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Jérôme Vérain (Éditeur scientifique)Youssouf Touré (Illustrateur)
EAN : 9782842053659
125 pages
1001 Nuits (14/10/1998)
3.7/5   20 notes
Résumé :
Noa Noa signifie " parfumé " en tahitien. Dans ce journal, tenu par Paul Gauguin (1848-1903) lors de son premier séjour polynésien, éclate à chaque ligne l'émerveillement devant la nature, l'amour de la civilisation menacée des Maoris, la sensualité que lui inspire Tehura, sa jeune fiancée : " Je suis embaumé d'elle ! "

Noa Noa, veut dire odorant, parfumé, en tahitien… Noa Noa c’est le carnet de bord intime de Paul Gauguin et un essai de cosmogonie... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Souligner la beauté singulière des oeuvres de Gauguin serait tenter d'éclairer le soleil avec une allumette.
Alors essayons de comprendre la révolution de ce soleil.
Peintures, sculptures céramiques en sont les rayons.
Pour comprendre la force de ces rayons, leur puissance il faut lire les écrits de Gauguin.
Il faut respirer leur musique.
Il faut humer Noa Noa.
Noa Noa vous apportera un peu du parfum de ce pays là.
Tahiti, les Marquises.
Pour Gauguin il s'agissait d'une quête et non d'une fuite comme certains l'ont prétendu.
On ne fuit pas une prison on s'en évade.
Ce que Gauguin a fait. Il a pris la mer pour se détacher d'une société dont il savait le jugement létal .
Il n'a jamais renié la culture des mondes, de son monde, au contraire il avait tout emporté. Ce qu'il ne supportait plus c'était le discours, le regard que ce monde « civilisé » portait sur l'Art.

Las de s'expliquer, las de se justifier, las de survivre, Gauguin a pris le large et il a rencontré l'enfance du monde.
«  Je m'endormis à cette musique...Je pouvais dans mon sommeil m'imaginer l'espace au dessus de ma tête, la voute céleste, aucune prison où l'on étouffe. Ma case c'était l'espace, la liberté. »

J'étais là seul ; de part et d'autre nous nous observions. »

Gauguin a du apprendre Tahiti «  Pour eux aussi j'étais le sauvage. Avec raison peut être. ».
Avec amour, avec élan, avec désir et cette faim irrépressible et viscérale qui torturait son âme , il a vu, et surtout entendu ce pays.
Cette terre, ces hommes, cette Tahitienne qui portait la mémoire et l'avenir du monde.

Impressionné, frappé, ébloui.
«  Pourquoi hésitais-je à faire couler sur ma toile tout cet or et toute cette réjouissance de soleil ? Probablement de vieilles habitudes d'Europe, toute cette timidité d'expression de nos races abâtardies.».

Dévêtu, dépouillé, nu, Gauguin dépucela sa peinture.
« Tous ses traits avaient une harmonie raphaélique dans la rencontre des courbes, la bouche modelée par un sculpteur parlant toutes les langues du langage et du baiser, de la joie et de la souffrance, cette mélancolie de l'amertume mêlée au plaisir, de la passivité résidant dans la domination. Tout une peur de l'inconnu ».

Gauguin a joui des couleurs, des parfums, des chairs, des musiques, des lignes de Tahiti.
«  Ce fut un portrait ressemblant à ce que mes yeux voilés par mon coeur ont aperçu ».
«  Je deviens insousciant, tranquille, aimant ».

Gauguin devint amoureux. «  L'amour en moi prenait éclosion ».
En Gauguin, un monde fleurissait. «  C'était tout, c'était beaucoup ». «  Tout est beau, tout est bien ».

Noa Noa c'est le parfum d'une rencontre dans une nuit tropicale.

Astrid Shriqui Garain
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Le Noa Noa édité par "La Plume", publié en 1901, est un texte de Charles Morice, à qui Gauguin a eu la faiblesse d'accorder sa confiance. Morice a édité le texte de Gauguin, en s'efforçant d'en faire un Paul et Virginie à Papeete, ignorant tout de la mythologie Maorie, la gommant pour que ça se vende mieux à Paris. Morice a aussi gommé le style de Gauguin, style parlé, direct, brut, lyrique, concret et provocant, pré-Célinien, pour lui substituer un non-style "qui fait lettres": ampoulé, chichiteux, boursouflé d'adjectifs et d'adverbes parasites. Comment un peintre et écrivain "dédaigneux du métier et des conventions" a-t-il pu laisser un apprenti symboliste, détracteur puis agiographe de Verlaine, bricoler son texte, et y ajouter de petits poèmes irritants? Pour sa peine, Morice aurait piqué les droits d'auteur, dont Gauguin n'avait pas besoin, lui qui suçait des racines aux antipodes. Morice aurait même piqué plus que des droits d'auteur. Gauguin, dans une lettre à sa femme Mette, lui reproche de parler de Morice "comme une femme amoureuse" et "espère qu'elle n'a pêché avec lui que par la pensée"; Gauguin cocu - mais pas parangon de vertu-. Gauguin: un filon! Morice a même voulu monter une "pantomime lyrique" sur Gauguin pour le théâtre et quelques francs-papier de plus. Comme l'écrira Pola Gauguin, le peintre, fils de Paul, dans la biographie qu'il consacre en 1920 à son père, Morice voyait Gauguin comme sa découverte personnelle, comme une chose qu'il avait promue et non comme son ami. Dans une lettre à Eugène Montfort, Morice écrit: "Noa Noa est de moi, bien plus que de Gauguin. Nous avons intimement causé; j'ai écrit". A bon entendeur!
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Gauguin demanda à Charles Morice, de réviser le manuscrit de Noa Noa. Certains commentateurs d'après ce que l'on peut lire, s'accordent pour considérer qu'il aurait en fait dénaturé ses écrits. Personnellement, ce recueil est l'un de ceux que j'ai eu le plus de plaisir à lire, (avec ses correspondances) même s'il y fait peu référence à son activité artistique.
En fait ce bougre de Paul Gauguin n'est pas facile à cerner et on ne peut pas dire qu'il y met du sien pour nous faciliter la tâche. Mais se savait-il lui-même ?
Quoi qu'il en soit, ce Noa Noa est une oasis de plaisir.
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Une perle méconnue! Un journal du séjour dans les îles de Paul Gaunguin, un vrai bijou. La critique est pourtant facile. Il y décrit sa relation avec une très jeune fille (13 ans). Faut il boycotter ce livre sous prétexte qu'il décrit une relation pédophile? La question est ouverte mais ce n'est pas mon avis. La face noire de Gauguin, son Mister Hyde, est connue depuis longtemps. Je fais la part des choses et ne me prive pas pour autant de lire ce roman antobiographiques passionnant. Quelques longueurs sur la fin quand il décrit la mythologie locale mais globalement, une lecture qui m'a réellement enrichie. Il y décrit la naissance de certains de ses chefs d'oeuvres. On rentre dans se livre car on est convaincu que Gauguin a été un peintre de génie, on en ressort en étant convaincu qu'il aurait pu être un auteur de talent.
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On connait Paul Gauguin le peintre mais il faut découvrir Paul Gauguin l'écrivain. En 1891, le peintre débarque à Papeete. Dans un journal de bord, il raconte cette île de Tahiti, alors si exotique et différente de tout ce qu'il connait, cette vie simple et lumineuse ; il raconte aussi sa jolie vahine, sa peau, ses caprices et l'amour.
Dans cette édition de poche, qui ne comprend ni dessins ni croquis, on n'oublie pas de lire les quelques poèmes de Charles Morice : « Même la fleur de ses cheveux languit, et midi brûle/ Sur la mer dont l'eau lasse et lente avec langueur ondule/ (…) »
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critiques presse (2)
LeFigaro
21 septembre 2017
Noa Noa, le récit de Paul Gauguin après son premier voyage à Tahiti.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LeFigaro
13 décembre 2011
La plume de Gauguin est surprenante: elle allie poésie et lucidité [...]. L'artiste tente de décrypter l'âme tahitienne, et de mettre de côté les clichés cartes postales (déjà) véhiculés à l'époque.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Le feu commença le 1er janvier 1897

Il devait durer, les montagnes pouvant cacher les Maories pendant longtemps.

— Pourquoi ne voulez-vous pas être, comme ceux de Tahiti, gouvernés par les lois françaises ? — demandait-on à un indigène quelques jours avant l’action.

— Parce que nous ne sommes pas à vendre, parce que nous [la population de Raïatéa] nous trouvons très bien comme nous sommes, et parce que nous voulons rester nos maîtres. Nous savons, du reste, par l’exemple de Tahiti précisément, en quoi consistent les bienfaits de votre civilisation. À peine installés, vous prenez tout, la terre et les femmes, et sous prétexte d’ivrognerie, de vol, vous nous envoyez en prison pour nous donner, sans doute, le goût des vertus dont vous parlez beaucoup et que vous ne pratiquez pas. Et les amendes ! et les papiers timbrés ! et les impôts ! et les gendarmes ! et les fonctionnaires !…

— Mais qu’espérez-vous ?

— Rien. Nous savons que nous serons vaincus. Qu’importe ! Si nous nous rendions, les principaux de nos chefs seraient envoyés à Nouméa, au bagne, et comme, pour un Maorie, la mort loin de la terre natale est ignominieuse, nous préférons mourir chez nous.
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Elle se mit à réciter une fable, sans doute pour me faire plaisir, une fable de la Fontaine — souvenir de son enfance, chez les sœurs qui l’avaient instruite : La Cigale et la Fourmi. La cigarette était toute partie en fumée.

— Tu sais, Gauguin, fit la princesse en se levant, je n’aime pas ton La Fontaine.

— Comment ? Notre bon La Fontaine !

— Peut être est-il bon, mais ses morales sont laides. Les fourmis… (et sa bouche exprimait le dégoût). Ah ! les cigales, oui ! Chanter, chanter, toujours chanter !

Et fièrement elle ajouta, sans me regarder, les yeux enflammés et s’adressant loin :

— Quel beau royaume était le notre, quand on n’y vendait rien ! Toute l’année on chantait… Chanter, toujours ! Donner, toujours !…

Et elle s’en alla.

Je remis la tête sur l’oreiller, et longtemps je caressai du souvenir ces syllabes :

— Ia orana, Gauguin.
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Chez ces peuplades nues, comme chez les animaux, la différence entre les sexes est bien moins accentuée que dans nos climats. Grâce à nos artifices de ceintures et de corsets, nous avons réussi à faire de la femme un être factice, une anomalie que la nature elle-même, docile aux lois de l’hérédité, nous aide, sur le tard des races, à compliquer, à étioler, et que nous maintenons avec soin dans un état de faiblesse nerveuse et d’infériorité musculaire, en lui épargnant les fatigues, c’est-à-dire les occasions de développement. Ainsi modelées sur un bizarre idéal de gracilité –auquel nous restons, quant à nous, pratiquement étrangers – nos femmes n’ont plus rien de commun avec nous, ce qui ne va peut-être pas sans de graves inconvénients moraux et sociaux.
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De distance en distance, d’autres comme elle regardaient, fatiguées, muettes, sans pensées, la lourde fumée du navire qui nous emportait tous, amants d’un jour. Et de la passerelle du navire avec la lorgnette, longtemps encore il nous sembla lire sur leurs lèvres, ce vieux discours maori :
«Vous, légères brises du Sud et de l’Est, qui vous joignez pour vous jouer et vous caresser au-dessus de ma tête, hâtez-vous de courir ensemble à l’autre île ; vous y trouverez celui qui m’a abandonnée, assis à l’ombre de son arbre favori. Dites-lui que vous m’avez vue en pleurs.»
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Dans ces toiles gonflées encore des souffles lointains qui nous apportèrent, vivantes d'une vie à la fois élémentaire et fastueuse, c'est la sérénité de l'atmosphère qui donne à la vision sa profondeur, c'est la simplification des lignes qui projette les formes dans l'infini, c'est du mystère que l'intarissable lumière, en la désignant, irradie, révélant : une race.
Si distante de la nôtre, qu'elle te semble, dans le genre humain, une espèce différente de toutes, à part, exceptionnelle.
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Paul Gauguin Belles Marquises.
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