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EAN : 9782812921704
Editions De Borée (24/08/2017)
3.72/5   16 notes
Résumé :
À la mort de leur mère, Antoine, Louis et Marie partent vivre chez leur oncle, libraire. Passionné par l'univers du livre, il forme Antoine, qui devient colporteur. Sur les routes, il apprend le métier, les livres à succès, et les livres censurés. Lorsqu' il épouse Bernardine, elle-même fille de libraire, il perpétue la tradition familiale, qui sera reprise par son propre fils. Mais l' époque change, et il faut sans cesse s' adapter aux nouvelles lois d'un état sec... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
"De l'autre, il admirait cet oncle Jean, bien habillé, propre et poudré comme un barbier. Un oncle qui voulait lui ouvrir le monde fascinant des livres, de ceux qui les fabriquent, de ceux qui les vendent et, le plus important, de ceux qui les lisent. le clan des élus, des privilégiés à qui les livres expliquent ce qu'il y a de beau, de recherché dans les grandes villes du royaume et à Paris, qui leur parlent des navigateurs, des explorateurs et de leurs découvertes. "(p. 36)

Notre "héros", Antoine Giard que nous suivons de son enfance de fils misérable d'un père veuf, paysan du Cotentin... à sa vie d'adulte de colporteur-libraire... Nous sommes plongés comme dans une sorte de conte. Antoine, à la mort de sa mère... est recueilli avec sa soeur, Marie-Françoise et son petit frère, Louis, par un oncle, libraire assermenté... qui veut protéger ses neveux et nièce, et leur permettre de s'instruire afin d'avoir une meilleure vie !



En sus du récit des aventures, du quotidien de cette famille recomposée : cet oncle et cette tante sans enfants, vont offrir affection et avenir professionnel à ces trois petits orphelins de mère... C'est pour cette raison que je qualifiais ce récit de "Conte"...Nous apprenons ou réapprenons mille choses sur le colportage au 18e... dans différentes régions , sur la censure terrible des polices et censeurs du Roi...à l'époque !


"Le colporteur de livres était bien considéré quand il poussait la barrière d'une ferme. Maîtres et serviteurs le regardaient comme un savant capable de signer son nom et de mettre sur un registre autre chose qu'une simple croix. Ce colporteur s'entourait du mystère des sorciers, il connaissait les plantes qui soignent, lisait dans le ciel et dans la course des nuages le temps à venir et l'humeur des gens. (p. 65)"


A travers ce récit, un panorama très vivant sur la France du 18e, de son histoire tumultueuse... qui se confondent avec un tableau détaillé du petit peuple des colporteurs du livre ainsi que tous les autres corps de métiers [ Imprimeurs- éditeurs- Libraires en boutiques- Relieurs- Marchands d'estampes...]

Cette fresque montre à quel point les Métiers du Livre n'étaient pas de tout repos...en ces périodes de répression et de censure royales, d'intolérance
religieuse et politique...de larges passages sur Voltaire qui était parmi les écrivains-philosophes les plus persécutés, censurés, interdits... Nous suivons avec affection et beaucoup de curiosité Antoine Giard, neveu de Jean Quesnel... dont la vie et celle de ses descendants auront été transformées par la formation livresque et professionnelle que l'oncle Jean lui aura prodigué...

"Mais comment avez-vous fait pour savoir autant de choses, pour nous en expliquer de si belles et nous parler de personnes merveilleuses, alors que vous avez grandi comme nous trois, dans une ferme ?
- c'est simple, Antoine, je lis et je continue à lire, aussi souvent que possible, c'est-à-dire tous les jours.
- Vous m'étonnerez toujours !
- Maintenant, tu sens pourquoi le métier de colporteur de livres est passionnant; il ouvre la voie de la connaissance que l'on délivre aux autres.
- même dans les campagnes reculées ?
-Oui, même dans les campagnes les plus reculées ! "(p. 47)

Un livre passionnant pour tous les "accrocs d'histoire: histoire" des métiers du Livre, du Livre; Livre , "outil de résistance"... aux régimes politiques comme à tous les intégrismes religieux et autres !!... Et nous re-parcourons le 18e, le Siècle des Lumières, où la vie intellectuelle fut des plus bouillonnantes en dépit de ...et contre la Censure royale , impitoyable !!!...
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Coïncidence, j'ai terminé lundi soir la lecture de "Passeurs de mots" et, mardi, dans Télérama, plusieurs pages sont consacrées au dernier ouvrage de l'historien Robert Darnton qui raconte comment un colporteur, en 1778, fait circuler les ouvrages et déjoue la censure.
De quoi me donner envie de compléter mes connaissances en la matière.
Car j'ai beaucoup découvert dans le livre de Michel Giard.
Et même si j'ai déploré le style narratif, ce fut un bon enrichissement.
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Antoine Giard a grandi dans la misère, dans une ferme, au fin fond de la campagne.

Après la mort de sa mère, la situation de cette fratrie va encore aller en se dégradant. Heureusement, leur oncle va les prendre en charge et s'efforcer de leur offrir une situation plus enviable.

C'est ainsi qu' Antoine découvre le métier de libraire itinérant. En grandissant, il va se forger ses propres opinions, et se créer un savoir trouvé dans les livres, en cela encouragé par son oncle.

C'est sa vie que l'on voit se dérouler au fil des pages. C'est sa passion du livre que l'on va voir grandissante, d'année en année, jusqu'à reprendre l'héritage familial.

J'ai trouvé ce livre tout doux et très tendre. Michel Giard nous y raconte les origines de sa passion des mots, et de son amour pour les livres. En remontant jusqu'à l'époque de la Révolution Française, il retrace un parcours familial hors du commun.

La plume de Michel Giard est toujours agréable. Il insuffle de la poésie à son récit, et laisse transparaître des émotions suffisamment bien pour qu'il ne soit pas nécessaire de les décrire. Des phrases joliment tournées y suffisent.

Antoine, cet ancêtre qui a repris et perpétué le métier de librairie est à l'origine de la passion familiale, est au départ un petit garçon au caractère déjà bien trempé. Il veut apprendre, mais n'est pas bien certain que cette nouvelle vie est faite pour lui.

Heureusement, son mentor a l'art d'exposer les choses à leur avantage. Et sa propre passion, il saura l'insuffler doucement, l'air de rien.

J'ai aimé ce voyage dans le temps, quand les livres étaient encore cousus à la main, quand ils étaient tout petits pour ne pas attirer les mauvais regards sur leurs contenus, parfois parsemés de propagande anti-royalistes.

J'ai découvert un univers et une période que je connaissais très peu. Ce époque de l'Histoire, on la vit au travers des épisodes malheureux ou grandiloquents de la vie de Louis XVI. Mais peu de témoignage de gens du peuple sont arrivés jusqu'à nous. Ce livre a permis de rétablir cet équilibre.

Au final, même si je n'ai pas eu de coup de coeur, j'ai tout de même découvert beaucoup de choses. Et rien que pour cet aspect, ce livre vaut la peine d'être découvert.
Lien : http://au-fil-des-pages.be
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Michel Giard est issu d'une lignée de colporteurs, de bouquinistes, de libraires, de marchands d'estampes, d'auteurs, de directeurs de production. Il dédie Passeurs de mots à « tous les artisans du livre qui ont illustré le nom de Giard ».


Cotentin. En février 1756, la maman d'Antoine décède, alors qu'il a treize ans. Six mois plus tard, son papa se remarie. Lorsqu'un colporteur informe son oncle maternel que sa soeur est morte, celui-ci décide de recueillir les enfants. « Il comprenait que les mauvais traitements et le manque de soins qui attendait ses neveux ne pouvait guère favoriser leur éveil. Perdus à Servigny, ils risquaient de s'enliser dans un état végétatif, presque animal. » (p. 29) Libraire à Valenciennes, Jean Quesnel explique aux petits « qu'il divise (divisait) le monde en trois catégories d'individus, ceux qui savent lire, ceux qui lisent régulièrement des livres et les ignares, ceux qui subissent. Une catégorie sociale à laquelle il fallait échapper à tout prix » (p. 35). Antoine, Marie-Françoise et Louis acceptent sa proposition, malgré la répudiation de la part de leur père. Enfants des campagnes, ils découvrent la vie citadine.


Antoine comprend qu'il doit lire et écrire parfaitement, s'il veut devenir colporteur. En effet, la loi impose de connaître le contenu des livres proposés. de nombreux textes De Voltaire, Diderot, etc. sont interdits en raison de leur critique de la religion et des institutions et les vendre condamne à la peine de mort. Devenu colporteur, il constate que la censure est efficace et que les peines sont appliquées.


A travers Antoine et sa descendance, Michel Giard présente le destin de ses ancêtres. Il raconte l'histoire du livre, du colportage à la librairie, en passant par la fabrication, dans un contexte historique tumultueux. Sous la royauté, les interdictions sont nombreuses, mais les dangers perdurent après la Révolution française.


J'ai été passionnée par cette fresque autour du monde littéraire, qui permet de comprendre l'évolution de l'objet-livre et de la littérature. Les titres qui sont, maintenant, étudiés en classe, se transmettaient en cachette, avec le risque de perdre la vie ou d'être condamné au bagne. J'ai aimé l'héritage de génération en génération de l'amour des livres. Aussi, même si le récit, autour de la vie des personnages, m'a semblé un peu lent, par moments, j'ai été emportée par la découverte de ces beaux métiers, qui nous permettent d'assouvir notre passion. Passeurs de mots est un très bel hommage à la liberté offerte par la littérature et à ceux qui ont permis que des livres perdurent dans notre patrimoine.


Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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Tout d'abord, je tiens à remercier les Editions de Borée pour l'envoi de ce roman. C'est le deuxième livre que je reçois de cette maison d'édition et j'en suis ravie. le premier m'avait un peu déçu donc j'avais un peu d'appréhension pour en choisir un autre. du coup, mon choix s'est tourné vers ce roman parce qu'il parle de livres et de libraires. Je me suis dis que c'était un sujet qui allait surement m'intéresser. J'ai donc commencé ma lecture et au final j'ai été agréablement surprise. J'ai bien aimé l'histoire et le côté historique. C'est une belle découverte pour moi.

On va découvrir Antoine qui va quitter sa famille pour partir vivre avec son oncle en ville afin d'apprendre le métier de colporteur. Avec son frère et sa soeur, ils vont ainsi découvrir le monde du livre. Antoine va partir sur les routes pour apprendre le métier et ainsi lire de nombreux ouvrages. On va donc le suivre au fil de sa vie, sur les routes comme dans sa vie personnelle.

J'ai vraiment bien aimé l'histoire, pour le coup je suis assez vite rentrée dedans et j'ai été captivée surtout par le côté historique. Dans ce roman, on va apprendre beaucoup de choses autour du livre et c'est ce qui m'a le plus plu. J'ai fais des études dans le monde du livre et avec ce roman j'avais l'impression de me retrouver dans mon cours sur l'histoire du livre. Et c'est le genre de livres que j'affectionne parce qu'en dehors de l'histoire, on apprend quelque chose.

Après, je reconnais que les romans des Editions de Borée ne sont pas à la porter de tout le monde. Pour le moment, je n'ai lu que deux romans de cette maison d'édition mais je me rends compte que ce ne sont pas des romans à la portée de tout le monde. le vocabulaire utilisé à certain moment est assez recherché et ancien. Et la plupart des récits sont assez historiques. Mais personnellement, quand j'apprend en lisant c'est ce que j'aime particulièrement.

Les personnages sont assez attachants je trouve. En plus ce que j'ai aimé c'est qu'on va pouvoir voir l'évolution des personnages au fil des pages étant donné qu'on va les suivre au fil de leurs vies.

C'est un roman que je recommande fortement aux amoureux des livres qui souhaitent en apprendre davantage sur son histoire et les métiers qui tournaient autour du livre dans le passé. J'ai vraiment fait une très belle découverte en lisant ce livre et je suis ravie de l'avoir lu. Je pense que le sujet est très bien traité dans son ensemble.
Lien : https://leslecturesdesteph.w..
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
A l'auberge, entre maîtres colporteurs et jeunes apprentis plus ou moins confirmés, la conversation glissa sur les oeuvres de Voltaire, qui avait toujours eu des problèmes avec la justice. Son Dictionnaire philosophique portatif, paru l'année précédente à Londres, avait été condamné par le Parlement de Paris. Il allait à nouveau circuler sous le manteau. Le philosophe s'était régalé en écrivant cette série d'articles qui abordaient ses sujets de prédilection : le fanatisme, la superstition, les erreurs judiciaires, l'injustice sociale. Comme beaucoup, les marchands de livres ambulants avaient apprécié ce courage dont Voltaire avait fait preuve lors de l'affaire Calas. Il aurait pu rester insensible aux malheurs de cette famille, au mépris dont faisaient preuve les magistrats, et se contenter d'écrire un nouveau conte ou une pièce de théâtre. (p. 195)
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en revenant près de Jean Quesnel et d'Antoine Giard, le colporteur prit conscience que la nature humaine était immuable, que les hommes étaient toujours capables d'alterner le meilleur et le pire. (...)
-Veux-tu que je te prête un ou deux livres ? lui demanda Jean. Tu vas t'occuper l'esprit, éviter de ruminer ta rancoeur, apprendre de nouvelles choses et connaître les nouveautés de l'année. La lecture, en compagnie de Voltaire, de Cartouche ou de Mandrin, est un formidable voyage dans le temps et une interrogation sur notre histoire...
- Et sur notre justice ! (...)
-Oui, tu as sans doute raison, Jean, un bon livre me permettra de rêver d'un monde meilleur et d'oublier mes tracas. (p.212)
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-moi, je préférerais lire autre chose.
-Dans la Bibliothèque bleue ?
-Pourquoi pas !
-Ces petits livres s'adressent à tous les publics. Tu pourrais lire des romans de chevalerie. Tu aimes l'action, tu seras servi. A moins que tu préfères un ouvrage qui contribue à ton éducation, à soigner ton comportement dans tes relations avec des bourgeois ou dans ta propre famille. Tu pourras lire aussi des livres qui parlent des métiers. Si tu lis -L'Etat de servitude ou la misère des domestiques-, tu comprendras qu'il y a bien plus malheureux que toi. (p. 103)
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De l'autre, il admirait cet oncle Jean, bien habillé, propre et poudré comme un barbier. Un oncle qui voulait lui ouvrir le monde fascinant des livres, de ceux qui les fabriquent, de ceux qui les vendent et, le plus important, de ceux qui les lisent. Le clan des élus, des privilégiés à qui les livres expliquent ce qu'il y a de beau, de recherché dans les grandes villes du royaume et à Paris, qui leur parlent des navigateurs, des explorateurs et de leurs découvertes. (p. 36)
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Tu connais le métier de colporteur de livres mais, si tu veux devenir libraire, tu dois passer cinq années d'apprentissage pendant lesquelles tu restes célibataire. Tu en profites pour apprendre le latin. Un professeur ou l'université établiront un document justifiant de tes connaissances. Ensuite, tu pourras passer devant la Chambre syndicale pour obtenir ton brevet de libraire, qui te coûtera quelques centaines de livres; (p. 152)
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Videos de Michel Giard (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Michel Giard
Rencontre avec Michel Giard, à propos de son livre "Passeurs de mots" (Éditions de Borée - septembre 2017).
Lorsqu'ils acceptent de suivre leur oncle Jean Quesnel, libraire installé depuis de nombreuses années, Antoine, Marie-Françoise et Louis Giard sont loin d'imaginer ce qui les attend de l'autre côté de ces collines qu'ils n'ont jamais franchies. Outre la vie citadine, les trois enfants vont découvrir le monde des livres, à une époque où soif de connaissance rime avec émancipation. Antoine apprendra le métier en commençant par le colportage. Il va sillonner le pays et lire les nombreux ouvrages qu'il est censé vendre, romans d'aventures, almanachs et autres titres de la Bibliothèque bleue. Quelques années plus tard, en épousant Bernardine, elle-même fille de libraire, il va perpétuer la tradition familiale, qui sera reprise par son propre fils.
Ecrivain éclectique, Michel Giard a déjà publié une soixantaine d'ouvrages. Historien, chroniqueur radio, conférencier et grand voyageur, il se passionne pour les aventures humaines. "Passeurs de mots" est son second roman aux éditions de Borée.
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