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Jacques Mailhos (Traducteur)
EAN : 9782707149152
249 pages
La Découverte (25/08/2006)
3.92/5   19 notes
Résumé :
" Pour mortels et dangereux qu'ils soient, les bidonvilles ont devant eux un avenir resplendissant. " Des taudis de Lima aux collines d'ordures de Manille, des bidonvilles marécageux de Lagos à la Vieille Ville de Pékin, on assiste à l'extension exponentielle des mégalopoles du tiers monde, produits d'un exode rural mal maîtrisé. Le big bang de la pauvreté des années 1970 et 1980 - dopé par les thérapies de choc imposées par le FMI et la Banque mondiale - a ainsi t... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Le lecteur curieux des questions sociales dans les villes du Sud trouvera dans ce livre une matière extrêmement dense, des réflexions pluridisciplinaires passionnantes.

Si la lecture de se livre est difficile tant par les questions humaines et politiques qu'il soulève, il est accessible et compréhensible à tous même s'il s'agit bien d'un ouvrage scientifique, comme l'atteste par exemple une bibliographie extraordinairement riche qui constitue une mine pour toute personne intéressée par les villes des pays en développement, mais qui comporte également les caractéristiques d'un essai polémique et engagé, ce qui en rend la lecture stimulante. le lecteur tantôt partage les indignations de l'auteur dénonçant les injustices multiples dont sont victimes les citadins pauvres, tantôt s'emporte contre le caractère outré de certaines remarques, contre des métaphores douteuses (« amibe géante » pour désigner Mexico) ou encore peut être dérouté par un style très provocateur, à l'instar du titre d'une partie intitulée « Vivre dans la merde ».
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Mike Davis nous propose ici une étude précise de ce phénomène impressionnant : les bidonvilles ont en effet pris une place considérable dans le paysage urbain mondial! Ce livre nous permet un panorama global et détaillé (de nombreux exemples et chiffres précis! ) et conduit nécessairement à une prise de conscience!
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Les spécialistes de santé publique soulignent combien les habitants des bidonvilles sont affligés d'un double fardeau de maladie.
« Les urbains pauvres, écrivent les membres d'une équipe de chercheurs, sont l'interface entre le sous-développement et l'industrialisation, et leurs pathologies reflètent les problèmes liés à ces deux sphères. De la première, ils héritent un lourd fardeau de maladies infectieuses et de malnutrition ; de la seconde, ils héritent de la gamme habituelle des maladies chroniques et sociales. »
« L'urbanisation, écrit le rédacteur en chef du Lancet Richard Horton, a apporté avec elle des épidémies de maladies jusqu'alors habituellement confinées aux zones rurales, comme le ténia, l'ascaride, les bilharzioses, les trypanosomiases et la dengue. » Mais c'est également parmi les populations pauvres que le diabète, les cancers et les maladies cardio-vasculaires font le plus grand nombre de victimes.
[...]
Au Ghana,  «l'ajustement» a non seulement causé une baisse de 80% des dépenses de santé et d'éducation entre 1975 et 1983, mais aussi entraîne l'exode de la moitié des médecins du pays. De même, aux Philippines, les dépenses de santé par habitant ont chuté de moitié au début des années 1980. Au Nigeria, riche grâce au pétrole mais gravement « mis au PAS » [Programmes d'Ajustement Structurel du FMI], 20% des enfants meurent aujourd'hui avant l'age de cinq ans. Pour l'économiste Michael Chossudovsky, les causes de la tristement célèbre épidémie de peste qui fit rage à Surat en 1994 résident dans « une aggravation des conditions sanitaires urbaines et de l'état des infrastructures de santé publique, qui a accompagné la réduction des budgets nationaux et municipaux dans le cadre du PAS imposé par le FMI et la Banque mondiale en 1991.
On trouvera sans peine de multiples autres exemples du même genre : l'allégeance aux préteurs internationaux a partout entraîné des coupes dans les budgets de la santé, l'émigration de médecin et d’infirmières, la fin des subventions alimentaires, et le passage, en matière d'agriculture, d'une production de subsistance à des cultures d'exportation. Comme le souligne Fantu Cheru, expert de l'ONU renommé sur la question de la dette, le tribut forcé que le tiers-monde paie au premier monde tient, pour des millions de pauvres humains, en l'exacte différence entre la vie et la mort.
« Plus de 36 millions d'habitants de la planète sont aujourd'hui séropositifs ou malades du sida. Environ 95% d'entre eux vivent dans le Sud. L'Afrique Subsaharienne, en particulier, compte plus de 25 millions de personnes atteintes du VIH ou du sida. […] Plus de 5000 personnes meurent chaque jour du sida en Afrique. Les experts estiment que la communauté mondiale doit investir chaque année de 7 à 10 milliards de dollars US pour combattre le VIH, ainsi que d'autres maladies telles que la tuberculose ou la malaria. Face à cette crise humanitaire, pourtant, les pays africains continuent à payer chaque année 13,5 milliards de dollars aux pays et institutions préteurs pour le remboursement des intérêts de la dette, montant largement supérieur au fonds mondial de lutte contre le VIH proposé par les Nations Unies. Ce transfert de ressources massif des pays pauvres d'Afrique vers les riches créditeurs du Nord est un des facteurs qui ont gravement affaibli les systèmes de santé et d'éducation dans les pays qui sont aujourd'hui les plus touchés par la pandémie."

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En 1974-1975, le Fonds monétaire international, suivi par la Banque mondiale, fit passer l'objet prioritaire de son attention des pays industrialisés développés à un tiers monde chancelant sous l'impact de la flambée des prix du pétrole. A mesure qu'augmentait le volume de ses prêts, le FMI multiplia et durcit les « conditionnalités » et « ajustements structurels » qu'il imposait aux nations débitrices. Comme l'économiste Frances Stewart le souligne dans son étude majeure, les « développements exogènes qui nécessitaient un ajustement n'étaient pas pris en compte par ces institutions – les plus important d'entre eux étant la chute des prix des biens de consommation et le coût exorbitant du service de la dette », mais toutes les politiques intérieures et tous les programmes publics constituaient un gibier légal pour l’imposition de coupes budgétaires. En août 1982, quand le Mexique menaça de cesser ses remboursements, aussi bien le FMI que la Banque Mondiale, en synchronisation avec les plus grandes banques privées, étaient explicitement devenus les bras armés de la révolution capitaliste internationale prônée par les régimes de Reagan, Thatcher et Kohl. Le plan Baker de 1985 (baptisé du nom du secrétaire au Trésor américain James Baker, mais dont les grandes lignes avaient été élaborées par son vice-secrétaire Richard Darman) exigea ainsi froidement que les quinze plus grands débiteurs du tiers monde abandonnent toute stratégie de développement de type étatique en échange de nouvelles facilités de paiement et de la permission de continuer à jouer un rôle dans le concert économique mondial. Ce plan poussa également la Banque mondiale aux avant-postes de la gestion à long terme des dizaines de programmes d'ajustement structurel qui étaient en train de façonner le meilleur des mondes du dénommé « consensus de Washington ».
Il s'agit bien sûr d'un monde où les exigences des banques étrangères et des créditeurs ont toujours priorité sur les besoins vitaux des urbains et des ruraux pauvres, d'un monde où l'on considère comme « normal » qu'un pays pauvre comme l'Ouganda consacre un budget douze fois supérieur au remboursement de sa dette qu'à son système de santé – et ce en pleine crise du VIH/sida. Comme le montre The Challenge of Slums, les PAS étaient « délibérément anti-urbains par nature », et visaient à renverser le « favoritisme » dont jouissaient auparavant les villes en matière de politiques sociales, de systèmes fiscaux ou d'investissements publics. Partout, le FMI et la Banque mondiale – agissant en tant que baillis des grandes banques, et avec le soutien des administrations Reagan et George H.W Bush – offrirent aux pays pauvres le même cocktail létal de dévaluation, de privatisation, levées des barrière douanières à l'importation, arrêt des subventions alimentaires, récupération forcée des coûts dans les secteurs de la santé et de l'éducation et réduction sans pitié de tout le secteur public. (Un message célèbre du secrétaire au Trésor George Shultz à des responsables d'USAID en poste à l'étranger disait ainsi : « Dans la plupart des cas, les entreprises du secteur public doivent être privatisées. ») Au même moment, les PAS ruinaient les petits propriétaires terriens ruraux en coupant les subventions dont ils bénéficiaient et en les poussant, à la hussarde, dans le grand bain des marchés mondiaux dominés par l'agro-industrie lourdement subventionnée du premier monde.
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Ce refus peut prendre des formes archaïques, aussi bien qu'avant-gardistes : un rejet de la modernité ou une tentative pour en ranimer les promesses étouffées. Nul ne devrait s'étonner que certains jeunes pauvres des banlieues d'Istanbul, du Caire, de Casablanca ou de Paris adoptent le nihilisme religieux du salafisme djihadiste et applaudissent au spectacle de la destruction des symboles les plus ostentatoires d'une modernité qui leur est étrangère. Ou que des millions d'autres s'adonnent aux économies urbaines de subsistance des gangs des rues, narcotrafiquants, milices et autres organisations politiques sectaires. Les rhétoriques de diabolisation des diverses « guerres » internationales – contre le terrorisme, la drogue, la criminalité – ne font que créer un apartheid sémantique : elles dressent des remparts épistémologiques autour des gecekondus, favelas et autres chawls, qui minent toute possibilité de débat honnête sur la question de la violence quotidienne de l'exclusion économique. Et, comme à l'époque victorienne, la criminalisation des urbains pauvres est une prophétie qui porte en elle-même les germes de son accomplissement, qui prépare de manière certaine un avenir de guerre urbaine incessante. A mesure que les classes moyennes du Tiers-Monde se bunkérisent dans leurs parc à thèmes électrifiés et autres « villages sécurisés » suburbains, elles perdent progressivement toute compréhension culturelle des marais urbains qu'elles ont laissés derrière elles.
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Les barrages institutionnels à la croissance urbaine rapide ont été levés par la conjonction paradoxale de la contre-révolte coloniale et de l'indépendance nationale en Afrique et en Asie, et par le renversement des dictatures et des régimes à faible croissance en Amérique Latine. Poussés vers les villes par des forces brutales et irrésistibles, les pauvres revendiquèrent leur "droit de cité" avec avidité, même si celui-ci se résumait à un taudis à la périphérie. Plus encore que la famine et la dette, la guerre civile et sa répression ont été les leviers les plus cruellement efficaces de l'urbanisation informelle des années 1950 et 1960.
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A tout moment, pouvait-on lire dans un rapport de l'OMS de 1996, il y a près un habitant des villes du sud sur deux qui souffre d'une ou de plusieurs maladies associées aux problèmes d'alimentation en eau et d'évacuation des eaux usées. Bien que l'eau propre soit le médicament le moins cher que l'on connaisse sur la planète, le service publique de distribution d'eau potable, comme le marché des toilettes, doit souvent faire face à de rudes pressions de la part des groupes d’intérêts privés.
La vente d'eau est une industrie lucrative dans les villes pauvres. Nairobi, comme toujours, en offre un parfait exemple, où des entrepreneurs bénéficiant d'accointances politiques revendent de l'eau (qui ne coûte presque rien aux familles suffisamment riches pour s'offrir un robinet) aux habitants des bidonvilles à des prix exorbitants. « Une étude a montré que les habitants du bidonville de Kibera paient leur litre d'eau cinq fois plus cher que la moyenne des usagers américains […] »
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Video de Mike Davis (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Mike Davis
Les cartes ont des partis pris, des biais. Tentatives de retranscription du monde, elles sont aussi des moyens d'imposer une vision du monde, des objets de combats politiques, de propagande. Mahmoud Abbas et Benjamin Netanyahu ne cessent d'en agiter en conférences de presse et jusqu'à l'Assemblée générale des Nations Unies.
Depuis quelques années, dans le sillon de la géographie radicale et de ses grands noms, David Harvey et Mike Davis notamment, une cartographie radicale se développe. Cette dernière assume : l'exercice de représentation du monde est forcément subjectif et fondamentalement politique.
Dessiner le monde, c'est se le figurer, le nommer, l'organiser. Les cartes deviennent dès lors des champs de bataille et des outils de propositions politiques. Des peuples indigènes contestent les cartes hégémoniques pour imposer leur récit sur les terres dont ils sont issus. Des groupes de citoyens, d'académiciens ou de militants se retrouvent autour de projets de carte pour donner de la force aux habitants en matière d'aménagement du territoire. D'autres encore cartographient l'absence des femmes dans l'espace public, la gentrification…
Nous en parlons avec Philippe Rekacewicz, géographe et cartographe, chercheur associé à l'université de Helsinki et Nephtys Zwer, historienne.
L'invité des Matins de France Culture. Comprendre le monde c'est déjà le transformer(07h40 - 08h00 - 23 Décembre 2021) Retrouvez tous les invités de Guillaume Erner sur www.franceculture.fr
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