Le chapitre « Marcher » décline sur le mode perecquien du « Je me souviens » les vallées dans lesquelles on s'égare, les gifles des buissons, la boue, le givre, mais aussi les vols de perruches et le thé silencieux de l'amitié.

Le Petit éloge de l'outre-mer fait image, depuis la couverture que balise un merveilleux lambrequin vert d'eau – feston de feuilles et fruits stylisés – jusqu'à la table des matières, cascade d'infinitifs : « Partir – Marcher – Dire (…) Choisir – Écouter – Ne jamais vraiment revenir… »
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L'exubérance de la couverture ne doit pas faire illusion : Petit éloge de l'outre-mer est bien le livre d'un fonctionnaire qui n'oublie jamais son devoir de réserve ; c'est aussi le livre d'un cadre administratif de haut niveau, qui sait aller à l'essentiel en peu de mots ; c'est enfin le livre d'un magistrat, soucieux de précision et d'équilibre dans l'expression de ses jugements. Tout cela pourrait composer un ensemble plat, pontifiant et très ennuyeux si l'on ne devinait, derrière, un homme tombé amoureux des « confetti de l'empire » et des traces, émouvantes ou agaçantes, de la France (de la métropole, car ils sont la France !), qui persistent selon leurs modalités propres à des milliers de kilomètres de la Mère Patrie. On découvre aussi, fugitivement, un époux et un père qui hésite entre la crainte d'imposer l'aventure à sa famille et le désir du grand large. On devine également la tentation permanente de « tomber l'uniforme » et de partir, allégé de toute assignation à une identité, sur les chemins de ces îles et de ces lieux dont le nom est à lui seul un voyage…
Dans « Ce qu'il advint du sauvage blanc » François Garde montrait qu'il était un véritable écrivain, économe de ses mots. Dans « Petit éloge de l'outre-mer », il laisse voir ses dons de poète. Il faut espérer que, lorsqu'il sera enfin libéré des contraintes administratives, il deviendra un griot blanc pour nous raconter tous les bleus de l'outre-mer.
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Il faut savourer cet opuscule pour ce qu'il est, ni un essai géopolitique, ni un guide de voyage, mais le témoignage très personnel d'un homme qui y fit carrière et qui nous livre une friandise poétique confectionnée avec amour et acuité, car comme François Garde le déclare lui-même, l'outre-mer lui colle à la peau.
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Le bleu outremer et les alizés ne se découvrent que sous les tropiques.
Les objets aux autres couleurs locales peuvent s'exporter mais ne trouvent jamais bien leur place en métropole. Les spécialités culinaires n'ont pas non plus la même saveur une fois exportées.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Il faut aussi que je vous parle de la pluie. Car l'outre-mer est pluvieux. Kerguelen dépasse à cet égard tous les records envisageables. La Guyane compte deux saisons, la petite saison des grandes pluies et la grande saison des petites pluies. Saint-Pierre et Miquelon s'enveloppent d'épais brouillards sept mois sur douze. Dans les Hauts de La Réunion, lorsque la bruine et la brume fusionnent en un sabayon humide qui avale tout le paysage, on dit joliment, non pas "il pleut", mais "ça farine". Et parfois, lorsque passe non loin une dépression tropicale, les trombes d'eau qui s'abattent peuvent être si abondantes que les pare-brise des voitures prennent des allures de vitres de passerelle d'un remorqueur de haute mer en pleine tempête...
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Vidéo de François Garde
Augustin Trapenard accueille Tatiana de Rosnay pour "Poussière blonde", roman qui raconte la rencontre entre une femme de chambre et Marilyn Monroe, paru chez Albin Michel. A ses côtés, Sonia Kronlund présente "L'Homme aux mille visages", l'histoire d'une extraordinaire imposture éditée chez Grasset, François Garde évoque "Mon oncle d'Australie", paru chez Grasset. Régis Jauffret publie, lui, "Dans le ventre de Klara", aux éditions Récamier, et Julia Malye, âgée d'à peine 18 ans, présente son premier roman, "La Louisiane", paru chez Stock.
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