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3,7

sur 2126 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Les Faux-Monnayeurs est un livre qui sort de l'ordinaire et qui se présente comme le roman d'un roman. Nous sommes tout de suite plongés dans l'histoire, le roman commence in media res par la découverte par Bernard de sa bâtardise. Les personnages sont nombreux , Gide nous offre une multiplicité des points de vue. le livre est divisé en trois parties dont deux qui se déroulent à Paris et une à Saas-Fée en Suisse. Edouard est un jeune homme qui tient son journal, il veut écrire les faux-monnayeurs et va se lier d'amitié avec Bernard. Ce dernier va dérober la valise d'Edouard à la gare alors qu'il parle avec son neveu, Olivier. La découverte du journal par Bernard nous permet d'en apprendre plus sur les personnages, il prend une fonction informative. L'intrigue est complexe, il n'y a quasiment aucune description mais Gide se justifie dans son journal. L'action s'organise autour d'une bande d'adolescents qui s'affranchissent de leur famille. de nombreux thèmes sont présents : l'adolescence, l'amitié, l'homosexualité, les relations familiales et l'écriture d'un roman. Edouard initient les plus jeunes, une relation de maître/disciple s'installe avec Olivier et Bernard. Ce livre peut se lire comme un roman d'apprentissage dans lequel les ados évoluent vers l'âge adulte. Ils vont découvrir l'amour, voyager, rencontrer de nouvelles personnes et se remettre en question. Ce livre est unique dans son genre, il présente une réflexion sur le roman extrêmement intéressante. Gide m'a conquise avec ce premier roman et je compte bien lire d'autres livres de cet auteur. LISEZ LE !
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J'étais longtemps passée outre cet incontournable classique, sans même lever les yeux sur son titre et encore moins sa couverture...
Mais c'est une véritable révolution littéraire que nous offre ici, André Gide ! Réinventer les codes de la littérature, tout remettre en cause, plusieurs narrations, des personnages emblématiques mais extrêmement ambigus, amplis de contradiction !
A tous les les amoureux de la belle langue française, aux libres penseurs !
Un hymne incontournable, à notre art !
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Intéressant parce-qu'il renouvelle l'écriture de son époque mais l'inconvénient c'est que l'on adhère ou que l'on rejette ce procédé parce-qu'il y a une absence de continuité narrative. Les intrigues s'entremêlent sans cesse et implique le lecteur à se plonger dans le roman de façon intensive. Lecture recommandée tout de même.
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André Gide a usé de son propre personnage dans ce roman, comme il l'avait déjà fait d'un procédé de composition en miroir, en se mettant en scène: un romancier en train d'écrire son roman. Il introduit ainsi au sein de l'oeuvre une méditation esthétique et surtout un détachement ironique toujours à la recherche d'un roman pur. Il a abordé tous les genres dans le roman en se montrant subtil dans l'analyse traduisant les aspects multiples et contradictoires avec pour seule ambition d'assumer au possible de l'humanité tout en déclarant: Je n'aime pas l'homme, j'aime ce qui le dévore.
Entre athéisme et vérité l'alternance gidienne lui value le prix Nobel en 1947.
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Un roman sur la vie. Sur la jeunesse, sur la vieillesse, sur l'amour, sur l'amitié, sur les erreurs, sur les passions, sur la famille, sur le bonheur. Un roman qui est aussi une mise en abîme, Gide se met en scène dans les personnages, et le protagoniste lui même, écrivain, relate l'écriture de son roman qui s'avère être les faux monnayeurs... Il est intéressant au cours de notre lecture de s'interroger sur le texte, l'histoire, les personnages, les intrigues, mais aussi les sous-textes qui se réfèrent à Gide et sa propre vie.
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Un classique qui n'en a pas l'air.
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L'histoire est d'apparence banale, classique : un procureur découvre que des fausses pièces de monnaie sont mises en circulation par de jeunes enfants, issus pour la plupart de bonnes familles que l'on ne peut entrainer en justice par crainte de leur faire perdre toute crédibilité.
L'intrigue pousse pourtant bien au delà de ce simple fait divers du livre : multiplication des personnages, psychologie, récit de voyages et de vies, présentation de ménages familiaux bouleversés par l'absence de communication et de vérité, relations incestueuses, homosexuelles voire meme pédophiles.
Les principaux personnages sont les deux amis adolescents Bernard et Olivier, tous deux devant passer leur examen, assoifés de lecture et de liberté. Découvrant que l'homme chez qui il habite n'est pas son vrai père, Bernard décide de quitter le domicile familial pour courir à l'aventure et ressentir la liberté telle qu'il la vue écrite dans ses lectures. Ce départ lui fait rencontrer Edouard, écrivain, l'oncle d'Olivier, dont le projet est d'écrire un roman nommé "les Faux-monnayeurs" qu''il esquisse au moyen de notes prises sur son entourage dans un journal, tandis qu'Olivier est fait directeur d'une revue par le comte de Passavant, personnage de faible morale.
Tous inextricablement liés, les personnages agissent et influencent les actions des autres personnages, ce qui articule de la meme manière les chapitres consacrés au journal d'Edouard, destiné à former le livre des faux-monnayeurs, livre que...le lecteur lit au meme moment, porté par un narrateur inconnu. Les mises en abime se multiplient et permettent une pluralité des points de vue et une trame formidable puisqu'elle oscille entre réalité, fiction, écrit et oral.
L'autre point fort est la recherche psychologique sur chacun des personnages, comme si le narrateur voulait donner toutes les informations nécessaires à la bonne compréhension du roman (telles des notes d'un journal, précisément !). Néanmoins, une certaine face du récit reste sous-jacente : celle des relations amoureuses entre les personnages, toujours suggérées, et remplacées par des ellipses lors du passage au charnel.
Un livre qui s'ouvre de tous les cotés pour révéler la philosophie de jeunes adolescents confrontés à une nouvelle vie, à de nouveaux besoins et sentiments, mais aussi les sentiments et les mouvements d’âme et de passion que provoquent ces jeunes adolescents plein de vie chez les adultes qui sont partagés entre admiration, amour et désir ; enfin, récit de la méchanceté des enfants, ou de leur naiveté et de leur invention d'un monde pur, intouché et intouchable.
Un classique à lire de toute urgence !
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Quel chef d'oeuvre, quelle sensibilité dans la peinture des êtres, dans leurs contradictions les plus intimes et dans leur évolution au milieu d'un monde qui les influence plus qu'ils ne croient. Ce livre, sublime, est mené d'une main de maître par André Gide qui se permet de presque négliger la trame narrative pour mieux se concentrer sur ses personnages. À travers eux, il nous fait passer des messages personnels et des analyses sur l'art assez percutantes. Seul bémol pour moi, la tendresse excessive qu'il entretient en parlant des principaux protagonistes...troublante quand on connaît ses rapports avec les adolescents.
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Bernard Profitendieu, à l'approche du baccalauréat, apprend que son père, juge d'instruction de son état, n'est pas son vrai père, et décide de déserter le foyer familial. Il se réfugie chez Olivier Molinier qui l'héberge secrètement la nuit. Olivier a deux frères : l'aîné, Vincent étudiant en médecine gaspille l'argent de ses études pour subvenir au besoin de Laura Douviers à qui il fit un enfant lors d'un séjour en cure et dont le mari vit en Angleterre; Georges, inscrit à la pension Vedel et qui, sous l 'influence de camarades, est prêt à faire les quatre cents coups, écouler de la fausse monnaie justement. le titre du roman ne pourrait se justifier par le seul épisode de Georges écoulant de fausses pièces si n'entrait en scène Edouard, l'oncle d'Olivier dont les rapports avec ses neveux sont nimbés d'une homosexualité latente. Edouard représente l'écrivain. Fasciné par le récit d'Olivier au sujet de son oncle, Bernard l'espionne à son rendez-vous à la gare et le suit à distance. Edouard perd son ticket de consigne permettant à Bernard de retirer la valise de celui-ci et d'y apprendre bien des secrets de famille grâce au "Journal d'Edouard" , passages récurrents donnant plus au moins le point de vue du narrateur qui se mêle parfois à celui de l'auteur. Il est ainsi singulier qu'Edouard soit en train d'écrire un roman s'intitulant les faux monnayeurs. de même, au milieu du livre, l'auteur se met à juger ses personnages tout en s'autocritiquant. le pendant sombre d'Edouard se retrouve chez Passavant, auteur à la mode admiré de jeunes gens qui après avoir aidé Vincent financièrement tout en l'initiant au jeu et en le corrompant, jette son dévolu sur Olivier avec qui il prétend fonder une revue. La jalousie d'Edouard est évidente et ne s'exprime que sur le plan littéraire :

"Pour Passavant, l'oeuvre d'art n'est pas tant un but qu'un moyen. Les convictions artistiques dont il fait montre ne s'affirment si véhémentes que parce qu'elles ne sont pas profondes; nulle secrète exigence de tempérament ne les commande; elles répondent à la dictée de l'époque; leur mot d'ordre est: opportunité. "(94)

Edouard se rend régulièrement chez un vieux professeur de piano, La Pérouse qui déprime en l'absence de son fils, de leçons qu'il ne donne plus et en compagnie de sa femme qui sombre dans le gâtisme. La Pérouse mentionne l'existence de son petit-fils, Boris qu'il ne connaît pas, vivant en Pologne avec sa mère, ancienne élève de la Pérouse devenue la maîtresse de son fils mort depuis. Lors d'un séjour en Suisse avec Bernard comme secrétaire, Edouard fait la connaissance de Boris, inséparable de Bronja, jeune fille "pure" dont il est amoureux. Il est aussi accompagné de Sophroniska, psychanalyste qui soigne les nerfs fragiles de Boris. Pour Gide, c'est l'occasion de mentionner cette science encore balbutiante:

"Je crois qu'on peut trouver leur origine dans un premier ébranlement de l'être dû à quelque évènement qu'il importe de découvrir. le malade, dès qu'il devient conscient de cette cause, est à moitié guéri. Mais cette cause le, plus souvent échappe à son souvenir; on dirait qu'elle se dissimule dans l'ombre de la maladie; c'est derrière cet abri que je la cherche, pour la ramener en plein jour, je veux dire dans le champ de la vision. Je crois qu'un regard clair nettoie la conscience comme un rayon de lumière purifie une eau infectée." (221)

C'est aussi en Suisse que Bernard tombe amoureux de Laura d'un amour tout platonique. La jeune femme, un peu effrayée repart rejoindre son mari à Londres.

Tous ces personnages (Boris, La Pérouse et Georges) se retrouvent ensuite, à la rentrée, à la pension Vedel, institution privée d'un autre temps où les maîtres, les surveillants et les élèves vivent en cercle fermé et dirigée dans les faits par Rachel, soeur de Laura, qui engage ses propres fonds tandis que la pension périclite. le vieil Azaïs, sorte de pasteur idéaliste et rigoriste, est tenu dans l'ignorance de ces faits tandis que Sarah, la jeune soeur de Rachel file le parfait amour - charnel celui-là - avec Bernard et que les élèves de la pension jouent à de drôles de jeux incluant Boris.

Voilà un vaste roman où s'entrecroisent de nombreux personnages en même temps que les thèmes chers à Gide: qu'est-ce que la création littéraire? - en ce sens, Edouard semble bel et bien être son double comme si son roman, portant le même titre que celui de Gide, s'inscrivait en filigrane de celui que nous lisons. On y retrouve son goût pour l'exploration de l'inconscient et notamment en ce qui concerne les sentiments humains tour à tour empreints de sensibilité exacerbée, de mysticisme et parfois de jalousie. La révolte adolescente initiale de Bernard elle-même en montre l'absurdité mais aussi que le personnage ne peut plus être maître de son destin dès lors qu'il a pris telle ou telle voie:

"L'habitude qu'il a prise de la révolte et de l'opposition le pousse à se révolter contre sa révolte même. Il n'est sans doute pas un de mes héros qui m'ait davantage déçu, car il n'en était peut-être pas un qui m'eût fait espérer davantage. Peut-être s'est-il laissé aller à lui-même trop tôt." (276)

Sont tout aussi récurrents les thèmes de l'homosexualité plus ou moins révélée mais aussi de la séparation de l'âme et du corps dans le personnage de Bernard tiraillé entre Sarah (le corps) et Laura (l'âme) comme dans "Si le grain ne meurt":

Il se remémore ce que Laura lui disait alors: "je ne puis accepter de vous cette dévotion que vous m'offrez. le reste aura ses exigences, qui devront bien se satisfaire ailleurs." (384)

C'est par cette phrase que l'on comprend la souci de Pauline Profitendieu, mère de Bernard dévouée et discrète, donnant le change tandis que son mari la trompe. Car les faux monnayeurs montre aussi -si besoin était- que le roman est un mensonge et, à l'instar d'un Hemingway, cache dans le non-dit des révélations essentielles tout comme la psychanalyse permet de révéler l'inconscient, de le mettre en lumière. L'utilisation du personnage d'Edouard permet à Gide d'en jouer à l'infini, le jugeant en tant que personnage et par son "journal" s'autocritiquant, allant même, avec distance se moquer de lui-même dans le passage où Edouard, pontifiant et Pygmalion, lit un extrait de son oeuvre à Georges qui le ridiculise. Auteur, narrateur et lecteur putatif se renvoient la balle d'une manière assez subtile malgré les rencontres un peu artificielles des personnages entre eux. Mais là aussi, cela participe du mensonge de cette "fausse monnaie" de la réalité qu'est le roman selon Gide.
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André GideLes Faux-Monnayeurs ****1/2
J'ai fini ce livre nuitamment, en ce mois de décembre 2022. Je vais sans doute paraître naïf, surtout si des « gidiens » me lisent, mais j'ai trouvé le style et la manière de Gide incroyablement moderne. Ce livre est paru en 1925, alors que Gide a déjà 56 ans, donc en pleine maturité de vie. Il y a tellement de livre écrit par des jeunes qui « sonnent » vieux (ainsi pour n'en citer qu'un le dernier « Les liens artificiels » de Nathan Devers) qu'il est incroyable de lire un livre écrit par un « vieux » (surtout à l'époque) qui sonne comme s'il avait été écrit en 2022 ! Tout est dans ce livre étonnant : les liens entre les personnages, les dialogues, le positionnement du narrateur qui se balade de groupe en groupe telle une caméra indiscrète, l'histoire en elle-même qui ne raconte finalement pas grand-chose et se termine par un fait divers absolument tragique concernant un personnage secondaire du roman. Il y a bien sûr une histoire de faux-monnayeurs mais elle est tellement accessoire qu'on se demande ce qu'elle fait là…à tel point que lorsque le juge vient mettre en garde Vincent contre le comportement de Georges concernant la circulation de fausse monnaie, l'un de ses frères, en fait il ne vient pas du tout pour cela, mais pour parler de Bernard, son « fils » ! D'ailleurs, c'est cette mise en garde qui au final aboutira, de manière tragique au fait divers cité plus haut. Ce livre est kaléidoscopique et n'a pas pris une ride. Une vraie surprise tellement j'avais d'a priori sur Gide (pas que, j'ai commencé son journal que j'ai trouvé inutilement tourné sur soi…mais je l'ai lu dans sa version expurgée et je pense qu'elle ne rend pas hommage à l'auteur. En tout cas, ce livre est franchement à recommander.
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