'avais lu et aimé
Dire son nom, ce magique chant de douleur d'un veuf effondré.
Dans les premières pages de Circuit intérieur, Francisco Godman est peut être un petit moins éploré, mais la plaie reste là, béante. Il atteint le moment où il aura vécu autant d'années comme amant illuminé que comme veuf. Est-ce le moment pour franchir un pas ? Il va le tenter faisant le pari de circuler dans Mexico, la ville d'Aura dont il souhaite s'imprégner, lui, le conducteur débutant et pusillanime . Il tente le bain de jouvence dans cette ville bigarrée, pleine de vitalité mais aussi de violence et de chaos. On a tout d'abord plaisir à suivre Francisco sur ce chemin de rédemption. Ce n'est plus la douce désespérance d'un amant, mais il nous en apprend tant sur la vie de cette ville partiellement épargnée – voire protégée - par les gangs de narcotrafiquants, mais quand même envahie de violence, de corruption, de collusion entre police, gouvernement et pègre : ce n'est pas du tout ce qu'on attendait mais c'est fort intéressant, et on se dit pourquoi pas.
Arrivé à la première moitié, Francisco se laisse embarquer à décrire un « fait divers » , l'enlèvement puis l'assassinat de 12 jeunes gens au sortir d'une boite de nuit. Règlement de compte entre gangs, vengeance saumâtre, enquête négligée, ingérence politique des plus sordides, Franciso en fait sa grande cause. Malheureusement il nous relate cela au jour le jour, dans un style de plus en plus journalistique, sans prise de recul , en accumulant le retours en arrière obscurs, dans une redondance des détails politico locaux et digressions foireuses qui nous submergent... L'indigestion guette et ne tarde pas à envahir le lecteur, heureux de voir notre veuf se sauver à travers une telle cause, mais honteux d'avouer qu'il aimait mieux le lire quand il était au fond du trou....