Suivant un récit probablement apocryphe, Scarron aurait eu pendant le carnaval l'idée de se déguiser en oiseau. Pour remplir ce but, il s'était préalablement mis tout nu et frotté le corps de miel; après quoi il avait ouvert un lit de plume et s'était roulé dedans, de manière à ce que le duvet s'attachât à sa peau et lui donnat l'apparence d'un véritable volatil. Emplumé de la sorte, il fit plusieurs visites dans des maisons où la plaisanterie fut trouvée de bon goût et des plus réjouissantes ; mais la chaleur ayant fait fondre le miel, les plumes se détachèrent et trahirent la nudité de Scarron, au grand scandale de la populace, qui se mit à le poursuivre. Effrayé des clameurs, il prit la fuite et se cacha dans un marais, où il s'enfonça jusqu'au menton. La froideur de l'eau le saisit tellement, qu'il fut pris de rhumatismes qui lui tordirent les membres et le rendirent impotent et perclus. Des contemporains moins bénévoles, tels que Tallemant des Réaux et Cyrano de Bergerac, attribuent cette maladie à une autre cause que rend tout à fait probable la vie quelque peu licencieuse que menait le jeune abbé.
THÉOPHILE DE VIAU.
Cette fois, c’est d’un véritable grand poète que nous allons parler.
— Il est mort jeune ; il a été persécuté toute sa vie et méconnu après sa mort. On voit que sa destinée de malheur a été complète : aussi dit-il lui-même qu’il fallait qu’il fût né sous une étoile enragée.
Il serait complètement oublié sans les deux ridicules vers de Nicolas Boileau dans l’Art poétique :
À Malherbe, à Racan préférer Théophile,
Et le clinquant du Tasse à tout l’or de Virgile,
et sans une mauvaise pointe tirée de sa tragédie de Pyrame et Thisbé :
Le voilà, ce poignard qui, du sang de son maître,
S’est souillé lâchement ;
— il en rougit, le traître,
que l’on cite dans tous les traités de rhétorique comme un monstrueux exemple de faux goût, ce qui ne l’empêche pas d’être un poète dans le sens le plus étendu du mot, et d’avoir fait un des vers les plus vantés de l’abbé Delille :
Il n’yot que le silence, il ne voit rien que l’ombre,
et beaucoup d’autres dont de plus heureux ont profité, entre autres le même Nicolas Boileau qui parle de lui d’un ton si dédaigneux.
— Il est vrai qu’il le met en compagnie du Tasse, et que c’est un affront que l’on pourrait envier.
La lecture de ces petits poètes est incontestablement plus récréative que celle des célébrités les plus reconnues ; car c’est dans les poètes du second ordre, je crois pouvoir l’avancer sans paradoxe, que se trouve le plus d’originalité et d’excentricité.
Je trouve un singulier plaisir à déterrer un beau vers dans un poète méconnu ; il me semble que sa pauvre ombre doit être consolée, et se réjouir de voir sa pensée enfin comprise ; c’est une réhabilitation que je fais, c’est une justice que je rends […].
En 1834, Balzac imagine et commande une canne somptueuse à l'orfèvre parisien le Cointe.
La « pomme » en or, finement ciselée des armoiries des Balzac d'Entraigues, qui n'ont aucun lien avec l'écrivain, est ornée d'une constellation de turquoises, offertes par sa bien-aimée Mme Hanska.
Cette canne est excessive en tout, et très vite, elle fait sensation parmi journalistes et caricaturistes. C'est la signature excentrique de l'écrivain, la preuve visible et provocante de son énergie et de sa liberté, imposant sa prestance au milieu de la société des écrivains. Pour Charlotte Constant et Delphine de Girardin, amies De Balzac, la canne est investie d'un pouvoir magique…
Pour en savoir plus, rdv sur le site Les Essentiels de la BnF : https://c.bnf.fr/TRC
Crédits de la vidéo :
Direction éditoriale
Armelle Pasco, cheffe du service des Éditions multimédias, BnF
Direction scientifique
Jean-Didier Wagneur
Scénario, recherche iconographique et suivi de production
Sophie Guindon, chargée d'édition multimédia, BnF
Réalisation
Vagabondir
Enregistrement, musique et sound design
Mathias Bourre et Andrea Perugini, Opixido
Voix
Geert van Herwijnen
Crédits iconographiques
Collections de la BnF
© Bibliothèque nationale de France
Images extérieures :
Projet d'éventail : l'apothéose De Balzac
Grandville, dessinateur, entre 1835 et 1836
Maison de Balzac, BAL 1990.1
CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
La canne De Balzac
Orfèvre le Cointe, 1834
Maison de Balzac, BAL 186
CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
Sortie des ouvrières de la maison Paquin, rue de la Paix
Béraud Jean (1849-1936)
Localisation : Paris, musée Carnavalet, P1662
Photo © RMN-Grand Palais / Agence Bulloz
La pâtisserie Gloppe, avenue des Champs-Elysées
Béraud Jean (1849-1936)
Localisation : Paris, musée Carnavalet, P1733
Photo © RMN-Grand Palais / Agence Bulloz
Balzac à la canne
Illustration pour Courtine, Balzac à table, Paris, Robert Laffont, 1976
Maison de Balzac, B2290
CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
Balzac, croquis d'après nature
Théophile Gautier, 1830
Maison de Balzac, BAL 333
CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
Portrait-charge de Balzac
Jean Pierre Dantan, sculpteur, 1835
Maison de Balzac, BAL 972
CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
Honoré de Balzac
Jean-Théodore Maurisset, graveur, 1839
Maison de Balzac, BAL 252
CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
Balzac en canne
Jean-Théodore Maurisset, graveur, 1839
Maison de Balzac, BAL 253
CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
Comtesse Charlotte von Hardenberg
Johann Heinrich Schroeder (Boris Wilnitsky)
Droits réservés
Delphine Gay (Portrait de Delphine de Girardin)
Louis Hersent, 1824
Musée de l'Histoire de France
© Palais de Versailles, RF 481
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