Faut-il penser autrement l'histoire du monde ?

Paru en 2011, « Faut-il penser autrement l'histoire du monde ? » aborde un champ disciplinaire nommé par Fernand Braudel : la géohistoire. Christian Grataloup associe histoire et géographie, il estime que ces deux « spécialités » ne sont « qu'une seule et même chose ». L'espace doit être appréhendé par le temps, et l'histoire est enracinée dans des lieux. L'une ne peut être expliquée qu'en liaison étroite avec l'autre.
L'auteur présente les origines de son parcours personnel. Jeune, il a pris ses distances avec le « roman national » et l'idée de l'avènement d'une nation construite par des personnages historiques au parcours exemplaire.
La mondialisation a bouleversé les repères traditionnels. Les points de vue sont devenus multiples. Les espaces, étudiés en perspectives multi scalaires, abordent la distance et les relations entre les sociétés.
Cinq thèmes permettent d'appréhender l'approche de la géohistoire. Pourquoi tant d'histoires différentes définissent autant de sociétés. La division traditionnelle en quatre périodes historiques (bases des programmes scolaires en Occident) n'est pas adéquate. La période appelée Antiquité en Europe n'est pas adaptée aux espaces définis. Le « roman mondial » que l'Europe a bâti n'est pas opérationnel. L'Europe s'est lancée dans « sa » conquête du monde, mais ne l'a pas découvert. L'échelle nationale n'est pas adaptée, étudier une civilisation demande de prendre un point de vue extérieur.
Ainsi l'Histoire peut aborder les civilisations en présentant des cartes de situation, leurs relations avec les autres sociétés et leur intégration dans le « système monde ». L'histoire du monde ne serait plus seulement une addition d'histoires nationales mais une histoire des échanges, relations entre espaces et sociétés organisées.
L'auteur propose une histoire à l'échelle mondiale qui évite la « balkanisation des mémoires », terreau des identités et des nationalismes. L'histoire et la géographie se fondent dans la multipolarité. Les échelles ont bougé, nos regards sont appelés à suivre ces changements.
« Faut-il penser autrement l'histoire du monde ? » est un livre dense, intéressant et novateur . Il dépasse les querelles catégorielles, et interroge « le citoyen du monde » du XXI ème siècle .