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EAN : 978B08ZBBNLJY
220 pages
Sylca (18/03/2021)
4.33/5   42 notes
Résumé :
Une nuit de juin 1819, à Abisko en Laponie suédoise, une femme habillée de blanc est assassinée par une mystérieuse confrérie lors d'un rituel macabre.
Deux cents ans plus tard, près de Malmö, la jeune Kristina, désœuvrée et solitaire, est retrouvée morte dans un lac, un symbole étrange gravé dans la peau.
L'inspecteur Anders Falk de la brigade criminelle de Simrishamn est chargé de l'affaire. Mais les indices manquent et Sarah, l'amie de sa fille, dis... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (38) Voir plus Ajouter une critique
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Un polar qui se passe en Suède, écrit par Agneta Gerson : Eh bien non, ce n'est pas de la littérature nordique. Première surprise de ce roman: Agneta est française, ne cherchez pas le nom du traducteur.
Un prologue angoissant qui se termine par l'assassinat d'une femme en 1819, le roman se passe lui à l'époque actuelle : deux femmes assassinées, retrouvées noyées dans deux lacs différents de Suède, le ventre scarifié par un symbole mythologique. L'enquête est menée par l'inspecteur Anders Falk, qui se remet mal d'un divorce et d'une addiction à l'alcool, et sa nouvelle collègue Karen, qui cache un mystère : quels sont ces comprimés qu'elle doit prendre régulièrement?
L'attrait principal de ce roman policier pour moi réside dans ses personnages, qui tous se débattent avec leurs difficultés, qui tous ont été cabossés par la vie. L'auteure a le don de les camper en quelques pages, les rendant très vivants rapidement et provocant notre attachement envers eux, en particulier envers son inspecteur que j'espère bien retrouver dans une prochaine enquête.
D'ascendance lapone, il n'a rien du suédois typique. Supérieurement intelligent, il est parfois malhabile dans les rapports humains et craint plus que tout de perdre ceux qu'ils aiment s'il leur avoue son amour. Pas évident d'être mari et père dans ces conditions, et après s'être laissé glisser dans une addiction à l'alcool, il les a perdues. Divorce et injonction d'éloignement, il ne voit plus sa fille à la demande de son ex-femme.
Son métier est ce qui lui reste, mais il a du mal à en suivre les règles et les procédures, ce qui nuira parfois à l'enquête. Une enquête particulièrement difficile à gérer pour lui sur la plan émotionnel, car sa fille en est une victime possible et Hans, celui qui l'a remplacé auprès de sa femme, un suspect potentiel.
L'auteure glisse habilement ça et là des indices, qui conduisent à de fausses pistes et elle réussit à maintenir la tension sur quasiment tout le roman.
Je regrette juste que le dénouement ne soit pas à la hauteur du reste, le comportement du meurtrier reste très étrange et peu expliqué, ses motivations ne sont pas claires pour moi. Je ne veux pas en dire plus, pour ne pas divulgacher, mais cela est certainement pour moi le point faible de ce polar.
Mais c'est une lecture que j'ai cependant appréciée pour les personnages (ils sont nombreux aux cotés de l'inspecteur) et son atmosphère, avec cet aspect crime rituel qui crée l'angoisse de la récidive.
Je remercie l'auteure pour sa confiance.
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Abisko ( Suède ) : juin 1819
Margaret, une jeune femme a été assassinée, elle était vêtue d'une longue robe blanche avec un symbole en forme de flèche gravé au couteau sur son cou !
Simrishamn ( Suède ) : juin 2019
Une jeune femme Kristina a été retrouvée tuée dans les mêmes conditions et noyée dans un lac !
C'est l'inspecteur Anders Falk qui va s'occuper de l'enquête, il a des origines lapones, il est divorcé d'avec Léa et c'est cette dernière qui a la garde de leur fille Kätlin de 16 ans qui ne supporte pas son beau-père Hans, ni le fait de ne pas pouvoir voir son père régulièrement car Anders est un tantinet alcoolo !
Kätlin a été placée dans un hôpital psychiatrique pour l'aider à se sevrer des drogues dont elle a abusé, elle fait la connaissance d'une jeune femme Sarah qui est suivie pour schizophrénie, elles deviennent amies...
Entre-temps, nous découvrons Kamilla, généalogiste venue de France et son ex copain Lucas entomologiste qui est à la recherche d'une libellule extraordinaire et, qui va la loger dans son appartement de Malmö..
Kätlin est sortie de l'hôpital mais quand elle veut revoir son amie, elle apprend qu'elle est introuvable ! Anders va tenter d'avoir des informations à son sujet pour rassurer sa fille...
Karen : la nouvelle coéquipière d' Anders est introuvable et, elle avait rencontré un inconnu qui lui avait donné un rendez-vous mystérieux...
Anders cherche depuis le début de son enquête à faire le lien entre les 2 femmes tuées dans les mêmes conditions, à cela s'ajoute la disparition de Sarah : il a peur pour sa fille car elles ont été hospitalisées dans le même établissement, de plus l'infirmier Karl collectionne en secret des cartes postales de femmes ! Mais, Il va être aidé par Kamilla qui a commencé à trouver des explications importantes à propos des crimes rituels et des escapades amoureuses de Lucas !
Un polar suédois écrit par une française : Agneta Gerson qui a un dénouement sans surprise, si ce n'est qu'il est bâclé en quelques pages !
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Avec La Libellule Noire voici une auteure française qui nous livre un pur polar à la suédoise avec tous les ingrédients du genre !

Au début j'ai craint que l'on nous dépeigne une galerie sans fin de personnages, un peu comme dans l'Anomalie d'Hervé le Tellier, mais non. L'intrigue se noue assez rapidement et se révèle très prenante jusqu'à la fin.

Je ne sais pas dire si un livre est bon ou s'il est mauvais. Je ne vous dirais jamais lisez celui-ci, ne lisez pas celui-là, tellement tout cela est une affaire de goût et de ressentis personnels. Je saurais seulement vous dire si j'ai aimé ou pas… Quoique… là j'ai un petit problème : j'ai adoré lire ce livre, mais je n'ai pas aimé le terminer. Sa fin, que je ne vais évidemment pas vous raconter, m'a pris de court et en quelque sorte ramené sur terre, et du coup m'a conduit à reconsidérer d'un oeil nouveau certains éléments de l'enquête. Voici en texte masqué le fruit de mes réflexions :


Avec un peu de recul, j'ai envie de comparer ce roman à une bicyclette : tant qu'on a de l'élan, tout tient debout et le voyage est agréable. Mais il n'aurait pas fallu freiner si brutalement…
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Bonjour à tous et bienvenue sur notre rendez-vous lecture du lundi. Je vous présente aujourd'hui un thriller écrit par Agneta Gerson : La libellule noire. Un roman qui m'a embarquée dont je n'avais pas rédigé de chronique, c'est donc une deuxième lecture toute aussi plaisante et qui reste mystérieuse.

*****Abisko, Suède, Juin 1819*****
Une femme vêtue de blanc est poursuivie, elle trouve en elle la force de s'enfuir pour sauver sa vie. D'autres ont disparu et la peur rode dans cette région Suédoise de 1819. Elle cherche un refuge, une église où elle sera sous la protection de Dieu. Mais, elle est assassinée par une confrérie, elle est “impure” et sacrifiée dans un rituel ancestral.

Ainsi s'ouvre ce roman policier nordique, dans la brume et le mystère.

*****Simrishamn, Suède, 10 juin 2019*****
Les années ont passé et ne connaissant absolument pas la suède, j'ai recherché à situer l'histoire :

Simrishamn est une ville portuaire du sud de la Suède, dans le comté de Skåne, peuplée de 6 546 habitants. Elle est le chef-lieu de la commune de Simrishamn.

C'est en ce lieu que je fais la connaissance d'Anders FALK, inspecteur de son état. Il traine un passif douloureux dont il peine à se remettre. Anders, par la plume d'Agneta Gerson, nous présente les principaux personnages qui entrent sur la scène un à un pendant que le décors se met en place. La psychologie de chaque personnage est d'un réalisme incroyable au point qu'ils semblent tous coupables – en ce début de roman, aucun crime n'a été commis cependant.

Simrishamn est une ville plutôt calme.

Je me laisse embarquer par la diversité des protagonistes de ce roman et si Anders FALK est celui que j'ai le sentiment de connaitre, les autres personnages ont un coté secret qui pousse le lecteur à chercher des indices sur ce qui les a conduit dans ces lieux meurtriers.

*****Invitation au voyage *****
Au fil de ma lecture, je découvre la Suède et ses paysages. Anders se rend à son travail en vélo et j'ai réalisé que la Suède est un grand pays favorable au vélo, avec un réseau bien développé de pistes cyclables à l'intérieur et autour de ses villes et villages et des pistes cyclables bien balisées à travers le pays. Les panneaux sont noirs pour les routes régionales, verts pour les routes nationales et bleus pour les routes locales. Et pour faire du vélo dans les plus grandes villes de Suède ? Pas de problème – elles disposent toutes de vastes réseaux de pistes cyclables.

L'un des personnages – que je vous laisse découvrir – choisi de faire un long trajet en train, faisant remarquer à son amie (venue de France) que c'est beaucoup plus écologique que l'avion. J'ai beaucoup aimé ce coté simple, clin d'oeil de l'auteur ?

*****Une intrigue bien ficelée*****
Quelle est la cause du trépas de ces femmes en robes blanches ? Très difficile à prévoir avant la finale, tellement le récit cache merveilleusement la réponse. Une plume fluide, des chapitres qui dévoilent la face cachée des personnages et leurs implications dans cette enquête, j'avoue que mes intuitions m'ont trompée. J'aime jouer la détective et dénicher des indices pour démasquer le coupable mais Agneta Gerson brouille les pistes jusqu'à la dernière page.

Le duo d'enquêteurs est surprenant, d'autant que Anders FALK pourrait se retrouver impliqué personnellement alors que tout le ramène sans cesse à un hôpital psychiatrique. Les relations humaines de ce thriller, les dialogues, les sentiments et la différence sont riches et m'ont attachée à certains personnages. Loin du simple thriller, cette aventure est un voyage, une analyse de la complexité humaine agrémentée d'une pointe de conscience environnementale.

C'est un roman que je recommande sans hésitation, un véritable coup de coeur.

*****Et la Libellule ?*****
Le titre de ce thriller est une belle énigme pour les curieux. La lecture a de formidable la culture qu'elle apporte, le plaisir de prendre du temps pour soi et la qualité de l'intrigue. J'ai fait quelques recherches sur cette Libellule rarissime.
Vous voulez en savoir plus ? Je vous donne rendez-vous sur le site de l'auteur.

Je remercie Agneta Gerson pour ce service presse.




Lien : https://lescrinsdubarde.net/..
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Je voudrais tout d'abord commencer par remercier Agneta Gerson pour m'avoir proposé son livre en SP via le site SimPlement.

Concernant la couverture, j'aime bien les tons de bleu et de noir, ainsi que la composition avec le ponton, la lumière, les nuages et cette libellule à peine perceptible. le petit effet dans la police du titre est sympa aussi.

Concernant la plume, je l'ai trouvée fluide et agréable, mais un peu pavé dans la mise en page : le premier paragraphe du deuxième chapitre fait quand même deux pages et demie ! Heureusement, le tout est aéré par les dialogues par la suite.
J'ai, par ailleurs, beaucoup apprécié le fait que le roman comporte plusieurs points de vue. C'est quelque chose qui, je trouve, donne toujours un coup de fouet au récit.

Anders est un policier suédois aux perceptions émotionnelles plus affutées que la moyenne et qui ne rentre pas toujours dans les clous niveau procédure. Divorcé, il est tombé dans la bouteille (avant même la séparation il me semble). C'est un personnage qui m'a beaucoup plu, bien développé, et que j'ai apprécié suivre tout au long de l'enquête. Il est agréable, a des valeurs, des convictions et n'est pas dénué d'un certain humour.

Son ex-femme Léa, pour le bien de leur fille Kätlin, lui a demandé de ne plus la contacter. Ce qui n'arrange pas ses souffrances ni son addiction à l'alcool. Néanmoins, pour quelqu'un qui avait l'air d'avoir sombré, il s'est apparemment sevré d'un seul coup, puisque l'on ne parle plus, après une sorte de déclic, de ses soirées alcoolisées. Je ne vais pas dire que cela ne fait pas réel, je sais que c'est possible étant donné que je connais quelqu'un qui a fait la même chose. Je suis juste étonnée qu'il ne soit pas mentionné le fait qu'il soit en manque. Quoi qu'entre son enquête et sa fille, il a autre chose à gérer et l'esprit bien occupé, le pauvre...

Parce que oui, sa fille a des soucis : elle est tombée dans la drogue. Au début du livre, elle a donc été internée à l'hôpital, contre son gré, pour un sevrage et un suivi psychologique. Kätlin est une jeune fille abîmée par la vie. Non remise du divorce de ses parents et du fait de ne plus voir son père (sans qu'on lui ait donné de raison), elle ne sait plus vraiment quoi faire pour exprimer son mal-être et se sent abandonnée. Elle est la preuve vivante (enfin dans le livre lol) qu'en voulant protéger son enfant, on peut parfois au contraire le détruire. Je pense que dans certaines situations, au lieu de vouloir contrôler leur vie, on devrait au contraire discuter de certaines choses avec eux. Après tout, cette vie est certes celle qu'on leur a donné, mais c'est surtout et avant tout la leur.

Enfin bref ! Revenons-en à notre histoire !

En parallèle, une enquête est ouverte. Une jeune femme a été assassinée selon des circonstances particulières. Malheureusement pour les policiers, elle piétine dès le départ. Ce n'est pas pour autant que l'on s'ennuie, au contraire. Surtout lorsqu'une seconde jeune femme disparait...

Anders va donc devoir concilier son rôle de père à celui de policier lorsque Kätlin, malgré elle, va se retrouvée mêlée à l'affaire. Il n'est pas toujours facile d'être parent, croyez-moi !

On suit donc ladite enquête, mais aussi l'histoire de famille d'Anders avec Kätlin, Léa et Hans. Mais c'est sans compter le mystérieux Karl, Kamilla la généalogiste, Lucas l'entomologiste passionné et Karen, la nouvelle partenaire d'Anders (qui semble cacher un lourd secret). Tout ce petit monde ramène des points de vue différents (même celui, anonyme, du meurtrier) et de la fraîcheur au roman, étant donné qu'on ne reste pas fixé uniquement sur l'enquête. Peut-être que certains préfèrent. Moi, j'aime bien avoir des perspectives différentes dans un livre et ne pas rester entièrement focus sur la même chose, au risque de me lasser. :p

J'ai aussi beaucoup apprécié parcourir la Suède (que je ne connais qu'au travers de certaines vidéos de pêche) de la pointe sud, jusqu'en Laponie tout au nord. C'est un joli dépaysement, même si j'aurais peut-être aimé un peu plus de descriptions.

L'auteure sème plusieurs pistes, fausses ou non à vous de voir ;-), tout au long de son roman. Elle nous pousse ainsi à réfléchir à l'implication des personnages dans ladite enquête et à essayer de les percevoir différemment.

Je n'ai pas spécialement été surprise par l'identité du meurtrier car j'avais fini par avoir une forte présomption. La chose qui m'a un peu dérangée c'est la fin qui, après une enquête longue (pas dans le mauvais sens) et un étau qui se resserre, se termine assez abruptement. le dernier chapitre se passe deux semaines plus tard et nous résume ce qu'il s'est passé, mais je trouve que ça manque d'explications et le motif du meurtrier un peu "léger" (après, je pense qu'il existe plusieurs formes de folie), tout comme son arrestation...

En résumé, j'ai apprécié ma lecture, avec un bon ressenti sur ce livre, des personnages travaillés et intéressants, une enquête bien construite que l'on suit avec plaisir, un axe secondaire non moins intéressant et une découverte du territoire suédois. La fin m'a paru un poil légère, mais cela n'a pas été non plus un obstacle pour moi. Je vous encourage à le lire pour vous faire votre propre idée sur ce roman français au coeur de la Suède.
Lien : http://booksfeedmemore.eklab..
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Abisko, Suède, juin 1819

Empêtrée dans sa robe, la femme tomba dans la boue. Elle jura et se releva rapidement, essuyant son visage avec son bras. Tournant la tête, elle perçut la rumeur de ses poursuivants qui se rapprochaient et regarda ses jambes couvertes de sang. Ce-lui-ci maculait sa longue robe blanche. Elle avait réussi à leur échapper, mais elle se sentait maintenant piégée, fatiguée. Elle déchira violemment le bas de son vêtement et le lança de toutes ses forces en contrebas du chemin, puis partit en sens inverse. Elle espérait brouiller les pistes, mais elle savait que ce ne se-rait pas aussi simple. Les hommes qui l’avaient prise en chasse avaient des chiens avec eux. Essayant de ne pas penser, elle continua à courir avec l’énergie du désespoir. Après une semaine de captivité dans l’ancienne carrière de pierre, où elle n’avait eu pour nourriture qu’un peu de pain et d’eau, censés la purifier en vue du sacrifice, elle avait perdu bon nombre de ses forces. Mais sa volonté était toujours intacte. Elle s’en sortirait et les dénoncerait dans le village. Ils étaient nombreux et in-fluents, mais elle n’était pas la première femme à disparaître dans la région. Dans les veillées, on parlait d’un être malfaisant, mi homme mi bête, qui enlevait et dévorait les jeunes imprudentes, rentrées trop tard chez elles après la traite des brebis ou ayant profité des derniers rayons du soleil pour se promener. On ne les retrouvait jamais. Mais elle savait maintenant. Elle les avait entendus. Elle savait que c’était son don qu’ils convoitaient.
Elle venait d’arriver au pied du grand arbre mort qui se dressait devant la vieille église en pierre. Elle entendait les bourrasques du vent qui faisaient chanter les feuilles des gigantesques bouleaux. Les anémones hépatiques, ces fleurs aux jolis pétales bleutés, avaient commencé à recouvrir les champs. À un autre moment, elle aurait trouvé cela agréable et se serait arrêtée pour se connecter à la nature. Depuis maintenant quelque temps, elle entendait des voix, des sons que personne ne percevait. Cela avait débuté peu après son adolescence et avait rapidement progressé. Sa mère lui avait dit qu’elle était bénie, qu'elle était une héritière de la confrérie des magiciennes. Elle lui avait aussi recommandé de ne pas le dire aux hommes, jaloux du pouvoir de ces femmes. Mais une crise plus forte que les autres lui avait pratiquement fait perdre la raison, alors qu’elle rentrait chez elle un soir. Le pasteur l’avait vue et l’avait recueillie le temps qu’elle se calme. Il lui avait posé des questions et lui avait dit qu’il ne la trahirait pas. Grâce à lui, elle avait réussi à préserver son secret. Elle n’était pas comme les autres et cela lui pesait souvent.
Devant elle, se dressait enfin le portail en fer forgé qui signait son salut. Rassemblant ses dernières forces, elle se jeta dans l’allée jonchée de pierres rondes. La porte de l’église était fermée et elle tambourina aussi fort qu’elle le put, criant à l’aide. Au bout de quelques minutes, la lourde pièce de bois grinça et s’entrouvrit, laissant apparaître le visage familier du pasteur.
— Margeret ? Que faites-vous là ? demanda-t-il avec étonnement.
— Je suis poursuivie, laissez-moi entrer !
— Bien sûr, dit-il en ouvrant la porte rapidement, tout en re-gardant derrière la jeune femme.
Elle pénétra d’un bond dans l'église, passant sous son bras, son esprit en alerte. Quelque chose n’allait pas, mais elle ne comprenait pas encore quoi jusqu’à ce que ses yeux se posent sur le pendentif. Elle se retourna et regarda effarée le pasteur qui avait refermé la porte derrière lui. À son cou, une pièce de bois pendait. Dedans, elle distingua clairement un rond dans lequel une flèche avait été tracée. Le même symbole qu’elle avait vu sur les stèles funéraires de la tombe. Les yeux agrandis par la peur, elle regarda cet homme en qui elle avait toute con-fiance et qui aurait dû représenter la sécurité, sortir de sa robe un couteau à la lame fine et aiguisée. Il la dévisageait avec un mélange indéfinissable de sauvagerie et de compassion, comme celui du chasseur qui s’apprête à tuer l’animal qui lui a tant résisté.

— Je suis désolé Margeret. Cela n’aurait pas dû se passer ainsi. Si vous ne vous étiez pas enfuie, je n’aurais pas eu à faire cela moi-même…
Il avança vers elle, de son pas lourd, le couteau en avant.
— Mais pourquoi ? Pourquoi moi ?
— Vous êtes impure Margeret, vous le savez bien.
— Mais… Ce n’est pas vrai, je vous le jure ! Je suis quelqu’un de bien, je prie tous les jours, vous êtes proche de ma famille, vous me connaissez depuis que je suis enfant !

Le regard du pasteur était calme et déterminé. Elle n’eut pas le temps de se relever qu’il était déjà derrière elle. Elle sentit la pointe froide de la lame appuyer sur sa peau puis entrer entre ses côtes, déchirant sa chair. Sans un bruit, la vie la quitta et son corps s’effondra sur le sol glacé de l’église. Le pasteur Svenson regarda le sang s’écouler lentement sur les carreaux de grès puis prit la jeune femme par les pieds, la traînant sur les tommettes. Sa tête faisait un bruit sourd sur les dalles. Il ne ressentait rien de plus qu’un profond agacement. Ces incapables l’avaient laissée s’échapper. Qui sait ce qu’il se serait passé si elle avait réussi à se réfugier chez quelqu’un d’autre ? Heureusement pour lui, il était la personne la plus influente du village et personne n’irait soupçonner quoi que ce soit le con-cernant. Il connaissait toutes les familles et avait la confiance et le respect des habitants. Avec son sang, il tracerait sur la terre sacrée le symbole qui leur donnerait de nouveau richesse et pouvoir. Ces derniers temps avaient été rudes, entre l’hiver très froid qui avait décimé les bêtes et la sécheresse qui avait réduit à néant les récoltes. La famine menaçait et les paysans se révoltaient contre les nantis et leurs privilèges. Et l'église n’avait pas échappé à leurs revendications. Il fallait faire quelque chose. Il avait alors proposé aux décideurs de la région des sacrifices rituels, pour contrer le mauvais œil qui s’était abattu sur eux. Il les avait convaincus que des sorcières étaient parmi eux, jetant des sorts aux récoltes. Avec une poignée de fidèles des comtés alentours, ils avaient cherché à démasquer ces femmes particulières. Après la première disparition, puis la deuxième, les rumeurs avaient commencé à enfler et à se répandre dans tout le nord du pays. La première femme s'était volatilisée un mois auparavant. Un étranger avait été lynché, puis on avait abattu un loup qui rôdait dans le coin. Perdu dans ses pensées, le pasteur sursauta quand il entendit des bruits de pas rapides dans l’allée. Il regarda autour de lui, mais rien ne permettait de cacher le corps. Il alla s’adosser à la lourde porte en chêne massif, tentant d’identifier les voix. En les reconnaissant, il respira plus facilement et ouvrit la porte. Ils étaient quatre, vêtus d’une sorte de grande bure blanche et verte, portant tous le même médaillon que lui.

— Où est-elle ? demanda l’un d’eux. On a suivi ses traces jusqu’ici.
— Je m’en suis occupé, le sacrifice est presque achevé. Gravez la marque et allez la jeter dans le lac, dit-il en ouvrant plus grand la porte, dévoilant la femme qui gisait au sol.
Sans un mot, deux des hommes vinrent prendre le corps. Le pasteur alla vers le fond de l’église, contourna l’autel et descendit les quelques marches qui menaient à la crypte. Dans la semi-pénombre, il caressa un des piliers et s’agenouilla. Il souleva une dalle, dévoilant un trou qui contenait un vieux livre à la couverture en cuir brun. Il le sortit et l’ouvrit, parcourant les pages avec intérêt. Plusieurs siècles étaient passés depuis que les premiers hommes avaient commencé à écrire sur ce manuscrit. La langue employée au départ était le norrois, parlée par les Vikings. Il tourna les feuilles jusqu’à arriver à la zone où était indiquée l’année 1819. Il se redressa et posa le livre sur un pilier bas, prenant la plume et l’encre qui étaient entreposées avec le parchemin. Avec application, il écrivit en lettres calligraphiées le nom de la femme qu’il venait d’assassiner.
Margeret Johannson. D’un geste sec, il referma le vieux grimoire et caressa la couverture fendue ornée de la flèche. Il avait fait son devoir.

— Par-delà le temps, nous veillons, marmonna-t-il machinalement en replaçant la dalle, scellant les fissures avec de la terre humide.
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Ce n’est pas une libellule comme les autres, c’est un bijou. Une petite merveille de la nature qu’on ne trouve quasiment plus. Si j’arrive à la photographier, c’est la gloire assurée pour mon article. Je serai reconnu dans la communauté des entomologistes
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Elle faisait attention aux petites méduses transparentes en nageant, gloussant de peur par moments quand l'une d'elles la frôlait. Les enfants les lançaient en l'air, déclenchant des rires en cascade. Très peu urticantes, les habitants de la ville avaient appris à vivre avec et ne s'en préoccupaient plus. On repérait ainsi les touristes à leur mine circonspecte devant ces amas gélatineux quand ils observaient la mer depuis les pontons.
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Sven Saren le regardait avec de petits yeux inquisiteurs. Anders avait toujours eu un mauvais contact avec Sven et plusieurs fois, il s'était dit qu'il n'était pas net. Il avait remarqué sa façon d'observer les femmes, avec ce mélange de désir et de perversité qui lui étaient propres. Anders soutenait la cause féministe dont Léa avait été une des égéries avant leur mariage et même quand ils s'étaient séparés, il avait continué à aller à certaines de leurs réunions. Il ne supportait pas les hommes qui prenaient les femmes pour des proies, tout juste bonnes à être chassées. Ce genre de prédateur existait dans toutes les professions et la police ne faisait pas exception, même si cela restait heureusement rare.
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Ce n’est pas une libellule comme les autres, c’est un bijou. Une petite merveille de la nature qu’on ne trouve quasiment plus. Si j’arrive à la photographier, c’est la gloire assurée pour mon article. Je serai reconnu dans la communauté des entomologistes.
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