Belle Epoque, Paris. Comtesse russe. Trois éléments pour me plaire. Merci aux éditions Payot Rivages de m'avoir envoyé ce roman. Cest un roman policier dont l'intrigue est plutôt basique mais c'est surtout l'ambiance et l'atmosphère, l'effervescence d'une époque que je recherche en lisant ce genre de romans.
C'est ce mélange de divers éléments culturels que j'apprécie qui m'a plu dans
La Mille et Deuxième Nuit de
Carole Geneix. L'auteure, on le voit bien dès le début du roman, est fortement influencée par la littérature russe, les héroïnes un peu dramatiques et théâtrales et les personnages masculins romanesques dans une situation ambiguë et souvent désespérée. Voilà donc une comtesse russe excentrique et son domestique, enfin "secrétaire", homme de compagnie, fidèle, loyal, surnommé Dimia. C'est aussi l'époque des Chanel et consorts, des voitures à pédales qui roulent à 50km/h à fond les ballons, l'époque de la démesure, de l'opulence, de la construction du Titanic, mais aussi la défiance vis-à-vis des Juifs et des Allemands...
Dès le commencement les personnages sont sympathiques, seul le fils de la comtesse russe est une brute épaisse. C'est d'ailleurs le défaut du roman, Igor, ce personnage sans foi ni loi dont l'unique ambition est d'intégrer une famille française riche et noble afin de s'enrichir et de gagner une réputation. Un personnage trop stéréotypé.
Mais le roman se lit très vite. Une écriture fluide et fidèle à la Belle époque, avec de superbes descriptions des salons, des boudoirs, des costumes, des fêtes, des moeurs et des heurts de cette période mouvementée où tout va changer brusquement. 1912. Plongée dans cet univers de plumes et de sequins, de coupes de champagne et de vin blanc coulant à flot, de fanfreluches et de rivières de pierres précieuses..., on se régale des excentricités et des folies des riches aristocrates ou arrivistes. Parfois frivole et matérialiste, cette société était aussi un mélange culturel, de différentes nationalités, de différentes horizons, de différentes idéologies... une génération du progrès, juste avant la guerre.
Et c'est le monde de la mode qui est le mieux décrit avec le personnage de
Paul Poiret et de sa femme et sa muse Orianne. A travers la fête qu'il organise pour le lancement de sa collection et de son parfum, nous nous retrouvons comme dans une immense "party" dans "Gatsby le Magnifique", entre grandeur et décadence. Il y a aussi du piquant et l'humour dans ce roman. de nombreux rebondissements qui entourent la disparition de la comtesse et son collier. J'ai donc lu ce livre d'une traite, fascinée par toutes les possibilités qu'offrait une telle époque. Et puis quelle opportunité d'intégrer le naufrage du Titanic dans cette intrigue.
Au fur et à mesure, on suit les réussites et les échecs des personnages bien que le roman soit regrettablement trop court. Pourtant il manquait un petit quelque chose à la fin. Un je ne sais quoi de plus enlevé. Parce qu'à ce moment "charnière" de l'Histoire, il aurait fallu développer un peu plus. L'enquête de l'inspecteur Bertholet est intéressante mais presque trop rapide.
Oui, on regrette que ce roman se termine si vite.
On voudrait plus de froufrou, de perles, d'or et d'argent, de chapeaux à plumes et de rivières en diamants.
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