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3,8

sur 801 notes
La plume de Laurent Gaudé n'en finit pas de m'éblouir, quel que soit le thème, le style du roman, de même que sa capacité à mêler histoire/Histoire et fantastique/légende. Il s'agit en l'occurrence ici d'accompagner Alexandre le Grand dans la mort. J'avais choisi ce livre pour son titre, j'ai découvert le résumé avant de l'ouvrir avec un certain scepticisme (pas sûre que cela me plaise...) pour finalement l'apprécier d'une seule traite. J'en ai encore beaucoup à lire de cet auteur et cela me réjouit d'avance !
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J'adore Laurent Gaudé, dont la plume a un côté poétique ou onirique, ce qui transcende l'histoire qu'il nous conte.
D'Histoire, il est ici question: ce roman débute à la mort d''Alexandre le Grand, et nous plonge de façon décalée et bien entendu romancée dans la semaine qui s'en suivit, où l'Empire sera déchiré. Dans ce roman, les morts et les vivants se mêlent, se parlent. Laurent Gaudé est très à l'aise pour nous plonger dans une ambiance un peu mystique, presque fantastique. A la manière d'un conte africain.
Le dernier des neufs chapitres offre une fin somptueuse et magnifiquement écrite, et vient largement compenser les quelques petites longueurs qui précèdent.


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À Babylone, Alexandre le Grand se meurt. Alors qu'il exhale son dernier souffle, il sait que son héritage sera dépecé. « Il sent, là, à l'instant où la douleur le brûle, que tout l'Empire va bruire d'une inquiétude et que personne n'est de taille à tenir l'immensité du royaume qu'il a forgé. » (p. 28) Alors que Babylone et tout l'Empire rendent hommage au mourant, les luttes de pouvoir commencent. Et la curée sera complète une fois qu'il sera mort. On fait venir auprès de lui Dryptéis, la fille de Darius. La princesse voulait vivre recluse, loin de l'Empire et de ses haines. Mais après la mort d'Alexandre, elle devient sa plus fidèle sujette et la gardienne d'un monde au bord du gouffre. « “Peut-être n'ai-je été mise au monde que pour pleurer.” Pleureuse de son père d'abord, puis d'Héphaïstion et d'Alexandre. Pleureuse d'un monde englouti. » (p. 107)

La dépouille d'Alexandre devient un enjeu et les généraux se disputent le trône. Dryptéis n'aspire qu'à sauver son enfant, à entraîner l'Empire loin de lui. Elle se joint au convoi mortuaire qui traverse les terres d'Alexandre. Dryptéis veut défier l'histoire : et si la sépulture d'Alexandre restait secrète à jamais ?

Laurent Gaudé propose une lente mélopée, un chant funèbre et digne. On entend résonner la voix des morts, comme c'était le cas dans La mort du roi Tsongor, du même auteur. Les défunts ne sont jamais très loin et ils précèdent les vivants en toute chose. Je n'ose trop en dire de peur de vous gâcher la lecture. Sachez seulement que le texte de Laurent Gaudé est de l'encre dont on fait les légendes.
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Ecoutez... "dans les steppes de l'Asie centrale "de Borodine, ce rythme d'abord lancinant, répétitif mais qu'on sent évoluer, puis ces voix fortes, discordantes ou assorties, fortes, envoûtantes...Vous aurez un aperçu de mon ressenti sur ce roman : j'ai eu la musique dans la tête pendant toute la lecture...
http://www.youtube.com/watch?v=juisZsDQZBo&feature=related


J'aurais aimé ne pas vous en dire plus, vous laisser trouver votre propre musique...Il y a tant à découvrir par soi-même...Et tant à dire aussi.

Sur l'idée de départ, originale et osée, pas facile : parler d'un personnage très connu (Alexandre le Grand) en se focalisant sur son agonie et son cortège funèbre.

Sur la construction ensuite, tel un roman "choral" certes, où Laurent Gaudé alterne les narrateurs à la première ou troisième personne, mais aussi les types de voix : les vivants, Alexandre, et les âmes errantes des fidèles compagnons morts. Cela donne un côté passionné, flamboyant à l'ensemble. On passe du lyrisme à la réalité la plus dure. On est en empathie totale avec les personnages tels que Drypteis, digne et loyale, et les compagnons fidèles d'Alexandre, qu'on peut compter sur les doigts de la main, et qui formeront son ultime cortège.

"Alexandre doit retrourner à sa mère qui l'attend ,
qui hurlera à son tour, du haut des monts de Macédoine,
et ce cri s'entendra jusqu'aux confins du monde."

Sur l'écriture de Laurent Gaudé, enfin, qui est vraiment sa signature même si elle diffère un peu selon les livres, mais qu'on retrouve dans le soleil des Scorta et plus encore dans la nuit Mozambique ( et dans la mort duroi Tsongor parait-il, je vais donc m'empresser de le lire) :
cette écriture en effet, on peut la trouver "excessive", c'est souvent le reproche, mais qu'elle est belle ! Quel souffle elle donne au récit ! On est porté autant par l'histoire que par l'écriture ! Et c'est d'elle que vient cette musique qui ne vous lâche plus au fil des pages.
(Je mets peu de citations, je crois qu'il est important de decouvrir ces lignes sans a priori...)
Et toujours cette question de la mère d'Alexandre, Olympias, "A qui appartiens-tu, Alexandre ?", fil rouge lancinant du récit et réprésentative d'un des objectifs d'Alexandre le Grand : rallier Occident et Orient, les réconcilier, oeuvre ambitieuse qu'il tentera de mener à bien...Même si l'empire, dès sa mort annoncée, sera l'objet de convoitises et de partages sanglants...

J'ai été happée dès la première ligne par le style très lyrique lorsqu'il s'agit des grandes scènes du roman (cortège, Egypte, dernier assaut...), très intimiste lorsque la voix de Dryptéis se fait entendre, et très réaliste dans les anecdotes relatives au règne d'Alexandre le Grand : ces variations donnent beaucoup de relief à la narration.

p.31 : "Elle pense que les dieux ont faim, qu'ils veulent une proie, que personne n'a pensé à calmer leur appétit. C'est bien ce qu'elle a senti. Il flotte dans l'air autour d'eux, une menace. Les dieux cherchent une vie à dévorer.(...) Il est normal que ce soit elle."

En bref, une première page qui vous harponne, une construction qui donne un souffle à l'histoire, une écriture qui lui donne un rythme reconnaissable certes- mais c'est ce que j'aime chez un auteur, sa "signature littéraire"-mais un rythme très musical, grandiose souvent.
Et une histoire prenante traitée de manière oiriginale.
Vous l'avez compris, ce roman est un superbe cru de Laurent Gaudé, que je vous encourage vivement à découvrir en vous laissant porter par le style...

Un seul "oubli" mais on y remédie très facilement de nos jours (!) : une (même minuscule) biographie d'Alexandre le Grand aurait permis de se situer dans le temps, et une carte dans l'espace. ça aurait sans doute ajouté un caractère "roman historique" non voulu au livre d'où peut être le choix de ne pas les inclure...
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Et si Laurent Gaudé n'était pas un écrivain mais un archéologue ? Et s'il avait trouvé des parchemins au fond d'une grotte entre la Cappadoce et les rives du Gange et qu'il les avait juste retranscrits pour notre plus grand plaisir ? Précis, concis. On reste saisi par cette rencontre intime avec Alexandre le Grand, au moment où sa vie physique s'affaiblit. Mais l'esprit, le mythe, le souvenir demeurent. Par-delà les siècles, les frontières et les guerres.
Les histoires de Laurent Gaudé sont toujours aussi « à vif » que spirituelles. Celle-ci ne fait pas exception. Elle laisse un goût de poussière, de sang, de grandeur et d'éternité.
Alors, faut-il la lire ? Oui. C'est beau. Comme un poème en prose. Je n'ai mis que 3 étoiles car j'ai toujours préféré l'écriture naturaliste à la poésie, mais cela n'engage que moi et n'enlève rien au talent de l'auteur.
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Une page d'Histoire romancée : la mort d'Alexandre le Grand (- 323 av. J-C), l'homme qui réunit l'Orient et l'Occident. A son actif : guerres, fondation de soixante-dix cités, expansion vers l'est... Et retour à la case départ pour l'Empereur défunt : sa dépouille refait le chemin inverse de ses avancées conquérantes (si j'ai bien compris ?? rien n'est moins sûr), de Babylone vers la Macédoine, accompagné d'un cortège de pleureuses. Tandis que ses généraux n'attendent pas la fin du deuil pour se déchirer et se partager l'Empire dans le sang...

Des tours sur Wikipedia se sont imposés pour situer le contexte, les faits. J'apprécie généralement la plume efficace de l'auteur, elle m'a semblé ici mystico-tragico-théâtrale et grandiloquente - en phase avec le type de récit et l'époque évoquée, ceci dit... La lecture fut fastidieuse et longue, malgré la brièveté du roman. Bon, je peux au moins me dire une fois le livre (enfin) refermé que j'ai appris sur cette période de l'Histoire, ma patience n'aura pas été totalement vaine... D'autant que je ne suis pas près d'oublier cette "aventure", je le crains.
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Challenge ABC 2014/2015
La mort et le cortège d'Alexandre le Grand: pas forcément un sujet qui fasse bondir d'enthousiasme. Et pourtant, le livre est captivant, à la fois tragédie, guerre de succession, luttes d'influence, trahisons, assassinats, conquêtes, batailles...
Comme dans la mort du roi Tsongor, la poussière du désert, le soleil brûlant, les batailles, tous les sens sont touchés: il fait chaud, trop de lumière ou dans la pénombre, les odeurs sautent au visage, le vent de sable et le soleil brûlent la peau, le festin est servi, le silence emplit la chambre mortuaire et les cris les couloirs du palais...
Servi par une langue majestueuse, rythmée, élégante: un superbe roman encore.
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Une amie m'a prêté ce livre en me disant clairement qu'elle n'arrivait pas à entrer dans l'histoire. Sachant que j'aime beaucoup l'oeuvre de Laurent Gaudé, elle m'a demandé de le lire pour voir si j'apprécierai davantage ce livre qu'elle.
Et je peux tout de suite dire que la magie a opéré pour moi!
Quand on vous annonce cela, vous débutez la lecture, fébrile, en pistant l'ennui derrière chaque page. Où est-il tapi le vaurien?
Et de page en page, j'ai parcouru l'Empire d'Alexandre, sautant d'un personnage à l'autre avec délectation.
C'est un livre vers lequel je ne serais pas allée de moi-même car le thème ne m'attirait pas. Pourtant j'ai retrouvé le plaisir que j'avais eu lors de la lecture de "la mort du roi tsongor". J'ai lu ce livre comme un conte mais un conte dépoussiéré, je dirai presque un "road-movie" à travers l'Empire d'Alexandre qui s'effrite. Les noms des personnages m'ont envoûtée, notamment Dryptéis.
Ce ne sont pas tant les luttes de pouvoir qui m'ont intéressée, mais plutôt la fière reine Dryptéis ainsi que le vaillant Ericléops.

Je me suis sentie bien en refermant ce livre, donc je vais pouvoir le rendre à mon amie et la remercier pour cette belle lecture inattendue et ce grand voyage!
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Un roman polyphonique et poétique qui a trouvé écho en moi.
Laurent Gaudé nous transporte dans le temps et l'espace grâce à une incroyable mise en voix de ses personnages.
Alexandre nous parle par delà la tombe. Nous entraîne dans ses ambitions, son envie de vivre, de ne pas mourir, de ne pas disparaitre, son besoin d'éternité. Sa belle-soeur Dryptéïs nous entraîne à sa suite pour lui rendre les derniers honneurs, résister aux complots de cour, respecter un homme grandiose. Ses fidèles compagnons nous font vivre leurs derniers instants de bravoure et de fidélité, leur déchirement, leurs combats.
La langue de Gaudé, les voix, la geste trouve résonnance chez la lectrice que je suis. Ces voix sont d'ailleurs encore un peu là, surtout Alexandre et Dryptéïs.
En ce qui me concerne, Gaudé me parle ici bien plus que ce qu'il avait pu faire avec "Ouragan", que j'adore. C'est dire s'il m'a transporté ici!
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Après « Le Tigre bleu de l'Euphrate », Laurent Gaudé s'intéresse une nouvelle fois à la mort d'Alexandre le Grand, Roi de Macédoine, Pharaon d'Égypte et Grand roi de Perse depuis sa victoire contre Darius III. Mais cette fois-ci, c'est sous une forme romancée et non plus dans un monologue théâtral que l'auteur décrit la fin du grand conquérant macédonien. Sa fin, mais surtout ses conséquences sur ceux qui restent et sur l'empire incommensurable qu'il a bâti à la force de sa vision unificatrice.

Tandis qu'Alexandre agonise sur sa couche à Babylone, ses généraux sont partagés entre leur triste déférence et leurs ambitions personnelles. Depuis le temple où elle est recluse, on fait mander Dyptréis, fille de Darius et veuve d'Héphaistion le favori d'Alexandre. Elle doit mener au chevet du conquérant sa grand-mère Sisygambis, diseuse de vie ou de mort. Aux portes de l'Inde, Éricléops, fidèle messager d'Alexandre, doit porter la parole de son roi auprès de son dernier ennemi, Dhana Nanda. le dernier souffle d'Alexandre jettera le chaos sur l'empire. Convoitises et querelles d'influence feront couler le sang des guerriers comme celui des innocents. Mais l'amour, la fidélité et l'honneur porteront peut-être le souffle d'Alexandre par-delà la mort.

Avec sa verve poétique habituelle, qui puise aux sources de l'Histoire et de la mythologie, Laurent Gaudé nous entraîne dans un récit au rythme lent mais maîtrisé, alternant les points de vue de personnages prêts à sacrifier leur vie pour sauvegarder ce qui leur est le plus cher.
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