Un recueil de nouvelles est une denrée rare. Peu sont édités. le genre est semble-t'il passé de mode chez les éditeurs. Belfonb et Karine Giebel réussissent un tour de force.
Ecrire une nouvelle est un exercice passionnant. Cela exige de l'auteur une réelle maitrise de l'écriture, de ses sujets et de ses personnages. En quelques pages, il convient d'emporter le lecteur, l'emmener à l'essentiel. S'affranchir de tout ce qui n'est pas nécessaire. Aller à l'os. Rogner, réduire, ramasser, savoir concentrer la tension autour de quelques personnages forts, comme le sont Aurore, Alban, Delphine, David, Juliette ou Aleyna.
Le talent de l'auteure revient à nous faire plonger dans un univers particulier. Celui de Karine Giebel est exigeant. Il vous remue les tripes, parfois vous laisse KO. Transposer cela en quelques pages relève donc du challenge. Et là, autour de 8 histoires, je dois avouer qu'elle arrive une nouvelle fois à ciseler à la perfection ses fictions. Giebel, aborde la souffrance dans sa diversité, se faisant écho de thèmes qui sont d'actualité, la religion, la précarité, le harcèlement. Et quand elle parle d'amour, c'est glaçant. La mort ou la folie ne sont jamais loin.
Chacun de ses personnages est ciselé, le ton est juste, frissonnant, bouleversant. Fait remarquable, toutes ses nouvelles sont d'une grande qualité. Je n'ai perçu aucun relâchement. L'exercice est mené à la perfection.. A chaque fin, le lecteur est mal à l'aise. Il est porté vers une réflexion intime sur notre civilisation, ses travers et les conséquences dont sont victimes les plus faibles d’entre nous. Impossible d'enchainer la lecture de 2 nouvelles consécutivement. Non que D'ombre et de silence se déguste, mais la force déployée par Karine, fait que l’on se relève difficilement.
Merci aux éditions Belfond pour le SP
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