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4,04

sur 3410 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Après quoi courrons-nous? Après quel Eldorado ? Quels rêves nous motivent pour avancer ? C'est toute la problématique de ce roman qui prend l'exemple des émigrés qui s'embarquent pour l'île de Lampedusa. Une histoire captivante soutenue par un style riche et agréable. Très bon moment de lecture.
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Laurent Gaudé découvert avec le magnifique Soleil des Scorta, je le retrouve ici. Un livre d'une tristesse infinie mais pétri d'humanité. Serait-ce corrolaire?
Ces hommes cherchant leur Eldorado, chimère s'il en est une, ces hommes vivant des atrocités pour trouver une espèce de mieux vivre inacessible, ces hommes que l'on traite en moins que rien... Ces réalités tellement bien amenées par Gaudé. Oui un excellent livre qui nous force à réfléchir...
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Deux histoires en parallèle, deux hommes de chaque côté de la barrière. En quête d'un avenir meilleur, Souleiman rêve d'un pays sans misère. Quant à Piracci, il doit tout mettre en oeuvre pour barrer la route à tous les clandestins qui tentent le terrible voyage, faisant voler en éclats les images d'Eldorado qui emplissent leur tête.

le commandant Salvatore Piracci est en charge de la surveillance des frontières maritimes italiennes. Il doit repérer les embarcations suspectes – regorgeant d'hommes, de femmes et d'enfants souvent abandonnés par les passeurs. Il lui arrive de sauver ces gens de la noyade, d'avoir pitié d'eux, d'être en colère...mais son métier est de les empêcher de passer, c'est ainsi qu'à chaque fois, il remet son « chargement » aux autorités. Pourtant, une femme va complètement bouleverser la vie de cet homme en levant le voile sur ses responsabilités, sa morale et sa raison d'être humain.

Souleiman envisage de tenter la grande odyssée qui le mènerait en Europe avec son frère Jamal. L'amour qui les unit renforce le courage de partir et apaise la douleur de quitter leur pays et leur famille. Mais, amputé très vite de son frère, Souleiman devra faire la route seul...Par deux fois, il croisera le chemin de Piracci.

Ce roman, tellement d'actualité, met en lumière ce que ressentent les clandestins ; les problèmes d'identité et d'origine, les attaches viscérales que tout homme a avec son pays, l'importance des traditions, des coutumes et superstitions, les désillusions, les souffrances, l'intégration ... Gaudé ne joue pas sur la corde sensible avec le lecteur, il nous parle de ce fléau avec pudeur et avec une grande humanité.
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Depuis cette rencontre tout lui pesait davantage le dégoût ne lui laissait guère de répit. Il rechignait à remettre ses pieds dans les traces de sa vie d'autrefois. Elle lui avait offert cela, peut-être, la gifle des pauvres, l'impérieux besoin de désirer. (p63)

Il y a des rencontres qui changent le destin. Salvatore Piracci, va le comprendre le jour où son chemin va croiser celui d'une femme sur un bateau intercepté. Elle va lui faire une étrange demande qu'il ne refusera pas. Mais en accédant à sa quête, lui-même va se lancer dans un périple à la recherche de lui-même.

Il avait compris que le commandant entreprenait un de ces voyages qui ne se décrivent pas en termes de destination ni de durée. Il quittait tout. Sans savoir lui-même s'il reviendrait un jour ou pas. Alors Angelo recommanda son ami au ciel en se disant que les hommes n'étaient décidément beaux que des décisions qu'ils prennent. (p131)

Quand on se lance dans un roman de Laurent Gaudé on s'attend à une plongée dans notre monde, ses travers mais aussi dans son humanité voir son inhumanité, avec une écriture précise, poétique, directe. Il nous fait regarder le monde en face, il oblige ses personnages, dans le cas présent Salvatore et Soleiman à se confronter à une réalité. Salvatore ne pensait pas remettre en question sa vie bien huilée de commandant d'un navire de surveillance maritime, Soleiman rêvait de l'Eldorado que représentent l'Europe et ses mirages et ne pensait pas le chemin si apre.

L'herbe sera grasse, dit-il, et les arbres chargés de fruits. de l'or coulera au fond des ruisseaux, et des carrières de diamants à ciel ouvert réverbéreront les rayons du soleil. Les forêts frémiront de gibier les lacs seront poissonneux. Tout sera doux là-bas. Et la vie passera comme une caresse. L'Eldorado, commandant. Ils l'avaient au fond des yeux. Ils l'ont voulu jusqu'à ce que leur embarcation se retourne. En cela, ils ont été plus riches que vous et moi. Nous avons le fond de l'oeil sec, nous autres. Et nos vies sont lentes. (p111)

Chacun d'un côté des frontières va être confronté à des choix, des renversements de situations, devenir celui qu'il n'aurait jamais imaginé devenir, en sortir grandi ou affaibli. Ce sont de ces voyages qui transforment des êtres et Laurent Gaudé, avec lucidité nous entraîne dans ces convois de clandestins, ce qu'ils doivent abandonner, ce qu'ils doivent subir, une course effrenée vers un ailleurs, loin de la violence, loin de la misère, vers une terre d'espoirs.

L'auteur nous entraîne dans une réflexion sur les deux visions : celle de celui qui est chargé d'arrêter ces convois en mer

Un combat entre lui et la mer. Rien d'autre. Reprendre les hommes à la mort. Les extirper de la gueule de l'océan. le reste, tout le reste, les procédures d'arrestation, les centres de détention, les tampons sur les papiers, tout cela, à cet instant était dérisoire et laid. (p72)

et qui ne veut plus fermer les yeux, qui ne veut plus accepter le rôle qu'on lui assigne et celle de celui qui s'est lancé sur les routes inconnues, sans autre choix que d'avancer pour trouver un ailleurs meilleur.

On ne ressort pas indemne de cette lecture, comme les deux héros qui eux vont parfois se perdre, ne plus se reconnaître dans l'homme qu'ils sont devenus.

Je suis une bête qui fait mordre la poussière à ceux qu'elle croise. Je suis une bête charognarde qui sais sentir l'odeur de l'argent comme celle d'une carcasse faisandée. (p146)

C'est à la fois beau et tragique, fort et dérangeant, Laurent Gaudé utilise les mots pour nous faire regarder notre monde en face, en utilisant un récit à la manière d'une fable qui est d'une triste réalité encore aujourd'hui (le livre date de 12 ans…..).

C'est un court roman qui se lit d'une traite, d'un souffle, comme un appel. On est confronté aux bassesses des hommes mais aussi à leur humanité, à leur solidarité et à leur rédemption pour certains. Il y a les vivants mais les morts planent aussi, les ombres de tous ceux qui n'arriveront pas au bout du voyage, de tous ceux qui espéraient, rêvaient, croyaient, imaginaient que le voyage ne serait pas un calvaire, semé d'embûches et d'hommes avides de gains sur la misère humaine.

Dans les romans de Laurent Gaudé rien n'est tout noir, rien n'est tout blanc, il reste toujours une note d'espoir, une étincelle qui permet de garder foi en l'humain, peut-être….

D'un monde à l'autre, dans un sens ou dans l'autre, voyage aux confins des rêves et de l'espoir.

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"Eldorado" de Laurent GAUDE (Ed.: J'ai lu, n°8864) est le deuxième livre que je découvre de cet auteur. Une nouvelle fois, j'ai aimé!

Qu'ai-je aimé? le thème, d'abord. L'auteur met des mots, des images, du ressenti et un questionnement sur ces yeux pétillants des migrants en quête d'Eldorado. *...Les émigrants ont le coeur si grand qu'ils ont tout l'univers dedans (comme le chantait Bruno BREL).
On a tous, en tête, des images de ces migrants que d'aucuns exploitent et abandonnent,tragiquement tandis que d'autres les recueillent ... pour les remettre à la justice qui les renvoie à la case départ. Et comme souvent, devant la complexité d'un système foireux, on a envie de bouger, de faire quelque chose ... mais on ne sait trop quoi, on remet à plus tard, puis on abandonne et oublie ce qui criait à l'injustice en nous.
Ce livre a donc le mérite d'aborder la question même si aucune des réponses partielles proposées n'est satisfaisante. Mais au-delà des idées qu'il rappelle à notre esprit, il parle au coeur, ouvre à la réflexion.

Et puis, une autre bonne raison d'aimer ce livre, c'est la délicatesse de l'écriture. Sans jamais forcer le lecteur à une prise de tête qui pourrait être aussi ardue que peu productive, Laurent GAUDE nous propose une plume fine, sensible et 'titillante'. Il n'impose rien, mais par ses descriptions, ses silences, la juxtaposition de deux errances en sens contraires, l'auteur nous prend au coeur du texte et nous entraîne dans le questionnement, les doutes et les certitudes de ses personnages. On s'y retrouve, ou non. Mais on ne s'y perd pas... parfois même on peut y gagner une autre manière d'observer le monde, ses dysfonctionnements et les tentatives un peu folles de certains pour ramener un peu plus de sagesse et de justice sur Terre. Un livre court, vite lu, mais qui peut laisser des traces ...

C'est pour cela que j'ai aimé ce livre. C'est pour ces raisons que je le recommande!
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Avec son écriture toujours aussi élégante, Laurent Gaudé nous emmène cette fois au coeur de ces groupes de migrants cherchant désespérément à traverser une frontière pour quitter leur pays, tous en quête de l'Eldorado. Mais qu'est réellement l'Eldorado? Cet endroit magique qui promet un bonheur ailleurs existe-t-il vraiment?

On y suivra plus particulièrement le destin de Salvatore Piracci, commandant d'une frégate depuis une vingtaine d'années. Il est en charge de sauver les bateaux de migrants sur les eaux méditerranéennes pour ensuite les retourner dans leur pays. Celui-ci croisera à quelques reprises le regard chargé de détresse de certains migrants mais aussi une volonté de vivre qui lui manque cruellement et lui font prendre conscience de toute l'incohérence de son travail et de sa vie

Ce qui me fascine le plus chez Gaudé, c'est la façon dont il crée une ambiance mystérieuse pour décrire des tragédies humaines, tout en enrobant le tout d'une aura de lumière et d'espoir. de toute beauté!
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Un livre dur mais aussi très émouvant, dans lequel se côtoient le pire et le meilleur de la nature humaine. Laurent Gaudé nous force à réfléchir au drame de l'immigration et à ses causes. Deux personnages aux destins contradictoires, chacun à la recherche de leur ‘'Eldorado'' qui ne sera peut-être pas à la hauteur de leurs espérances. Bien que ce roman ait déjà plus de 15 ans, il est toujours d'une terrible actualité. Encore du tout bon Gaudé !!
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Humanité

Et dire qu'il aura fallu attendre que ma fille ait à lire Eldorado pour son entrée au lycée pour que je me décide à lire Laurent Gaudé.
Et pourtant, on m'avait dit qu'il fallait que je le lise.
Et bien mieux vaut tard que jamais ! Parce que maintenant je sais qu'il faut lire Laurent Gaudé et que moi aussi, je peux dire "Tu dois lire Laurent Gaudé", même après un seul livre lu.

Bref, au cas où je n'aurais pas été assez claire, j'ai aimé Eldorado.
J'ai aimé ces récits alternés dans lesquels on découvre Salvatore, un capitaine de navire sicilien, qui s'occupe de protéger les côtes italiennes des arrivées massives de migrants, mais aussi Soleiman et son frère Jamal, ayant entrepris le long périple vers l'Europe.
Une rencontre de hasard fera changer le regard de Salvatore sur sa mission et son but dans la vie tandis que que Soleiman tentera de ne pas perdre son âme sur la route menant à l'Eldorado.

J'ai aimé ce texte empli d'humanité. J'ai aimé la grâce qui se dégage de ce sujet pourtant rude.
Je suis tombée en admiration devant cette plume magnifique et j'ai souvent senti l'émotion monter.
Je terminerai par cette phrase qui m'a conquise dès les premiers chapitres :
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Laurent Gaudé a l'art de tout rendre poétique... même les plus grandes tragédies.
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Usé par les années à sillonner la mer entre la Sicile et la petite île de Lampedusa, le commandant Salvatore Piracci ne vit plus vraiment. Arrêter les migrants sur des barques de fortune est devenu pour lui une routine quotidienne.
Mais lorsqu'une femme qu'il a sauvée il y a 2 ans l'aborde sur le marché, les certitudes de Salvatore vacillent. La volonté brutale qu'il lit dans son regard fait basculer sa vie. L'homme prend soudain conscience de la vacuité de son existence. Il décide alors de tout quitter, de faire le chemin à l'envers.

Le récit de Salvatore alterne avec le périple de Soleiman, un jeune soudanais prêt à tout pour changer de vie et faire honneur à son frère mourant qui ne peut pas l'accompagner.
Deux destins aux antipodes mais qui vont se croiser dans un monde où l'humanité ne signifie plus grand-chose et pourtant…

Une écriture simple et émouvante qui tente d'éveiller les consciences en relatant la dure réalité des migrants qui partent à l'assaut des frontières et tentent leur chance avec rage et obstination, seulement armés de leur seule volonté et du dieu Massambalo pour veiller sur leur migration.
Combien périront en mer, à la merci de l'océan déchaîné mais aussi des passeurs sans foi ni loi pour atteindre l'Eldorado que représente l'Europe ?
Laurent Gaudé signe d'une main de maître une tragédie humaine touchante malgré une fin brutale à la « Shakespaere » que j'ai moins appréciée.
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