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3,68

sur 272 notes
L'écriture ciselée, stylisée à l'extrême de Sylvie Germain confère à ses romans une délicatesse si pure qu'elle appelle aux larmes, des larmes d'extase, des larmes de connivence, des larmes...
Ici s'égrènent les petites scènes capitales qui donnent la couleur à nos vies et ces épisodes sont portés par tant de grâce qu'il est difficile de ne pas s'identifier, de ne pas poétiser, romancer son existence alors que ce texte est entré, et sous nos yeux, au bord du coeur défile...
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C'est une petite fille qui ne sait pas qui elle est.
Une petite fille aux deux prénoms, dont l'un ne s'utilise jamais, et dont elle ne sait rien, de même que cette unique image de mère, absente, disparue, ignorée, jamais racontée.
Représente-t-elle une erreur, d'être née, d'être seule, d'être oubliée? Une ignorance et une incompréhension qui créent doutes et manque de confiance jusqu'à l'âge adulte.

Elevée dans une fratrie de famille recomposée, elle s'y sent un peu canard boiteux. "Le territoire affectif" est un combat de rivalités mené par les enfants, mais reste, malgré tout, un havre de paix familiale et de sécurité. La quiétude et le bonheur n'oublient pas complètement Lily "la discrète", mais elle reste à la lisière des choses, comme effacée.
Elle observe et réfléchit sur les petites scènes du quotidien, ces petits riens qui rident l'harmonie, jusqu'à la brisure d'une famille désertée de la joie d'être et de vivre ensemble. La tempête se lève sur l'échiquier bien ordonné, dont les pièces tombent peu à peu.
Lili-Barbara va se raconter entre joies et peines, jusqu'à sa sérénité de femme mûre, enfin "construite" et apaisée.

L'écriture de Sylvie Germain est magique, visuelle, lyrique, avec des tournures de phrases de grande beauté. Elle joue des mots avec talent, les assemble avec bonheur. Je m'en suis délectée.
Elle offre un roman d'apprentissage, aux questions ouvertes sur la vie, la mort, l'absence, la religion. Une réflexion sur l'amour sous toutes ses formes en dépit des drames, sur cette donnée fondamentale qui construit un individu dès le plus jeune âge.
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Histoire d'une femme, de l'enfance à la vieillesse, de l'après-guerre aux années 2000. Petite fille abandonnée très jeune par sa maman, Lili/Barbara a d'abord vécu seule avec son père, puis avec la nouvelle femme de celui-ci et ses quatre enfants. Lili n'a jamais su trouver sa place parmi eux. Elle n'était pas maltraitée, non, elle se sentait "seulement" (mais c'est déjà beaucoup) mal-aimée et négligée par son père - un homme bon et sensible pourtant - au profit des trois autres filles de la maison. Elle est restée une enfant secrète et observatrice au milieu des événements et des drames qui ont marqué cette famille.

Encore une fois, j'admire le talent de l'auteur pour condenser de manière limpide et poétique, touchante et pertinente autant de destins, pour camper des personnages à la fois convaincants et allégoriques (cf. notamment les métiers que chacun choisira). Malgré le réalisme des situations, on se sent toujours à la frontière d'un conte à la lecture de ses ouvrages.

On retrouve ici des thèmes récurrents dans son oeuvre, toujours évoqués avec justesse, sensibilité et pertinence : la maternité, le couple, l'identité, le poids de la famille et des erreurs parentales, l'absolue nécessité de s'en libérer. Thèmes qui imprègnent également les textes de Véronique Ovaldé.

Ces "petites scènes capitales" m'ont souvent charmée - beaucoup de passages 'coup de coeur'. Mais je m'y suis parfois ennuyée, peu réceptive cette fois aux intermèdes lyriques et contemplatifs qui me séduisent généralement chez Sylvie Germain.
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Sylvie Germain écrit comme on retourne la terre : lentement, méticuleusement, elle casse la croûte des apparences pour révéler ce qu'il y a de vivant en dessous, de prêt à être fécondé en dépit de la mort apparente.
Avec ses mots précis quelquefois précieux, de son écriture travaillée, un peu baroque, toujours jubilatoire en dépit des sentiments complexes et des intériorités souvent douloureuses qu'elle analyse avec acuité, elle dissèque l'âme humaine dans toute sa densité et son opacité.
Entre bien et mal, joies passagères et fulgurantes, souffrances latentes et courts bonheurs, c'est notre condition humaine qu'elle passe et repasse au crible à travers chacun de ses livres dans le cheminement qui est propre à chacun et peut le conduire à un possible consentement à sa vie.
Comment survivre malgré la disparition d'une mère, puis la dislocation de la famille dans laquelle on vit, comment survivre en dépit de la relative indifférence d'un père qui semble ne prêter aucune attention à son enfant, comment survivre quand on ne sait pas qui on est et qu'on n'existe dans le regard de personne, l'art peut-il nous aider à nous libérer, tels sont -entre autres !- les thèmes de ce roman très riche.
Un peu mystique, un peu philosophique, toujours profondément humaine, l'écriture de Sylvie Germain nous ouvre à nous-mêmes à travers les autres, nous faisant entrevoir des possibilités de dépasser la souffrance et le mal.
Qui a dit que philo et fiction ne faisaient pas bon ménage ?
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Barbara, dite Liliane, dite Lili est une enfant sans mère. Celle-ci a disparu en mer après avoir disparu de la vie de sa fille. « Et si l'erreur, c'était elle, tout simplement ? du seul fait d'être née, a-t-elle donc commis une faute, une gaffe ? Est-elle responsable de la fuite de sa mère ? » (p. 29) Cette absence douloureuse à plus d'un titre, Lili la porte en silence, désespérant que son père l'aime pour deux, qu'il l'aime plus fort et davantage que les enfants de sa seconde épouse. Mais Lili passe dans la vie sans émouvoir suffisamment les êtres pour qu'ils aient envie de la retenir. Opiniâtrement, elle est en quête de l'amour, quelle que soit sa forme et quel que soit son émetteur. « La liberté, comme l'amour a un coût, celui de l'intranquillité, ni l'un ni l'autre ne sont jamais acquis. » (p. 204) Sera-t-elle un jour heureuse, Lili ? Sera-t-elle un jour enfin sereine ?

Les chapitres sont très courts et ressemblent à des instantanés, des photos que l'on prend au bord du gouffre. Quant à l'oxymore qui compose le titre, il renvoie aux moments anodins qui marquent les enfants parce qu'ils sont des premières fois, des traumatismes, des découvertes ou des éblouissements. « Les petits riens ne sont jamais insignifiants, la beauté foisonne dans l'infime. » (p. 85) Et, quel que soit l'âge de celui qui les vit, ces instants-là sont uniques et ne reviennent jamais à l'identique, à l'instar des multiples morts qui jalonnent la vie de Lili. C'est toujours le même fait, la brusque et éternelle rupture du souffle vital, mais ce n'est jamais la même personne. Et, à y bien regarder, toute la vie de Lili semble composée d'instants qui précèdent la mort, ce qui les rend uniques et les figent à jamais comme la représentation de ce qui est avant la disparition. « Mais qu'il surgisse sans crier gare, ou qu'il s'en vienne à pas menus, tout deuil ouvre des failles qui n'en finissent pas de serpenter sous la peau, d'interrompre les pensées soudain saisies de bouffées d'idioties. » (p. 130) Enfin, les petites scènes capitales, ce sont surtout les morts, capitales s'entendant au sens de la peine dont on ne se relève jamais.

Petites scènes capitales m'a rappelé La chanson des mal-aimants, mais il y manque la pointe de magie qui m'enchante tellement dans les romans de Sylvie Germain. Ce roman reste un très beau texte qui vibre de la plume forte et poétique de l'auteure.
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C'est qui sur la photo ? demande grand-mère, c'est moi répond la fillette toute fière. Cependant ce qui intéresse Lili, c'est la dame qui la tient dans ses bras, une maman inconnue partie alors qu'elle n'était qu'un bébé.
Pourquoi ne faut-il pas en parler ?
Lili est élevée par son père dans une maison située en face d'une ménagerie d'où elle entend le cri des animaux et le chant des oiseaux qu'elle aime écouter.
Lors de sa première journée d'école, lorsque la maîtresse fait l'appel, la fillette ne répond pas, si elle reconnait son nom, qui est cette Barbara ?
Son père lui apprendra que c'est son véritable prénom, mais on ne l'utilise pas, « c'était une erreur » dit-il pour toute explication.
La vie de l'enfant sera bouleversée lorsque son père épousera la belle Viviane déjà mère de quatre enfants nés de ses précédents maris et amants.
Lili tentera de creuser son trou dans cette nouvelle vie.
En « petites scènes capitales » Sylvie Germain brosse le portrait de l'enfant Lili qui au fil des années la transformeront en Barbara, une femme qui peine à trouver ses marques.
Sylvie Germain avec une écriture fluide et pleine de sensibilité dresse le tableau d'une vie.

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Ces « Petites scènes capitales » sont celles dont on ne perçoit pas forcément l'importance immédiatement, les conséquences sur notre futur, des moments aussi où tout bascule. Ces instants qui mis bout à bout font une vie.

Sylvie Germain déroule le fil de la vie de Lili/Barbara avec une délicatesse de dentellière. Lili, Barbara pour l'état civil, a perdu sa mère très jeune, vit avec son père, sa belle-mère et les quatre enfants de celle-ci. Lili peine à trouver sa place au sein de cette fratrie. Lili, du fait de cette double identité, du mystère autour de sa mère, sera toujours en quête d'elle-même.

Avec ce dernier roman, Sylvie Germain nous livre un beau portrait de femme qui avance dans la vie comme elle peut, fait des erreurs, est obsédée par des questions existentielles. Les personnages secondaires sont tout aussi touchants.

Pour ce premier contact avec l'oeuvre de Sylvie Germain, cette lecture m'a formidablement surprise par la richesse de la langue, son écriture fait appel à nos cinq sens pour faire surgir des images et rendre compte de nos impressions avec poésie sans pour autant donner dans la surenchère et perdre le lecteur. Elle réussit avec ce roman à la fois une fresque familiale de l'immédiat après-guerre à nos jours et un récit d'apprentissage intimiste. Même si ce roman cumule les tragédies, il s'en dégage une profonde lumière.

Lien : http://bene31.canalblog.com/..
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Musicale et lumineuse, l'écriture de Sylvie Germain nous transporte et nous égaie. En nous racontant les interrogations d'une fillette, les errances de l'adulte qu'elle devient et les souvenirs de la femme mure qu'elle incarne, elle fait de son roman une oeuvre poétique et lumineuse où vient se poser, gracile et délicate, une écriture douce et habile. Une parenthèse littéraire à la rencontre de personnages forts et attachants. Un parcours parfois âpre et dur mais toujours d'une époustouflante humanité pour un questionnement du monde universel. Une puissante quête d'amour, magnifiquement écrite, que je vous recommande.
Lien : http://art-enciel.over-blog...
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Tantôt Liliane (prénom choisi par son père), tantôt Barbara (prénom choisi par sa mère), le personnage nous emmène dans le récit d'une vie, des émotions partagées, la sensibilité et les sentiments éprouvés au sein d'une famille recomposée et d'une fratrie d'adoption. Tantôt calme et tantôt mouvementée, la vie de Lili et de ses proches interroge sur la filiation et la création des liens familiaux, depuis l'enfance et l'absence de mère, jusqu'à la vieillesse et l'éloignement, à la rencontre de la perte et du deuil à chaque âge.
Les petites scènes capitales de l'existence de Lili s'égrènent au fil des chapitres, retraçant plusieurs décennies de sa vie, contenues par les questions enfantines et pourtant sans réponses : où est-on avant de naître ? Est-ce qu'on sait qu'on est mort ? Parfois banales et anodines, parfois déterminantes et essentielles, ces petites scènes sont parfois propres à Lili, et parfois elles nous touchent et nous nous y reconnaissons. de même l'univers de l'autrice est parfois semblable à d'autres, parfois résolument unique.
Des années d'après-guerre à la remise en question de la société au printemps 1968, le contexte est souvent prétexte à montrer la poésie du quotidien, dans les chants des oiseaux, dans la langue de l'autrice et dans les citations qu'elle sème avec justesse. Cette première rencontre donne envie d'en faire d'autres et de poursuivre la découverte de ses romans.
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Jusqu'à cette rentrée 2013, mes rencontres littéraires avec la romancière française Sylvie Germain ressemblaient quelque peu à des rendez- vous manqués.

J'avais lu d'elle "Magnus" et "Tobie des Marais", et si j'avais apprécié sa maitrise de la langue empreinte de poésie ,son univers, trop proche de la fable philosophique, m'avait toujours paru quelque peu hermétique voire abscons.

Heureusement, Laura, des éditions Albin Michel m'a présenté, avant même qu'il ne soit mis à la vente fin aout, le nouveau roman de Sylvie Germain, "Petites scènes capitales", de telle sorte que je ne pouvais pas refuser cette nouvelle expérience avec l'auteur.

Et bien m'en a pris car ces petites scènes capitales sont un vrai délice. J'ai en effet retrouve là intact le talent d'écriture de Sylvie Germain, cette plume élégante et racée, mais ce coup au service d'une vrai récit, une saga sur toute une vie.

Ces petites scènes capitales, ce sont en fait 49 chapitres très courts, dans lesquels la romancière nous raconte la vie de Lili, auprès d'un père dont elle cherche désespérément à attirer l'attention, d'une belle mère plus préoccupée par son apparence que par la vie familiale, et d'une fratrie un peu particulière.

Au départ, j'ai été certes un peu déconcerté, car certaines de scènes capitales choisies par la romancière m'ont semblé cèlent en fait de l'anecdotique. La dégustation d'une tasse de thé, une ballade en foret peuvent ils être mis sous le même plan qu'un accident dramatique ou le moment où Lili rencontre son grand amour de jeunesse? Pour Sylvie Germain, la réponse est affirmative : l'instant le plus anodin en apparence peut entrainer de grandes incidences sur la destinée de son héroine. Et Petites scènes capitales ne nous ménage pas les rebondissements et coups du destin, un peu comme une vie Française, le chef d'oeuvre de Jean Paul Dubois qui racontait également une vie de la naissance à la mort.


Mais le personnage de Sylvie Germain est au départ moins charismatique que celui d'une vie Française. En effet, Lili, dont le vrai prénom est Barbara, ( la raison de ce changement d'identité fait justement partie de ces scènes capitales) est une enfant puis une jeune femme timide et effacée, mais qui à l'intérieur d'elle voit tout un tas de sentiments et de pensées se confronter : la jalousie, les angoisses existentielles, les peines,la colère Comme à son habitude, l'auteur mélange réflexions philosophiques sur le temps qui passe et sur les bonheurs et les malheurs d'une vie, mais sans que cela n'entrave la fluidité du récit, bien au contraire.rentrée littéraire

Alors certes, on aimerait parfois que Lili soit plus actrice de sa vie et moins passive, mais réussir à écrire une saga autour d'un personnage a priori si effacé est une gageure dont Sylvie Germain se sort admirablement bien.

A la fin de son récit, lorsque les ultimes scènes capitales arrivent et qu'on a vu toute sa vie défiler en 200 pages, des dernières scènes où Lili- Barbara trouve enfin un peu de sérénité, on ressent comme une vraie mélancolie à l'évocation de ces personnages qui ont peuplé la vie de cette Lili que Sylvie Germain nous a raconté avec énormément de talent.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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