J'ai reçu ce livre dans le cadre d'une opération de masse critique, et j'en remercie Babelio et les éditions Remanence.
Je l'avais sélectionné pour sa jolie couverture automnale et musicale, et les quelques informations de la quatrième de couverture qui en disaient un peu mais pas trop, juste de quoi attiser ma curiosité. Bons choix éditoriaux!
Mais... drôles de sentiments que ceux par lesquels je suis passée à la lecture de ce texte! Pendant les deux premiers tiers du livre, je me suis demandé si j'allais parvenir à le terminer et j'ai cru à un rendez-vous manqué.
Parce que je ne manquais pas d'éléments pour pouvoir m'identifier à l'héroïne, ni de lieux familiers et aimés pour pouvoir parcourir avec elle ces longs kilomètres, du Poitou à l'Alsace, en passant par l'Ecosse et le Limousin.
Et puis le sujet est intéressant, il touche à l'intime, évoque la perte, la conscience du temps qui passe, les blessures d'amour, les nostalgies du milieu de vie...bref, beaucoup de pistes riches à explorer.
Mais je n'ai pas pu m'habituer à ce curieux choix d'énonciation de
Philippe Godet, phrases courtes et au présent, à la deuxième personne du singulier, répétitions à n'en plus finir, devenant litanies, et donnant à l'ensemble une lourdeur et une distance qui m'ont longtemps tenue éloignée du texte et de ses personnages.
Oui, d'accord, Pascale est "en deuil d'un père qui n'est pas encore mort", oui, d'accord, "elle a cinquante ans, non cinquante et un", oui, elle a été abandonnée par Geoffroy, elle joue du Dylan sur son violon, elle est une femme de kilomètres, elle est une femme ceci cela, tellement qu'on en déborde d'agacement.
Et puis est arrivé le dernier tiers du livre, des phrases plus longues, davantage de passages en "je", un peu d'humour, beaucoup de sensibilité, de belles formules, de belles trouvailles, et une fin décrite avec tant de délicatesse et de justesse qu'on atteint presque à la grâce. Soudain, Pascale prend vie, son chagrin, son courage, sa fragilité, son petit grain de folie, son humanité, voilà, ça y est, on y croit. Et on est ému. Aux larmes.
Alors, on peut oublier le reste, peut-être le comprendre (un peu...) et se dire qu'on a eu raison de ne pas baisser les bras!