Ce livre sur le "peuple" des clochards de Paris ( estimation 20 000 dans les années 50) avec ses personnages haut en couleurs, ses rites, ses rois, ses quartiers, ses bistrots, ses combines, ses us et coutumes où le vin reste le cordon ombilical de leur survie, a une odeur nostalgique de l'ancien Paris disparu aujourd'hui où même dans la déveine, la poésie, l'humour et l'humanité tissent des liens éphémères entre ceux de la Cloche, si bien rendus par l'auteur.
Commenter  J’apprécie         50
Robert GIRAUD a côtoyé ce Paris obscur, cette résurgence de la Cour des Miracles, qui respecte ses codes non écrits, cette « légion de pouilleux » qui a « abdiqué toute dignité pour ne pas subir le carcan des responsabilités ».
Lire la critique sur le site : Actualitte
Giraud les portraiture sans les idéaliser; il n'a pas son pareil pour attendrir la misère et rendre leur dignité aux humiliés. Son livre d'un autre temps, celui du noir et blanc de Doisneau, est terriblement actuel. C'est beau, c'est triste.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
C'est la vie malchanceuse et fataliste de Léon la Lune que le cinéma va faire connaître à des millions de Français. Mais, en faisant de Léon une vedette, la caméra va au-delà d'un individu et, pour nous, elle entrebâille la porte d'une humanité insolite, mystérieuse. Elle laisse deviner tout un peuple en léthargie le jour, et ne s'éveillant qu'à la nuit: le monde des clochards de Paris (...)
La cloche, en argot, c'est le ciel. Sont clochards tous ceux qui n'ont que le ciel pour toit. (...)
N'importe qui peut devenir clochard du jour au lendemain. Dans mon voyage au bout de la misère, j'ai connu un prêtre, un professeur, un avocat, un comptable, un notaire... (p.24)
Ce Paris -by night-, personne ne le connaît s'il n'a endossé les loques des enfants de la mauvaise chance. Il est -off limit- pour le touriste qu'un car trimbale d'un monument illuminé à un cabaret à femmes nues. Il est tout aussi ignoré des noctambules du boulevard et des caves existentialistes. Quand au paisible bourgeois qui s'enferme à double tour après une soirée au théâtre ou au cinéma, il ne soupçonne même pas son existence. (p.29)
Bien sûr, p'tite tête, a conclu Gégène, mon copain, le clodo philosophe.Biens sûr, que ceux qui s'usent le coeur à courir après l'argent, le confort et les honneurs envient ma liberté. Mais moi, je sais bien qu'elle ne vaut pas tripette, ma liberté. N'importe qui peut se l'offrir. Elle ne coûte que le prix de la misère. Quand tu t'es enfoncé bien çà dans le ciboulot, tu l'as trouvé tout de suite, cette sacrée liberté. Elle est là-d'dans!
Et le clochard leva son verre de vin.
Ce -Paris by night- (...)
Il est tout aussi ignoré des noctambules du boulevard et des caves existentielles. Quant au paisible bourgeois qui s'enferme à double tour après une soirée au théâtre ou au cinéma, il ne soupçonne même pas son existence.
Et pourtant, il grouille, le peuple de la nuit.
Il s'éveille quand projecteurs et enseignes flambent, faisant de la capitale un énorme gâteau d'anniversaire aux innombrables bougies. (p. 29)
Et puis l'harmonica. C'est une musiquette de quatre sous, qu'il porte sans encombre dans une poche de son gilet. Elle lui suffit pour s'accorder quelques heures de rêves. (p. 21)
R. Giraud : Faune et flore argotique - A. Bruant : L'argot du XXème siècle
Olivier BARROT présente deux ouvrages sur l'argot :
- "Faune et flore argotiques "de
Robert GIRAUD aux éditions le Dilettante. Recueil composé de trois volumes.
- "L'argot du XXème siècle" d'Aristide BRUANT aux éditions Fleuve Noir.