Malaise. Ça m'a fait un peu comme quand j'ai lu les pages extrêmes de
Genet, à la différence près que je les avais lues planqué derrière le gros mode d'emploi éthico-esthétique, le bouclier fourni par les maîtres de l'asphyxiante culture. Pour
Nicolas Genka, pas de mode d'emploi – Qui s'y colle à la Sorbonne ? - Ce qui a intéressé les commentateurs, c'est uniquement l'affaire de la censure, la petite histoire. le texte littéraire, non. L'hommage des censeurs n'ouvre pas toujours les portes de la postérité.
Genka a aussi figuré dans la rubrique faits divers, quand les villageois du Finistère ont brûlé sa maison. Mais rien n'y a fait. Un destin littéraire triste. Un livre triste. Bourré de poésie, parfois belle comme du
Giono, bourré de violence perpétrée contre les justes et les vulnérables, comme du
Lautréamont. C'est bien un livre sur le mal, le mal collectif, rural, viril et villageois. « la pine à fabriquer la guerre, et son cobaye, l'amour à fabriquer la haine, et ses otages ; l'homme qui veut se faire aussi gros que le monde..." p. 118. Il y a moins d'horreurs dans
Jeanne la Pudeur que dans les thrillers scandinaves. Mais ce poème en prose fait mal. de quelle Jeanne s'agit-il ? Pas d'une pucelle... d'une prostituée qui revient au funeste village de son enfance. Mais c'est toujours Jeanne : « Jeanne était nue. ... prête à les affronter ses juges... Jeanne montait les escaliers de la mort en chantant, voix pleine de brouillard...la voix qu'allait brûler monsieur Pierre Cauchon". p.168. Au village, elle retrouve les violeurs, le curé taré, et la figure de notre sauveur
Jésus Christ qui plane au dessus du bûcher. Art atroce et gothique. « le foutre coule goutte à goutte dans le feu, crie se tord et bout, se cramponne, supplie. Et le curé serre
Jésus Christ sur son coeur « Mon sang ! Ma chair ! ». Un texte surréaliste de 1964, réédité chez Flammarion en 1999.