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EAN : 9782080703675
445 pages
Flammarion (04/01/1999)
3.82/5   28 notes
Résumé :
Il y a quelques semaines (avril 1840), j'avais laissé tomber négligemment cette phrase : "J'irais volontiers en Espagne!" Au bout de cinq ou six jours, mes amis avaient ôté le prudent conditionnel dont j'avais mitigé mon désir et répétaient à qui voulait l'entendre que j'allais faire un voyage en Espagne. À cette formule positive succéda l'interrogation " Quand partez-vous?" Je répondis, sans savoir à quoi je m'engageais : " Dans huit jours." Les huit jours passés, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Je l'avoue, j'avais oublié à quel point Théophile Gauthier pouvait être drôle. Je me souvenais qu'il avait une superbe plume, je me doutais que ce récit me donnerait envie de faire mes bagages pour la péninsule ibérique, mais je n'aurais pas pensé qu'il manierait le sarcasme et l'anecdote avec un tel talent que je rirais ou glousserais autant en dévorant ses péripéties espagnoles.
Après avoir déclaré qu'il visiterait bien l'Espagne, notre écrivain-narrateur n'en peut plus de croiser des connaissances qui lui demandent 'Mais vous êtes déjà revenu?' et se trouve bien obligé de faire ses bagages!
C'est le début d'un voyage aux quatre coins de l'Espagne bien avant les développements du tourisme moderne, pas toujours confortable mais toujours pittoresques, où il s'extasie sur l'art, dort dans l'Alhambra, le veinard, et espère très fort rencontrer des brigands!

A découvrir en toute hâte, mais vous êtes prévenus: cela vous donnera envie de voyager!
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Gautier connaît l'Espagne par l'histoire - Abd al-Rahman, 1er émir de Cordue, la Reconquista, l'Inquisition... - et par la littérature, avec d'abord Victor Hugo. Après tout, il a été un des principaux lieutenants de la bataille d'Hernani du côté de la salle de spectacle, il admire Hugo, il connaît donc son oeuvre par coeur.
Son récit de voyage - qui se présente plutôt par des chapitres relativement courts parus dans la presse - est donc l'occasion de confronter sa vision livresque à la vérité du pays. Et, comme souvent, l'imagination et la fiction étaient plus belles que la prosaïque réalité. Des mots comme "pittoresque", "ancien", "traditionnel" semblent écrits sur chaque page, mais au passé, à l'imparfait. Gautier voulait l'Espagne de ses livres, celle de ses fantasmes, celle des clichés : nobles orgueilleux, bandits ombrageux, des femmes en mantille, et même des moulins. Gautier est un romantique, il voulait retrouver son image de l'Espagne. Or, les femmes portent les mêmes robes que les parisiennes avec quelques mois de décalage, les héros comme don Rodrigue n'existent plus, les spectacles de théâtre jouent les pièces parisiennes, même la pauvreté n'est plus si terrible - et j'ai pensé à Astérix en Hispanie où les touristes vont des commentaires sur la cuisine qui s'améliore d'année en année. Car l'Espagne se développe, se modernise, avec même un navire à vapeur qui semble être l'horreur absolue.
Si j'ai trouvé les descriptions d'églises et de châteaux assez longues, les passages les plus intéressants sont donc ceux où Gautier a l'occasion de présenter l'Espagne qui correspond à ses attentes, de la soupe à l'ail aux courses de taureaux.
Peut-être faut-il connaître l'Espagne et les lieux présentés pour pleinement apprécier ce récit de voyage qui a été trop long pour moi ?
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Il n'est pas possible de recopier ici la totalité du "combat de taureaux", comme il dit. Mais sa lecture donne toute la dimension de la stupidité et de la cruauté inutile de la corrida. Car il n'y a pas que les toureaux qui soient torturés, les chevaux aussi. (voir la citation)
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Découvrez l'Espagne comme vous ne l'avez jamais vue, à travers les yeux et la plume extraordinaire de Théophile Gautier. J'ai mis 5 étoiles aux livres de Théo, mais seulement parce qu'il n'y en a pas plus.
Extrait:
« ... Un des grands malheurs de la vie moderne, c'est le manque d'imprévu, l'absence d'aventures. Tout est si bien réglé, si bien engrené, si bien étiqueté, que le hasard n'est plus possible ; encore un siècle de perfectionnement, et chacun pourra prévoir, à partir du jour de sa naissance, ce qui lui arrivera jusqu'au jour de sa mort. La volonté humaine sera complètement annihilée. Plus de crimes, plus de vertus, plus de physionomies, plus d'originalités. Il deviendra impossible de distinguer un Russe d'un Espagnol, un Anglais d'un Chinois, un Français d'un Américain. L'on ne pourra plus même se reconnaître entre soi, car tout le monde sera pareil. Alors un immense ennui s'emparera de l'univers, et le suicide décimera la population du globe, car le principal mobile de la vie sera éteint : la curiosité... »
Lien : http://www.roman-amour.fr/le..
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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
On ne voit en passant par les Landes désertes,
Vrai Sahara français, poudré de sable blanc,
Surgir de l’herbe sèche et des flaques d’eaux vertes
D’autre arbre que le pin avec sa plaie au flanc,

Car, pour lui dérober ses larmes de résine,
L’homme, avare bourreau de la création,
Qui ne vit qu’aux dépens de ceux qu’il assassine,
Dans son tronc douloureux ouvre un large sillon !

Sans regretter son sang qui coule goutte à goutte,
Le pin verse son baume et sa sève qui bout,
Et se tient toujours droit sur le bord de la route,
Comme un soldat blessé qui veut mourir debout.

Le poète est ainsi dans les Landes du monde;
Lorsqu’il est sans blessure, il garde son trésor.
Il faut qu’il ait au cœur une entaille profonde
Pour épancher ses vers, divines larmes d’or !
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J'ai dans mon coeur, dont tout voile s'écarte,
Deux bancs d'ivoire, une table en cristal,
Où sont assis, tenant chacun leur carte,
Ton faux amour et mon amour loyal.

J'ai dans mon coeur, dans mon coeur diaphane,
Ton nom chéri qu'enferme un coffret d'or ;
Prends-en la clef, car nulle main profane
Ne doit l'ouvrir ni ne l'ouvrit encor.

Fouille mon coeur, ce coeur que tu dédaignes
Et qui pourtant n'est peuplé que de toi,
Et tu verras, mon amour, que tu règnes
Sur un pays dont nul homme n'est roi !
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La bibliothèque de l'Escurial présente cette particularité que les livres sont rangés sur le rayon le dos contre le mur et la tranche du côté du spectateur ; j'ignore la raison de cette bizarrerie. Elle est riche surtout en manuscrits arabes et doit renfermer des trésors inestimables et complètement inconnus. Aujourd'hui que la conquête d'Afrique a fait de l'arabe une langue à la mode et courante, il faut espérer que cette riche mine sera fouillée dans tous les sens par nos jeunes orientalistes ; les autres livres m'ont paru être en général des livres de théologie et de philosophie scolastique. On nous fit voir quelques manuscrits sur vélin avec marges historiées et miniaturisées ; mais, comme c'était le dimanche et que le bibliothécaire était absent, nous ne pûmes en obtenir davantage, et il fallut nous en aller sans avoir vu une seule édition incunable, désagrément beaucoup plus sensible pour mon compagnon que pour moi, qui malheureusement n'ai pas la passion de la bibliographie ni aucune autre.

1877 - [Folio n° 1295, p. 173]
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J'ai laissé de mon sein de neige
Tomber un oeillet rouge à l'eau.
Hélas ! comment le reprendrai-je
Mouillé par l'onde du ruisseau ?
Voilà le courant qui l'entraîne !
Bel oeillet aux vives couleurs,
Pourquoi tomber dans la fontaine ?
Pour t'arroser j'avais mes pleurs !
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Le pauvre animal (cheval), abandonné à lui-même, se mit à traverser l’arène en chancelant, comme s’il était ivre, s’embarrassant les pieds dans ses entrailles ; des flots de sang noir jaillissaient impétueusement de sa plaie, et zébraient le sable de zigzags intermittents qui trahissaient l’inégalité de sa démarche ; enfin il vint s’abattre près des tablas. Il releva deux ou trois fois la tête, roulant un œil bleu déjà vitré, retirant en arrière ses lèvres blanches d’écume, qui laissaient voir ses dents décharnées ; sa queue battit faiblement la terre, ses pieds de derrière s’agitèrent convulsivement et lancèrent une ruade suprême, comme s’il eût voulu briser de son dur sabot le crâne épais de la mort. Son agonie était à peine terminée que les muchachos de service, voyant le taureau occupé d’un autre côté, accoururent pour lui ôter la selle et la bride. Il resta déshabillé, couché sur le flanc, et dessinant sur le sable sa brune silhouette. Il était si mince, si aplati, qu’on l’eût pris pour une découpure de papier noir. J’avais déjà remarqué à Montfaucon quelles formes étrangement fantastiques la mort fait prendre aux chevaux : c’est assurément l’animal dont le cadavre est le plus triste à voir. Sa tête, si noblement et si purement charpentée, modelée et frappée de méplats par le doigt terrible du néant, semble avoir été habitée par une pensée humaine ; la crinière qui s’échevèle, la queue qui s’éparpille, ont quelque chose de pittoresque et de poétique. Un cheval mort est un cadavre ; tout autre animal dont la vie s’est envolée n’est qu’une charogne.

J’insiste sur la mort de ce cheval, parce que c’est la sensation la plus pénible que j’aie éprouvée au combat de taureaux. Ce ne fut pas, du reste, la seule victime : quatorze chevaux restèrent sur l’arène ce jour-là : un seul taureau en tua cinq.

602 - [Folio n° 1295, p. 117-118]
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Videos de Théophile Gautier (25) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Théophile Gautier
En 1834, Balzac imagine et commande une canne somptueuse à l'orfèvre parisien le Cointe. La « pomme » en or, finement ciselée des armoiries des Balzac d'Entraigues, qui n'ont aucun lien avec l'écrivain, est ornée d'une constellation de turquoises, offertes par sa bien-aimée Mme Hanska. Cette canne est excessive en tout, et très vite, elle fait sensation parmi journalistes et caricaturistes. C'est la signature excentrique de l'écrivain, la preuve visible et provocante de son énergie et de sa liberté, imposant sa prestance au milieu de la société des écrivains. Pour Charlotte Constant et Delphine de Girardin, amies De Balzac, la canne est investie d'un pouvoir magique…
Pour en savoir plus, rdv sur le site Les Essentiels de la BnF : https://c.bnf.fr/TRC
Crédits de la vidéo :
Direction éditoriale Armelle Pasco, cheffe du service des Éditions multimédias, BnF
Direction scientifique Jean-Didier Wagneur
Scénario, recherche iconographique et suivi de production Sophie Guindon, chargée d'édition multimédia, BnF
Réalisation Vagabondir
Enregistrement, musique et sound design Mathias Bourre et Andrea Perugini, Opixido
Voix Geert van Herwijnen
Crédits iconographiques Collections de la BnF
© Bibliothèque nationale de France
Images extérieures :
Projet d'éventail : l'apothéose De Balzac Grandville, dessinateur, entre 1835 et 1836 Maison de Balzac, BAL 1990.1 CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
La canne De Balzac Orfèvre le Cointe, 1834 Maison de Balzac, BAL 186 CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
Sortie des ouvrières de la maison Paquin, rue de la Paix Béraud Jean (1849-1936) Localisation : Paris, musée Carnavalet, P1662 Photo © RMN-Grand Palais / Agence Bulloz
La pâtisserie Gloppe, avenue des Champs-Elysées Béraud Jean (1849-1936) Localisation : Paris, musée Carnavalet, P1733 Photo © RMN-Grand Palais / Agence Bulloz
Balzac à la canne Illustration pour Courtine, Balzac à table, Paris, Robert Laffont, 1976 Maison de Balzac, B2290 CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
Balzac, croquis d'après nature Théophile Gautier, 1830 Maison de Balzac, BAL 333 CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
Portrait-charge de Balzac Jean Pierre Dantan, sculpteur, 1835 Maison de Balzac, BAL 972 CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
Honoré de Balzac Jean-Théodore Maurisset, graveur, 1839 Maison de Balzac, BAL 252 CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
Balzac en canne Jean-Théodore Maurisset, graveur, 1839 Maison de Balzac, BAL 253 CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
Comtesse Charlotte von Hardenberg Johann Heinrich Schroeder (Boris Wilnitsky) Droits réservés
Delphine Gay (Portrait de Delphine de Girardin) Louis Hersent, 1824 Musée de l'Histoire de France © Palais de Versailles, RF 481
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