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4,05

sur 3411 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Avec ce roman parfumé aux embruns marins et à la poussière des chemins tortueux, Laurent Gaudé nous entraîne sur la piste de ces migrants qui cherchent à traverser les déserts et la mer Méditerranée pour rejoindre l'Eldorado européen, la terre de tous les espoirs. À travers le regard du commandant sicilien Salvatore Piracci, qui dirige une frégate d'interception de navires clandestins, nous découvrons l'absurdité d'une chasse à l'homme sans fin, où l'empathie peut entraver la neutralité et détourner du devoir. Sous les yeux de Soleiman qui cherche à fuir le Soudan avec son frère, nous apprenons la douleur du cheminement, les sacrifices qu'il faut faire pour avancer coûte que coûte, au péril de sa propre innocence.

Deux hommes qui chacun à leur façon doivent arpenter leur destin, tourner le dos à leur existence passée, se remettre en question, pour in fine découvrir le véritable visage de celui qui sommeille au plus profond d'eux-mêmes. Cette structure narrative avec deux arcs distincts qui progressent par alternance, est tout à la fois classique et efficace, car elle permet d'opposer deux mondes qui s'entrechoquent, s'interpénètrent. J'ai moins adhéré à la manière dont l'auteur provoque l'appel à l'action chez le commandant Piracci, introduisant un personnage secondaire mais important pour l'abandonner ensuite à une fin dont nous ignorons tout. Mais il en est ainsi de ces vies en fuite qui prennent la mer sans savoir si elles reverront un jour la terre. Il faut accepter la perte et l'oubli.

Le style de Laurent Gaudé est toujours aussi fluide et agréable, même si je l'ai trouvé dans ce roman moins affiné et vibrant que dans d'autres. « Eldorado » n'est donc pas mon roman préféré de l'auteur, mais il fut une expérience intéressante dans un univers différent de ceux que j'ai déjà explorés avec lui.
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Livre lu à voix haute collectivement, avec des adolescents en 2015, quand l'image du petit Aylan inondait presse et réseaux sociaux.
Gaudé avait abordé le thème des flux migratoires et du cimetière méditerranéen début des années 2000.
Ce roman parle des frontières, du trafic des migrants, des raisons du départ et celles aussi des personnes qui tendent des mains en chemin aux désoeuvrés. Salvatore rejette ses certitudes et laissent tomber les frontières, mettant au service de l'humain ses connaissances. Admirable de courage.
Un très beau roman, triste, tragique et pourtant nourrissant l'espoir.
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Le récit relate la tragique aventure des candidats immigrants qui fuient les persécutions, les conflits et, stade ultime de la pauvreté, la misère dans leur pays pour tenter d'accéder à une vie meilleure en Europe. Chaque tentative individuelle relate une épopée qui n'est distante des récits d'Ulysse que par le temps qui les sépare, tant elles révèlent le caractère périlleux de l'aventure que le risque de la mort accompagne de part en part.

Le rythme narratif et le choix judicieux des mots qui structurent les chapitres "Tant que nous serons deux" (p.43) et "Blessure de frontière" (p. 87) traduit avec justesse le déchirement qu'éprouve celui qui part et qui laisse les siens derrière lui.

Le personnage du commandant Piracci, fonctionnaire italien embrigadé dans la traque quotidienne des immigrants illégaux permet à l'auteur d'évoquer le thème du remord et d'en suivre le cheminement qui le conduira à la rédemption.

Depuis la publication du roman de Laurent Gaudé en 2006 des milliers d'hommes et de femmes portant leurs enfants dans les bras ont tenté à tout prix de poser le pied sur l'île de Lampedusa, fragment minuscule de territoire italien surgissant au milieu de la mer Méditerranée à mi-distance entre la Libye et l'Italie. le nombre croissant de morts en cours de voyage ou de cadavres venus s'échouer au milieu des touristes sur les plages italiennes scelle le malheureux constat de l'impuissance politique et diplomatique.

Cet ouvrage a cependant le grand mérite de bouleverser le lecteur et de l'inviter à porter un regard nuancé sur les immigrés et autres candidats réfugiés. On en vient même à fermer les yeux sur le vol commis par Soleiman afin de lui permettre de poursuivre son périple. L'étoffe des grands livres se caractérise par la transformation qu'elle induit chez leurs lecteurs. L'Eldorado de Gaudé est à mettre entre toutes les mains et plus particulièrement entre celles de nos adolescents en quête d'identité.

On peut souligner le génie d'Hubert Nyssen, responsable des éditions Actes Sud, pour découvrir et permettre à de jeunes talents de nous raconter des histoires passionnantes et bouleversantes avec les apparats d'une réelle qualité littéraire.

Février 2015
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Un commandant, une mère éplorée, une fratrie en désintégration, un solitaire, des passeurs et autres trafiquants... On aimerait tant que cette accumulation de personnages soit cantonnée à de la fiction. Je crains fort que l'histoire ne se rapproche trop de la réalité :
_ Des miraculés de mers agitées, traversant des déserts silencieux ou des villes indifférentes à leur sort.
_ de ceux qui, convaincus qu'au bout du voyage existent un "Eldorado" .
Un Eldorado qui vaut bien toutes les persévérances. A quel prix ?

Mais de cela, aucun des candidats au départ ne veut l'entendre. Trop de désespoir, alors que faire pour éviter cette hécatombe sans fin, aussi bien en chemin qu'une fois dans des campements de fortune en Europe ?

Je reste désemparée à la fin de ma lecture !
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Eldorado, c'est le roman du départ, de la fuite.

Fuite d'un pays pour ses migrants qui cherchent à quitter la pauvreté ou la violence d'un pays, à la recherche d'un eldorado européen, où la vie est pressentie comme plus douce.

Fuite de soi-même pour Salvatore Piracci, ce marin dont la mission est de retrouver les bateaux pleins de migrants au large de sa Sicile natale. Pour les sauver, certes, mais aussi pour mettre fin à leur rêve.

Laurent Gaudé, c'est la garantie d'une plume magnétique, incantatoire et de personnages puissants, charismatiques.
J'ai passé un très bon moment de lecture avec Eldorado, même si j'ai eu un peu de mal à comprendre la psyché de Salvatore Piracci, personnage très complexe.
Pour autant, j'ai commencé Gaudé avec les excellents le soleil des Scorta et La mort du roi Tsongor, romans sublimes et forts, qui ont mis la barre de mes attentes très hautes.
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J'ai découvert ce roman dans la liste des oeuvres que mon fils devait lire au collège... honte à moi de ne pas l'avoir connu plus tôt ! J'ai feuilleté les premières pages et n'ai pas pu le refermer.
Une histoire d'hommes et de femmes des plus touchantes, de gardes-côtes et de migrants, de compassion et de solidarité ... L'humanité qui se dégage de ces pages nous ferait presque oublier le sujet de fond. Elles nous donne, en tout cas, beaucoup d'espoir sur l'âme humaine.
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Chacun cherche à atteindre son Eldorado. Les existences de toutes ces personnes se croisent, se percutent, se renforcent ou se détruisent. Un beau roman sur l'immigration mais pas seulement.
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Livre écrit en 2007 qui reste d'actualité.
Laurent Gaudé , à travers deux personnages , un commandant d'une frégate de l'armée italienne et un migrant soudanais, évoque les deux points de vue de la migration ainsi que le parcours interminable et dangereux de Soleman.
Certains passages, notamment celui d'une funeste "croisière" sont douloureux à lire. Il met en exergue le rôle contradictoire du commandant Piracci, sauver les migrants abandonnés en mer par les passeurs et les emmener dans un camp de transit.
Ce livre m'a été conseillé par mon fils, qui l'a lui même lu en classe au lycée.
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Cet été 2016 (je rédige ce billet au tout début août), on n'entend guère parler dans l'actualité de bateaux chargés d'immigrants clandestins comme ce fut le cas en 2015, on ne parle plus de la charge subie par la Grèce avec tous ces candidats à l'exil. Normal, me direz-vous, les accords avec la Turquie ont découragé les gens de prendre cette route maritime ; et les attentats multiples commis cet été ont plutôt mis l'accent sur des faits de violence (isolés) mettant en cause des candidats réfugiés ou sur des terroristes en puissance qui ont passé les mailles du filet.

On dit que le passage méditerranéen entre le Nord de l'Afrique et l'Italie va « reprendre du service » : bien avant 2015, Laurent Gaudé a écrit et publié ce roman en 2006. Il y mettait en scène un capitaine de frégate italien chargé de repérer, d'arraisonner et éventuellement de porter secours aux barques, aux bateaux chargés de migrants, qui seront conduits dans un centre de rétention de Lampedusa et reconduits dans leur pays d'origine. Suite à la rencontre fortuite avec une femme « sauvée » des eaux, Salvatore Piracci sent ses lignes bouger. Tout ce qui faisait sens dans son métier de marin vacille devant ces dizaines de visages que l'espoir a désertés et qui le hantent désormais… le capitaine va alors entamer une sorte de migration à l'envers, de l'autre côté de la mer.

En parallèle à ce voyage, Jamal nous conte le récit de sa migration vers l'Europe. Les passeurs, le prix à payer encore et encore, la séparation, l'errance, la trahison, le désespoir, une sorte de solidarité, un camp pas loin du mur de Ceuta (dont la description et l'organisation font penser à la jungle de Calais, un déplacement ou plutôt une multiplication, des années plus tard, de la misère et de l'attente) : Laurent Gaudé place son lecteur au coeur de l'exil grâce à ses descriptions imagées, ses accélérations de rythme et la riche palette d'émotions qu'il lui fait traverser.

Le capitaine Piracci et Jamal cherchent chacun leur Eldorado : le prix du passage sera lourd. Rester humain malgré tout, ôter ses masques un à un, se laisser dépouiller à l'extrême dans l'espoir de mener une vie nouvelle, oser (re)commencer, tenir, vivre et mourir, mourir et vivre.

Un grand, un très beau roman de Laurent Gaudé, âpre et sensible.
Lien : http://desmotsetdesnotes.wor..
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Eldorado c'est le choc face à l'immigration clandestine, cette souffrance de devoir partir pour espérer avoir un avenir et ce long et terrible voyage vers cette terre promise.
Ce périple dangereux, interminable de Soleman frère de Jamal depuis le Soudan fait écho à cet autre voyage, intérieur celui-ci, du commandant Savaltore Piraci confronté lui aussi à cette misère humaine.
Laurent Gaudé sait aborder les sujets difficiles et les transcrire avec force et justesse, Eldorado en est un bel exemple, ce livre saura vous plonger au sein de cette souffrance de ceux qui rêve d'un paradis (le croient-ils !) et ceux qui découvrent qu'il y a un enfer juste à côté.
L'assaut par des centaines de désespérés des hautes clôtures surmontées de fils de fers barbelés de cette enclave Espagnole, est à lui seul d'une telle intensité que l'on est immergé à s'en noyer dans cette quête.
Comme souvent le cas avec Laurent Gaudé, ces deux hommes et voyages se croiseront sous l'oeil bienveillant de Massambolo et l'on sortira de ce roman avec un oeil surement différent sur ce drame qu'est l'immigration, aidé par cela par une écriture toujours aussi juste et intense.
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