AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,05

sur 3361 notes
Eldorado est un petit livre qui, bien que publié en 2006, est toujours, et même de plus en plus, d'actualité. Laurent Gaudé traite, dans Eldorado, le thème des migrations. Ce roman est très fort. Il nous fait partager la vie de ces hommes et de ces femmes qui, depuis leur pays d'origine, décident de le quitter pour un lieu dont ils n'ont souvent que des clichés.
Il nous met dans la peau d'un homme, Salvatore Piracci, qui, à Catane, est payé pour rechercher ces migrants sur la mer et les sauver ; ceci dans un premier temps, car ensuite, que vont devenir ces rescapés une fois remis aux autorités du pays ?
Mais cet homme qui occupe sa fonction, de façon très consciencieuse jusque-là, est de plus en plus mal à l'aise. Il décide, après une dernière sortie en mer, de ne plus y retourner. Il dit à son vrai seul ami Angelo : « Je vais partir. » Mais partir où ? Et c'est dans la réponse à cette question qu'interviennent tout le talent et l'originalité de l'auteur.
J'avais déjà beaucoup apprécié les ouvrages de Laurent Gaudé comme Danser les ombres, La porte des enfers, Écoutez nos défaites et là, j'ai été conquise par Eldorado.
Ce roman m'a vraiment marqué, m'a fait vibrer. En effet, Laurent Gaudé ne s'est pas contenté de faire un constat, il a su tisser une histoire entre différents personnages, me surprendre et me faire vivre un suspense tout au long de ce livre.
À lire plus que jamais !
Commenter  J’apprécie          473
Avec un titre aussi évocateur et une première de couverture attirante, le roman de Laurent Gaudé est bien loin de ce que je m'imaginais.
L'auteur traite ici d'un sujet délicat: l'immigration clandestine. Nous suivons le destin tragique de deux hommes: un Africain et un Italien, que rien ne semble rapprocher.
Salvatore Piracci, commandant de la frégate militaire a pour mission d'arrêter les clandestins qui veulent rentrer en Europe. Au hasard d'une rencontre, il se rendra compte de la lassitude et du non-sens de cette vie.
Soleiman, lui, veut absolument rejoindre cette "Belle Europe", par tous les moyens et au prix de nombreux sacrifices.
Avec une écriture poétique et humaniste, Laurent Gaudé nous livre un roman sensible et intimiste, où l'espoir a peu de place.
Une véritable tragédie humaine et contemporaine, qui interpelle quant au sort de tous ces hommes...
Commenter  J’apprécie          470
Quand on pense à ce que Proust a pu créer à partir d'une madeleine, d'un pan de mur jaune et d'une petite bande de parasites, on se demande comment Gaudé, empoignant l'un des problèmes les plus cruciaux de notre époque, a réussi à rétrécir le drame des migrants au point d'en faire la leçon du jour d'un cours de morale en grande section : « Il-faut-être-gentil-avec-les-autres-pour-obtenir-une-récompense ».
Gaudé nous fait le coup du conte initiatique, ce qui est doublement insupportable : initiatique pour suggérer que le problème est avant tout individuel, conte pour annoncer qu'on va pas s'embêter avec la crédibilité.
Et pour ne pas s'embêter, on ne s'embête pas. Alors (oui je divulgâche, mais enfin mon propos n'est pas que vous vous précipitiez dans une librairie pour acheter Eldorado) un commandant de marine file un revolver qu'il gardait chez lui au cas z'où à une migrante qui veut aller au Liban trucider un passeur avant que, vaincu par la culpabilité, il ne décide de devenir migrant à son tour avant que, faute d'être pris au sérieux , il ne tente de s'immoler par le feu tandis qu'un Africain doit affronter seul les routes de l'exil parce que son frère a chopé le Sida en fricotant avec des prostituées. C'est vrai qu'il n'y a pas plus barbant qu'un réfugié, on est bien obligé d'ajouter quelques doses de romanesque si on veut que l'histoire se tienne.
Quelques doses de romanesque et de tire-larmes. On ne refile pas de couverture de survie (c'est vrai que c'est moche) à la rescapée du boat-people qui possède « une sorte de noblesse racée qui tenait éloignée d'elle la pitié. » Faudrait pas en plus que les réfugiées soient laides.
Ce sont les méchants qui sont laids (y'a une justice, quand même) et même sacrément équivoques: « Avec ses petits doigts boudinés par de trop nombreuses bagues, elle se tripotait les lèvres comme un éphèbe en pleine réflexion. »
Voilà voilà voilà.
Sinon, les phrases sont courtes parce qu'il y des points à la place des virgules. « La mère est là. Qui nous attend. Et que nous ne reverrons pas. ». Ça donne du poids. Et de la componction. À ce qu'on écrit. Bref. Vous l'aurez compris. Je n'ai pas aimé ce livre.
Commenter  J’apprécie          4619
Quelle claque, bon sang ! Voici un roman qui informe bien plus qu'un commentaire journalistique sur la condition des migrants venus d'Afrique, essayant de traverser la Méditerranée, et qui échouent (quand ils survivent) à Lampedusa.
Voici un roman qui vous tient éveillé, la grandeur et la décadence humaines y sont remarquablement dépeintes.
Un petit bémol quand même, je n'ai rien à reprocher à la qualité littéraire du texte, bien au contraire l'écriture est sobre et percutante, non, mon bémol concerne le personnage du commandant Piracci. Je trouve qu'il perd de sa crédibilité au fur et à mesure de son errance, et les dernières pages me semblent inutiles.
Mais ce livre, c'est sûr, laissera son empreinte...
Commenter  J’apprécie          420
Un auteur formidable que j'apprécie à chaque nouvelle lecture d'un de ses romans.
J'apprécie le souffle épique et tragique de ses histoires, son lyrisme aride et maîtrisé, son style sobre, et par-dessus tout cela, son regard plein d'humanité.

C'est un court roman que cet « Eldorado ». Les chapitres aussi sont courts mais percutants.
Je l'ai lu quasiment d'une seule traite. Et j'ai été saisi par la puissance de ce récit.
Il raconte deux histoires parallèles, qui auront une brève et surprenante jonction, chargée de sens. Et la maîtrise de Laurent Gaudé, que j'ai déjà appréciée dans d'autres romans, comme Écoutez nos défaites, fait qu'il n'y a aucune difficulté à suivre ces deux récits.

L'Eldorado, c'est le rêve de l'Europe et de toutes ses richesses qui anime ces migrantes et migrants, et qui, pour ce rêve, risquent leur vie; mais qui sont aussi les victimes de la cupidité, de la traîtrise des passeurs et des marchands de chair humaine qui les dirigent.
Dans ce livre, et tel que je l'ai ressenti, l'Eldorado, c'est peut-être aussi la recherche de quelque chose d'encore plus précieux, le sens de sa vie, la quête de sa dignité d'être humain.

L'un des histoires est celle du commandant Salvatore Piracci qui, depuis 20 ans, fait partie des marins italiens qui contrôlent les navires susceptibles de transporter des migrants illégaux, marins qui sont amenés très souvent à porter secours à celles et ceux dont le navire a, par exemple, été abandonné par les passeurs, ou qui se retrouvent à dériver dans des embarcations de fortune.
C'est une femme, dont le tout jeune enfant est mort de déshydratation sur un bateau abandonné et qu'elle a été contrainte d'accepter qu'il soit jeté à la mer, qui sera celle qui lui fera prendre conscience de l'absurdité et de l'inhumanité de son travail. La rencontrant deux ans plus tard, elle lui demandera de lui fournir une arme pour tuer l'un des chefs de l'organisation mafieuse qui pratique cette traite d'êtres humains.
A partir de là, les doutes et les remords de cet homme le conduiront à un long parcours initiatique, bouleversant et désespéré, qu'il vous faut découvrir, je n'en dis pas plus.

L'autre récit est le périple de Soleiman, jeune homme de vingt-cinq ans qui projette de quitter son pays, sans doute l'Egypte, avec son grand frère Jamal, pour rejoindre l'Europe en passant par la Libye.
Un voyage que Jamal ne pourra entreprendre pour cause de maladie, un voyage fait d'innombrables souffrances, de violence et de traîtrise des passeurs, mais fait aussi de l'amitié d'un autre migrant plus âgé, Boubakar, qui soutiendra Soleiman. Un périple qui lui fera rencontrer Salvatore Piracci comme une sorte d'envoyé divin.

Ces deux récits, l'un vers l'espoir d'une vie meilleure, l'autre vers la vérité de l'être, sont d'une force incroyable. Je retrouve à nouveau chez Laurent Gaudé l'art de donner à ces histoires très dures la dimension mythique d'une tragédie grecque, en évitant absolument la sentimentalité, la bien-pensance.

Bref, une fois de plus, coup de coeur pour la rude beauté d'un autre roman de Laurent Gaudé.
Commenter  J’apprécie          412
Un ouvrage poignant sur l'immigration, l'exil et la conquête de l'Eldorado.
Fuir la misère et tout abandonner au péril de leur vie, voici ce à quoi ces femmes et hommes sont prêts. En parallèle, nous allons voir l'évolution du commandant Piracci dont le travail est de rechercher les clandestins.

L''écriture délicate, poétique et percutante de Laurent Gaudé nous fait dévorer presque d'une seule traite les 220 pages de cet ouvrage tragique.

A découvrir et à faire connaître autour de soi.
Commenter  J’apprécie          412
Ce roman qui traite de l'immigration clandestine est un hymne à l'humanité et à l'empathie.

Le lecteur suit le parcours de deux personnages, de chaque côté des fils barbelés. D'une part le commandant sicilien Pirraci, qui a pour mission de récupérer les immigrés en mer afin de les remettre aux autorités. Et d'autre part, Soleiman, jeune soudanais gonflé d'espoir en une vie meilleure, qui quitte son pays et sa famille pour gagner l'Eldorado européen.

Le commandant est décrit au passé à la troisième personne du singulier ; Soleiman, use du « je » et se raconte au présent.
Alors que le premier prend doucement conscience du caractère vain de ce qu'il accomplit depuis 20 ans, la détermination du second se renforce au fil des épreuves qu'il subit, pour se tourner résolument vers l'avenir.

Tous deux, refusant d'abdiquer leur intégrité, lutteront pour leur humanité.
Pirraci s'évertuera à regagner la sienne, émoussée par la vacuité de son existence. Soleiman, allant de désillusion en compromission, s'efforcera de préserver celle qui l'a animé jusqu'à présent.

Laurent Gaudé dresse un constat sensible de la détresse de ces êtres qui sont obligés de choisir l'exil au prix d'énormes sacrifices, et dont la misère est exploitée sans vergogne. A la poursuite de leur rêve, ils rencontrent la mort, la violence, le désenchantement, pour en fin de compte constituer une masse anonyme dans des pays où ils ne sont pas les bienvenus.
Commenter  J’apprécie          415
Ce roman de Laurent Gaudé date de 2006 et nous parle de Lampedusa.
17 ans après, rien n'a changé ! et peut-être est-ce cette redondance avec l'actualité, pleine d'images de femmes, d'hommes, d'enfants en perdition qui fait que je n'ai pas accroché au thème de ce livre, le lisant un peu détaché comme on regarde un énième reportage, un sempiternel recommencement.

Bien sûr, tout cela n'a pas à voir avec Gaudé qui sait raconter les histoires et ces trajectoires de vie.
Il marque ce roman du ciselé de son écriture que j'ai encore beaucoup appréciée et que je lirai volontiers encore, sur d'autres sujets.
Commenter  J’apprécie          401
Si pour nous, occidentaux, la mer rime avec vacances, évasion ou aventure, on oublie que pour beaucoup de peuples en souffrance, elle représente une barrière infranchissable, un dangereux obstacle dans la quête de la liberté.
S'embarquer dans des conditions précaires, à la merci de gens apâtés seulement par le gain, s'ignifie trop souvent la mort.

Avec son talent habituel, Laurent Gaudé nous emmène sur cette mer de la désolation, guidés par Salvatore Piracci, commandant de la marine chargé d'intercepter les embarcations de migrants clandestins, et qui, petit à petit, perd foi en sa mission.
En parrallèle, nous suivons le dangereux périple de Soleiman, jeune Soudanais attiré par l'Eldorado européen.

Un sujet brûlant d'actualité qui divise et attriste, révolte et horrifie.
Tout ceux qui, n'ayant rien à perdre, osent se lancer dans l'inconnu avec une volonté, un acharnement proches de l'inconscience sont pourtant admirables.

Je mets cependant un petit bemol quant au choix de Piracci que je trouve excessif et inutile.
Une très belle lecture, toutefois, qui conforte Gaudé dans mes auteurs favoris.
Commenter  J’apprécie          3918
C'est un petit livre bleu, à la couverture vive. Sur la photo, un ciel d'azur, et un bateau voguant sur une mer d'huile : ça sent bon les vacances, le monoï et les plages de sable fin.

Oui mais non. Tout faux !
Cette mer en apparence tranquille, c'est la mer Méditerrané, celle-là même qui engloutit chaque année des milliers de migrants, et qui vomit les autres sur l'île maudite de Lampedusa. Cette mer sur laquelle patrouille depuis 20 ans le commandant Salvatore Piracci, un garde côte italien chargé d'intercepter les clandestins sans cesse plus nombreux, cette mer aussi que Souleiman rêve de traverser, avec ses compagnons de galère Soudanais, Libyens ou Syriens, qui tous ont bêtement vu le jour dans le mauvais hémisphère.
Ce premier plan bleu-flou sur la couverture, d'ailleurs, ne serait-ce pas le bastingage de l'une de ces embarcations de fortune, dérivant vers l'horizon inaccessible que l'on distingue au loin ?

Exit le monoï et les lagons paradisiaques : ce livre sent la peur, la misère et l'exil, les destins brisés et les espoirs déçus. Avec ce roman ô combien dramatique, qui douze ans après sa parution résonne encore si tristement dans l'actualité, Laurent Gaudé nous adresse un message d'alerte plein de compassion, humaniste sans être moralisateur. Il met volontairement de côtés les enjeux sociétaux, culturels et géopolitiques complexes que l'on sait, et préfère s'attarder sur quelques prises de consciences individuelles, à commencer par celle de Salvatore Piracci, épuisé et écoeuré par la vaine chasse à l'homme qu'il mène depuis trop longtemps. Souleiman n'est pas en reste, lui qui comprend trop tard « qu'aucune frontière ne vous laisse passer sereinement », qu'il faut savoir « s'arracher la peau pour quitter son pays », et qu'il se trouvera toujours des hommes pour exploiter la pauvreté et l'urgence.

Voilà un texte fort, qui bouscule forcément, d'autant que Laurent Gaudé connait les formules qui font mouche (formules que certains trouveront peut-être un peu trop larmoyantes ou trop artificielles…) et ne recule devant aucun procédé stylistique pour aiguillonner notre sensibilité.
Son roman m'a ému, et tant pis si la réaction du commandant m'a semblée incongrue, voire complétement insensée. Y'a-t-il d'ailleurs dans tout ça, dans ces vies sacrifiées, dans ces familles déchirées, dans ce trafic d'êtres humains, quelque chose de sensé ?

-------------------
Pour la bande son de cette critique, voir ci-dessous.
http://www.dailymotion.com/video/x51oh1
Commenter  J’apprécie          383




Lecteurs (7083) Voir plus



Quiz Voir plus

Laurent Gaudé

En quelle année est né Laurent Gaudé?

1965
1967
1970
1972

10 questions
175 lecteurs ont répondu
Thème : Laurent GaudéCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..