Eldorado

Un roman politiquement correct à souhait, comme les aime l'Education Nationale. Dégoulinant de bons sentiments, en faisant l'impasse totale sur toutes les catastrophes résultant de ce genre d'aveuglement. Un conseil aux parents obligés d'acheter ce livre : choisissez un livre d'occasion afin de ne pas verser un centime à cet éditeur et à cet écrivain.

Un livre plus tout jeune mais d'une actualité brûlante, d'une acuité terrible, qui vous traverse comme un coup de poignard et ouvre dans votre confort une route violente et impérieuse dont le sillage n'a pas fini de vous hanter.
L'auteur nous mène de frontière en frontière, de rive en rive vers une terre fantasmée.
Des récits entrelacés relatant plusieurs destinées: celle de Salvatore, d'Europe en Afrique, vers une sorte d'expiation- rédemption, sans illusion ni foi, dans la solitude et le désespoir.
Celle de Soleiman, d'Afrique en Europe, vers un Eldorado mythique, dans la solidarité farouche d'une fraternité de substitution avec Boubakar, pour tenter de faire pièce à la solitude et à l'effroi.
À mesure que les clandestins avancent, l'Eldorado recule telle une promesse irréalisable, un rêve chimérique.
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Avec un récit lucide, Laurent Gaudé nous dépeint ces destinées tragiques qui revêtent sous sa plume une dimension mythique.
On est solidaire de ces migrants amoindris qui luttent avec acharnement et possèdent la richesse enviable de ceux « qui rêvent toujours plus loin ».
L'auteur décrit avec puissance le sort de ces migrants condamnés à l'errance, affamés et assoiffés luttant pour regagner une dignité.
Piracci et Soleiman, refusant d'abdiquer leur intégrité, lutteront pour leur humanité.
Pirraci s'évertuera à regagner la sienne, émoussée par la vacuité de son existence.
Soleiman, allant de désillusion en compromission, s'efforcera de préserver celle qui l'a animé jusqu'à présent.
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Sans haine et sans colère, avec l'humanité et la poésie qui le caractérisent, Laurent Gaudé, à travers les destins croisés de ses quelques personnages fait état des injustices et des violences faites par un système incohérent et cruel, à une population riche de ses rêves et déterminée à tous les sacrifices pour y accéder.
Un récit sensible et juste qui rétablit la dimension humaine d'un phénomène que l'on a volontairement déshumanisé pour le réduire à une statistique inquiétante.
C'est réel et poétique, beau et cruel, obsédant, bouleversant et révoltant.
Un livre bouleversant d'humanité.
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J'ai alterné intérêt et agacement à la lecture de ce livre.
Intérêt pour les descriptions assez serrées et bien documentées sur ces tragédies quotidiennes des migrations incontrôlées et de leur cortège de trafics, magouilles et crimes de toutes sortes, intérêt aussi pour le travail des sauveteurs en mer.
Puis agacement devant la partie romanesque qui part en roue libre donnant l'impression de participer à un atelier d'écriture.
Itinéraires parallèles et croisement obligé, cul de sac de cette femme qui part se venger et dont on ne saura plus rien, irréalisme total de situations, poncifs aussi parfois.
Moins connu et plus intéressant, voir sur ce sujet : « De l'autre côté de la mer » d'Ingrid Thobois ou encore « Nujeen, l'incroyable périple », par exemple.

L'auteur nous fait toucher du doigt le noeud d'une tragédie qui se joue encore sous nos yeux. Désespoir des migrants qui veulent échapper à la misère et à la guerre et imaginent l'Europe comme une terre promise, un Eldorado. Ils sont prêts à braver tous les dangers pour garder chevillé au corps un peu d'espoir, un sens à leur vie. Cet espoir se brise face à l'impuissance des pays convoités à les accueillir dignement car ceux-ci ne vont les sauver d'une mort imminente que pour les rejeter dans la gueule du loup annulant ainsi la portée des valeurs humaines qu'ils sont censés représenter.
Une femme dont on ne connaitra ni le nom ni l'histoire rencontre le commandant Salvatore Pinacci qui dirige un navire, le Vittoria, chargé de « garder la citadelle » et d'intercepter les bateaux des clandestins. Pinacci lui a sauvé la vie en mer quelques années avant alors qu'il avait pour mission de repêcher les naufragés pour les emmener en centre de détention. Cette femme venait de perdre son enfant au cours d'une traversée chaotique où on apprend que les passeurs les ont sciemment abandonnés en pleine mer après avoir empoché l'argent. Elle veut venger la mort de son enfant et lui demande une arme pour abattre le responsable H. Marouk mandaté par la Syrie. Devant sa fierté et sa détermination, il va s'y résoudre. Là, on ne comprend qu'à moitié comme cet homme désabusé et plein de contradictions consent à donner un sens à la vengeance qui serait une valeur selon lui presque enviable. Il est vrai que lui n'a plus aucun désir et sa révolte contre le non-sens auquel il est confronté prend les allures d'une profonde dépression.
Puis Pinacci va décider d'entreprendre le voyage en sens inverse, abandonnant son poste pour rejoindre l'Afrique en barque et faire à son tour partie des sans nom, des sans-papiers. En parallèle, on assiste à la fuite éperdue de Soleiman qui a quitté son frère Jamal malade. C'est pour donner un peu d'espoir à son frère qu'il est parti. Il se fera dépouiller, et après bien des péripéties croisera un compagnon d'infortune Boukkakar avec qui il deviendra ami. Mais c'est surtout parce qu'ils resteront ensemble — ce qui leur permet de préserver une part de leur humanité — qu'ils réussiront à franchir les barbelés.
Pinacci, lui, toujours emprisonné dans l'amertume de son impuissance, se fera le gardien de l'illusion en acceptant d'incarner le dieu des migrants Massambolo.

Un livre qui interpelle. On ne peut le quitter qu'avec un profond sentiment de malaise…

J'ai lu ce roman car il est proposé au programme de 1ère Littéraire. Moi qui suit normalement réticente aux lectures proposées dans le cadre scolaire, quelle baffe !
Nous suivons l'histoire de deux hommes, qui se retrouvent chacun d'un côté du miroir. L'un est un migrant clandestin, Souleiman. Il veut atteindre l'Eldorado, avoir droit à cette vie dont il rêve, ramener de l'argent pour soigner son frère malade qui est resté au pays. L'autre
c'est Salvatore Piracci. Capitaine sans famille, son rôle est de sauver et d'intercepter les voyageurs clandestins qui essayent d'entrer en Europe.

On sent que la structure a été bien pensée. le récit de ces hommes est merveilleux. Ils sont tous deux à leur manière confronté à des visions, à des moments très violents, mais qui finissent par se mêler à une douceur telle que je ne saurais vraiment la décrire. Lorsqu'est venu le moment de fermer le livre, j'étais triste de quitter des personnages si attachants, avec qui j'ai pu vivre de merveilleuses aventures. Ce n'est pas simple de “juste” refermer un livre comme celui-ci.

“Si quelqu'un me dit que, à la lecture d'Eldorado, son regard a changé sur l'immigration, c'est le plus beau compliment que l'on puisse me faire.”. Chapeau bas monsieur Gaudé, mon regard a changé. Et non pas pour quelques jours seulement. J'ai été marquée par ce que j'ai lu. C'est avec un autre oeil que je lirai désormais les articles qui semblent parler d'événements banals, quand ils abordent le sujet des migrants et clandestins morts en mer ou sur les plages, comme si tout ceci était normal.

Très apprécié par les profs, j'ai souvent lu d s extraits lors de sujets d'examen par exemple. Ca me plaisait, mais je n'avais jamais acheté le livre. Mon fils doit le lire en 1ère pour le bac ! Je lui ai donc pris avant qu'il ne le lise. J'ai beaucoup aimé. Laurent Gaudé est "une valeur sûre". Son écriture est touchante, percutante. Ce livre me rappelle l'histoire du très beau film "welcome". Beau livre, mais qui raconte la dure réalité de certains.

Je découvre Laurent Gaudé à travers ce thème ô combien d'actualité qui interpelle: le drame des migrants.
C'est une histoire à deux voix qui nous est contée. Celle du commandant Salvatore Piracci. Ce dernier intercepte des migrants sur des embarcations de fortune qui dérivent au large des Côtes Italiennes, abandonnés lâchement par des passeurs sans scrupule. Il s'interroge: va-t-il passer sa vie entière à patrouiller? Va-t-il continuer à recueillir des clandestins qui seront redirigés vers des centres de détention provisoire et ramenés dans leur pays? La rencontre avec une femme va le bouleverser et susciter en lui émoi et prise de conscience.
L'autre voix est celle de Soleiman, soudanais d'origine, qui quitte son pays avec pour seul bagage, l'espoir d'une vie meilleure sur le continent européen et qui va affronter des cascades d'épreuves, le coeur noué mais accroché.
L'écriture est belle, douce et puissante à la fois, ce qui en fait sa force d'évocation. Il n'y a aucun misérabilisme de la part de l'auteur.
Ce roman a le mérite de croiser les points de vue entre ceux qui émigrent et ceux qui les recueillent sans aucun manichéisme.
Cependant, ce sujet est tellement remuant que je n'ai pas pu lire ce roman d'une traite même s'il n'est pas très épais. Il m'a fallu reprendre mon souffle à plusieurs reprises. Trop remuant, ces vies en devenir, bafouées par le sort et la bassesse des hommes qui font commerce de la misère humaine.
Dans le même temps, Laurent Gaudé souligne avec délicatesse la beauté et la dignité de ces hommes et de ces femmes qui partent à l'assaut des frontières avec courage et ferveur pour forcer le destin, leur destin en laissant derrière eux une part de leur identité, de leur histoire, de leur vie.
J'ai cette sensation qui ne me quitte pas d'avoir découvert un auteur de grand talent; aussi je vais de ce pas me renseigner sur son oeuvre.

Décidément, le style et les thèmes abordés par Laurent Gaudé font de lui un brillant écrivain. Cette fois, avec Eldorado, il s'attaque au délicat sujet de migrants. Un livre écrit en 2007, et qui dix ans plus tard, se trouve être plus d'actualité que jamais. A travers deux récits parallèles qui se rejoignent à la fin autour un collier de perles bleues, l'auteur nous raconte une aventure humaine cruelle où la vie ne tient qu'à un fil et où l'argent règne en maître. L'histoire d'un capitaine de navire qui récupère les migrants en mer et celle d'un jeune homme qui fuit son pays pour gagner l'Eldorado européen. Ce n'est qu'un roman bien sûr, mais il donne un tout autre éclairage sur ces “étrangers aux téléphones portables” qui abandonnent tout, famille, maison, travail, renonçant parfois à leur humanité, affrontant maints périls pour fuir la guerre, la dictature et atteindre l'île de Lampedusa où ils seront enfermés dans des camps, dans l'attente, hypothétique de papiers pour l'Europe ou d'un retour chez eux.
Lien : http://www.blog.neoprog.eu/i..

Excellent !!! Incroyable !!! Bouleversant !

Ce livre nous raconte d'une part, la vie d'un capitaine de bateau en charge de retrouver des émigrés clandestins à bord de bateaux souvent abandonnées…
Et de l'autre, des émigrés, qui veulent fuir leur pays, étant sur de trouver en Europe un « Eldorado » qui leur apportera paix et bonheur…
Cette histoire nous raconte des histoires pleines de sentiments forts comme l'amour, l'espoir, la désillusion,…

J'ai été retournée de cette lecture mais surtout j'en sors avec une vision encore plus forte de ce que ressentent ces êtres humains que nous appelons immigrés par chez nous… Ce livre m'a fait pleurer de par la douleur qu'ils s'infligent juste dans l'espoir de trouver un avenir meilleur…

Laurent GAUDE livre un roman, malheureusement, trop d'actualité. le parcours, en parallèle, de deux hommes autour du déracinement.
Partir, quitter sa vie, fuir son pays...les raisons diffèrent mais la détermination viscérale est la même pour chacun.
Le travail de GAUDE sur la profondeur de ses personnages nous détache des lieux et nous oblige à les suivre sur ces routes vers l'Eldorado.
Un livre qui rend vivant !