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°°° Rentrée littéraire 2023 # 13 °°°

Lorsque nous faisons la connaissance de Christa en 2019, elle a quarante-quatre ans, divorcée, deux adolescents – crispants - à la maison, un assistant virtuel à la Siri nommé Andrew qu'elle a entièrement codé. Elle dirige une start-up de la Silicon Valley, spécialisée dans les biotechnologies, qui investit d ans l'intelligence artificielle et plus particulièrement dans un système prédictif de captation des données biologiques. Et elle vient juste d'apprendre qu'elle est atteinte d'une maladie neurodégénérative - de pure invention - qui, lorsqu'elle s'exprimera, la privera de tout accès à ses émotions, la rendant insensible à tout ce qui l'entoure. Elle se lance à la recherche d'une thérapie lui permettant de rester elle-même.

Durant tout son roman, Yannick Grannec explore avec brio notre rapport aux émotions et sentiments, ainsi que la place qu'on leur donne dans nos sociétés de plus en connectées, auscultation d'autant plus intéressante que son héroïne est surnommée la « Reine des glaces » tellement elle s'est bâtie une carapace pour réussir dans un monde d'hommes, se méfiant de toute émotivité extravertie alors qu'intérieurement, elle bouillonne d'amour pour ses enfants ou de colère vis-à-vis de son ex-mari.

« Comment aurait-il pu faire comprendre à Christa la complexité de la question des affects en quelques mots ? Comment, sans en dénaturer la beauté, résumer ce grand ballet neurochimique ?  Les sentiments donnaient au-dedans d'un être une représentation secrète ; les émotions, elles, s'offraient à la vue de tous en une chorégraphie continue de variations physiologiques et expressives, soumises à la musique des hormones et au tempo des viscères. Oui, aurait-il pu s'exalter, les affects étaient un spectacle si magnifiquement rodé ! Ça frétillait comme du Mozart, ça se déchainait comme du Wagner, ça pleurait comme du Mahler, et parfois … Et bien, parfois, ça merdait au niveau du cerveau. le cortex-chef d'orchestre prenait une pause syndicale ou la diva limbique avait ses vapeurs. »

La deuxième partie bascule dans une superbe ellipse temporelle qui projette la quête scientifique et intime de Christa en 2099, prenant un tour inattendu dont il ne faut rien dire de plus si ce n'est que l'I.A. a pris une place démesurée. J'ai particulièrement apprécié les références et résonances avec le Frankenstein de Mary Shelley autour de la question de l'acquisition ou pas d'une conscience par l'I.A. qui pourrait ou pas aimer au-delà de l'empathie artificielle pour laquelle elle serait programmée.

La lecture est intense, très exigeante avec ses passages très érudits sur la science et les biotechnologies ( la bibliographie finale est impressionnante ). Il m'a été impossible de gloutonner le livre comme à mon habitude et ai eu besoin de nombreuses pauses pour digérer son propos. Mon manque de culture scientifique n'a cependant pas été un frein pour apprécier ce texte foisonnant et déstabilisant. Je n'ai sans doute pas tout compris, mais je me suis sentie intellectuellement stimulée et ça fait du bien de lire une roman audacieux misant sur l'intelligence de ses lecteurs en proposant une réflexion aussi poussée ( et avec beaucoup d'humour ) sur la transformation de notre monde et son devenir, réflexion portée par un écriture de grande qualité qui aide à s'immerger ...

... jusqu'au dernier chapitre, juste sublime dans ce qu'il dit de déchirant sur le souvenir et la mémoire ainsi que sur l'émerveillement émotionnel qui serait encore possible dans une monde de plus en plus virtuel faisant doutant de la réalité de l'humanité de certains et ne plus douter de celle qu'auraient acquises d'autres sous-estimés.
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Christa, la quarantaine, est à la tête d'une start-up de la Silicon Valley spécialisée dans les biotechnologies. Surnommée « la Reine des Glaces » en raison de son habitude de dissimuler ses émotions, elle se rend compte par hasard qu'elle est comme sa mère porteuse d'un gêne la prédisposant à une maladie neurodégénérative qui justement risque de bloquer l'accès à ses émotions. Cela lui permet de réévaluer la personnalité de sa mère qui est en hôpital psychiatrique et la terrifie pour son propre avenir. Forte de ses capacités et de son entreprise, elle va imaginer une IA susceptible de l'aider. ● Si vous aimez la terminologie et la glose scientifiques, les notes en bas de page comme dans les manuels universitaires, les romans qui font du surplace, alors ce livre est pour vous. J'ai rarement lu quelque chose d'aussi aride et d'aussi peu romanesque. La tension narrative est absente, la fin hautement prévisible. ● L'autrice s'efforce par tous les moyens d'établir des parallèles avec Frankenstein, eh bien je vous donne un conseil : lisez le magnifique roman de Mary Shelley plutôt que ce livre complètement raté, prétentieux et nul que j'ai dû me forcer à lire jusqu'au bout : une vraie purge !
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Frankenstein à l'heure de Chat GPT

Dans son nouveau roman, Yannick Grannec imagine une scientifique atteinte d'une maladie qui lui fait perdre ses émotions, bien décidée à se battre. En se créant un assistant bourré d'intelligence artificielle, elle va tenter de conjurer le sort. Brillant !

Christa Cristofersson a un CV qui fait bien des envieux. Diplômée du MIT, cette ingénieure a créé WeCare, une société de biotechnologie qui attire les capitaux. Tout irait pour le mieux si, après un test génétique, elle n'avait découvert que Frida, sa mère, pensionnaire d'un centre médicalisé de Los Angeles, était atteinte d'une affection rare, la maladie de Damasio. Cette affection – inventée par l'autrice – supprime progressivement les émotions jusqu'à une absence totale d'affect pour qui que ce soit. La probabilité étant forte qu'à son tour, elle en soit affectée, elle décide de consulter Jonas Jerkins, dit JJ, un neurologue qui lui suggère de s'entourer. Pour elle qui s'est séparée de Tancrède et qui élève désormais seule ses jumeaux Cosmo et Sinclair, le défi est de taille. Surnommée «la reine des glaces» pour sa froideur, il va lui falloir se remettre totalement en question.
Le tout sans affoler Milton, son père, qui vit sur son bateau en baie de Sausalito avec sa compagne Joan, ni ses enfants et encore moins ses associés. Car il en va de la survie de l'entreprise.
Christa est une battante. Elle va chercher des réponses à ses questions existentielles: « Cette menace d'une terrible maladie n'avait pas entravé sa formidable pulsion de vie et elle lui avait déjà exposé son plan de bataille: elle cherchait à comprendre et à inventorier son système émotionnel pour le stimuler, JJ ne voyait pas exactement en quoi cette stratégie l'aiderait à lutter contre une neurodégénérescence, mais s'il existait ne serait-ce qu'un atome de solution dans l'infinie botte de foin de l'univers, Christa le trouverait.»
Elle se tourne vers son père et vers un amant, acteur de métier, qui pourrait lui expliquer comment il fait pour interpréter les émotions, comment il simule la peur, la tristesse, la douleur ou la colère. Elle consulte également toute la littérature sur le sujet, pour tenter de comprendre où se situe le siège de nos émotions, ce qu'elles mettent en branle dans notre cerveau. Un savoir scientifique qui l'entraîne vers un projet un peu fou, se créer un compagnon bourré d'intelligence artificielle. Andrew sera chargé d'entretenir ses émotions, de les stimuler, notamment en lui rappelant ses beaux souvenirs. de 2019 à 2099, le roman retrace cette quête entamée sous l'ère Trump et qui s'achève dans un monde transhumaniste. Voilà de quoi relancer le débat sur les limites des robots et sur les apprentis sorciers débordés par leur création.
Yannick Grannec, qui en est déjà à son quatrième roman, aime explorer des univers bien différents. Après La Déesse des petites victoires couronné par le Prix de Libraires en 2013, le bal mécanique (2016) et Les simples (2019). Passant du moyen Âge au confins du XXIe siècle, la voici dans l'anticipation, revisitant Frankenstein à l'heure de Chat GPT. Fascinant et brillant !


Lien : https://collectiondelivres.w..
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Dans son entreprise de haute technologie, Christa Kristofersson se distingue par son autorité et sa froideur. L'intrigue commence par une visite à sa mère, institutionnalisée pour une indifférence totale à son environnement, et, à ce titre, considérée comme démente. Christa pratique un prélèvement génétique chez elle, puis chez ses fils jumeaux. Elle en tire une mutation qui la prédispose à la maladie de Damásio, une maladie génétique inconnue d'OrphaNet et de MedLine mais qui rend hommage au vulgarisateur des neurosciences : une forme familiale, sévère et progressive d'alexithymie, l'incapacité d'exprimer et de ressentir les émotions. L'affection est ici définie dans un mélange d'obscurité et d'invention verbale : « En l'absence de réactivité de leur humeur, les personnes souffrant d'athymhormie semblaient dénuées de motivation — désir ou angoisse —, comme si elles vivaient un grand vide mental. La perte de l'activation intérieure inhibait leur capacité de décision spontanée : il leur manquait le bouton “on” sur leur télécommande psychique. Pour terminer en beauté, l'émoussement du ressenti et de l'expression émotionnelle désagrégeait les interactions affectives des patients, avant de les condamner à un retrait social et à une irrémédiable apathie ». Comme attendu, Christa finit mal, mais Andrew, son assistant vocal devenu symbiote, va gérer pour elle son « tableau périodique des affects ». La seconde partie du roman se passe en 2099, entre les jumeaux déshérités au profit d'Andrew.

Il y a des trouvailles et de l'humour cynique comme dans le Neuromancien de Gibson. L'autrice a un style alerte quand elle ne se pique pas de détails, de diversions, de parenthèses, de guillemets et de notes de bas de page.
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RL2023#15
Se réjouir de la sortie d'un nouveau roman de Yannick Grannec est toujours un plaisir, la rencontrer – lors d'une table ronde ou en dédicace au Livre sur La Place de Nancy – est toujours un moment privilégié d'échanges. J'étais donc, en septembre passé, à Nancy pour l'entendre parler de « Au-dedans » lors d'une table ronde avec Franck Thilliez et Aurélie Jean dont le sujet était « Sous le règne des algorithmes » et ai rencontré Yannick Grannec le lendemain, sous le chapiteau, pour papoter et me faire dédicacer son roman.
Par le passé, j'avais eu un véritable coup de coeur pour son premier roman « La Déesse des petites victoires » et adoré les deux suivants – le bal mécanique et Les simples.
« Au-dedans » fait la part belle au côté scientifique et rationnel de l'auteur, décortique les neurosciences et les biotechnologies – le travail de recherche est, comme toujours, impressionnant!
Ce roman est divisé en deux parties; la première se déroule en 2019 alors que la seconde nous projette en 2099. En 2019, Christa se démène entre son boulot, ses jumeaux, son ex-mari, son père bougon et sa mère internée, et ce avec l'aide de psychotropes, de drogues diverses et variées, de nicotine, de Chardonnay et de Gin et, surtout, grâce à Andrew (son espèce de Siri personnel).
Très vite, une épée de Damoclès se trouve suspendue au-dessus de la tête de Christa mais cette femme ne s'en laisse pas conter, continuant à vivre son quotidien malgré tout, à coup d'humour et dotée d'une playlist très sympa (entendre F.R. David et son Words dans la voiture ce matin m'a bien fait sourire).
Néanmoins, je ressors triste et déçue de ce livre car, malheureusement, je n'ai pas vraiment adhéré à sa thématique – et encore moins à son côté anticipation et dystopie de la seconde partie. En conséquence, je ne me suis pas sentie, comme d'habitude dans les livres de Yannick Grannec, portée par les personnages.
Etant donné que Yannick Grannec se réinvente dans chaque livre… nul doute que le suivant me conviendra mieux !


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J'avais lu précédemment cet auteur et ça m'avait bien plu. Alors quand j'ai vu paraitre ce livre je me suis lancée.
Christa Cristofersson est la reine de l'intelligence artificielle. Son entreprise fait un carton. Mère célibataire elle élève ses enfants et s'accorde quelques aventures amoureuses après s'être séparé de son mari. Mais la maladie la guette. Elle décide alors de prendre les choses en main.
Je n'ai pas du tout aimé ce livre bien trop technique. de plus je n'ai pas trouvé l'âme de l'histoire. le vocabulaire trop spécifique s'est avéré un vrai obstacle. ce qui me rassure c'est que je ne suis pas la seule. Les termes sont parfois tellement compliqués qu'au final on ne comprend pas le message. Ce livre n'est clairement pas un livre "grand public".
Bref parce que j'avais dépensé 21 € je me suis forcée à le lire jusqu'au bout ce qui m'a pris un temps infini contrairement à l'habitude pour un livre de 300 pages.
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Nous sommes en 2019, en plein coeur de la silicone, Christa Christoferssen est à la tête d'une start-up spécialisée dans les biotechnologies visant à suivre les courant de l'intelligence artificielle et des nombreuses possibilités qu'elle peut-être amenée à offrir.

Divorcée, un ex-mari devenu rival qui n'est jamais loin, une mère en hôpital psychiatrique, un père luttant contre ces technologies qu'il juge déshumanisantes, deux jumeaux qui peinent à lever les yeux de leurs écrans et un assistant virtuel qu'elle à créé de toute pièce nommé Andrew. Une vie riche et remplie on pourrait dire, mais qui est sur le point de basculer lorsqu'une maladie incurable lui est diagnostiquée : une dégénérescence neurologique étant amenée à la privée définitivement de ses sentiments.

Utiliser la science, les technologies et l'IA à sa disposition semble la meilleure solution s'offrant à elle, paliant la peur de voir ses émotions s'envoler. Mais avant toute expérience, il faudra répondre cette grande question : qu'est-ce qu'une émotion? Puis : peut-on modéliser l'affect? Et finalement est il possible de créer un alter-ego éprouvant lui-même des émotions et capable de les simuler à la place des siennes disparues.

Une première partie riche en questionnements, sur l'IA et sa place invasive dans nos vies. La définition, la place et la force des émotions. Car même si Christa s'est forgée une carapace pour se faire une place dans ce monde essentiellement masculin, à l'intérieur elle bouillonne de colère, d'amour, de frustration, d'excitation ...

Dans une deuxième partie, nous retrouvons nos personnages en 2099, où le monde aura subi de très grandes transformations, l'IA ayant pris une place débordante tout comme les créations technologiques qu'elle aura permis.

Tout ce qui concerne les sciences, la médecine neurologique, les biotechnologies, sont décrites ici avec une quantité de détails incroyable et une érudition folle, rendant l'histoire si immersive et ancré dans la réalité, tel que le fait la hard SF.

L'ombre de Frankenstein et de sa création planent évidemment sur ce livre, mais pas seulement de façon sous-jacente, les liens et les questionnements avec le livre de Mary Shelley sont omniprésent afin de donner une dimension toujours plus visionnaire de ce roman ainsi qu'une analyse de certains passages clé.

La quête de Christa aboutira t'elle avec l'aide des nouvelles technologies ? Entre une créature ressentant des émotions et un créateur qui est en dénué lequel se rapproche le plus du monstre ?

Je n'en dis pas plus tout comme je ne peux vous révéler les émotions intenses ressenties à la lecture du dernier chapitre...
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Quand au supermarché je longe le rayonnage des chips je repense à cet intervenant qui disait « regardez, comme c'est étonnant un paquet de chips, quelle que soit sa taille on le finit » ; il avait raison ; la langue aime le salé, le gras, et les inconvénients immédiats, doigts gras, espaces inter-dentaires saturés de miettes s'oublient rapidement avec un verre de boisson gazeuse d'origine nord-américaine ; on a bien dans un coin de la tête les effets négatifs sur les constantes sanguines mais la main replonge dans le paquet. Certains livres sont comme un paquet de chips, leur Nutri-score oscille entre Y et Z, mais on les embarque.
« Avec Au-dedans, Yannick Grannec affronte une des plus grandes préoccupations contemporaines : la révolution de l'intelligence artificielle. » (4° de couverture). Les derniers sondages sur les préoccupations des françaises et français placèrent effectivement la révolution de l'IA – j'écris comme l'autrice, avec des sigles, pas pour moins utiliser les touches du clavier mais par paresse, pour ne pas entraîner l'éventuel.le lecteur.rice dans un « abîme de perplexité » face à une « bouillie novlangue » telle que celle utilisée par l'autrice « emocoins » « logotype » « nerd » « bots-infirmières » « cool and smart » « poker face » « bot » « skin » « voxel » « hub » « steampunk » « minecraft » « emojis high fine » etc. – sur le podium de leurs préoccupations IRL et IVL (voir le livre pour ces deux sigles). Je ne sais pas trop si l'autrice parle de l'IA ou de transhumanisme, l'éditrice préféra probablement utiliser le terme IA que celui de transhumanisme, terme relevant de l'illusion voire de l'imposture et pourtant l'IA relève sémantiquement de l'imposture : l'intelligence quèsaco ? Artificiel comme artificialisation des sols ? Intelligence ou compétences ? L'« intelligence naturelle », un des antonymes de l'IA ? Humains robotisés ou robots humanisés ?
L'autrice qui semble avoir un peu lu sur les neurosciences – un peu car la production livresque dans ce domaine est immense, sans parler des publications purement scientifiques dont une vie ne suffirait pas pour les affronter –, mais ne cite pas, c'est étonnant, le Code de la conscience de Stanislas Dehaene (Odile Jacob, 2014) instructif et ardu, nous gave de réflexions minimalistes où perce « la faillite définitive des mots » et du langage : « Qui contrôle les émotions contrôle les décisions » (page 157), « Christa nageait dans un océan de clichés avec la ménopause à l'horizon et sa rage en bannière, mais comment échapper aux « situations universelles » ? » (pages 110/111), effectivement Yannick comment s'échapper des « situations universelles », en apprenant à écrire, à réfléchir peut-être, en allant chercher ailleurs qu'au-dedans crânien.
L'autrice abuse du verbe émousser sans émousser notre envie de balancer le bouquin dans la poubelle (la bibliothécaire serait fâchée et je devrai payer 21 euros, neutralisons nos émotions, nos sentiments ; combien de paquets de chips avec 21 euros ?) et de références au « coeur » comme si ce dernier était le siège organique des sentiments comme certain.es antiques le pensaient «  … lui décroche le coeur », « coeur brisé » etc. Yannick, si t'accroches ton coeur comme ta parka à la patère du couloir proche de la porte d'entrée de ta maison et qu'il se décroche, il se ne brisera pas sur le carrelage du sol il formera, comme ta parka, un tas informe rouge, un enfant de cinq ans sait cela. Enfin l'autrice nous donne la définition du verbe sublimer synonyme dans le livre de gazéifier mais évite soigneusement de définir « entropie » (utilisée de nombreuses fois) et surtout « épigénétique » ; la « passionnée de sciences » (4° de couverture) va devoir trouver un symbiote pour vivre longtemps comme ses personnages et ainsi accéder à un zeste de savoir scientifique. Enfin, deuxième, évoquer les sentiments, les émotions, le cerveau, sans un instant parler du système nerveux entérique reste surprenant ; toutes les infirmières scolaires savent qu'un passage chez elles pour un j'ai-mal-au-ventre signifie bien autre chose qu'une digestion difficile du cours de sciences naturelles. Enfin, troisième, si la première époque 2019 s'avale, la deuxième 2099 est indigeste. Enfin, quatrième, des remerciements pathétiques. Enfin, cinquième, Lou Reed ; quand je lus que Michel Houellebecq aimait Neil Young et qu'Emmanuel Macron confia à Pascal Dusapin la sonorisation du Panthéon, je fus obligé de me sevrer de ces musiciens, pensant à vendre leurs disques tendrement entretenus et voilà que maintenant il faut que je m'allège de Lou Reed, mais que va-t-il me rester à écouter si ceux et celles que je n'aime pas aiment ce que j'aime ?
Enfin, sixième et der, le 20 janvier 2024, au journal de France2 de 20 heures, à propos d'une écrivaine japonaise venant de recevoir le Goncourt local, en précisant que environ 5% de son texte résultait de l'utilisation de l'IA, Tahar ben Jelloun, membre de l'académie Goncourt interviewé précisait puissamment « faut faire attention à tout cela, on est entré dans une espèce de progrès dangereux s'il n'est pas encadré par une éthique », Yannick prends comme modèle Tahar, un bout de phrase suffit pour parler de l'IA.
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Au-dedans, c'est un mélange de références geek et de vulgarisation scientifique. Apprenant qu'elle est atteinte d'une maladie qui va la rendre indifférente au reste du monde en la coupant de ses émotions, Christa, une ingénieure dans le domaine des nouvelles technologies, va tenter de mathématiser ses émotions pour garder une trace de son âme pour le jour où elle ne ressentira plus rien sans être stimulée artificiellement. Elle va se créer un palais intérieur virtuel où elle pourra revivre ses souvenirs et les sentiments qui y sont connectés. Découpé en deux parties, la première se concentrant sur le personnage de Christa qui tente de rendre logique ce qui semble à priori illogique et la seconde sur l'intelligence artificielle qu'elle a créé comme un soutien et qui s'éveille à la conscience, le récit vulgarise la manière dont fonctionnent les émotions et leur conscientisation (les sentiments) et revisite le mythe de Prométhée ou de Frankenstein (ce qui revient à la même chose). La créatrice devient au fur et à mesure machine car elle se déconnecte de ses émotions, de ses proches et ne peut rester humaine que grâce à des stimulis artificiels. La créature, elle, se construit en miroir de sa créatrice, témoin d'un monde qui court à sa perte car les humains, plongés dans leur monde virtuel, n'ont plus conscience de leur impact sur les autres, de leurs émotions et deviennent eux aussi indifférents, sans pour autant être à priori touchés par la maladie de Christa. Les personnages ne sont pas sympathiques, Yannick Grannec passent davantage de temps à explorer leurs failles plutôt que leurs qualités, mais c'est ce qui les rend crédibles et en fait un roman psychologique intéressant. Cependant, l'écriture est à l'image de Christa, froide et très peu porteuse d'émotions, donc le déclin de ce monde laisse un peu indifférent. Par ailleurs, l'environnement est peu décrit, donc cela m'a paru compliqué de m'immerger dans ce monde futuriste. de plus beaucoup de dialogues sont présents pour expliquer des concepts et donnent parfois l'impression de lire une thèse vulgarisée plus qu'une fiction. Je ne suis pas fan des ellipses, mais il faut dire que cela fait sens dans ce roman et la fin conclut sur une note tristement lucide, ce qui convient à un récit de science-fiction. Bref, si ce n'était pas un coup de coeur, cela reste quand même un livr intéressant pour les réflexions qu'il y a dedans.
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