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EAN : 978B09PY36JCC
Seuil (21/10/2022)
3.14/5   7 notes
Résumé :
Comment relever les extraordinaires défis que nous lancent les crises induites par la destruction de notre habitat planétaire ? Faut-il réviser le concept même de propriété privée ? Remettre en cause la souveraineté des États-nations ? Comment construire ensemble les institutions internationales qui permettraient de prendre soin de nos communs globaux que sont le climat mais aussi la biodiversité, la santé, les cultures et jusqu’à la démocratie ?

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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Au coeur de l'abyssale tourmente qui agite notre monde, ce livre se présente tel un guide lumineux, traçant une voie à travers le tumulte. Il nous invite à sonder les profondeurs de nos convictions, à revisiter nos certitudes et à renouveler notre relation à ce qui est sacré.

Le « commun », pierre angulaire de cet ouvrage, se veut être le symbole de tout ce qui est essentiel à la vie sur Terre. Et c'est ici que le trône vacant, laissé par la mort et l'ascension de Jésus, prend toute son importance. Cette absence, cette vacance même, est un puissant rappel de la nécessité pour l'Homme de réorganiser son monde, de trouver sa place, d'assumer sa mission.

Le « bien commun » est un autre maillon fort de cette chaîne réflexive. Il interroge notre responsabilité collective, notre engagement envers chaque créature qui partage cette planète avec nous, qu'elle marche, vole ou fleurisse. La propriété, qu'elle soit clanique ou individuelle, se retrouve sous le feu des projecteurs. Toutes deux, bien que de nature semblable, présentent des défis distincts. le clan, cette entité presque mystique, possède une empreinte qui s'étend bien au-delà de ses membres, tandis que l'individu, dans sa quête solitaire, doit définir et redéfinir sans cesse les contours de ce qui lui appartient. Mais où se situe la limite ? Où se dessine la frontière entre ce qui est d'usage et ce qui est absolu ?

Au fil des pages, une autre notion émerge, plus discrète, mais tout aussi fondamentale : l'intime. Cet espace sacré en nous, inviolable, qui est le berceau de notre humanité, de notre essence.

Cette oeuvre, bien que complexe et riche en réflexions, pourrait en effet sembler réservée aux esprits les plus affûtés. Cependant, sa pertinence et sa portée transcendent cette apparente érudition. Ainsi, il est peu étonnant que certains, perturbés par la puissance de son message, aient tenté de discréditer son auteur.
Lien : https://tsuvadra.blog/2023/0..
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Gaël Giraud écrit un livre de "théologie politique" qui se lit comme un vaste exercice de pensée militante: comment changer notre monde avide de consommer et d'accaparer la richesse en un monde où nous vivrons en commun, en partageant tout comme les apôtres le faisaient dans les premières communautés chrétiennes décrites dans les Actes des Apôtres?
Livre harassant, parfois abscons, et dans lequel l'auteur manque parfois de distance par rapport à ses propres obsessions (les pages (632 et 653) - assez classiques - sur les pervers narcissiques qui peuplent notre monde en sont un exemple). La hauteur des concepts théologiques évoqués m'échappe largement.
Mais livre nécessaire qui offre une riche réflexion, certes théologique et politique et non juridique, au concept si discuté de nos jours de "communs", alors que la vulgate économique nous enseigne que les "communs" mènent à une "tragédie" parce que personne ne s'en soucie et que tout le monde l'exploite sans penser aux autres (l'homo oeconomicus étant un prédateur qu'il faut accepter comme tel et encadrer par la loi pour qu'il limite sa prédation à ce qui permet un monde vivable malgré tout).
Gaël Giraud rappelle l'histoire de la doctrine sociale de l'église autour du concept de "propriété" et rappele que l'église n'a en réalité jamais contredit l'idée que les biens que nous trouvons dans la 'nature' sont avant tout communs à toute l'humanité, leur appropriation étant si pas un détournement, en tout cas un amendement à leur destination fondamentale.
Un index aurait été utile pour faciliter le croisement des idées après lecture.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Passons sur le débat interne aux savants romanistes concernant la question de savoir si les res communes dans le droit romain auraient émergé dès avant Marciano, sous la plume de juristes et de non-juristes. Ce qui importe, ici, c'est que la notion ait été structurante pour l'Antiquité romaine, et qu'elle se distingue de la res nullius comme de la res publica. Cette dernière, en effet, appartient au peuple romain, tandis que les res nullius, à l'instar des poissons et des autres bêtes sauvages, n'appartiennent à personne mais attendent, en quelque sorte, leur propriétaire : en les capturant, un particulier peut en faire des res privatae. Il n'en va pas de même des res communes, qui, elles, sont à jamais inappropriables dans la mesure où elles appartiennent à l'humanité tout entière.

La res nullius, je l'ai dit, n'attend que la survenue d'un propriétaire pour être appropriée. La res nullius in bonis, elle, renvoie à ce qui est retranché de la sphère de tout ce qui est appropriable pour être réservé aux dieux ou à la cité. « L'institution de réserves sanctuarisées fait apparaître, par contraste, le reste du monde, qui n'est autre que celui du droit privé, comme vierge de sacralité et de religion. Là, toutes choses s'approprient, s'aliènent et relèvent de procédures civiles d'évaluation². » Cette « sanctuarisation, en somme, libérait tout le reste³ ». Ainsi d'un édifice sacré : il « n'est pas une personne, mais une chose qui est à elle-même indisponible et qui est représentée par les administrateurs publics du sacré ». Outre les basiliques et les temples, quelles sont les res inscrites par le droit dans l'aire du « sacré », du « religieux »
soustraites à l'espace marchand ? Tout ce qui relève d'un usage « public ». Yan Thomas précise ainsi que nul ne pouvait acheter une chose dont « l'aliénation est interdite, comme les lieux sacrés et religieux ou les choses dont on ne fait pas commerce, non en ce qu'elles appartiennent à la cité, mais en ce qu'elles sont destinées à l'usage public, comme le Champ de Mars.
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Extrait dans le livre De Gaël d'un extrait en miroir de Jean Luc Nancy
« Nous connaissons la scène : il y a des hommes rassemblés, et quelqu’un qui leur fait un récit. Ces hommes rassemblés, on ne sait pas encore s’ils font une assemblée, s’ils sont une horde ou une tribu. Mais nous les disons « frères », parce qu’ils sont rassemblés, et parce qu’ils écoutent le même récit.
Celui qui raconte, on ne sait pas encore s’il est des leurs, ou si c’est un étranger. Nous le disons des leurs, mais différent d’eux, parce qu’il a le don, ou simplement le droit -à moins que ce soit le devoir - de réciter.
Ils n’étaient pas rassemblés avant le récit, c’est la récitation qui les rassemble. Avant, ils étaient dispersés (c’est du moins ce que le récit, parfois, raconte), se côtoyant, coopérant ou s’affrontant sans se reconnaître. Mais l’un d’eux s’est immobilisé, un jour, ou peut-être est-il survenu, comme revenant d’une absence prolongée, d’un exil mystérieux. Il s’est immobilisé en un lieu singulier, à l’écart mais en vue des autres, un tertre, ou un arbre foudroyé, et il a entamé le récit qui a rassemblé les autres.
Il leur raconte leur histoire, ou la sienne, une histoire qu’ils savent tous, mais qu’il a seul le don, le droit ou le devoir de réciter. C’est l’histoire de leur origine : d’où ils proviennent de l’Origine elle-même - eux, ou leurs femmes, ou leurs noms, ou l’autorité parmi eux. C’est donc aussi bien, à la fois, l’histoire du commencement du monde, du commencement de leur assemblée, ou du commencement du récit lui-même (et cela raconte aussi, à l’occasion, qui l’a appris au conteur, et comment il a le don, le droit ou le devoir de le raconter).
Il parle, il récite, il chante parfois, ou il mime. Il est son propre héros, et eux sont tour à tour les héros du récit et ceux qui ont le droit de l’entendre et le devoir de l’apprendre. Pour la première fois, dans cette parole du récitant, leur langue ne sert à rien d’autre qu’à l’agencement et à la présentation du récit. Elle n’est plus la langue de leurs échanges, mais celle de leur réunion -la langue sacrée d’une fondation et d’un serment. Le récitant la leur partage.
C’est une scène très ancienne, immémoriale, et elle n’a pas lieu une fois, mais indéfiniment elle se répète, avec la régularité de tous les rassemblements de hordes, qui viennent apprendre leurs origines de tribus, de fraternités, de peuples, de cités assemblées autour de feux allumés partout dans la nuit des temps, et dont on ne sait pas encore s’ils sont allumés pour réchauffer les hommes, pour écarter les bêtes, pour cuire de la nourriture, ou bien pour éclairer le visage du récitant, pour le faire voir disant, ou mimant le récit (peut-être recouvert d’un masque), et pour brûler un sacrifice (peut-être avec sa propre chair) en l’honneur des ancêtres, des dieux, des bêtes ou des hommes que le récit célèbre.
Le récit paraît souvent confus, il n’est pas toujours cohérent, il parle de pouvoirs étranges, de métamorphoses multiples, il est cruel aussi, sauvage, impitoyable, mais parfois il fait rire. Il nomme des noms inconnus, des êtres jamais vus. Mais ceux qui se sont rassemblés comprennent tout, ils se comprennent eux-mêmes et le monde en écoutant, et ils comprennent pourquoi il leur fallait s’assembler, et pourquoi il fallait que ceci leur fût conté. »

Extrait de La communauté désœuvrée, Jean-Luc Nancy, Paris : C. Bourgois, 1990 27-Breteuil-sur-Iton: Presses
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Un citoyen des États-Unis émet en 2021 environ 140 fois plus de carbone en moyenne qu'un citoyen du Tchad.
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Videos de Gaël Giraud (12) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Gaël Giraud
1 nov. 2022 La théologie politique n’est ni morte ni barbante ! Economiste, citoyen engagé, prêtre jésuite, Gaël Giraud publie un livre important, « Composer un monde en commun » (Seuil), où il revisite le récit de l’Ascension : le Christ est, selon lui, celui qui, refusant de s’asseoir sur le trône du pouvoir, nous a laissés libres de décider, par la délibération, des figures du lien social. Après une fascinante exploration des racines du pouvoir en Occident, Gaël Giraud ouvre le champ des possibles et défend la notion de « commun ». Une masterclasse animée par Eric Aeschimann, journaliste à « l’Obs ».
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