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EAN : 9782020056496
381 pages
Seuil (01/10/1980)
2/5   1 notes
Résumé :
Dans les villes du tiers-monde, plus de 200 millions d'êtres humains vivent dans un état de pauvreté absolue.
Or, avant l'an 2000, c'est entre un milliard et un milliard et demi de nouveaux venus que l'exode rural et la pression démographique jetteront dans des villes déjà engorgées, taudifiées, disloquées, sous-industrialisées.
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Le Monde diplomatique
Le fléau des bidonvilles dans le tiers-monde
par Roger-Henri Guerrand mars 1981

En 1945, Paris, l'un des phares de la civilisation occidentale, renfermait seize îlots insalubres délimités dès avant 1914 par les techniciens du « Casier sanitaire des maisons » institué par le conseil municipal. Dans ces lieux exclus des privilèges de la Ville Lumière, plus de cent cinquante mille personnes devaient ignorer les normes minimales de confort définies par les nombreux congrès d'hygiène tenus à Paris même, tandis qu'elles affrontaient sans défense les risques de la tuberculose.

Depuis une vingtaine d'années, des opérations d'urbanisme chirurgical ont supprimé ces verrues, et les bidonvilles de banlieue qui avaient pris le relais, avec l'afflux des immigrés, furent assez vite résorbés. Si les sous-prolétaires du « quart-monde » sont un peu en panne dans leur intégration à la société petite-bourgeoise, les autorités sociales s'occupent activement de leur sort, et elles ont mis au point, en ce qui concerne leur logement, toute une gamme de produits réputés adaptés...

Mais les Occidentaux ne connaissent qu'une pauvreté « résiduelle ». Avec les misérables du tiers-monde, le degré de pauvreté absolue est atteint. Pour la première fois, une synthèse en langue française nous révèle les conditions de « logement » de plus de 200 millions d'êtres humains qui croupissent dans les abris précaires entourant les grandes villes du tiers-monde (1).

Les mal-logés du Caire envahissent les cimetières de cette métropole en voie de décomposition ; pour plus de 50 %, la population du grand Bombay vit dans les bidonvilles ; les « colonies prolétariennes » de Mexico sont un défi à toutes les lois urbaines ; Dakar, Ouagadougou, Bangkok, Manille, offrent le même tableau d'absolue désolation. En quelques traits frappants qui doivent tout à une observation minutieuse, Bernard Granotier nous présente une série de cas désespérés dont la plupart des Occidentaux - qui voient le monde avec les lunettes des organisateurs de voyages exotiques - n'ont aucune idée.

Or, de l'aveu de tous les spécialistes du tiers-monde, il est impossible d'y stopper l'exode rural, d'interdire l'accès des villes et de régler la pression démographique. Il faut composer avec ces paramètres nécessaires, donc construire. Mais construire quoi ? On ne dira jamais assez la faillite des écoles d'architecture de l'Occident : déjà incapables de concevoir la moindre solution novatrice pour le logement des masses industrielles, elles ont formé des praticiens pour lesquels il n'y a pas de salut en dehors du sacro-saint béton. Une fois de plus, le modèle occidental a été stupidement imité sans analyse écologique préalable, et il a naturellement échoué.

BERNARD GRANOTIER sait cela, et aussi qu'une autre appréhension du problème a été proposée depuis au moins trente ans. Un nouveau type d'"architectes aux pieds nus" - qui ne doit rien à l'académisme néoclassique - se met en place sur le front du logement social des populations du tiers-monde. C'est l'Egyptien Hassan Fathy, ou l'Anglais John Turner, qui travaille au Pérou. Ils ont retrouvé la brique de terre cuite - ce matériau « ignoble » - si facilement utilisable avec la participation de tous les habitants des bidonvilles. Car il n'y a plus à tergiverser : seule l'autoconstruction sauvera le tiers-monde - et nous mêmes - du chaos.

Il semble que la communauté internationale ait enfin saisi l'importance de l'enjeu. Une stratégie « ékistique » (oikos = habitat) de développement a été conçue par les spécialistes des Nations unies. Mais elle suppose, elle aussi, pour réussir, la détente entre les blocs ainsi qu'un désarmement progressif. L'auteur a le mérite de souligner ce point essentiel.

Rigueur de l'analyse, ton uni de l'exposé, appareil quantitatif bien maîtrisé, telles sont quelques-unes des qualités de cet ouvrage : elles devraient lui assurer l'audience attentive de tous ceux qui se demandent parfois d'où peuvent bien venir nos immigrés...
Roger-Henri Guerrand
Lien : https://www.monde-diplomatiq..
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