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3,8

sur 797 notes
Laurent Gaudé ne déçoit jamais ! Je n'ai pas tout lu de cet auteur mais La mort du roi Tsongor, La porte des enfers, Eldorado, Écoutez nos défaites et Salina m'avaient passionné. Alors, quand j'ai aperçu Pour seul cortège sur les rayons de ma médiathèque, je n'ai pas hésité et je ne l'ai pas regretté. Voilà encore un roman vraiment réussi écrit dans un style précis et emphatique qui fait rêver et frissonner en même temps.

Pour seul cortège m'a plongé au temps d'Alexandre le Grand et j'ai apprécié que l'auteur me permette de connaître davantage cette époque si lointaine, même s'il romance l'histoire. En fait, le célèbre conquérant est mourant et ses guerres, ses expéditions reviennent en mémoire comme la quantité incroyable de morts qui ont jalonné son passage. Nous sommes en 323 av. JC.
Dryptéis, fille de Darius, soeur de l'épouse d'Alexandre, est la femme d'Hephaistion le favori mort l'année précédente. Elle est réfugiée dans un monastère avec son fils mais des cavaliers viennent la chercher pour qu'elle décide Sisygambis, sa grand-mère, « diseuse de mort », à venir au chevet du mourant.
La fièvre ronge Alexandre et son agonie lui permet de faire défiler l'empire et l'on sent bien que ses plus fidèles lieutenants vont s'entredéchirer dès qu'il sera mort. En même temps, l'auteur fait suivre Ericlops envoyé en Inde, jusqu'au Gange, contrées qu'Alexandre voulait conquérir, son appétit de territoires n'ayant pas de limites.
Dryptéis accompagne le corps du Conquérant qui devrait être mené jusqu'à Pella, en Grèce (royaume de Macédoine), dont il est originaire. L'auteur donne ici la pleine puissance de son talent, mêlant imaginaire et réalité. Il met en scène un cavalier sans tête et décrit une bataille fantastique entre cinq cavaliers et cinquante mille hommes appuyés par deux mille éléphants.
Je n'oublie pas la Tour de silence, formidable allégorie qui rend ce livre encore plus fabuleux, tellement réaliste et tellement poétique.

Cette fin du règne d'Alexandre le Grand m'a passionné et j'ai dévoré ce livre avec plaisir, angoisse et délectation devant tant de richesse littéraire. Pour seul cortège, un livre épique, légendaire et magnifiquement réaliste.
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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À Babylone, en plein banquet, Alexandre, le monarque le plus puissant d'Asie s'effondre terrassé par la fièvre. Il se meurt et les généraux s'affolent mais à peine sera-t-il mort qu'ils se déchireront et se disputeront l'héritage.
La dépouille d'Alexandre étant un enjeu majeur, il a été décidé de la renvoyer à sa mère patrie et c'est Dryptéis, fille de Darius et veuve d'Héphaistion qui va devoir escorter l'âme de celui qui lui a pris tout ce qui faisait sens à sa vie.
Sous la plume de Laurent Gaudé, les derniers jours d'Alexandre le Grand vont devenir une véritable épopée. Il va réussir à réécrire la légende et à nous tenir en haleine jusqu'au bout.
Laurent Gaudé renoue ainsi avec le souffle épique qui a fait le succés de la mort du roi Tsongor.
Épopée, tragédie, roman historique, un peu tout ça à la fois, Pour seul cortège accompagne la dernière chevauchée du grand conquérant, en approchant parfois le fantastique.
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Hey Jacky , hips , fais péter un dernier Gaudé , hips , pour la route ! T'as qu'à mettre ça , hips , sur ma note ! le fa dièse , hips , hips , en te remerciant ! Blam ! Aie ! Oups , j'ai tombé mais je m'ai pas fait mal...

Et de route , il va en être question dans ce nouveau roman ! Pourtant , je dois avouer être resté plutôt en marge de cette funèbre procession , osant à peine me mêler au douloureux cortège des pleureuses...

Que les choses soient claires entre vous z'et moi : Gaudé , j'adhère fortement ! le Soleil des Scorta étant , à mes yeux , son roman le plus abouti . Sorte de nirvana – unplugged – livresque que j'atteignis en des temps immémoriaux...De là à penser qu'il apparaissait désormais comme fort peu probable de rééditer une telle prouesse littéraire , il n'y avait qu'un pas : nevermind...
Nos routes se croisèrent régulièrement et furent souvent pavées de moments intenses à défaut d'être qualifiés de divins . Tsongor , Eldorado , Cris...autant de personnages forts et empathiques côtoyés le temps d'une valse à quat'z'yeux...Forte myopie aidant...
Mais là , comment dire , comme un méchant goût de survol en ballon – dixit Philéas Fogg – au sortir de cette macabre cohorte cérémoniale .

Quoi de pire que de terminer un bouquin en se posant la terrible mais néanmoins existentielle question : Aaaaah , d'accord , mais pourquoi tant de haine? Bon , peut-être terminer deux bouquins , je vous l'accorde...
Je ne m'étendrai pas sur l'écriture toujours aussi maîtrisée ! Gaudé possède indéniablement le sens du verbe qu'il décline merveilleusement ! le bon mot à sa juste place . Des phrases ciselées . Véritable travail d'orfèvre .
Les noms et adjectifs susceptibles de qualifier cette dernière mouture sont légion : deuil , renaissance , rédemption , épique , historique , onirique , manigance , j'en passe et des moins bons mais le constat s'impose finalement de lui-même , terrible et implacable : il s'en fallut de peu que je ne perde ce cortège de vue...
Tu me parlas de batailles et de rois , d'amours déchus et déçus , de grandeur et de décadence , de fidèles compagnons arrivistes dansant déjà sur ta fraîche dépouille et se déchirant alors ton royaume à coups d'alliances retorses et de luttes intestines . Cela ne me suffit point , je restais finalement presque étranger à cette cérémonie onirique .

Pour seul cortège : c'est vous qui voyez , y en a qui ont essayé , ils ont...
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Je l'ai lu quelque part : Laurent Gaudé n'a peur de rien. Effectivement, entre tragédie antique et péplum hollywoodien, s'attaquer au mythe d'Alexandre le Grand, l'insatiable conquérant, n'était pas un modeste défi.

Oui mais « Pour seul cortège » évoque surtout le dernier voyage de « l'homme qui ne savait pas mourir ». Sous un tel angle d'approche, ce roman s'apparente moins à une fresque historique qu'à une légende revisitée sous forme de poème épique, porté par les voix des vivants et des morts qui alternent et se répondent tout au long de la narration, comme témoignages de cette vaste épopée.

Harmonieusement simple et forte, la plume de Laurent Gaudé réécrit ainsi la légende qui nous invite à suivre l'esprit d'Alexandre presque au bout du monde, jusqu'à l'éternité qu'il s'est choisie.

Moins remarquable que « le Soleil des Scorta » dont j'ai décidément gardé un souvenir… ébloui, ce texte original et sensible n'en est pas moins un bel exercice de style.


Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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Chant lyrique aux forts accents héroïques, "Pour seul cortège" tient davantage de la chanson de geste que du roman. le rythme, le phrasé, la narration chorale, le sujet, tout concourt à exalter le lyrisme de la plume de Gaudé.

Un lyrisme qui m'a d'abord gênée et empêchée de pleinement entrer dans le récit et puis, comme on se laisse bercer par la voix d'un conteur, j'ai petit à petit calé mon pas dans celui des narrateurs, je me suis comme amalgamée au récit, me laissant porter par les mots et la poésie déconcertante du propos.

Gaudé a choisi de s'intéresser à l'une des figures les plus légendaires qui a enfiévré des générations d'historiens : Alexandre le Grand, et plus particulièrement le mystère qui entoure sa mort à seulement trente-deux ans, mystère de sa sépulture qui a rendu insomniaques des générations d'archéologues - et ça continue. "Pour seul cortège" creuse le mythe pour en extraire une forme de spiritualité façonnée par le charisme du conquérant, son influence sur son armée et sur les peuples conquis et ses actes politiques et guerriers. Pour faire oublier que cet homme à l'ambition démesurée a succombé à des vers intestinaux, ce qui n'est pas franchement glamour, Gaudé place son récit dans un entre-deux risqué et subtil entre exégèse et interprétation mythologique, échappant avec talent au piège du panégyrique basique.

Ce que j'ai le plus apprécié, c'est que l'auteur m'a emportée loin, très loin, dans cette Antiquité tellement floue et immatérielle en raison des rares vestiges qu'elle nous a laissés. J'ai aussi été soulagée d'échapper aux poncifs : on ne mentionnera ni Aristote, précepteur du conquérant, ni Bucéphale, son non moins célèbre destrier qu'il aurait apprivoisé à l'âge de dix ans. On ne parlera pas non plus des femmes d'Alexandre, des nombreuses cités qu'il a fondées à travers son empire mais comme un pied-de-nez à tous ces livres d'histoire qui expliquent que la conquête du conquérant s'est arrêtée au fleuve Indus, l'auteur s'ingéniera à repousser la conquête jusqu'au mystique Gange, dans une fantastique fantasmagorie digne des plus grandes élégies.

Mais au-delà de la figure épique d'Alexandre, l'auteur veut marquer que si certains hommes accèdent à l'immortalité, leur héritage sera toujours soumis aux mêmes médiocrités : fractures, dissensions, discordes, déchirements, ambitions révélées, guerres fratricides... comme si la grandeur ne pouvait appartenir qu'à ces grandes figures, laissant dans l'ombre ceux qui restent une fois qu'elles sont entrées au Panthéon de l'Histoire.


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Le grand Alexandre se meurt. Alexandre le Grand est mort. On lui prépare un cortège et les guerres internes se dessinent déjà et les nouveaux conquérants s'installent. Avec les mots de Laurent Gaudé, on fait le dernier voyage d' Alexandre, entouré de Ptolémée, Perdiccas, Dryptéis, Roxanne, soldats, pleureuses, amis fidèles et les autres. Un cortège funèbre traversant les frontières pour porter ce grand roi chez lui, en terre natale. Un récit épique raconté avec les mots de Laurent Gaudé c'est toujours un bonheur.
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J'avais déjà évoqué dans une de mes critiques à quel point l'écriture de Laurent Gaudé faisait naître en moi des émotions que seule la musique est capable de me procurer.

Pour seul cortège, ce sont des voix d'hommes et de femmes qui s'élèvent, merveilleuses, qui sonnent comme une menace. Des voix qui se répondent, des voix qui se perdent.
Pour seul cortège, ce pourrait être le Kyrie de Mozart ou encore le poème profane O Fortuna mis en musique par Carl Orff.

Et quoi de mieux qu'un requiem pour accompagner Alexandre le Grand jusqu'à sa dernière demeure ?


Je ne connais pas grand chose de la vie d'Alexandre le Grand mais ça n'avait que peu d'importance finalement. Laurent Gaudé a une telle musicalité dans ses phrases qu'il suffit de se laisser porter, et même si la fin m'a quelque peu désarçonnée, j'ai apprécié le voyage...


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Laurent Gaudé ou l'assurance de passer un bon moment.

On retrouve les ingrédients bien connus de l'oeuvre de l'auteur: un coin de Moyen Orient, du Liban aux rives du Gange, dans l'Antiquité, des filles de rois déchus, des conquérants sans morale, une porosité entre le monde des vivants et le monde des morts. Et bien sûr une forme chorale et une ressemblance avec les tragédies grecques où nul mortel n'échappe à son destin, aussi puissant soit-il.

Si je voulais être honnête, mais je ne le suis pas, trop aveuglée par mon amour pour la plume de Gaudé, je pourrais dire que j'ai trouvé Gaudé un peu moins inspiré que d'habitude, avec une plume un peu plus fade et des personnages moins convaincants. Mais ce serait en comparaison de Médée Kali, qui est un chef-d'oeuvre absolu.
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Décidément, Gaudé explore de multiples univers dans ses romans. Dans le présent récit, on recule à une époque lointaine, au IVe siècle avant notre ère, au moment où l'empereur Alexandre meurt, tout jeune, après avoir conquis le monde. Qui d'autre saurait nous emporter dans les grands chemins de l'Histoire, non pas à travers un roman historique, mais plutôt par une évocation mystique ?

Alexandre, le grand, le tout puissant Alexandre, s'est évanoui. Dans le désordre de ce repas de fête, ses hommes ne comprennent pas tout de suite ce qu'il se passe mais l'ampleur du drame ne tarde pas à les frapper. Qui donc pourra prendre la relève après la mort, qui semble inévitable tant il est affaibli, de l'Empereur ? Les alliés d'antan, les fidèles d'Alexandre, les amis du front se préparent à la curée, ne reculant devant aucune trahison ou bassesse, oubliant que seule leur loyauté leur avait permis de rejoindre le cercle des puissants… 


Laurent Gaudé, de sa belle écriture toujours empruntée de cette grande force tragique qui m'a séduite tant de fois (Le soleil des Scorta, La mort du Roi Tsongor …), retrace les derniers jours de l'Empire et les batailles qui ont précipité sa perte. Et c'est aux côtés de Dryptéis, dont la soeur était l'épouse d'Alexandre, que l'on suivra le cortège funéraire jusqu'aux confins des terres, là où seul le silence perdure, là où personne ne retrouvera le corps du plus grand Empereur qui ait vécu.

Ce court texte épique à plusieurs voix nous envoûte, comme une incantation de laquelle on a peine à s'extraire. Deux voix surnagent dans le livre. Celle d'Alexandre, bien sûr, par sa présence, sa folie, sa grandeur et celle de Dryptéis, vibrante et émouvante dans la dignité et, aussi, dans ses choix. Un portrait de femme magnifique, comme souvent chez Laurent Gaudé, par ce qu'elle porte de douleur et de beauté du monde. Même si ce roman n'est pas un mes préférés de l'auteur, c'est une très belle réussite. Un roman mythique, poignant et poétique !
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Alexandre le Grand va mourir à Babylone. Dryptéis, la femme de son meilleur ami décédé, est en route.
Alexandre le Grand est mort. Dryptéis est arrivée. Et elle reçoit pour tout cadeau l'abandon forcé de son tout petit bébé, l'assassinat de sa soeur, enceinte d'Alexandre, et l'inquiétude perpétuelle des grands empires. Les complots, les guerres de succession....Non, elle ne veut pas de tout cela. Elle qui avait trouvé refuge dans un temple reculé des montagnes d'Arie, elle est obligée de composer. Avec tout.
Elle quitte donc Babylone, en accompagnant la dépouille d'Alexandre que ses compagnons d'armes veulent enterrer avec luxe et splendeur, avec les pleureuses.
Mais elle entend tout à coup la voix d'Alexandre ! Cette voix creuse son chemin au plus profond d'elle pour qu'elle réalise un voeu : jeter sa dépouille loin de tous les fastes de cette Cour.
Un autre ami d'Alexandre vient vers lui, aussi, mais du royaume des Morts.
Un étrange cortège se forme, « porté par ce vent de l'âme qui ne s'épuise jamais ».
Des vivants et des morts, une femme et des hommes, des vrais compagnons, entourent l'âme d'Alexandre pour la conduire là où elle pourra se répandre et enfin trouver la paix.

Curieux roman que celui-ci, porté lui aussi par ce vent de l'âme, ce souffle épique dont on parle souvent quand est évoquée l'oeuvre de Laurent Gaudé. Rythmé, plein d'une mélopée lancinante, ce roman à l'écriture somptueuse et inégalable nous entraine dans la légende, dans le Royaume des Anciens et des Grands, qui a toujours fait la part belle au surnaturel.

Roman difficile, qu'il faut apprivoiser lentement. A relire, assurément.
Le vent de l'âme des légendes n'est pas quelque chose qui se donne au tout venant.
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