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Après La Mort au crépuscule, la publication du deuxième roman de William Gay (en réalité son premier) prend une résonance toute particulière. La Demeure éternelle… pour un auteur qui nous a quittés en février dernier.

Nous sommes en 1933 dans le Tennessee. Thomas Hovington, cloué au lit par la maladie, ne peut empêcher Dallas Hardin, un homme sorti de nulle part, de s'installer chez lui, de prendre sa femme et son commerce d'alcool de contrebande et d'exercer sa domination sur sa fille Amber Rose. Nathan Winer, un voisin, tente de s'interposer et de mettre fin au séjour de ce parasite, mais il est tué lors de l'altercation et son cadavre précipité dans un gouffre. Ni vu, ni connu. Tous ceux qui se dressent sur le chemin de Hardin meurent en général très rapidement. Dix ans passent. Âgé de 17 ans, le fils de Winer, prénommé Nathan, est à la recherche d'un emploi. Sa route croise celle de Grande-Gueule Hodges, de Hardin et de Guillaume Tell Oliver, un vieil homme sage au passé trouble qui le met en garde contre celui qui apporte le malheur. Mais il va tomber amoureux d'Amber Rose… et osera affronter le démon.

William Gay raconte cette histoire avec la voix traînante du Sud. On pense au Ron Rash d'Un pied au paradis, et l'accent se pare d'une violence soudaine. Beaucoup de sang répandu sur une terre avide de le boire. Et cette brume de violence et de mal qui s'évapore dans l'atmosphère, contaminant les personnages et leur vie. le style de William Gay, c'est une beauté sévère, une lande de terre aride parsemée d'arbres moribonds.

La Demeure éternelle est un voyage dans une Amérique rurale en crise, pauvre et ignorante, le récit de la lutte éternelle du bien contre le mal, une Bible dans une main, un fusil dans l'autre. C'est surtout une écriture précise, poétique. Un bon roman, à conseiller plutôt aux amateurs d'ambiances qu'aux fans de thrillers.
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De William Gay, j'avais énormément aimé "La mort au crépuscule" et son ambiance "southern gothic", semblable à celle de "La nuit du chasseur".
"La demeure éternelle" est son premier roman, et on y retrouve déjà cette dualité du Bien et du Mal, la noirceur de l'âme dans toute sa profondeur, et la beauté de la Nature dans toute sa splendeur.
L'action se passe en 1943, dans un coin perdu du Tennessee, où un sale type tyrannise toute une ville. Il est question de bagarres, de vols de chevaux, de whiskey frelaté, d'incendies criminels... tout cela est violent et un peu désespérant, et une tension angoissante perdure tout au long de la lecture. Car il faudra bien qu'il y ait une fin à tout cela, mais laquelle ?
Heureusement, toute cette noirceur est contrebalancée par l'exaltation de la Nature, et la douce tranquillité de quelques personnages nimbés de pureté.
Néanmoins, ce roman m'a semblé partir un peu dans tous les sens, comme si l'auteur se mettait en situation d'observateur, sans vraiment oser accompagner ses personnages principaux, appuyé en cela par un style un peu aride mais imprégnant, avec quelque chose de pudique, de "taiseux" en lui (paradoxal, pour un roman !). Comme si William Gay était intimidé par l'acte d'écriture. Et j'ai trouvé cela touchant.

Attention : ne pas se fier à la 4ème de couverture, dont le résumé parait avoir été écrit par quelqu'un n'ayant pas lu le livre.
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Dans les années 1940, dans une région reculée du Tennessee, Dallas Hardin règne par la terreur sur Mormon Springs. Après avoir fait son nid dans la demeure de Thomas Hovington, s'arrogeant son commerce d'alcool clandestin et sa femme, Hardin apparaît comme intouchable, multipliant menaces, vengeances et meurtres en toute impunité. Jusqu'à ce que le jeune Nathan Winer croise sa route et celle d'Amber, la fille de Hovington. C'est que si Nathan n'a jamais su ce qu'était devenu son père, disparu dix ans plus tôt, Hardin, lui, le sait bien, puisqu'il l'a tué de ses propres mains.

Dans ce premier roman (deuxième publié en France) William Gay joue la partition classique de la lutte du Bien contre le Mal. Sous le regard de William Tell Oliver, vieux voisin qui l'a pris sous son aile et cache bien mal ses blessures et son remord de n'avoir jamais affronté Hardin, Nathan, malgré son apparente innocence, va peu à peu prendre conscience de l'inéluctabilité du combat qui l'opposera à celui qui règne sans partage sur ce bout de Tennessee abandonné par la loi des hommes et où seule la volonté de Dieu, du diable ou de quelques forces ambivalentes de la nature (le gouffre, symbole central, qui apparaît sur le terrain de Hovington en ouverture du livre sert autant à dissimuler les méfaits qu'à les faire ressurgir) peut instaurer un certain ordre.
Une grande partie du roman, peu ou prou les deux tiers, est l'occasion pour Gay de nous montrer cet ordre des choses et de présenter une communauté profondément divisée par de vieilles rancoeurs, des peurs immémoriales et, surtout, l'absence d'hommes véritables. Partis à la guerre, partis là où il y a du travail, les hommes sont absents. Ceux qui restent sont vieux, ou bien jeunes et poussant sans une réelle autorité paternelle, prêts à dévier, fascinés, à l'image de Bille-de-Pied Chessor ou de Grande-Gueule Hodges, par la violence, mal dégrossis et tournant comme des bêtes en cage dans une communauté qui, malgré la nature immense et sauvage, a l'allure d'une prison dont il est impossible de s'extraire. Quant à ceux qui sont dans la force de l'âge et sont restés, ils rivalisent de lâcheté ou se trouvent impuissants face au lourd couvercle de silence et de peur maintenu sur les lieux par Hardin :

« Et comment pourriez-vous l'empêcher d'entrer chez vous ? À moins de le tuer, comment pourriez-vous assurer l'inviolabilité de votre logis, l'intégrité de votre famille ? Les portes brûlent, les vitres fondent et s'écoulent, visqueuses et en flammes, par-dessus les rebords de fenêtres, les serrures noircissent et gisent, inidentifiables, parmi les cendres. Si vous attendez sa venue, vous pouvez vous préparer, mais il est rusé. Quand viendra-t-il ? À quelle heure du jour ou de la nuit ? Il a tout son temps, il peut se permettre de choisir son moment, et vous, le seul temps dont vous disposez, c'est l'instant de son arrivée. C'est un rancunier, la moindre contrariété le met dans des états qu'un homme ordinaire n'a jamais connu ailleurs que dans les livres. »

De cette première partie, lente, plutôt lyrique et contemplative, émerge donc le portrait peu flatteur d'une communauté en butte à la crise, à l'individualisme, à la bêtise, et animée d'une peur quasi superstitieuse profondément ancrée en elle. Nathan s'en détache à cause de sa force de caractère, de l'opiniâtreté dont il fait preuve dans son désir de pouvoir vivre tranquille et honnêtement, mais aussi par la fascination réciproque qui s'exerce entre lui et Hardin.
Aiguillonnée par l'amour que Nathan va porter à Amber après que Hardin l'a embauché chez lui, le faisant entrer dans sa vie comme pour s'assurer qu'il peut aussi mettre sous sa coupe ce jeune esprit indépendant, l'histoire s'accélère dans le dernier tiers du roman qui voit les deux hommes s'affronter enfin.

C'est finalement une histoire d'une triste banalité que conte William Gay. Mais le lyrisme, l'empathie de l'auteur pour ses personnages dont il explore toute les facettes et dont il fait ressortir toute la complexité, le voile quasi mystique dont il pare les événements, font de la demeure éternelle un roman particulièrement fascinant et attachant. Une belle réussite.


Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Si vous attendez la lecture d'un bon vieux polar vous pouvez passer votre chemin. La publication dans la collection Policiers du Seuil et le bandeau accrocheur « par le lauréat du grand prix de la littérature policière » induit largement en erreur.
Dans les années trente au coeur du Tennessee profond on assiste à l'assassinat de Winer, charpentier et agriculteur par Dallas Harding, son voisin avide et dénué de tout scrupule.
10 ans plus tard Harding va employer le courageux fils de Winer, ignorant des faits mais à la recherche de la vérité. La confrontation des 2 hommes est le fil conducteur du récit. Pas beaucoup de suspens mais plutôt la description d'un quotidien noir. Les habitants sont frustes et pauvres. Dans cette campagne recluse le bien et le mal vont s'affronter. Chacun va choisir son camp.
Pourquoi ai-je mis tant de temps à m'intéresser à cette histoire sans jamais y adhérer totalement ? Il est manifestement plus facile de dire pourquoi on a aimé un texte que le contraire. le texte, qui n'est pas vraiment mauvais, est contemplatif, descriptif, parfois lyrique. Il ne retient pas l'attention. Il faut sans cesse faire un effort pour revenir à l'intrigue. Alors définitivement ce type d'écriture n‘est pas fait pour moi.
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Quand on aime autant un écrivain, quelle joie de tenir enfin son premier roman dans les mains !
Si vous êtes venus chercher un livre pour se détendre avec du soleil et une fin heureuse, passez votre chemin.
L'histoire se déroule dans une communauté rurale du Tennessee des années 1940. Un homme maléfique, Dallis Hardin, utilise les insécurités et les peurs des autres habitants pour avoir plus d'emprise sur eux. Il s'installe chez Thomas Hovington, condamné et affaibli par la maladie. Il profite cette situation pour exercer son emprise diabolique sur ses proches : sa femme et sa fille, Amber Rose. Il aime l'alcool, fait de la contrebande. Cet homme est le symbole de la corruption, des pots-de-vin et l'extorsion, tout en se faisant passer pour quelqu'un de plus puissant. Jusqu'au jour un jeune homme va tomber amoureux d'Amber Rose. Il s'agit d'un voisin, Nathan Winner, qui a grandi sans son père, ne sachant pas ce qu'il lui est arrivé et ignorant que ce dernier a eu le malheur de se mettre sur le chemin de Hardin en essayant de s'interposer à cet homme sans scrupules dix ans auparavant. Il commence par inadvertance un travail de charpentier pour Hardin et tombe amoureux d'Amber Rose, cette jeune femme qui est sous la dure influence de Hardin. Parallèlement, un vieil homme, William Tell Oliver, prudent et attentif, se demande ce qu'il doit faire à propos de ce qu'il sait sur la disparition du père de Nathan. Il doit réconcilier son esprit et ses actes.
Dans cette histoire opposant le bien au mal, on aime ou on déteste les personnages tant ils sont décrits avec brio, peints par la main de maître qu'était William Gay ! Certains sont remplis d'égoïsme, d'orgueil et de ressentiment, d'autres font preuve d'un grand courage. Peut-être n'aimerez-vous pas du tout ce livre. Mais une chose est certaine : vous tomberez complètement amoureux de l'écriture brillante et la narration épique de William Gay.
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Tennessee, années 30. D'une voix qu'on imagine traînante et un peu voilée, William Gay narre le quotidien d'une campagne pauvre, reculée, et où la justice s'exerce étrangement. On connaît le fin mot de l'histoire dès le début, mais les personnages, eux, cherchent. le portrait est plein de finesse, juste, à l'occasion poétique, et sombre. La Demeure éternelle est un roman très noir, plus qu'un polar. Les dialogues non matérialisés par l'auteur rendent le texte très fluide, et on a l'impression de contempler une vieille photographie jaunie ; le procédé renforce à la perfection l'ambiance un peu surannée qui se dégage du portrait. Point d'enquête trépidante ici, point de mystère insondable à élucider, ce qui peut s'avérer un peu décevant. le récit est linéaire, aussi lent que le temps qui ne s'écoule pas en ces lieux et, si l'on n'est pas vraiment surpris par l'ensemble de l'histoire, on se laisse tout de même prendre par l'ambiance.
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Un roman à la lenteur envoûtante. La lutte du Bien et du Mal, la corruption et l'innocence dans un décor étouffant. Une atmosphère prenante dont on ne se défait pas si aisément. Un roman fascinant.
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Inutile d'espérer une fin heureuse à ce roman sombre et âpre, tout au plus un épilogue en demi-teinte. Dans un état du Sud profond des Etats-Unis, durant la Seconde Guerre Mondiale, la misère, le désespoir et la violence font des ravages. C'est dans ce contexte que s'épanouit Dallas Hardin, trafiquant d'alcool, proxénète et meurtrier. Usant d'intimidation, de brutalité, et de corruption pour imposer sa loi, il règne sans partage sur le comté de Mormon Spring. Sa rencontre avec le jeune et innocent Nathan Winer, dont il a assassiné le père, va avoir des répercussions inattendues... L'ambiance envoûtante de ce roman d'une noirceur absolue rappelle celle des écrits de Ron Rash et de William Faulkner, et dépeint avec talent la lutte éternelle du bien contre le mal.
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1943, dans le Tennessee. le père de Nathan Winer a disparu sans crier gare dix ans auparavant. Si la mère pense qu'il les a abandonnés, Nathan, lui, n'y croit pas. Il est ami avec le vieux Oliver qui voit d'un mauvais oeil son voisin Hardin se considérer comme intouchable quand il se livre à des trafics en tous genre. Il s'est même installé chez les Hovington, couchant avec la femme et élevant Amber Rose, la fille Hovington, comme la poule aux oeufs d'or. Il se murmure que Hardin a éliminé des personnes qui se sont mis sur son chemin. Winer est embauché par Hardin comme charpentier pour construire un baltringue clandestin mais leur relation s'envenime quand Winer tombe amoureux d'Amber Rose…
La demeure éternelle est un roman noir rural dans la veine des Marécages de Joe R. Lansdale ou du Diable, tout le temps de Donald Ray Pollock. Un méchant vraiment méchant, une histoire d'amour contrariée, des parents absents ou démissionnaires, les ravages de l'alcool clandestin dans un décor champêtre mais hostile. Un premier roman tardif mais profondément immersif de l'américain William Gay dans lequel on s'enfonce insidieusement comme dans des sables mouvants.
Lien : https://puchkinalit.tumblr.c..
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Nathan Winer a 17 ans. Dix ans auparavant, son père disparaissait mystérieusement, plongeant sa mère dans une colère froide et sourde. A Mormon Springs, dans le Tennessee rural et pauvre des années 40, la vie est rude. Certains, tel Dallas Hardin, dénué de sens moral, s'en sortent au détriment des autres et prospèrent grâce au commerce illicite de l'alcool. du haut de son jeune âge, l'intrépide Nathan n'a pas froid aux yeux. Il se met en quête de son père disparu, quitte à mettre à jour des secrets enfouis au fil des années au fond des gouffres de cette rude contrée que le silence des hommes a recouvert d'un tapis étouffant. Quand les secrets se dévoilent, la mort n'est pas loin…

« La demeure éternelle » est un beau roman noir de l'américain William Gay, lauréat du Grand Prix de littérature policière 2010, représentant de la littérature du Sud.
C'est une oeuvre puissante, décrivant en un style ciselé, la violence souterraine d'une région où la nature et son climat brutal et instable viennent se faire l'écho d'hommes habités par des démons. La violence latente ressurgit çà et là quand le passé fait irruption dans un quotidien aride.
Les descriptions des paysages naturels et de celles, plus intimes, des climats émotionnels agitant chaque protagoniste sont saisissantes. Il ressort de l'intrigue une force saisissante, un lyrisme poétique qui conduit le lecteur dans les tréfonds de l'âme humaine, entre mal absolu, perversité, cynisme, remords, quête d'une rédemption, l'alcool constituant pour chacun un exutoire salutaire contre ses ombres ainsi qu'un catalyseur de ces forces obscures.
Malgré quelques longueurs, l'intrigue livre, page après page, l'éblouissement d'une quête en marche derrière la noirceur d'existences marquées par la lutte pour la survie.
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