Eldorado

Laurent Gaudé nous raconte l'immigration selon 2 points de vue différents : celui des migrants qui entreprennent la traversée de la Méditerranée et celui des garde-côtes qui vont secourir les embarcations de fortune des migrants. On suit deux histoire en alternance.
La première est celle du commandant Salvatore Piracci qui surveille les côtes de la Sicile et de l'île de Lampedusa. Il fait son métier sans se poser de questions, jusqu'au jour où une survivante immigrée l'aborde dans un marché. Cette rencontre va bouleverser ses convictions et changer la vision qu'il avait des immigrants.
La seconde histoire est celle de deux frères soudanais, Jamal et Soleiman, qui ont décidé de tenter la traversée de la Méditerranée afin de rejoindre l'Europe.
Sans aucun jugement, l'auteur nous raconte le périple de la traversée des migrants. Un roman écrit avec un style limpide, qui fait écho à l'actualité et nous rappelle que les migrants fuient leur pays, non pas par plaisir, mais pour fuir les conflits ou la misère. Ils laissent derrière eux leur culture, leur famille et risquent leur vie pour aller chercher une vie meilleure.
Mon seul regret est de ne pas savoir ce que devient le personnage de la migrante que l'on croise au début du roman...

Eldorado est un roman qui m'a énormément touché, sur un sujet que je connais mal : l'immigration clandestine.

Même si c'est un roman, l'auteur s'est inspiré des faits réels et il met en scène le sud de l'Italie à travers le phénomène d'immigration clandestine en provenance d'Afrique du Nord vers l'île italienne de Lampedusa. Phénomène qui a pris de l'ampleur à partir de 2004-2005.

C'est un roman très rythmé car il se passe énormément de choses, de la première à la dernière page.

Les personnages sont très intéressants. L'histoire est bien ficelée et se tient tout le long du roman.

C'est un joli roman, bien écrit.
Mais c'est aussi un roman assez dur par moment.
J'ai été écoeurée par le comportement des passeurs, certains passages sont forts, on s'y croirait.

C'est un roman criant de vérité, et je l'ai trouvé super bien ficelé. Crédible de la première à la dernière page, on oublie que c'est un roman et que Salvadore et Soleiman n'existent pas réellement.

Là encore, je ne peux que vous recommander ce roman :)

Il faut trois générations. Les enfants de nos enfants naîtront là-bas chez eux. Ils auront l'appétit que nous leur aurons transmis et l'habilité qui nous manquait. Cela me va. Je demande juste au ciel de me laisser voir nos petits-enfants."

C'est ce qui pousse tous ces jeunes à tenter leur chance et à abattre toutes les frontières. Mais qui pousse Salvatore Piracci, commandant d'une frégate sicilienne, à les intercepter encore et encore ? Son travail ? le sentiment de faire respecter la loi ? de sauver les misérables qui sont abandonnés par leurs passeurs ? Devant l'incapacité de répondre à cette question, le beau commandant va tout quitter pour vivre cette aventure du "bon" côté, celui des migrants qui veulent accéder à l'Eldorado, l'Europe. Parce que tout homme a besoin de croire qu'il existe mieux ailleurs, et que cet ailleurs est à portée de main. "L'Eldorado, commandant. Ils l'avaient au fond des yeux. Ils l'ont voulu jusqu'à ce que leur embarcation se retourne. En cela, ils ont été plus riches que vous et moi. Nous avons le fond de l'oeil sec, nous autres. Et nos vies sont lentes."

Nous voici également aux côtés de Jamal, qui a amassé petit à petit de quoi payer son passage vers l'Espagne, mais pour qui la route ne sera pas non plus facile. Car "Aucune frontière n'est facile à franchir. Il faut forcément abandonner quelque chose derrière soi. [...] Aucune frontière ne vous laisse passer sereinement. Elles blessent toutes." Et qu'ensuite il s'agit de se reconstruire entièrement dans un nouveau pays, qui ne veut pas de toi.

Sans juger, Laurent Gaudé nous livre un magnifique roman plein de beauté et d'horreur, avec une plume qui me transporte toujours autant. Un roman qui hante et qui nous fait voir le monde autrement …
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..

Comme pour les autres livres que j'ai lus de Laurent Gaudé, le style est d'une grande qualité. Mais je suis restée un peu à côté cette fois. Contrairement aux autres où la polyphonie était forte, ici tous les chapitres ne sont que silence. S'élève lentement la voix de trois puis de deux personnages mais je n'ai pas ressenti la force universelle des personnages que l'auteur présente dans ses autres romans.
Je suis un peu déçue aussi que la narration n'est pas donnée l'occasion de suivre la femme du Vittoria.

Laurent Gaudé pose à travers le destin de Soleiman et des autres le pouvoir de l'argent face à la détresse, la pauvreté et la survie. La noirceur s'impose mais n'arrête pas le combat pour la vie.

Malgré tout, je continuerai tout de même à lire Laurent Gaudé il m'en reste tellement à découvrir.

Un très beau texte qui colle à l'actualité. Une histoire forte, très dérangeante qui provoque la réflexion. Laurent Gaude prouve encore une fois avec ce roman qu'il écrit très bien. Un superbe livre.
Lien : http://araucaria.20six.fr/

Dans ce roman, tout commence par le commandant Piracci. Cet italien d'une quarantaine d'années travaille sur un bateau dont la mission est d'intercepter les bateaux de migrants qui fuient l'Afrique et qui « échouent » à Lampedusa.

Il rencontre deux ans après un sauvetage en mer une femme qu'il a interceptée. Elle lui raconte sa douloureuse traversée et cet échange va profondément changer le commandant. Vingt ans de ce travail et l'usure le guette : il ne supporte plus d'affronter tant de misère ...
En parallèle de cet « effondrement » du commandant, l'auteur nous raconte le long périple de Soleiman, qui fuit le Soudan pour tenter sa chance en Europe (l'Eldorado du titre)
Le lecteur se doute qu'à un moment les routes vont se croiser mais j'ai été très surprise par cette rencontre.

Un livre émouvant (et éprouvant) , magnifiquement écrit...

Ce roman a plus de 10 ans et pourtant il évoque un sujet toujours d'actualité.

Pour Soleiman, son Eldorado se trouve en Europe. C'est la conviction qu'un collier de perles vertes lui chuchote le long de son périple dans lequel il ne peut plus faire marche arrière.

Une femme avait également pour destination l'Europe. Son Eldorado, quant à elle, s'est effacé à l'instant où son bébé est mort.
Elle a été sauvée par Salvatore Piracci, un commandant italien chargé de garder la frontière et d'arrêter les immigrés.

Après cette rencontre, le commandant perd espoir en l'humanité et désire quitter sa vie dont il ne veut plus. Il ne trouve plus de sens à son métier qui n'est que rediriger des personnes pleines d'espoir vers l'enfer qu'ils ont tout fait pour fuir.

Est-il finalement lui aussi en quête de son Eldorado ? Où veut-il laisser derrière lui la terre que tant d'autres de l'autre côté désirent en tant que tel ?

Ce roman est touchant et j'ai beaucoup apprécié l'écriture de Laurent Gaudé car à mesure que les hommes avancent l'Eldorado recule. Elle n'est qu'illusion se jouant du sort des voyageurs.

La nuit, au large de Catane, sur sa frégate à la recherche de réfugiés raquettés par les passeurs, le commandant Salvatore Piracci, se questionne: 'à quoi bon les sauver si c'est pour les rapatrier après un passage au centre d'accueil'. Alors il décide de tout quitter, de vivre le 'voyage' à l'envers et croisera Soleiman qui vient de sauter les barrières de Ghardaïa.

Beau récit, des personnages intéressants et qui me réconcilient un peu avec Laurent Gaudé.

Pour mon 3ème Gaudé, je suis restée en Italie mais j'ai voyagé aussi plus loin vers des contrées que d'autres abandonnent à contre coeur pour y trouver leur Eldorado. Je me suis encore une fois laissée porter par la plume poétique, sensorielle de cet auteur : on ressent les odeurs de l'Italie, la chaleur de l'Afrique, les sentiments de culpabilité, peur, honte, vengeance, humiliation, détermination, amitié, solidarité, amour.

Celui-ci aborde l'immigration que l'on voit trop souvent sur nos médias au point de la voir comme un des nombreux faits divers du Monde.
Moi-même dans le cadre de mon travail côtoie ces personnes venues chercher le bonheur, une sécurité physique et pécuniaire. Et même si dans leurs yeux, leurs visages, j'y vois la souffrance d'être loin de chez eux, de leurs terres, leurs proches, ils restent tous d'une pudeur incroyable.

La lecture de ce roman m'a permis de prendre encore plus conscience de l'enfer que certains on vécu et vivent encore et d'avoir tout ce respect encore plus décuplé pour des êtres qui ont sacrifié leur passé pour chercher ne serait-ce qu'une once d'espoir, qui malheureusement n'est souvent pas à la hauteur de leur traversée.

Un nouveau roman découvert grace à une amie,lu à la suite du "Soleil des Scorta"... Encore une belle decouverte.... Son écriture nous emmene directement au centre des emotions, autant celles des heros que celles des lecteurs... Un livre puissant sur le depart, le Tout quitter, l'exploitation de la detresse humaine... et puis aussi sur les rencontres indispensables qui font que nos chemins de vie sont ce qu''ils sont : parfois lumineux, parfois troubles et parfois magiques..